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P REMIÈRE P ARTIE : MATÉRIALITÉ DU NOM PROPRE

E. Maintenir le nom dans le récit

Dans ses travaux sur le personnage, Philippe Hamon rappelle que le nom propre constitue au sein du récit un repère primordial pour le lecteur2. Il signale également que le personnage, loin d’associer une dénomination unique3 à un référent constant et immuable, doit être envisagé comme l’articulation de deux éléments caractérisés par la variation et l’évolution :

En tant qu’unité d’un système, le personnage peut, en première approche, se définir comme une sorte de morphème doublement articulé, manifesté par un signifiant discontinu, renvoyant à un signifié discontinu et faisant partie d’un paradigme original construit par le message (le système propre des personnages du message)4.

Se focalisant sur les romans médiévaux en vers5, Vanessa Obry parvient à des conclusions similaires :

Les chaînes de référence se plient, au moins en partie, à la logique d’une écriture discontinue, régie par la succession ou l’emboîtement de différentes unités, de morceaux d’ampleur variable.1

1 Le renom acquis par Floriant est susceptible de faire fuir les adversaires et donc d’entraver son entreprise de reconquête de l’estime publique (v. 6822 sqq.). Sur les dévoiements liés à la renommée voir p. 518 sqq.

2 Philippe Hamon, Le Personnel du roman…, op. cit. p. 107.

3 Par exemple, un nom propre.

4 Philippe Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage », art. cit. p. 96. La désignation du personnage, met en concurrence différents pronoms (il, lui, le) et/ ou différents syntagmes nominaux, et le signifié évolue au fil des informations véhiculées par le texte qui, par une opération de synthèse du lecteur, étoffent le personnage et le précisent au fur et à mesure de la lecture.

5 Vanessa Obry, Et pour ce fu ainsi nommee,..., op. cit. L’auteure étudie des romans non arthuriens en vers des XIIe et XIIIe siècles : Le Conte de Floire et de Blanchefleur, Ille et Galeron de Gautier d’Arras, et Galeran de Bretagne.

153 Elle distingue toutefois « trois modes de saisie » du personnage. La désignation d’un personnage dans un roman peut être « stable et atemporelle », « évolutive et inscrite dans le temps », ou bien encore « instable et paradoxale »2, chaque mode de saisie étant par ailleurs associé à un roman particulier dans son étude. Nous souhaitons à notre tour discuter le rôle du nom propre dans le maintien de l’information concernant les personnages et les lieux de l’aventure. Nous voudrions en particulier étudier la continuité ou la discontinuité du nom propre non seulement à l’échelle du roman en lui-même, dans la mesure où chaque texte, comme le remarque Vanessa Obry, possède ses particularités, mais surtout dans la perspective d’un enracinement dans une matière. Inscrits dans une tradition préexistante, les romans de notre corpus emploient des noms propres dont la définition du référent – lieu ou personnage − précède au moins en partie le récit qui les met en scène. Se côtoient alors créations originales, telles que les nouveaux héros proposés par chaque roman, et référents reparaissant comme le personnel arthurien et les différentes localisations de la cour arthurienne. Il convient de rechercher une différence de traitement entre ces deux catégories, et d’examiner la relation établie entre d’anciens noms, drainant un vaste ensemble de références, et de plus récents, dont le signifié est en cours d’élaboration. Il nous faut également observer ce que les modalités du maintien d’un nom propre nous apprennent sur son référent, et en quoi elles éclairent la poétique du récit.

L’analyse procède en trois temps et reprend le jeu entre continuité et discontinuité mis au jour par Philippe Hamon et Vanessa Obry. Nous nous attacherons ainsi aux noms propres qui dans notre corpus se caractérisent par leur constance, puis seront étudiés les noms propres qui fluctuent au fil du texte. La posture adoptée par la voix conteuse lorsqu’elle assure le maintien de l’information dans le récit, le plus souvent neutre et discrète mais aussi, parfois, partiale et réticente, fera l’objet des dernières remarques.

