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MŽthodes chimiques 66!

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Chapitre II : Internalisation cellulaire des acides nuclŽiques 53 !

II. 2. StratŽgies non virales dÕinternalisation des acides nuclŽiques 61!

2.3. MŽthodes chimiques 66!

a) Nanotransporteurs

i) Lipoplexes et polyplexes

LÕutilisation de ces nanotransporteurs pour lÕinternalisation des acides nuclŽiques repose principalement sur la formation de complexes formŽs par des interactions Žlectrostatiques entre lÕacide nuclŽique nŽgativement chargŽ et des lipides ou polym•res cationiques. Cette stratŽgie est tr•s utilisŽe pour lÕinternalisation dÕADN double-brins ou de siARN, mais nÕest, a priori, pas applicable pour des oligonuclŽotides neutres tels que les PNA ou les PMO.

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Les lipides cationiques sont composŽs dÕune t•te polaire cationique et dÕune rŽgion hydrophobe consistant en une ou deux cha”nes alkyles ou en un stŽro•de comme le cholestŽrol. Ils sont principalement utilisŽs sous forme de liposomes cationiques, dans lesquels les lipides sont organisŽs en bicouche(s) vŽsiculaire(s), entourant un compartiment aqueux. Certains liposomes cationiques ne peuvent se former seuls et des lipides neutres leurs sont ajoutŽs, comme le dioleoyl phosphatidylethanolamine (DOPE) ou le cholestŽrol. Les complexes formŽs entre des liposomes cationiques et des acides nuclŽiques chargŽs nŽgativement sont appelŽs lipoplexes. Les acides nuclŽiques peuvent •tre positionnŽs dans le centre aqueux, entre les couches lipidiques ou ˆ la surface du liposome. En absence dÕacides nuclŽiques, la taille des liposomes est typiquement dÕune centaine de nm, et passe de 200 nm ˆ 2 µm lorsque lÕADN est complexŽ (Khalil et al. 2006). LÕencapsulation de lÕacide nuclŽique dans le liposome lui conf•re un avantage en terme de stabilitŽ vis-ˆ-vis des nuclŽases extra et intracellulaires.

LÕinternalisation dÕacides nuclŽiques avec des lipides cationiques (lipofection) a ŽtŽ rŽalisŽe pour la premi•re fois en 1987 dans des cellules en culture (Felgner et al. 1987), avec le lipide DOTMA (N-[1-(2,3-dioleoyloxy)propyl]-N,N,N-trimethylamonium chloride) et de lÕADN plasmidique. Depuis, de nombreux lipides sont utlilisŽs et certains sont commercialisŽs, comme la lipofectamine! (Life TechnologiesTM), constituŽe dÕun mŽlange 3 :1 du lipide polycationique DOSPA (2,3-dioleyloxy-N-[2(sperminecarboxamido)ethyl]- N,N-dimethyl-1-propanaminium trifluoroacetate) et du lipide neutre DOPE. Une lipofectamine optimisŽe, la lipofectamine! 2000, permet de dŽlivrer avec une grande efficacitŽ aussi bien de lÕADN que des siARN, dans une grande variŽtŽ de cellules.

Les inconvŽnients de ces composŽs sont une toxicitŽ cellulaire relativement importante, lÕinduction dÕune rŽponse inflammatoire in vivo, ainsi que des effets non spŽcifiques sur lÕexpression des g•nes (Gooding et al. 2012). Une Žtude de transcriptome (Omidi et al. 2003) Žvaluant les effets de la lipofectamine et de lÕoligofectamine dans des cellules ŽpithŽliales humaines montre quÕune altŽration de lÕexpression de jusquÕˆ 16% des transcrits considŽrŽs est induite par ces lipides cationiques. Les g•nes affectŽs sont impliquŽs notamment dans la prolifŽration et la diffŽrenciation cellulaire et dans lÕapoptose et une augmentation de lÕapoptose a ŽtŽ observŽe dans les cellules traitŽes avec les lipides cationiques. Les rŽsultats obtenus apr•s lipofection dÕoligonuclŽotides antisens ou de siARN sont donc ˆ interprŽter avec prudence, les modulations de lÕexpression gŽnique pouvant exalter, inhiber ou masquer lÕeffet spŽcifique recherchŽ. De nouvelles formulations de la

