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L'étude des matières premières du niveau 6b-d de la Salpêtrière a montré une grande diversité de matières premières aisément identifiables. Nous avons pu, ainsi, isoler une soixantaine de matières appartenant dans certains cas à un seul et même bloc. Toutefois, dans plusieurs cas (silex lité de Collorgues), il n'a pas été possible d'individualiser les différents blocs. Une trentaine de matières premières n'ont pas encore été identifiées, il reste donc un travail important de reconnaissance des gîtes et de caractérisation à réaliser (Fig. 8).

1/ - Les terrasses alluviales anciennes du Rhône

Pour les matières qui ont pu être identifiées, on retrouve d'abord le silex des alluvions anciennes puisqu'une dizaine de matériaux en proviennent de façon certaine. En ce qui concerne les outils, on compte 34 pièces sur 263 attribuées à cette origine. La détermination à partir du cortex et du référentiel de types donné par les prospections ne laisse aucun doute. De plus une grande majorité de lames de lamelles et d'éclats sont de type bédoulien mais en l'absence de cortex, il est impossible de savoir si ce Bédoulien à une origine primaire ou secondaire. C'est le cas de 137 autres outils dont l'origine alluviale est probable.

Les terrasses anciennes de la vallée du Rhône sont en effet les sources les plus proches de la grotte. Elles se situent à 7 km au nord-est pour les plus accessibles (plateau de Signargues) et dans la même direction, 20 km pour le plateau de Clary et 25 km pour la terrasse de Coudoulis. Au sud sud-ouest, les terrasses de la haute Costière fournissent également du silex soit une distance de 20 à 35 km environ.

Il faut toutefois signaler qu'un silex bédoulien à cortex non roulé a été clairement identifié dans la série. Il est représenté par quelques pièces présentant un cortex calcaire légèrement gréseux comparable à celui que l'on retrouve dans les affleurements de Rochemaure-Meysse. Des éclats de degrossissage massifs indiquent l'apport d'un bloc peu dégrossi voire entier (Fig. 57, n°1).

Une autre matière beige clair à sous-cortex rosé pourrait également provenir de cette région d'après son cortex (Fig. 45, n° 1 à 3). Cette origine lointaine n'avait pas été identifiée lors de notre première étude. Elle représente un déplacement d'environ 75 km en ligne droite.

2/ - Les silex de Collorgues-Aubussargues

Les silex en provenance de Collorgues-Aubussargues sont très bien représentés, 7 matières différentes en proviennent, 3 autres probablement. On compte dans l'outillage 31 pièces de cette provenance et 4 probablement. 8 pointes à cran sont également en silex de Collorgues. Les outils confectionnés, essentiellement sur lamelle, sont notamment des pointes à cran.

La grande diversité faciologique laisserait imaginer un nombre bien plus important de blocs rapportés, mais on doit se rendre à l'évidence : le travail d'individualisation des matières au sein des groupes est malaisé. Il est donc difficile de savoir combien de blocs ou nucléus ces vestiges représentent. Le déplacement pour l'accès à ces matières s'élève à une vingtaine de km.

Ardè che Gardon Cèze Rhône H érault Uzès Nîmes Avignon Orange Arles Lodève 0 0 10 20 km 50 Altitude (m) 0 50 200 400 800 1200 1800 N © UM R 154, CNRS, 2000 - MO DIFIÉ , BO CCACCIO, 2005. Montpellier Alès V idou rle Orb Montélimar GROTTE DE LA SALPÊTRIÈRE - SALPÊTRIEN ANCIEN (C6b et d)

ORIGINE DES MATIÈRES PREMIÈRES

Signargues Orgnac Lacapelle Masmolène Rochemaure Meysse Collorgues Aubussargues Terrasses rhodaniennes Ludien Oligocène supérieur Lutétien Cénomanien Bédoulien ? LA SALPÊTRIÈRE

Pointe à cran en silex provenant probablement du Ludien d'Orgnac. Collection Gimon, Muséum de Nîmes.

Figure 8 : Origine des matières premières de

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3/ - Du silex d'Orgnac ?

Une pointe à cran de la collection Bayol (fig. 8) ainsi que quelques très rares éclats évoquent fortement le silex en plaquette d'Orgnac. Il est encore impossible de vérifier cette hypothèse pour le moment mais la présence de silex de Rochemaure rend tout à fait plausible cette détermination.

4/ - Les silex cénomaniens

Enfin, plusieurs matières sont attribuables sans risque aux formations cénomaniennes du bassin de Lacapelle-Masmolène à une douzaine de km au nord de la grotte de la Salpêtrière. Cette matière est toutefois peu impliquée dans la fabrication d'outils, notamment de pointes à cran.

Si l'on revient sur les matières non identifiées, elles forment deux groupes : des matières isolées représentés par un élément unique dans la série et d'autres présentes sous formes de plusieurs éléments impliquant un débitage sur place. Dans ce cas-là l'origine est probablement à rechercher "régionalement", c'est à dire dans un rayon de 150 à 200 km

maximum27. Cela englobe un territoire assez vaste correspondant plus ou moins à la vallée du

Rhône (y compris la rive droite) ainsi que la cote méditerranéenne.

La connaissance des matières premières nécessite donc une vision bien plus large que la circonscription administrative parfois dictée par les programmes de recherches.

Pour les matières premières isolées représentées par un outil, la recherche doit intégrer

la possibilité d'un gîte très localisé28, mais aussi de matières premières exceptionnelles29

présentes dans les alluvions (Boccaccio 2001). Elle doit également prendre en compte l'éventualité d'un parcours à longue distance.

Des jaspes et des pièces calcédonieuses font ainsi partie du cortège de matières non identifiées. C'est le cas également pour un silex noir à veines ocrées, de plusieurs silex à fines ponctuations disparates foncées et de tout un cortège de silex zonés. On trouve enfin une grande variété de silex opaques à translucides, légèrement blanchâtres, contenant parfois des petites géodes cristallines très pures. Des matières proches pourraient exister dans le secteur

de Lacapelle-Masmolène30 mais aussi à l'est de Montélimar dans la vallée du Jabron (inf. orale

L. Slimak).

27 Rayon de diffusion par exemple du silex de la costière (Bazile & Grégoire 2005).

28

Nos prospections dans la région ont déjà permis de reconnaître des gîtes très localisés, encore inconnus, notamment à proximité immédiate des gorges du Gardon (prospection et étude en cours).

29 Comme un galet siliceux bleu turquoise trouvé dans les alluvions rhodaniennes anciennes du plateau de

Signargues.

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II / - ANALYSE TYPOLOGIQUE ET TECHNOLOGIQUE DES