1. La stabilité du nom

Certains noms propres se distinguent par leur régularité. Énoncés par la voix conteuse ou par un personnage, leur mention dans le récit suit toujours le même schéma sans tenir compte de l’évolution du personnage ou de la progression de l’intrigue. Dans Claris et Laris, la voix conteuse maintient ainsi dans son récit les noms des deux jeunes gens alors vêtus des armes de Keu et Gales Le Chauve (v. 4759 sqq.). Le narrateur dans cet épisode ne tient pas

1 Ibid. p. 422. Voir l’ensemble du chapitre sur « continuité et discontinuité », p. 255 sqq.

2 Ibid. p. 287.

154 compte de la volonté de combattre incognito des chevaliers1 et facilite la compréhension de l’aventure en donnant à son lecteur des informations dont les personnages sont encore privés.

Quiproquos, anonymat et pseudonymes2 ne sont alors mis en œuvre qu’à travers le point de vue des personnages, l’instance narratrice continuant par ailleurs à afficher son omniscience.

Le récit, parfois rendu complexe par l’entrelacement des quêtes multiples, n’en est que plus clair, et le lecteur profite à loisir de l’avance qu’il possède sur les personnages. La facilité de lecture et le confort procurés par une telle constance ne sont pas les seuls effets de la permanence et de la stabilité d’un nom. La régularité avec laquelle apparaissent certaines dénominations, toujours sous la même forme et dans le même environnement, peut aussi rythmer le texte.

Nominations ritualisées

La stabilité du nom ne relève pas seulement du discours de la voix conteuse. Elle peut être prise en charge par les personnages eux-mêmes et souligner la constance des référents désignés. Bien qu’il mobilise tour à tour plusieurs désignateurs pour référer à son personnage3, le roman de Cristal et Clarie fait montre d’une grande régularité quand il emploie le nom propre de son héros. Cristal multiplie au fil des rencontres la déclinaison de son identité et propose le même discours, immuable, quel que soit son interlocuteur. Au début du roman, dans les premiers temps de l’intrigue, la voix conteuse introduit le personnage en ces termes :

Icil estoit Cristals només, Mout estoit sages et senés.

Ses peres fu moult gentils hon, Arimodas l’apeloit on.

Sires ert del païs de Zuave, Mout par avoit cortoise dame, Si estoit Tibille nomee,

N’ot si bele en nule contree. (CC, v. 401- 08).

Puis, lorsqu’il est interrogé sur son identité, Cristal répond :

« Cristal sui, fils Arimodas, Qui sires est d’un païs bas, Zuave apelent la contree.

1À l’inverse, le narrateur de Floriant et Florete adapte la dénomination aux changements voulus par ses protagonistes. Par exemple, v. 6913 : la voix conteuse le désigne en recourant à la périphrase que Floriant a lui-même créée : « Li Biaus Sauvages li respont (…). »

2 Voir p. 476 sqq.

3 Voir Francis Corblin, « Les désignateurs dans les romans », art. cit. Pour une étude des proportions et des spécificités des différents désignateurs (pronom personnel, groupe nominal…) dans le roman médiéval voir l’ouvrage de Vanessa Obry, Et pour ce fu ainsi nommee…, op. cit.

155

Ma mere est Tibille nomee, Gentils dame est de halt parage,

Simple, cortoise, bele et sage. » (CC, v. 1333- 38)

S’appropriant les mots de la voix conteuse, le personnage ritualise l’introduction de son identité. À chaque nouvelle présentation, le discours du jeune homme suit les mêmes étapes et présente les mêmes informations1. Seul leur ordre varie parfois2. Le traitement du nom propre annule par sa régularité la transcription de l’évolution du personnage dans sa dénomination.

De cette façon, ce roman marginal et tardif s’écarte du schéma mis en place par Chrétien de Troyes qui impose à son héros, au début de l’aventure ou plus tard dans l’intrigue, un passage par l’anonymat3. L’instabilité ou le secret d’un nom qui n’est pas encore connu et dont on doit se saisir sont évacués au profit d’une constance qui fait du protagoniste un personnage abouti dès le début du roman. L’objet de l’aventure s’en trouve déplacé. Il ne s’agit pas pour Cristal d’accéder à la révélation de son identité mais de confirmer des capacités que lui prête d’emblée la voix conteuse4 et que le lecteur déduit de son ascendance royale. La régularité avec laquelle le héros se présente dans le récit permet alors de mesurer la renommée grandissante du chevalier. Point stable dans le cheminement de la quête, l’énoncé de l’identité de Cristal met en valeur l’évolution des réactions de ses interlocuteurs et souligne le développement et l’expansion rapides du renom du héros. Contrastant avec la neutralité et la monotonie avec lesquelles Cristal dévoile son nom et ses origines, la vivacité des réactions de ses interlocuteurs suffit à témoigner de la réussite du jeune homme :