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lipofectamine ont ŽtŽ dŽveloppŽes et commercialisŽes (Life TechnologiesTM), telles que la lipofectamine! LTX ou la lipofectamine! RNAiMAX, plus efficaces et moins toxiques.

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Figure 17 : Composition et structure dÕun liposome de type SNALP (Stabilized Nucleic Acid Lipid Particle) (d'apr•s Gooding et al. 2012).

Les liposomes de type SNALP (Stable Nucleic Acid Lipid Particle) contiennent un mŽlange de lipides cationiques et fusog•nes et sont stabilisŽs par la prŽsence de PEG en surface (Figure 17). Des SNALP se sont rŽvŽlŽs •tre efficaces pour transporter des siARN apr•s injection chez diffŽrentes esp•ces animales. Notamment, des SNALP encapsulant un siARN dirigŽ contre lÕapolipoprotŽine B-100, ont permis dÕobtenir une inhibition spŽcifique de 90% de lÕARNm dans le foie de singes, deux jours apr•s injection systŽmique de 2,5 mg/kg (Zimmermann et al. 2006).

Les complexes formŽs entre les acides nuclŽiques et les polym•res cationiques sont appelŽs polyplexes. Les particules ainsi formŽes sont gŽnŽralement plus petites que celles formŽes avec les liposomes, avec une taille dŽpendante de la nature du polym•re utilisŽ et du ratio entre ce polym•re et lÕacide nuclŽique (Khalil et al. 2006). Les polym•res cationiques les plus couramment employŽs sont la poly-L-lysine et les polym•res ˆ base de polyŽthyleneimine (PEI). Il existe deux formes de PEI, les PEI linŽaires, qui contiennent des amines secondaires une amine primaire terminale, et les PEI branchŽs, contenant des amines primaires, secondaires et tertiaires. Ces polym•res de PEI sont particuli•rement efficaces pour

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lÕŽchappement des endosomes (voir page 58) tandis que les polyplexes formŽs avec la poly-L- lysine requi•rent des agents endosomolytiques pour une internalisation efficace dans le cytoplasme ou le noyau. Cependant, une toxicitŽ cellulaire ˆ forte concentration a Žgalement ŽtŽ rapportŽe pour ces polym•res, et surtout pour le PEI (Fischer et al. 2003). Des polym•res cationiques comportant des cyclodextrines ont ŽtŽ dŽveloppŽs et se sont montrŽs tr•s efficaces pour lÕinternalisation de siARN, avec une toxicitŽ moindre ˆ celle des polym•res cationiques non modifiŽs (Kulkarni et al. 2012). Un polym•re ˆ base de cyclodextrines (Figure 18A) est utilisŽ dans un essai clinique de phase Ib (conduit par Calando Pharmaceuticals et Arrowhead Reasearch Corporation) pour vectoriser un siARN dirigŽ contre lÕoncog•ne de la sous-unitŽ 2 de la ribonuclŽotide rŽductase (RRM2). Les nanoparticules employŽes pour la vectorisation de ce siARN dans les cellules cancŽreuses sont composŽes, en plus du polym•re ˆ base de cyclodextrines, dÕun ligand de ciblage, la transferrine, induisant la fixation de la nanoparticule sur le rŽcepteur de la transferrine qui est surexprimŽ par les cellules tumorales (Figure 18B). Ces nanoparticules, dŽnommŽes CALAA-01, contiennent Žgalement du PEG pour amŽliorer leur stabilitŽ dans les fluides biologiques.

