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Manifestations de l’Être

Il s’agit maintenant d’affirmer cette expérience de l’Être dans diverses circonstances signifiant par là que les modalités d’être de l’étant sont celles de l’Être qu’il héberge. Nous témoignerons d’une permanence, de l’ubiquité de sa présence, et de son intime proximité avec les moments les plus inattendus voire les plus nécessaires de l’existence.

L’Être se donne dans une ouverture, un dévoilement. Nous allons examiner quelques expériences vécues nous ayant permis de saisir et d’identifier le est de ce qui est. Nous donnerons de cette saisie de l’être-tel par la conscience morale une approche phénoménologique, mais au sens husserlien, c’est-à-dire au sens subjectif, en tant que le phénomène caché de l’Être est reçu comme tel dans la conscience.

Vérité de L’Être à travers la musique

L’Être du musicien se dévoile t-il dans sa musique ou celui de la musique se donne t-il à voir par le musicien ? Ce n’est pas l’instrument ou le joueur de l’instrument que l’on considère mais ce qui est dévoilé par son jeu : la manifestation de son être-musicien.

« Comment fais-tu ? Comment peux-tu jouer à partir de rien ? »

Miles Davis

« Je ne sais pas. Mais la question est de savoir si le rien est un manque de quelque chose ou un plein »

Keith Jarrett

Entretiens, Saint Germain des près, Année 60

On connaît le débat sur le rien à propos de la question : « à quoi penses-tu ? » Si la réponse est « à rien ! », il ment car 1) Il pense à quelque chose et ne veux pas le dire 2) Il ne pense à rien et le rien est déjà quelque chose454 !

On peut dire qu’alors que Miles Davis s’interroge sur l’Être, Keith Jarrett en a fait une expérience concrète. Sa musique ne ressortit pas à une vacuité de son âme mais à une modalité de son être-musicien. Une musique qui émane de son être et manifeste ce qui était caché en lui et qui vient s’ouvrir à l’autre - l’auditeur - dans un renouvellement incessant

454 . Se reporter à un essai anonyme publié en 1730 intitulé : Eloge de Rien, dédié à personne, avec une post-

qu’elle implique. L’improvisation musicale loin d’être manifestation d’un néant nous semble bien constitué d’un plein rempli de la différence ontologique heideggerienne.

Tandis que je joue, je suis joué, dit Keith Jarrett à Miles Davis, lui indiquant que ce qui est donné à entendre dans sa musique ne sont pas des sons mais une dimension originelle de son Être !

Pensée et vérité de l’Être chez le poète

En quête de vérité de l’Être, Heidegger repose la question de son sens au travers du langage poétique455. Heidegger fait de la poésie une parole sur la condition humaine.456 Le poète nous dit autre chose de l’Être que sa relation entre l’identité et la différence car son langage recèle les conditions de sa pensée. Où l’homme prend-il cette prétention d’arriver à l’être d’une chose ? Par la parole et l’être du langage. C’est le langage qui parle et l’homme qui répond. Poésie et pensée ne se rencontrent dans le même que lorsqu’elles demeurent dans la différence de leur être.457 Notre pensée et ce que le poète dit ne sont qu’une seule et même chose. Mais on ne peut dire le même que lorsque la différence est pensée.458

.

Dans un poème tardif Hölderlin écrit : « l’homme habite en poète » Plein de mérites, mais en poète

L’homme habite sur cette terre

Hölderlin

L’homme habite en poète. Quel sens accorder à ces mots ? La parole qui concerne

l’être d’une chose vient à nous à partir du langage si nous faisons attention à l’être propre de celui-ci459. Comment l’homme peut-il habiter en poète, alors que sa façon d’habiter est bousculée par le travail, que la poésie est niée comme nostalgie stérile et répertoriée comme littérature et que la réputation du poète est surtout plus celle d’un rêveur que d’un acteur ? Il s’agit, dit-il de considérer au-delà des mots, la parole du poète qui pense l’existence de

455 . En 1951, il prononce une conférence méditant les mots d’Hölderlin « l’homme habite en poète ». Heidegger,

Essais et conférences, l’homme habite en poète,1958, Gallimard, p. 224-245.

456 . Heidegger Martin, Essais et conférences, p. 286 ; La poésie, toute poésie, mais encore plus celle d’Hölderlin

exprime une nostalgie de l’être de l’étant dans laquelle l’être n’est pas un appendice facultatif d’un sujet, fût-il absolu ; l’être y est insaisisssable parce qu’originairement scission de soi, parce qu’en aucun cas il est un sujet, lequel est mode d’une substance.