(1) Quant Brias a Cristal oï Tot maintenant fu esbahi, Car par tot coroit li renon De Cristal, qui tant fu prodom ; Si en avoit oï parler,

Qu’el païs ot un baceler, Qui tos chevaliers sermontoit De proeche qu’en lui avoit, Et fins chevaliers de nature Et qui tos jors quiert aventure Et tos justice a son plaisir,

Qui contre lui se velt tenir. (CC, v. 3577- 88) (2) Et quant Antigomar l’entent,

Si fu esbahis durement,

Si li voloit al pie cheïr. (CC, v. 4053-55)

1 Cristal se présente ainsi neuf fois dans le roman, sans compter la première présentation prise en charge par la voix conteuse (v. 1330, 1735, 2315, 3565 -76, 4045, 4451, 4937, 5697, 5909). L’ordre des indications est le plus souvent : nom du héros, nom du père, nom de la mère et nom du pays.

2 Deux occurrences dérogent à la règle en faisant apparaître le nom de la terre avant celui de la mère.

3 Au début du roman pour Lancelot et Perceval, plus tard dans le roman d’Yvain, lors de l’épisode de la folie.

4 Vers 397 sqq. La voix conteuse prétend dès les premiers vers du roman narrer les aventures d’un chevalier de valeur.

156 Les propos de ces deux ennemis, tous deux « esbahis », rendent compte du renom de Cristal qui court, dès les premières aventures, « (p)ar tot environ la contree » (v. 420-421). La joie des personnages à la mention de son nom augmente au fil du récit. Son prestige atteint son apogée en fin de roman. Cristal, se rapprochant enfin de Clarie, se présente au roi Bruiant, son père, accompagné d’une jeune femme qu’il a secourue. Le roi pense aussitôt accueillir un couple marié. La jeune femme secourue, Lynarde, s’empresse de le corriger :

« Sire, ne suis pas sa moillier Ne doi avoir tel chevalier;

Si vaillant ne si renomé;

Plus a ses cors seul de bonté Qu’en tos les chevaliers del monde, Si comme il clot a la reonde.

Ne pories croire (de) sa valor, C’est del monde tot li meillor ; Asés en ai oï parler. » (6581-89).

Une élection du héros par le personnel du roman se met en place, indépendamment de sa volonté. Se distinguent alors nettement dans le récit l’identité du personnage, constante et invariable, et le discours de la collectivité plus fluctuant, ou du moins susceptible d’évoluer.

Ce traitement, d’ailleurs, n’est pas propre au jeune Cristal. Les grands noms arthuriens apparaissent aussi souvent en discours direct ce qui met en valeur, grâce à la réaction de l’hôte ou de l’adversaire, la notoriété des chevaliers d’Arthur. En prenant en charge leur propre présentation, ces personnages sont en outre libres de mettre en scène leur identité et de tirer profit de leur popularité. Lancelot, dans Les Merveilles de Rigomer, joue de sa renommée et éveille la curiosité de son hôte avant de bien vouloir décliner son identité :

Dist Lanselos qui mout fu ber :

« Öistes vos onques parler De Lanselot del Lac nul’eure ? »

« Jou ? », fait il, « se Dex me sequeure, O jou ; mais onques ne le vi. »

« Sire », fait il, « vées le ci ! » (LMR, v. 2929- 2934)1

Une telle récurrence finit par générer un effet de saturation du texte par le nom des protagonistes. Sans cesse cités par la voix conteuse et régulièrement réactivés dans le récit par leur propre référent, les noms de ces personnages dépassent par leur grande stabilité la fonction mnémotechnique du nom propre2. Au cœur de textes qui s’amusent de la reprise des codes courtois traditionnels, la constance de ces référents et la permanence de leur nom assurent, quelle que soit l’aventure narrée et le ton adopté, la présence de chevaliers

1 On compte dix présentations de Lancelot par lui-même (v. 950-56, 1444-1445, 1765, 2216, 2930-34, 3260-61, 3788-89, 4004-6, 4719-20, 5628-29), quatre pour Gauvain (v. 7278-80, 10924-26, 11461- 64, 12395) dans Les Merveilles de Rigomer. Cette régularité constitue un objet intéressant pour la parodie.