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Figure 18 : Composition des nanoparticules CALAA-01.

A. Structure chimique du polym•re ˆ base de cyclodextrines (CDP) constituant la nanoparticule CALAA1 (d'apr•s Gooding et al. 2012). B. DiffŽrents constituants de la nanoparticules et assemblage. CDP : polym•re ˆ base de cyclodextrines, siRNA : siARN dirigŽ contre lÕoncog•ne RRM2, PEG : Polyethyl•ne glycol, AD : Adamantane (permet la fixation sur le polym•re), TF : Transferrine (ligand de ciblage) (dÕapr•s Davis et al. 2010).

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Ces particules CALAA-01 (moins de 100 nm de diam•tre) sont utilisŽes pour le traitement de patients atteints de mŽlanomes mŽtastatiques par injections intraveineuses et cet essai clinique constitue le premier impliquant un syst•me dÕinternalisation ciblŽe dÕun siARN (Davis et al. 2010).

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Ces lipoplexes et polyplexes peuvent ainsi •tre fonctionnalisŽs avec diffŽrents ligands de ciblage des cellules, comme des peptides spŽcifiques ou des anticorps (Koren et al. 2012). En lÕabsence de syst•me de ciblage, ces particules interagissent avec la surface cellulaire par des liaisons Žlectrostatiques non spŽcifiques entre les charges positives des complexes et les charges nŽgatives de la membrane plasmique. Les molŽcules de protŽoglycanes comme les hŽparanes sulfates (voir page 80) sont suspectŽes •tre impliquŽes dans la fixation ˆ la membrane (Khalil et al. 2006). Le mŽcanisme dÕinternalisation identifiŽ majoritairement pour ces particules est lÕendocytose. Les mŽcanismes dÕŽchappement aux endosomes diff•rent pour les deux types de transporteurs puisquÕils font intervenir une fusion entre les membranes endosomales et liposomale dans le cas lipoplexes et une libŽration par rupture de la membrane endosomale sous lÕeffet de la pression osmotique (effet Žponge ˆ protons) dans le cas des polyplexes (voir pages 58-59).

ii) Nanoparticules

Les nanoparticules sont des structures sphŽriques dont la taille est de lÕordre du nanom•tre, composŽes de polym•res naturels ou synthŽtiques. Le Poly(lactic-co-glycolic acide) (PGLA) est un polym•re biodŽgradable pouvant •tre utilisŽ dans la formulation de ces nanoparticules. Ces nanoparticules de PGLA peuvent •tre utilisŽes pour lÕencapsulation de divers acides nuclŽiques. Ceux-ci sont incorporŽs au sein de la matrice de polym•re, ou bien adsorbŽs ˆ la surface de la nanoparticule, par interactions Žlectrostatiques avec des polym•res cationiques (tels que le PEI ou le chitosan) qui peuvent •tre ajoutŽs ˆ la matrice. Des nanoparticules de PGLA ont ŽtŽ utilisŽes pour lÕinternalisation de PNA capables dÕinduire une recombinaison gŽnomique dans les g•nes CCR5 (codant le co-rŽcepteur impliquŽ dans lÕinternalisation cellulaire du VIH) et !-globine, par formation de triplexes, en prŽsence dÕun ADN donneur. Ces nanoparticules sont internalisŽes avec succ•s dans des cellules souches hŽmatopo•Žtiques humaines (McNeer et al. 2011) et leur injection systŽmique dans des souris humanisŽes induit une recombinaison gŽnomique spŽcifique dans les cellules hŽmatolympho•des (McNeer et al. 2013).

