Chapitre 4 : Incorporation des protons
I.2 Variation du taux doxygène avec la température
I.2.2 Les matériaux à structure lacunaires
Lévolution du taux doxygène dans les quatre composés de la famille LnBaCo2O5 (Ln = Gd, Nd, Sm et Pr) a également été testée par ATG sous air sec.
La Figure 6 montre que la variation de masse de GBCo sous air sec nest pas totalement réversible. Une hystérèse entre 100 et 250°C apparaît bien que la masse finale de la poudre revienne à son état initial.
132
Figure 6 : suivi par ATG de la variation de masse de GBCo sous air sec.
Frontera et al. ont identifié lorigine de cette hystérèse sur PrBaCo2O5 et GdBaCo2O5, par diffraction des neutrons, comme étant due à un mouvement des atomes doxygène dans les plans LnOį [12]. Un phénomène dadsorption/désorption doxygène de surface du matériau se produit à basse température. En faisant varier la pression partielle doxygène, ils ont observé une prise de masse entre 200 et 300°C avec un optimum vers 250°C. Cette variation de mass e est plus marquée sous O2 que sous air (Figure 7). Ainsi, comme le propose Hutchings et al., il est possible de vérifier que latmosphère constituée de dioxygène favorise les cinétiques dincorporation doxygène dans la structure à basse température et ralentit sa désorption à plus haute température [13].
Figure 7 : variation du į en fonction de la température du composé PrBaCo2O5+į sous (a) O2 et sous (b) air. La courbe insérée en bas est une comparaison des prises de masse du composé GdBaCo2O5+į
Chapitre 4 Incorporation des protons
133 A 470°C, une inflexion de pente réversible est mis e en évidence (Figure 6). Elle peut être attribuée à une variation soudaine du taux doxygène dans la structure du composé provoquant une transition de phase entre la structure orthorhombique Pmmm (ap*2ap*2ap) et la structure quadratique P4/mmm (ap*ap*2ap) comme décrit par Tarancon et al. [14]. Pour valider cette analyse, une analyse par DRX sur poudre du composé traité à 600°C et refroidi par trempe a été réalisée sous air. Le diffractogramme de la Figure 8 confirme bien ce changement de symétrie bien quil reste quelques résidus de la phase orthorhombique.
Figure 8 : diffractogramme des rayons X sur poudre du composé GBCo après synthèse et après un refroidissement par trempe sous air à partir de 600°C. Les pics notés O sont caractéristiques de la
phase orthorhombique et ceux notés T de la phase quadratique.
En température, la masse du composé SBCo évolue de façon similaire à GBCo avec une perte de masse significative à partie de 250°C et une transition de phase observée à 500°C (Figure 9). Cette dernière se déro ule à plus haute température que GBCo en raison dun lécart à la stchiométrie en oxygène plus faible dans le cas de SBCo. Le composé doit donc perdre plus doxygène, donc être traité à plus haute température, avant de subir la transition structurale. De plus, contrairement à GBCo, la masse du composé SBCo ne revient pas exactement à sa valeur dorigine. Lors de la redescente en température une inflexion de la courbe est observée en dessous de 280°C. Ce comportement semble pouvoir sexpliquer p ar une incorporation deau résiduelle contenue dans les lignes de gaz quil est très difficile déliminer (confirmée par la suite). Cette incorporation de protons seffectue en toute fin de la redescente en température expliquant ainsi ce gain de masse en fin dexpérience.
134
Figure 9 : suivi par ATG de la variation de masse de SBCo sous air sec.
Pour les composés NBCo et PBCo une perte de masse significative est obtenue au-delà de 200°C mais aucune transition de phase na été décelée comme le montre labsence dinflexion de courbe sur leurs ATG respectives (Figure 10 et Figure 11). Cette absence de transition de phase a été confirmée par analyse DRX sur poudre après trempe à 600°C sous air. Néanmoins, on note la même prise deau résiduelle que celle mise en évidence dans le cas du composé SBCo sur ces composés.
Figure 10 : suivi par ATG de la variation de masse de NBCo sous air sec.
Figure 11 : suivi par ATG de la variation de masse de PBCo sous air sec.