457 . Ib. HeideggerL’homme habite en poète, p. 227.

458 . Ibid. A condition, de ne pas entendre même comme égal : ne pas faire se recouvrer le même (comme

appartenance mutuelle du différent à partir du rassemblement opéré par la différence) et l’égal ( qui s’attache au sans différence afin que tout s’accorde en lui).

l’homme à partir de son habitation sur terre, c'est-à-dire, pour Hölderlin, de son humaine condition.

Que veut dire « habiter » le monde ? Habitation, habiter, désigne le fait et la façon d’habiter, non le logement. La façon dont nous sommes sur terre est l’habitation. Être homme veut dire : être sur terre comme mortel, c'est-à-dire habiter. En quoi consiste l’être de l’habitation ? La condition humaine réside dans l’habitation au sens du séjour sur terre des mortels. C’est donc du rapport des hommes au monde dont il est question, un rapport qui inclut nécessairement le rapport de l’Être et de l’étant. Hölderlin se fait l’interprête de l’Être en relation avec les mortels en tant qu’ils habitent le monde. Heidegger développe : sur terre veut dire sous le ciel, l’un et l’autre signifiant demeurer devant les divins (messagers) et impliquent appartenant à la communauté des hommes. Pour Heidegger, l’Être ne peut être pensé que dans une unité originelle incluant quatre exigences fondamentales, en ce qui concerne son rapport au monde. « Les Quatre, la Terre et le Ciel, Les Divins et les Mortels, forment un tout à partir d’une Unité originelle »460. Chaque fois que les mortels habitent le

monde en accueillant le temps du ciel, en sauvegardant les fruits de la terre, en attendant les signes des dieux et en acceptant la venue de la mort, ils séjournent dans l’Être sur le mode qui leur est destiné.461 Mattéï poursuit : cette unité centrale aussi invisible que le vide à partir

duquel le vase462 a été façonné, est qualifiée de das Einfache ou die Einfahlt, « le Simple » et s’accorde au « Destin », Geschick ». Ce simple constitue pour Heidegger le centre invisible autour duquel la vie de l’homme déroule ses phases. « Cette simplicité nous l’appelons le quadriparti : les mortels sont dans le quadriparti lorsqu’ils habitent463 ». L’être se donne en diverses voix au carrefour du ciel et de la terre, des hommes et des dieux. L’habitation a sous sa garde l’être du Quadriparti.

Et Heidegger de conclure sa méditation sur le poème d’Hölderlin : 192 habiter est le trait fondamental de l’être. La véritable crise de l’habitation réside en ceci que les mortels en

460 . Martin Heidegger, « Bâtir Habiter Penser » (1951), Essais et conférences, op. cit., p. 176. Souligné par

Heidegger.

461 . Mattéi Jean-François, L’énigme de la pensée, Chemins de la pensée, Ed. Ovadia, 2006, p. 107.

462 . Ib.. p. 105. En prenant une chose ordinnaire, comme cette cruche qui verse le vin dans les verres, Heidegger

fait apparaître une figure singulière de l’être qui prend dans son texte la forme d’une fugue à quatre voix. Comment la cruche vient-elle au monde et comment nous livre t-elle le secret de son être ? C’est à partir du vide que le potier, prenant son argile, modèle le fond et les flancs du vase pour permettre à la chose, qui n’est pas encore objectivée, de se tenir en elle-même comme chose. Et la cruche, dans le versement du vin qui coule de son vide ntérieur,va conduire à la conjonction inattendue du ciel, qui amène le mûrissement du raisin, et de la terre, qui apporte son argile au potier, mais aussi à l’union des dieux, à qui l’on offre la libation des sacrifices, et des hommes qui peuvent étancher leur soif. Dans le versement de l’offrande du vin, les Mortels et les Divins sont présents, en même temps que la Terre et le Ciel, les Quatre étant réunis, invisibles, dans « l’unité d’un unique Quadriparti ». M Heidegger, « la chose » Essais et conférence (1954) Trad. A. Préau, Paris, Gallimard, 1958, p. 205.

sont à chercher l’être de l’habitation et qu’il leur faut d’abord apprendre à habiter. L’homme déploie son Être en tant que mortel. Il meurt continuellement aussi longtemps qu’il séjourne sur terre. Son habitation (son existence) réside dans la poésie. C’est la poésie qui amène l’habitation de l’homme à son Être. La poésie est le faire habiter originaire.