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b) Aptam•res

Certains acides nuclŽiques (ARN ou ADN simple-brins), appelŽs aptam•res, sont capables de reconna”tre et de lier spŽcifiquement une protŽine dÕintŽr•t gr‰ce ˆ leur structure tridimensionnelle. Il est possible dÕutiliser ces molŽcules pour internaliser des acides nuclŽiques spŽcifiquement dans certains types cellulaires. Les cellules de cancer de la prostate expriment ˆ leur surface un antig•ne appelŽ PSMA (Prostate-Specific Membrane Antigene). Un aptam•re ARN reconna”t spŽcifiquement cette protŽine PSMA et cet aptamer a ŽtŽ fusionnŽ ˆ un siARN (Figure 19) dirigŽ contre un g•ne de survie cellulaire (Plk1 ou Bcl2). LÕinjection intratumorale ou systŽmique de cette chim•re inhibe la croissance des tumeurs surexprimant lÕantig•ne PSMA dans des souris athymiques (Dassie et al. 2009).

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Figure 19 : Structure de la chim•re entre lÕaptam•re anti PSMA et un siARN dirigŽ contre le g•ne de survie cellulaire Plk1 (d'apr•s Dassie et al. 2009).

noir : aptam•re spŽcifique de lÕantig•ne PSMA ; rouge : brin guide (antisens) ; bleu : brin passager (sens). Deux nuclŽotides (UU) sortants en 3Õ du brin antisens favorisent la reconnaissance du brin guide dans le complexe RISC.

La glycoprotŽine dÕenveloppe gp120 du VIH-1, exprimŽe ˆ la surface des particules virales et des cellules infectŽes, constitue Žgalement une cible pour un aptam•re reconnaissant spŽcifiquement cette protŽine. Des Žtudes ont montrŽ quÕil est possible de vectoriser un siARN dirigŽ contre les protŽines Tat et Rev, avec cet aptam•re, dans des cellules en culture exprimant la gp120. LÕinternalisation sŽlective par endocytose de cette chim•re aptam•re- siARN (Figure 20A) dans les cellules infectŽes par le VIH-1 rŽsulte en lÕinhibition du transcrit et de la rŽplication virale (Zhou et al. 2008; Zhou et al. 2009). LÕoriginalitŽ et lÕefficacitŽ de cette approche pour inhiber la rŽplication virale, reposent sur une coopŽrativitŽ entre les deux constituants de la chim•re, lÕaptam•re inhibant lÕentrŽe du virus par compŽtition avec la fixation du rŽcepteur CD4 ˆ la gp120, et le siARN inhibant lÕexpression

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de tat/rev. Une stratŽgie de conjugaison non covalente avec ce m•me aptam•re a Žgalement ŽtŽ dŽveloppŽe et permet de moduler simplement la chim•re par nÕimporte quelle sŽquence de siARN (Figure 20B). Dans cette chim•re non covalente, une sŽquence de liaison Ôsticky

bridgeÕ riche en GC (16 bases), est ajoutŽe ˆ lÕextrŽmitŽ 3Õ de lÕaptam•re. La sŽquence

complŽmentaire ˆ cette sŽquence de liaison est quant ˆ elle ajoutŽe ˆ un des deux brins du siARN, et la chim•re est ensuite formŽe par simples appariements Watson-Crick. Des injections intraveineuses dÕun cocktail dÕaptam•res anti-gp120, conjuguŽs ainsi ˆ trois diffŽrents siARN ciblant des transcrits de protŽines impliquŽes dans la rŽplication virale (Tat/Rev, CD4 et Transportine-3 (TNPO3)), dans un mod•le de souris humanisŽes infectŽes par le VIH conduisent ˆ lÕinhibition de la charge virale et de la dŽplŽtion en cellules T CD4+ (Zhou et al. 2013).

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Figure 20 : Structures schŽmatiques des chim•res constituŽes de l'aptam•re anti-gp120 et d'un siARN (d'apr•s Zhou et Rossi 2010).