2 Philippe Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage », art. cit. p. 96.

157 exemplaires dans le récit. En partageant certains procédés employés par les héros arthuriens, de plus jeunes chevaliers, tels Cristal, se hissent en outre au niveau des héros des premiers romans. Une filiation apparaît ainsi entre nouvelles créations et personnages traditionnels.

Stabilité et rigidité

La stabilité du nom peut, dans un degré extrême, se muer en rigidité et conduire au figement de son référent1. Si lisses et prévisibles qu’ils semblent ne plus connaître aucune évolution, certains personnages – les grands noms arthuriens en particulier − se désincarnent.

Leur nom, sans cesse répété et inlassablement associé aux mêmes valeurs, apparaissant toujours dans le même environnement, tend à faire d’eux moins des personnages, de véritables actants, que des figures2. Pour Roland Barthes, le personnage se distingue de la figure en ce qu’il naît de la collecte au fil du texte, à partir du nom propre, d’éléments de biographie, de « sédiments » qui lui donnent corps3. Se pose alors, par opposition aux jeunes chevaliers en cours d’initiation, la question des héros arthuriens dont les particularités, fixées depuis plusieurs textes déjà, et dont les aventures antérieures, pourtant bien connues, ne sont jamais rappelées. Des noms prestigieux hantent ainsi le roman sans que rien ne vienne caractériser leur référent. Claris et Laris, Floriant et Florete et Melyador sont exemplaires en ce domaine. Alors que les nouveaux venus à la Table Ronde retiennent toute l’attention, les membres plus anciens de la prestigieuse compagnie ne font que graviter autour d’eux, les faisant bénéficier de leur aura. Dans Claris et Laris comme dans Floriant et Florete, de nombreux chevaliers d’Arthur4 jouent le rôle d’adjuvants et permettent surtout, en se battant à leurs côtés et en défendant leur cause, de valider l’attitude et les actes des jeunes chevaliers. À aucun moment le texte ne fait entendre leur voix5 : leurs noms simplement juxtaposés à ceux des aspirants suffisent à établir leur prouesse. Aussi rencontre-t-on régulièrement les associations : « Gauvain, Claris et Laris »6, « Gauvains/ Laris et Claris et Yveins »7 ou encore

1 Voir Stoyan Atanassov, L’idole inconnue…, op. cit.

2 Voir p. 295 sqq.

3 Roland Barthes, S/Z, Paris, Seuil, « Tel Quel », 1970, p. 74 sqq. Pour une formulation des différentes problématiques rattachées à la définition de la figure voir Véronique Léonard-Roques, « Figures mythiques, mythes, personnages. Quelques éléments de démarcation », dans Figures mythiques. Fabrique et métamorphoses, Véronique Léonard-Roques (dir.), Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2008.

4 Floriant et Florete compte vingt-cinq chevaliers d’Arthur, Claris et Laris en cite trente-six. Voir annexe H.

5 Dans ces romans, ils n’ont presque jamais la parole à l’exception de Gauvain, parfois d’Yvain, et d’Arthur qui adoube, reconnaît une victoire, organise une bataille ou un tournoi.

6 CL, v. 13167 et 13249.

7 CL, v. 6913, 7081-82, 7589-90, 7823-24 et 8033-34.

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« Floriant et Gauvain ensemble »1. Ce sont moins les héros de la tradition qui sont mis en scène que les valeurs drainées par leurs noms, l’attention, quoi qu’il arrive, restant toujours focalisée sur le nouveau héros. Convoquer Gauvain ou Yvain2 revient à inscrire dans le récit le sens de la mesure, la bravoure et la vaillance. Dans une perspective similaire, le roman de Melyador, qui revendique pourtant dès les premiers vers son appartenance au domaine arthurien3, ne cite que rapidement les noms d’Arthur, de Lancelot, ou de Gauvain, sans qu’aucun rôle majeur dans la quête ne leur soit confié. Leurs noms propres ont pour seule fonction d’enraciner le roman dans une tradition littéraire au demeurant peu exploitée.

Froissart, en effet, n’emploie dans son récit que peu de motifs arthuriens4. Ce n’est alors pas tant la structure du roman que la convocation des noms marqueurs de la matière de Bretagne qui autorise un ancrage du roman dans cette tradition5. Pourtant, les noms arthuriens ne sont pas non plus si fréquents dans Melyador. En l’occurrence, la stabilité du nom ne se mesure pas à l’échelle d’un seul récit mais s’appuie sur l’ensemble de la production arthurienne.