Mais la poésie du poète disant que l’homme « habite en poète » n’est pas la même que celle d’un autre s’exprimant simplement sur la condition de l’homme sur terre. L’un pense l’Être et ses rapports à l’étant (c’est parce qu’il habite en poète que sa manière d’habiter le monde conduit l’homme à son Être) alors que l’autre nous parle simplement de l’Être de la condition humaine.

Il ne faut pas cependant négliger cette poésie laquelle, source de liberté créatrice produit à sa manière, dans la création de l’écriture, une vérité sur l’Être. Il ne s’agit plus de conditions de la pensée de l’Être mais d’une vision transcrite de vérité perçue. La vérité de l’allégorisation objectivante décrit un monde, vise, nomme, et institue une extériorité en chemin de laquelle le soi, par le langage, s’accomplit. L’affect ne saurait postuler, le poète ne saurait préconcevoir464. Le poète, libre et libéré, est à sa façon, montreur d’Être. On retrouve ainsi chez Arthur Rimbaud et François Villon un accès à l’Être rendu possible par le langage poétique.

Dans une lettre dite « du voyant » adressée à son professeur Georges Izambart, Rimbaud s’élève contre la poésie subjective de ce dernier, qui sera « toujours horriblement fadasse465 ». En ce qui le concerne, la seule poésie qui vaille est la poésie objective issue de

l’idéal parnassien. Il écrit « je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant » …/… « Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète »…/… C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense…/… Le poète est un visionnaire investi d’une activité poétique concrète. Et il poursuit dans une seconde lettre dite aussi « du voyant » adressée à Paul Demeny 466: car Je est un autre…J’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute, je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur scène…/… Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement

464 . Jean Daniel Lalau, La Métabole, Thèse de philosophie, Paris, 2008.

465 . Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud, (1854-1891) A. Rimbaud, Charleville, 13 mai 1871, à Monsieur Georges

Izambart, professeur, 27 rue de l’Abbaye-des-champs, à Douai, Nord. Il termine sa lettre en résumant son mode

d’être : Le cœur supplicié, Mon triste cœur bave à la poupe.

de tous les sens…/…Car il arrive à l’inconnu467 …/…Donc le poète est vraiment voleur de feu468»

Je veux être poète et je travaille à me rendre voyant. La considération de la vision du phénomène nous autorise t-elle à nous prononcer sur l’Être ? Si l’Être est indicible peut-il être intuitionné ? Peut-on en appeler à l’intuition, pour définir cette vision qui dépasse les données du présent et qui concerne le devenir, comme une sorte de prédiction ? Le terme d’intuition relève du langage de la « vision ». Etymologiquement, intueor, intuitus, se rapportent à l’acte et à l’attention du regard. Par son héritage grec (noésis, acte simple de la pensée qui ne se disperse pas dans les moments de la perception) et allemand (Anschauung ou

Erschauung, synthèse opérée par l’imagination sur les bases d’une expérience sensible), le

terme d’intuition est apte à désigner toute forme de compréhension immédiate, et concerne des couches très diverses du savoir. Peut-on la définir comme une sorte de certitude intérieure qui échapperait dès lors à tous instruments d’investigation, à toute mesure

aménageante ? Kant fait de l’intuition sensible la capacité de saisir immédiatement, sans

intervention de la raison, ce qui s’offre à nos sens. L’intuition est du domaine du sentiment, de l’inspiration, du souffle, de l’esprit, de l’idée. Mais d’où viendrait une telle intuition ? Peut-on parler de l’intuition comme d’un savoir ? Mais quel contenu aurait ce savoir du poète?

Rimbaud se fait voyant, voit l’invisible, entend l’inouï, dépasse les apparences pour révéler l’inconnu. Mais ce n’est pas lui qui voit : c’est un autre ! « Je est un autre » proclame t-il469. Rimbaud ne dit pas « moi » : il ne se réfère pas à une intériorité, mais prend conscience

d’un autre moi qui jaillit en dehors de lui-même, dans une ek-stase originaire : la comparaison avec le « Voleur de feu » est glorieuse : le rôle du poète est comparable à celui de Prométhée qui vola le feu aux dieux pour le donner aux hommes démunis. Ce qu’apporte aux hommes le poète prend la forme d’une révélation : celle de leur condition.

Le Dormeur du val, Octobre 1870 nous dévoile la capacité intrinsèque du poète à percevoir de l’Être, à le décrire par delà le phénomène. Rimbaud ne se livre pas à une détermination anthropologique de l’Être mais le laisse se manifester, se dévoiler.

C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

467 . Rimbaud, « La lettre du voyant » ; A. Rimbaud, Charleville, 15 mai 1871, à A.P. Demeny. Passage tiré du

chant de guerre parisien.