A. LÕaptam•re anti-gp120 et le siARN sont liŽs covalemment. Le siARN cible un exon commun dans le transcript de tat/rev de HIV-1. La sŽquence de siARN au sein de la chim•re est une sŽquence 27-mer qui sera clivŽe par Dicer pour gŽnŽrer un siARN 21-mer incorporŽ dans le complexe RISC. B. Chim•re consitutŽe de lÕaptam•re anti gp-120 et dÕun siARN modulable, liŽs par appariements Watson-Crick au niveau dÕune sŽquence de liaison de 16 bases riche en GC. Cette sŽquence de liaison est espacŽe de lÕaptam•re et du siARN par des linkers constituŽs dÕune sŽquence charni•re de trois atomes de carbone (C3), apportant une flexibilitŽ spatiale et structurale.

Les aptam•res, pouvant •tre considŽrŽs comme des versions nuclŽiques des anticorps, sont donc des outils tr•s prometteurs pour la vectorisation dÕune variŽtŽ de molŽcules dans des cellules cibles. Leur nature nuclŽique constitue une caractŽristique intŽressante pour leur utilisation en tant que vecteur : absence dÕimmunogŽnicitŽ in vivo, haute sensibilitŽ et spŽcificitŽ de fixation ˆ lÕantig•ne, faible toxicitŽ cellulaire, synth•se chimique simple et directe avec possibilitŽ dÕintroduction de modifications chimiquesÉ Des optimisations pour rendre les conjuguŽs encore plus fonctionnels ont ŽtŽ parfois proposŽes, telles que des

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troncatures dÕaptam•res ou des multimŽrisations, ou encore des modulations dans la mŽthode de couplage entre lÕaptam•re et le composŽ (Zhou & Rossi 2010).

c) Petites molŽcules organiques et peptides

Une stratŽgie pour augmenter lÕinternalisation des siARN et oligonuclŽotides antisens est de les conjuguer ˆ de petites molŽcules organiques, telles que le cholestŽrol ou des vitamines, ou ˆ des peptides. Ces molŽcules sont naturellement absorbŽes par certains tissus, via des rŽcepteurs spŽcifiques.

La nature lipophile du cholestŽrol (Figure 21A) fait de cette petite molŽcule un transporteur adŽquat pour les acides nuclŽiques. La premi•re mise en Žvidence dÕactivitŽ biologique dÕun siARN in vivo par injection systŽmique a ŽtŽ rŽalisŽe avec un siARN dirigŽ contre lÕapolipoprotŽine B et comportant une molŽcule de cholestŽrol en 3Õ du brin sens (Soutschek et al. 2004). Cette modification augmente la stabilitŽ de la molŽcule dans le plasma et ce conjuguŽ inhibe lÕARNm de lÕapolipoprotŽine B dans le foie et le jejunum chez la souris. Cette stratŽgie sÕest Žgalement rŽvŽlŽe efficace pour le ciblage in vivo du micro ARN miR-122 par un oligonuclŽotide 2Õ-OMe phosphorothioate comportant un cholestŽrol en 3Õ (KrŸtzfeldt et al. 2005). Une investigation du mŽcanisme dÕinternalisation cellulaire (Wolfrum et al. 2007) a montrŽ que les conjuguŽs cholestŽrol-siARN interagissent avec des lipoprotŽines, notamment les HDL (High Density Lipoprotein) et LDL (Low Density Lipoprotein). Les conjuguŽs, ainsi liŽs aux LDL ou HDL, interagissent avec les rŽcepteurs aux LDL et aux HDL, respectivement. LÕinternalisation des complexes lipoprotŽines/siARN fait Žgalement intervenir une protŽine transmembranaire appelŽe Sid1, homologue de la protŽine Systemic RNAi Deficient-1 de C. elegans, nŽcessaire pour une activitŽ dÕARN interfŽrent systŽmique. Les conjuguŽs liŽs aux LDL sont principalement internalisŽs dans le foie, tandis que les conjuguŽs liŽs aux HDL sont internalisŽs dans divers tissus (ovaires, reins, foie, glande surrŽnale), qui expriment fortement le rŽcepteur scavenger de classe B et de type I (SR-BI), impliquŽ dans lÕinternalisation sŽlective du cholestŽrol des particules HDL.

