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Marchés et commerces de rue dans le quartier de la gare

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 180-187)

D’espace du désordre à quartier de la complexité, le quartier de la gare de Naples

I. QUAND PLUSIEURS TERRITOIRES COHABITENT EN UN MÊME ESPACE

4. Territoires du commerce

2.7 Marchés et commerces de rue dans le quartier de la gare

Repérages périodiques. Dernière actualisation juillet 2004.

50 m marché alimentaire

marché non alimentaire

vente informelle sur trottoir intégrée au marché

Piazza Mancini

extension du marché de la piazza Mancini le dimanche

V

0 3 km

9

( 2000 ; 5775 ( ( 5775 ; 10497 ( ( 10497 ; 15000 ( ( 15000 ; 21300 ( ( 21300 ; 26714 ( ( 26714 ; 32638 ( ( 32638 ; 34620)

Densités (nombre d'habitants / km )2 2.8 Densités de population par quartier à Naples (1999)

densité communale = 8550 hbts/km2

C. Schmoll. Données communales au 31/12/1999, Comune di Napoli, 1999

De notables transformations démographiques et économiques

Durant les vingt dernières années, cette géographie du commerce a connu d’importantes évolutions, sur lesquelles il convient de revenir, car elles permettent de faire entrer en scène certains acteurs dont il a été jusqu’ici peu question : les résidents.

On peut lier les évolutions que connaît le quartier durant les décennies 80 et 90 à deux événements. Le premier est la délocalisation d’une partie du commerce de gros à l’extérieur du centre-ville. Depuis les années 70, en effet, le centre-ville de Naples, et tout particulièrement le quartier de piazza Mercato, au sud du quartier de la gare, était congestionné par l’afflux et le reflux d’acheteurs. En 1986, le CIS de Nola1, la plus grande centrale d’achat du centre et du sud italien, est réalisé aux portes de l’agglomération. À l’époque, une partie des acheteurs s’était déjà spontanément déplacée vers d’autres pôles d’achat et la fréquentation commerciale du quartier avait fortement chuté. Cependant, si l’on aurait pu croire à une disparition du commerce de gros dans le quartier, nous verrons dans le chapitre suivant qu’une partie de ce commerce connut une reconversion en faveur d’un nouveau type de clientèle au cours des années 80.

La seconde cause de ces évolutions, plus profonde, est le long déclin démographique que traverse la ville. Entre 1981 et 1991, Naples perd 12 % de sa population. Dans les circonscriptions de San Lorenzo-Vicaria et de Mercato-Pendino, elle chute respectivement de 20 % et de 22 %, comme on peut le lire sur le graphique 2.1. Cette chute, qui a cessé à Mercato-Pendino, se poursuit actuellement dans le quartier San Lorenzo-Vicaria. En fait, si le tremblement de terre de 1981, avec ses conséquences, constitue l’apogée de cette période de déclin démographique, le quartier accusait depuis longtemps une perte importante de sa population, ce qui est lié au développement de Naples hors de ses quartiers historiques, depuis les années 30 et surtout depuis l’après-guerre.

On peut ainsi distinguer, concernant la dynamique démographique de l’agglomération, deux phases depuis l’après-guerre : depuis les années 50, l’ensemble du centre-ville de Naples perd de sa population au profit des quartiers périphériques. Comme le montre le graphique 2.1, les quartiers étudiés ne font pas exception, et subissent des pertes importantes. À partir des années 70, cette chute de la population se diffuse à l’ensemble de la commune, au profit de l’agglomération, comme on peut le lire sur le tableau 2.4. Ce processus de déconcentration s’est d’abord effectué au profit d’une première couronne dans la province de Naples, puis vers les communes limitrophes des provinces de Caserte et Salerne.

1 Le choix de l’emplacement de Nola pour la construction du CIS (Centro Ingrosso Sviluppo) était motivé par la présence de terrain libre et surtout par l’accès facile de la zone, qui se situait sur un ASI (area di sviluppo industriale: aire de développement industriel) et qui était desservie par l’autoroute (Vallat, 1993 c). Au sujet du CIS, voir chapitre 6, p.268.

Tableau 2.4

Évolution de la population résidente dans la commune et la province de Naples

1951 1061 1971 1981 1991

Naples 1.010.550 1.182.815 1.226.594 1.212.387 1.067.365

Naples-centre*

631.832 587.261 489.166 430.718 347.386

Province 2.088092 2.423204 2.709.929 2.970.563 1.067.365 Istat, Recensement general de la Population (1951-2001)

*quartiers de Chiaia, San Giuseppe, Porto, Montecalvario, Stella, Mercato, Pendino, San Lorenzo, Vicaria, San Carlo all’Arena, San ferdinando et Avvocata

Graphique 2.1 Évolution de la population résidente (1951-1999)

0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1400000 1600000 1800000

1951 1961 1971 1981 1991 1999

Vicaria San Lorenzo San Lorenzo-Vicaria

Pendino Mercato Mercato-Pendino

Naples total

Comune di Napoli, 1999, p. 49 D’après données ISTAT, Recensement Général de la population et Registres de résidence pour 1999.

Les migrations vers la périphérie sont également liées aux évolutions de l’offre de logement et aux importantes opérations de construction immobilière2, souvent illégales (abusive)3, qui ont lieu à cette même époque dans l’hinterland napolitain (Laino, 1988 ; Amato, 1998). Cette délocalisation offre pour les populations d’un centre historique trop densément peuplé des avantages notables et, il est probable que dans certaines situations, le

2 De l’après-guerre à 1997, 250.000 logements ont été construits dans la province de Naples, dont les trois-quarts dans les quinze années qui ont suivi le tremblement de terre (Biondi, Coppola, Viganoni, 1997).