468 . Ibid., Passage tiré de mes petites amoureuses.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

Certes, la poésie enlace le réalisme. Rimbaud ne nous reconduit pas à la dualité cartésienne irréductible entre le corps physique et le sujet psychique. Il ne décrit pas le cadavre du soldat mais son Être, sa vérité, celle de donner sa vie pour sa patrie. Il rend compte de la condition humaine avec la guerre et son absurdité reprenant aussi en écho le thème heideggerien de l’usure de l’étant et de la consommation de l’Être, dans un monde qui est devenu un non-monde470.

Avec La ballade des pendus François Villon471 décrit la condition humaine au XVème siècle et nous offre un autre exemple de cette vérité de l’Être contenue dans la parole du poète : celui du pauvre diable qui après une vie de misère sera pendu pour avoir volé de la nourriture.

Frères humains qui après Nous vivez

N’ayez le cuers contre Car, se pitié de nous Pauvres avez,

Dieu en aura plus tost de Vous merciz.

470 . Heidegger, Essais, dépassement de la métaphysique, Op. cit. p. 107. A l’époque où la puissance est seule à

être puissante, c'est-à-dire où l’étant, sans retenue ni réserve, fait pression sur l’Être pour être consommé dans l’usure, le monde est devenu non-monde, dans la mesure même où l’Être est bien présent, mais sans puissance propre.

471 . François de Moncorbier dit Villon (1431- disparu en 1463) élève de la faculté des arts de Paris, est un poète

français de la fin du moyen-âge. Sa vie a pour toile de fond les lendemains de la guerre de cent ans et son cortège de brutalités de famines et d’épidémie. La ballade des pendus aurait été écrite lors qu’il était incarcéré au Châtelet (novembre 1462) attendant la décision du parlement de Paris qui l’avait condamné à la potence, décision dont il avait fait appel, et qui sera commuée le 5Janvier 1463 en peine de 10 ans de bannissement de la ville.

Vous nous voyez cy Attachez cinq, six

Quant de la chair, que trop Avons nourrie,

Elle est pieça dévorée et Pourrie,

Et nous les os, devenons Cendre et pouldre. De notre mal personne ne S’en rie :

Mais priez Dieu que tous Nous veuille absouldre !

François Villon

Le poète n’a pas de pré-science. La connaissance à laquelle nous ouvre la poésie est d’une nature particulière, celle d’une connaisance sans objet. Son milieu est ontologique : c’est la vie. Le poète se saisit de la condition humaine d’où surgit la vérité. Sa parole ne peut être convaincue d’erreur et sa vérité est confirmée de la façon la moins rassurante qui soit : il en est ainsi de la condition humaine…

Vérité de l’Être chez Dostoïevski

« Il y a donc de la générosité même chez ces gens ! » pensait Chatov en se dirigeant vers la maison de Liamchine. « Les convictions et l’homme, ce sont semble t-il deux choses bien différentes à bien des égards. Je suis peut-être très coupable envers eux !...Tout le monde est coupable, tout le monde est coupable et, si seulement tout le monde s’en convainquait !... »

Les possédés, Dostoïevski472

Alors que le thème du roman tend à démontrer que les hommes sont victimes d’idéologie qui les dépassent, au point d’en être comme possédés et d’en devenir l’incarnation même, celui dont la figure célèbre le nihilisme révolutionnaire, Chatov, découvre au cours d’une expérience humaine que l’être-humain est bien autre chose que ce à quoi l’assignerait sa propre idéologie. Ce n’est pas seulement la notion de générosité qu’il découvre ici en l’homme mais une structure totalement exclusive de toute emprise idéologique, une structure laissant à penser qu’il y a en l’homme quelque chose d’intrinsèque qui l’accompagne durant

son séjour humain, quelque chose d’inaliénable, d’incessible, qui échappe à toutes les convictions dont il est accablé. Un quelque chose que l’on pourrait dénommer l’Être.

En faisant l’expérience en lui à la fois d’un être en tant qu’Être et d’un être écrasé par les vicissitudes de la vie, Chatov découvre, pour la première fois de son existence la présence en lui de l’Être. Cette découverte de sa propre scission en deux structures constitutives, ontologique et ontique, est l’effet de la manifestation de sa conscience, plus précisément de sa conscience morale en ce qu’elle exprime un rapport à l’Être. Dans son roman, Dostoïesky donne le remord comme mobile et condition de possibilité de la conscience morale vers l’Être : interpellé par l’Être, Chatov, éprouve de la culpabilité. A noter que Dostoïevski