Certaines vitamines ont Žgalement ŽtŽ rapportŽes pour leur activitŽ de vectorisation des acides nuclŽiques (Marlin et al. 2010). Par exemple, lÕ!-tocopherol (Figure 21B), un des huit isom•res de la vitamine E, conjuguŽ en 5Õ du brin antisens dÕun siARN ciblant lÕapolipoprotŽine B, provoque lÕabsorption du conjuguŽ dans le foie de souris traitŽes en

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injection intraveineuse (Nishina et al. 2008). Le mŽcanisme prŽcis de cette internalisation dans les hŽpatocytes nÕest pas connu, ni le rŽcepteur impliquŽ. Cependant, les expŽriences sur des hŽpatocytes en culture mettent en Žvidence la nŽcessitŽ de la prŽsence de sŽrum pour lÕinternalisation, suggŽrant une fixation ˆ des protŽines sŽriques. En effet, plusieurs protŽines sŽriques telles que les lipoprotŽines, lÕafamine ou les protŽines SEC14L2, SEC14L3 et SEC14L4 sont connues pour interagir avec lÕ!-tocopherol. Egalement, la riboflavine, ou vitamine B2, a ŽtŽ utilisŽe pour lÕinternalisation de PNA antisens dans des cellules HeLa par endocytose (Marlin et al. 2012). Le mŽcanisme dÕinternalisation de la riboflavine est peu connu mais ferait intervenir un transport par une protŽine RCP (Riboflavine Carrier Protein), et plusieurs rŽcepteurs spŽcifiques ont ŽtŽ identifiŽs (RFT pour RiboFlavine Transporters). Un autre exemple est lÕutilisation de la vitamine A (rŽtinol) pour lÕinternalisation de siARN encapsulŽs dans des liposomes couplŽs ˆ cette vitamine, dans les cellules hŽpatiques ŽtoilŽes pour le traitement de la fibrose hŽpatique (Sato et al. 2008).

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Figure 21 : Structures chimiques de petites molŽcules organiques utilisŽes pour la vectorisation des acides nuclŽiques (d'apr•s Marlin et al. 2010).

A) cholestŽrol B) vitamine E (!-tocopherol)

Certaines Žtudes relatent Žgalement lÕutilisation de petits peptides, ligands de rŽcepteurs cellulaires spŽcifiques, pour lÕinternalisation des acides nuclŽiques dans diffŽrents types cellulaires. Des cellules cancŽreuses peuvent •tre ciblŽes spŽcifiquement par un peptide RGD qui reconna”t avec une forte affinitŽ les intŽgrines de type !v"3 surexprimŽes ˆ leur surface. Le couplage covalent de ce peptide ˆ un oligonuclŽotide 2Õ-OMe phosphorothioate correcteur dÕŽpissage permet son internalisation sŽlective dans les cellules tumorales

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surexprimant les intŽgrines !v"3 (Alam et al. 2008). Un autre exemple intŽressant concerne le couplage dÕun PNA dirigŽ contre le g•ne c-myc, avec une forme biologiquement active de la testostŽrone, la dihydrotestostŽrone (Boffa et al. 2000). LÕhormone couplŽe au PNA permet de dŽlivrer le conjuguŽ sŽlectivement dans les cellules exprimant le rŽcepteur nuclŽaire aux androg•nes (AR). Enfin, nous citerons lÕexemple dÕun petit peptide analogue de lÕIGF-1 (Insulin-like Growth Factor-I), utilisŽ pour la vectorisation dÕun siARN par endocytose via le rŽcepteur ˆ lÕIGF-1. Ce peptide, couplŽ en 5Õ du brin sens du siARN, permet lÕinternalisation du conjuguŽ et lÕactivitŽ biologique du siARN dans des cellules MCF7 surexprimant le rŽcepteur ˆ lÕIGF-I (Cesarone et al. 2007). Ce m•me peptide a Žgalement ŽtŽ utilisŽ pour un ciblage spŽcifique des cellules exprimant le rŽcepteur ˆ lÕIGF-I par un PNA (Basu & Wickstrom 1997).