3Abusivismo : formes d’illégalité liées au secteur du bâtiment.

tremblement de terre joue simplement un rôle de déclencheur d’une décision en cours de maturation.

Quelles sont les conséquences de ces départs de population sur l’offre commerciale du quartier ? Si, d’un côté, ces départs auraient dû logiquement entraîner une chute de la demande de commerce de détail, en réalité, le petit commerce, souvent informel, devient pour les populations restées dans le quartier une planche de salut (Vallat, 1998 ; Sommella, 1997). En effet, ce sont souvent les plus démunis parmi les habitants du quartier qui demeurent sur place. Par ailleurs, la crise que connaît Naples à l’époque entraîne une augmentation des taux de chômage et un processus de paupérisation des quartiers centraux4. À Naples, le taux de chômage passe en effet de 36, 1 à 42,7 % de 1981 à 1991.

Ce chiffre augmente de 5,6 % en dix ans, mais l’évolution est encore plus sensible dans le quartier de San Lorenzo-Vicaria où il passe de 40,9 % à 46,8 % et dans celui de Mercato-Pendino où, de 41,4 % en 1981, il atteint 51,5 % en 1991.

Le quartier de la gare est donc un espace dont la marginalité sociale s’accentue et où les économies connaissent un processus d’informalisation, du moins jusqu’au début des années 90. Les indicateurs figurant sur les tableaux suivants permettent d’illustrer la persistance de cette marginalité sociale au recensement de 1991.

Tableau 2.5

4 L’espace objet de notre étude est d’ailleurs identifié par Fabio Amato et Pasquale Coppola comme appartenant à l’une des aires de crise et de dégradation majeure dans la commune de Naples au début des années 80 (Amato, Coppola 1997, 82).

Tableau 2.7

Istat, RGP, 1981 ; Istat, RGP, 1991

En 1991, la superficie à disposition des habitants est inférieure à la moyenne napolitaine (tableau 2.5). Si les taux de fréquentation de l’école obligatoire sont plutôt élevés, ceux de fréquentation du lycée et de l’université sont remarquablement bas par rapport à la moyenne communale (tableau 2.6). De 1981 à 1991, la part d’analphabètes sur la population totale connaît une chute plus importante que celle de la moyenne communale, mais demeure néanmoins assez élevée (plus de 3 % pour les quartiers San Lorenzo, Mercato et Pendino alors que la moyenne communale est de 2,3 %). Le taux de diplômés de l’enseignement supérieur connaît, sur cette même période, une progression plus faible que celle de la moyenne communale (tableau 2.7). Toutefois, Vicaria fait exception : dans ce quartier plus bourgeois, influencé par la présence voisine du centre directionnel, la superficie moyenne à disposition des résidents s’approche de la moyenne communale. Le taux d’analphabètisme y est particulièrement bas, tandis que les autres indicateurs concernant l’éducation et la scolarisation sont bien supérieurs à la moyenne.

Quoi qu’il en soit, ces deux phénomènes, la délocalisation des activités commerciales et des populations, ainsi que les recompositions socio-économiques qui s’en suivent dans le quartier, ont des conséquences importantes sur l’insertion des migrants. En effet, c’est dans cette même période que commence à se manifester la présence d’étrangers dans le quartier (Tableau 2.4). Les circonstances dans lesquelles leur venue survient - crise économique et départs de population - influencent notablement leur insertion dans le secteur du commerce. Ce sont, pour le dire autrement, les premiers éléments d’une certaine porosité du quartier (Coppola, 1999).

Tableau 2.8 Étrangers présents et résidents au recensement de la population de 1991

Résidents étrangers Présents Parmi lesquels non clients d’hôtels

Vicaria 62 41 27

San Lorenzo 304 353 184

Mercato 42 40 11

Pendino 109 171 89

Total Naples 5337 5604 5002

Istat 1993, données du recensement général de la population de 1991

Cependant, pour apprécier correctement les formes d’insertion qu’ont pu trouver les étrangers sur ces territoires du commerce, il convient d’opérer un réglage de focale plus précis. Il est en effet possible de mettre en évidence un certain nombre de différences, du point de vue des activités, des populations, et des évolutions socio-économiques, mais aussi des stratégies de valorisation engagées par la municipalité, entre, d’une part, le quartier du Vasto et, de l’autre, celui de la Duchesca-Maddalena. Si le Vasto présente la face visible du commerce migrant, et se caractérise avant tout par sa fonction de passage et d’offre communautaire et culturelle, la Duchesca-Maddalena tient davantage du domaine du caché et des économies locales, de la rue.

Remarquons d’emblée que la plupart des analyses qui suivent proviennent de l’enquête directe. La délimitation administrative des quartiers à Naples ne permet guère d’appuyer cette typologie, puisqu’à peu près la moitié du Vasto (le Vasto d’en haut) et la Duchesca-Maddalena se situent dans le même quartier administratif, San Lorenzo. Ce quartier, qui couvre une partie importante du centre historique, est d’ailleurs le plus vaste et le plus peuplé du centre-ville de Naples5, ce qui rend les données statistiques à notre disposition insuffisamment précises.

5 Avec des densités extrêmement élevées : 37 227 hbts/km2 en 1991, pour une moyenne communale de 9 102 hbts/km2 ; 34 427/km2 en 1999, pour une moyenne communale de 8 531 hbts/km2, comme on peut le lire sur la carte 2.8.

II. LE VASTO, LIEU DE TRANSIT ET FACE VISIBLE DU COMMERCE

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