Nourris par les nombreuses occurrences précédant le roman de Froissart, les noms de ces héros ne nécessitent plus de saturer le texte pour l’apparenter aux récits arthuriens. Pour Froissart, quelques attestations seulement semblent suffire, placées à des moments stratégiques du roman6.

2. Fluctuations de la dénomination

En tant que « morphème discontinu »7, le personnage peut apparaître sous différentes formes dans le texte. Parmi elles, le nom propre est susceptible d’évoluer, d’être modifié par son référent ou par ceux qui commentent ses actes. Plusieurs modifications du nom propre sont possibles. Une fois introduit dans le récit, il arrive qu’un nom propre soit abandonné au

1 FF, v. 3762, 3769, 3860 et 4627.

2 Ces deux chevaliers sont les plus cités dans les romans dont les chevaliers d’Arthur ne sont pas protagonistes.

Lancelot ou Perceval, qui ont pourtant aussi droit à leur propre roman récit par Chrétien de Troyes, sont laissés de côté, trop associés sans doute à la quête du graal.

3 Voir le prologue du roman (v. 1-43).

4 Il est délicat de distinguer avec efficacité les motifs arthuriens des motifs bretons, courtois, et chevaleresques en général. Pour une approche de la matière arthurienne à la fin du Moyen Âge, voir Christine Ferlampin-Acher,

« La matière arthurienne en langue d’oïl à la fin du Moyen Âge : épuisement ou renouveau, automne ou été indien ? », Bulletin Bibliographique de la Société Internationale Arthurienne, 2011, p. 258-294. On ne rencontre que peu de merveilleux dans le roman de Froissart, peu de demoiselles à secourir. Voir l’article de Florence Bouchet, « Froissart et la matière de Bretagne : une écriture "déceptive" », Arturus Rex. Acta conventus Lovaniensis 1987, Gilbert Tournoy, Willy Van Hoecke et Werner Verbeke (dir.), Louvain, Leuven University Press, 1991, t. 2, p. 367-375.

5 Pour une réflexion sur l’appartenance de nos romans à la matière arthurienne voir p. 276 sqq.

6 Notamment dans le prologue (v. 1-43), à l’entrée en scène du héros (v. 2510), au cours de l’épisode central du tournoi de Tarbonne, et ouvrant des perspectives, enfin, à la fin récit : le prochain tournoi aura lieu, apprend-on à quelques vers de la fin du roman, à Camelot (v. 30694 sqq.).

7 Philippe Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage », art. cit. p. 20.

159 profit d’un autre, comme dans le cas de Floriant à deux reprises, ou qu’un nom propre évolue par le retrait, l’ajout, ou la modification d’un élément qui le compose, à l’image de « Castel Malpas », mué en « Castel Preudon » dans Cristal et Clarie. D’autres variations encore portent sur l’entourage du nom propre et changent une expansion du nom, ajoutent ou retranchent un déterminant. Une dernière variation consiste à privilégier en certains contextes d’autres expressions1 que le nom propre. Nous nous intéressons dans ce chapitre à l’articulation entre modification du nom et poétique du récit. Il s’agit en particulier d’examiner ce que la fluctuation d’un nom propre nous dit de son référent, selon sa nature et le moment auquel elle a lieu, mais aussi d’étudier les enjeux narratifs de la variation du nom propre, la relation qu’elle entretient avec la trame romanesque, et ce qu’elle implique comme

159 profit d’un autre, comme dans le cas de Floriant à deux reprises, ou qu’un nom propre évolue par le retrait, l’ajout, ou la modification d’un élément qui le compose, à l’image de « Castel Malpas », mué en « Castel Preudon » dans Cristal et Clarie. D’autres variations encore portent sur l’entourage du nom propre et changent une expansion du nom, ajoutent ou retranchent un déterminant. Une dernière variation consiste à privilégier en certains contextes d’autres expressions1 que le nom propre. Nous nous intéressons dans ce chapitre à l’articulation entre modification du nom et poétique du récit. Il s’agit en particulier d’examiner ce que la fluctuation d’un nom propre nous dit de son référent, selon sa nature et le moment auquel elle a lieu, mais aussi d’étudier les enjeux narratifs de la variation du nom propre, la relation qu’elle entretient avec la trame romanesque, et ce qu’elle implique comme

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