Les quatre composés de la famille LnBaCo2O5 (Ln = Gd, Nd, Sm, et Pr) présentent un comportement très similaire sous air sec. Ils subissent une perte de masse régulière avec la montée en température entre 250°C et 800°C traduisant la formation de lacunes doxygène. Dans la gamme 20 800°C, seules les transitions
Chapitre 4 Incorporation des protons
135 structurales, dues à une trop grande concentration en lacunes doxygène, de GBCo et de SBCo sont observées. Les composés PBCo et NBCo, dont la concentration en lacunes doxygène à température ambiante est moins élevée et ne présentent pas cette transition.
I.3 Bilan
Sur les huit cobaltites testées sous air sec, seules deux ne forment que très peu voire pas de lacunes doxygène dans la gamme de températures 200 600°C.
Il est, en outre, intéressant de noter que, dans la famille de composés LnBaCo2O5, plus la différence de rayons ioniques entre le baryum et le lanthanide en substitution est faible, plus la formation de lacunes doxygène sobserve à haute température (rioniques : Ba2+ = 1,75 Å > Pr3+ = 1,13 Å > Nd3+ = 1,123 > Å, Sm3+ = 1,098 Å > Gd3+ = 1,078 Å [9]). Ce type de transition nest observé que pour les substitutions avec le Gd et le Sm dans la gamme 20 800°C. Or, c omme montré par Frontera et al. [12], cette transition structurale saccompagne, dans le cas de GBCo, dune diminution de la conductivité électronique du matériau et doit être évitée.
Leau résiduelle contenue dans les lignes de gaz engendre une hydratation des composés à structure lacunaire alors que cette dernière nest pas observable pour les composés à structure classique. Il semble donc que la sensibilité à lhydratation sous pression atmosphérique soit plus importante dans le cas des composés LnBaCo2O5 que dans le cas des matériaux à structure pérovskite classique.
En associant les résultats des ATG sous air sec et de la iodométrie, il est possible de déterminer la stchiométrie en oxygène à une température donnée pour chaque matériaux danode étudié. Lhypothèse de départ étant que la perte de masse observée sous air sec est due à une adsorption/désorption réversible datomes doxygène. Lévolution du į de chaque cobaltite en fonction de la température est présentée sur la Figure 12.
136
Figure 12 : comparaison des variations des taux doxygène des pérovskites étudiées en fonction de la température.
La première remarque tirée de ces courbes est la nette différence de sous stchiométrie en oxygène pour les matériaux à structure pérovskite lacunaire ordonnée comparée aux matériaux à structure pérovskite classique désordonnée. Leur į varie entre 0,3 et 0,4 sur une plage de températures de 0 à 800°C et seulement denviron 0,15 pour les matériaux à structure désordonnée. La stchiométrie en oxygène du composé LCo reste constante et proche de zéro (LaCoO3) jusquà 800°C tandis que celle du composé BCo ne varie pas avant 550°C.
En considérant limportance des lacunes doxygène pour la réaction de dissociation de leau (2) les cobaltites à structure lacunaire semblent donc les meilleures candidates tandis que LCo serait donc à proscrire et BCo à nutiliser quau-delà de 550°C. Néanmoins, nous avons choisi danaly ser le comportement de chacun de ces composés sous atmosphère humidifiée afin de confirmer linfluence des lacunes doxygène sur la formation des défauts protoniques dans les matrices basiques fortement conductrices électronique sélectionnées.
Chapitre 4 Incorporation des protons
137
II Suivi de lincorporation des protons par ATG
La détermination de la température dincorporation maximale des protons dans la structure des composés est un point important car cest elle qui impose la gamme de températures dutilisation du matériau danode. Dans ce but, létude de la variation de masse par ATG sous air humidifié à 3% volumique (bullage de lair dans leau à 25°C) a été effectuée. Lhumidification des gaz a é té réalisée à laide dun système Wetsys de SETARAM placé en entrée des gaz de lATG. Afin de pouvoir comparer les différents phénomènes consécutifs à lajout deau dans le système, une rampe de montée et descente en température identique à celle des mesures sous air sec a été utilisée (1°C/min).