• Aucun résultat trouvé

1- Problèmes méthodologiques

Plusieurs problèmes se posent quand à l’homogénéité de notre série.

- Nous avons déjà insisté sur un point important : les fouilles de F. Bazile ont concerné une surface d’une trentaine de m2 environ sur les 750-800 m2 que compte à peu près la grotte soit 4 % de la surface totale du gisement. Nous étudions donc une série qui est très partielle. Quelle est alors sa représentativité face à l’ensemble total ? Y avait-il une zonation des activités ? Dans ce cas-là, se trouve-t-on sur une aire de travail spécialisée ? Il est malheureusement impossible de répondre à toutes ces questions.

- Nous ne prenons en compte que les produits restants. C’est-à-dire que la réflexion se base sur les présents et ne peut prendre en compte les absents, ce que des grands remontages seraient (en partie) en mesure de quantifier. La seule possibilité de comparaison se trouve avec les produits transformés et utilisés sur place mais là aussi, on ne connaît pas la part d’outils déplacés, emportés, apportés, perdus ou détruits.

- Nous ne savons pas mesurer la part de ces produits. De plus, leur nombre peut varier selon l’usage qui est fait de l’outil (usage localisé, usage extérieur…).

C’est avec ce gros handicap d’incertitudes que l’on part dans l’étude d’une série issue de la fouille partielle d’un site. C’est dire si les résultats doivent être pris avec prudence.

2- Lame ou lamelle ?

La dénomination des produits allongés se fait selon une terminologie classique utilisant les termes : éclats laminaires, lame et lamelle. Cette terminologie est très "typologique" dans sa conception puisqu’elle ne prend généralement en compte qu’un critère de différenciation arbitraire : la taille (longueur et largeur), variant d’ailleurs selon les auteurs. En fait, la différence est d'ordre métrique : les lamelles sont des petites lames.

Chapitre II : Le Salpêtrien ancien - 1ère partie : La grotte de la Salpêtrière

168 Jacques Tixier, en 1963, propose une définition très précise des deux termes : "Sera appelée "lame" toute pièce présentant les conditions suivantes" :

- Longueur supérieure ou égale à deux fois la largeur ; - Longueur supérieure ou égale à 50 mm ;

- Largeur supérieure ou égale à 12 mm.

De la même manière, il désigne les lamelles comme devant présenter les deux conditions suivantes :

- Longueur supérieure ou égale à deux fois la largeur; - Largeur inférieure ou égale à 12 mm.

Malgré ses mises en garde, la terminologie est adoptée de façon très large par une grande communauté de chercheurs (Inizan & al., 1995). Si l’on veut donner à ce terme une valeur "technologique", il faut alors différencier, dans le débitage ou dans la confection des outils, deux catégories de supports bien spécifiques. Et parfois, l’on remarque que certains outils sont fait exclusivement sur lamelle, d'autres sur lames... La différence pouvait donc aussi exister pour eux.

Par contre, s’il n’y a pas de différence nette entre les deux catégories, ne peut-on pas penser qu’il y ait eu continuité technologique et morphologique dans l’esprit des artisans ? C'est semble-t-il le cas pour le débitage des lames-lamelles du site magdalénien de Champréveyres (Cattin 2003). Cet auteur, par conséquent, ne retient pas la longueur comme critère de distinction entre lame et lamelles. Seules la largeur et l'épaisseur sont utilisées sur ce site pour discriminer les produits laminaires des produits lamellaires.

La réponse à cette question ne pourra être véritablement donnée qu’à la fin de l’étude, lorsque l’ensemble des informations auront été recueillies. Nous pourrons alors dire si les salpêtriens disposaient d’une ou de plusieurs schémas opératoires donnant des produits différenciés.

Nous utiliserons donc ce vocabulaire d’attente, par commodité et par habitude, avec pour seule précision que le terme "lamelle" désigne les produits les plus petits et "lame", les plus grands.

3- Quelle production brute ?

Grâce à l’étude des nucléus, nous avons vu que la production principale paraissait être lamellaire et dans une moindre mesure laminaire. Il existe en effet beaucoup de lamelles brutes parmi les éléments du débitage. Par contre, le présence de restes laminaires entiers ou cassés est assez sporadique pour ne pas dire fantomatique. Les lames utilisées dans l’industrie pour la confection notamment des grattoirs et des burins ne se retrouvent pas dans le débitage. Il y a donc une anomalie que nous devrons à tout prix essayer de comprendre. Notons toutefois que les lames transformées en outils ne sont pas très longues ni larges. On peut les qualifier de petites lames. Par contre, quelques tronçons de grosses lames, totalement isolés, ont visiblement été rapportés sur le site.

Quand à la production d’éclats, elle ne paraît pas recherchée et les rares nucléus à éclats, peu organisés, semblent plutôt s’apparenter à des reprises de débitage lamellaires en fin d’exploitation.

Nous avons essentiellement travaillé sur les lamelles brutes entières, considérant que les Salpêtriens avaient surtout utilisé des produits entiers notamment pour la fabrication de leurs pointes à crans. Ils ont pu utiliser occasionnellement des produits cassés satisfaisants

Chapitre II : Le Salpêtrien ancien - 1ère partie : La grotte de la Salpêtrière

169 mais c’est surtout dans la production brute entière qu’ils ont dû choisir les supports de leurs outils.

Cela dit, beaucoup de supports allongés sont cassés et quelques observations générales sur ces fragments permettront de compléter les informations recueillies sur les produits entiers.