LÕavantage de ces stratŽgies aptam•res, peptides et petites molŽcules organiques, mettant en jeu des rŽcepteurs cellulaires exprimŽs diffŽrentiellement selon les tissus, est de permettre un ciblage spŽcifique des cellules exprimant le rŽcepteur impliquŽ. Ceci permet potentiellement de pouvoir diminuer la concentration en molŽcule active injectŽe et de minimiser les effets non spŽcifiques (Marlin et al. 2010).

d) Cell Penetrating Peptides (CPP)

Les CPP sont des peptides, gŽnŽralement de 10 ˆ 30 acides aminŽs, possŽdant gŽnŽralement une charge nette positive ˆ pH physiologique (riches en acides aminŽs basiques) et ayant la capacitŽ de provoquer lÕinternalisation cellulaire de diffŽrents composŽs, tels que des peptides ou des acides nuclŽiques (siARN, aptamers et oligonuclŽotides antisens).

La capacitŽ de certains peptides ˆ traverser naturellement les membranes biologiques a ŽtŽ mise en Žvidence en 1988 suite ˆ des Žtudes structurales et fonctionnelles sur le transactivateur Tat du VIH. Ces Žtudes ont montrŽ que la protŽine purifiŽe est internalisŽe dans des cellules en culture, en absence dÕagents de transfection et induit la transactivation du promoteur viral (Frankel & Pabo 1988). Cette capacitŽ dÕinternalisation est confŽrŽe par une courte rŽgion de la protŽine comprise entre les acides aminŽs 48 et 60 (Viv•s et al. 1997). DiffŽrentes Žtudes ont ensuite dŽmontrŽ la capacitŽ de peptides issus de Tat ˆ provoquer lÕinternalisation de divers composŽs liŽs covalemment, incluant des protŽines enti•res comme la "-galactosidase ou la HRP (Horseradish Peroxidase), dans des cellules en culture et in vivo

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(Fawell et al. 1994; Schwarze et al. 1999). Quelques annŽes plus tard, la capacitŽ de lÕhomŽodomaine (acides aminŽs 1 ˆ 60) du facteur de transcription Antennapedia chez la drosophile ˆ pŽnŽtrer dans le noyau de neurones en culture a ŽtŽ mise en Žvidence (Joliot et al. 1991). Une sŽquence de 16 acides aminŽs, appelŽe pŽnŽtratine (pAntp) a ŽtŽ identifiŽe comme Žtant responsable de cette aptitude dÕinternalisation (Derossi et al. 1994). Ce peptide pAntp est Žgalement efficace pour promouvoir lÕinternalisation de composŽs bioactifs dans les cellules. Par exemple, son couplage ˆ un peptide inhibiteur de la protŽine kinase C (PKC) (ThŽodore et al. 1995) ou ˆ un oligonuclŽotide antisens 15-mer (Allinquant et al. 1995), permet aux conjuguŽs dÕ•tre internalisŽs dans des neurones en culture.

i) Classification

Au cours des vingt derni•res annŽes, plus de cent sŽquences de CPP (variant de 5 ˆ 40 acides-aminŽs) ont ŽtŽ dŽcrites capables dÕ•tre internalisŽes dans les cellules de mammif•res, plantes et de bactŽries, mŽdiant le transport dÕune variŽtŽ de composŽs, auxquels ils sont liŽs covalemment ou non covalemment (Koren & Torchilin 2012). Le Tableau 1 prŽsente les principaux CPP dŽcrits jusquÕˆ prŽsent dans la littŽrature.

CPP sŽquence (N- vers C-ter) Origine rŽfŽrences

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