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Chapitre 1 Métropolisation et mobilité

1.3 Les approches théoriques et empiriques

1.3.4 Les méthodologies d’analyses

La diversité des méthodes employées portant sur le lien entre la forme urbaine et mobilité peut être rangée en plusieurs catégories (Handy, 1996). Par exemple, les études de simulation, les analyses agrégées, les analyses désagrégées, les modèles de choix modal, l’analyse basée sur l’activité.

Les études de simulation modélisent les relations entre mobilité et utilisation du sol afin de prévoir les implications de différents types de développements sur les déplacements. Elles s’appuient sur des études empiriques pour formuler leurs hypothèses, mais ne réalisent pas de test infirmatif sur les conclusions du modèle. Leur objectif est de prévoir et non de vérifier.

Les analyses agrégées utilisent des données à l’échelle de l’unité spatiale. Elles visent à mettre en relation les caractéristiques d’usage du sol et les caractéristiques de mobilité pour chaque zone. Les tests empiriques utilisent une grande variété d’outils statistiques, allant des simples analyses de corrélation à des techniques de régression avancées, telle l’estimation du modèle probit hiérarchique (Frank 1994, Boarnett 2001).

Les analyses désagrégées se basent sur les données individuelles de mobilité. La forme urbaine est appréhendée au niveau le plus fin possible. Ces études impliquent un coût élevé de recherche des données, qui peut être justifié par la précision des résultats.

Les modèles de choix modal utilisent également des données désagrégées, mais sont basés sur la théorie économique du choix. Les modèles logit multinomiaux constituent la majorité des applications de ce type d’approche au problème du choix modal. Enfin, l’analyse basée sur l’activité (activity-based analysis) cherche à expliquer les comportements de mobilité à partir de données socio-démographiques individuelles. L’objectif est de les combiner pour définir des idéaux-types, des « mode de vie », et d’en déduire des différences significatives en termes de comportements de mobilité. Les techniques utilisées sont moins des tests économétriques que des analyses qualitatives et de correspondance (Kaufmann, 1999, 2001). Cependant, ce type d’approches se réfère rarement à l’utilisation des sols.

Toutefois, il y a des limites à toutes les méthodes d'analyse et aux études empiriques liées à l'utilisation des sols et des configurations de déplacements (Stead et Marshal, 2001). Le premier enjeu concerne la difficulté d'établir la causalité des relations. Le deuxième enjeu concerne les facteurs socio-économiques et les difficultés qu'ils posent dans des comparaisons entre les différentes zones.

Les analyses « Cross-sectional » d’utilisation des sols et de configuration de déplacements ne se prêtent pas facilement à l'établissement de liens de causalité. Plusieurs études démontrent une forte corrélation entre les différentes mesures de l'utilisation des sols et des configurations de déplacements. Ces analyses, cependant, ne peuvent pas prouver un lien de causalité, même si de fortes corrélations sont démontrées.

Un grand nombre de facteurs socio-économiques peuvent influencer la configuration des déplacements. Il existe une grande quantité de littérature sur ce sujet. Onze types de facteurs socio-économiques sont identifiés (Stead, et Marshal, 2001), ils comprennent: le revenu, la possession et la disponibilité de voitures; la possession de permis de conduire; la situation de l'emploi, le type d’emploi, le sexe, l’âge, la taille et la composition du ménage, le niveau d'éducation, les attitudes, le type de personnalité.

Ces onze types de facteurs socio-économiques sont étroitement liés, et il est souvent difficile de séparer l'effet de l'un et de l'autre (c'est-à-dire qu'ils sont souvent multi collinaires). Le revenu des ménages, par exemple, est lié au type et au statut de l’emploi (à temps plein ou à temps partiel, nombre de membres du ménage employés). Ces facteurs pourraient influencer la possession et l'utilisation d’une voiture. Ces dernièrs sont également influencés par la possession de permis de conduire, l'âge et le sexe.

Plusieurs études ne reconnaissent pas explicitement que les différentes caractéristiques d'utilisation des sols sont associées à différents facteurs socio- économiques, qui ont aussi un effet sur les configurations de déplacements. Par conséquent, elles ne tentent pas de distinction entre les effets de l'utilisation des sols et des caractéristiques socio-économiques. D'autres études reconnaissent qu’il y aurait des effets des facteurs socio-économiques sur la configuration de déplacements, mais utilisent une méthode de recherche qui ne fait pas de distinction entre les effets de l'utilisation des sols et des caractéristiques socio-économiques.

ECOTEC (1993), par exemple, reconnaît la relation entre la densité de la population, les modes de vie, le revenu et la possession de voiture, mais n’essaye pas d'identifier les différents effets des facteurs socio-économiques et les modèles d'utilisation des sols. Plusieurs autres études évoquent l'effet des facteurs socio-économiques et utilisent les méthodes de recherche qui tentent de tenir constantes les variables socio- économiques afin d'observer les effets de l'utilisation et des caractéristiques des sols. Deux méthodes ont été utilisées pour organiser les constantes des variables socio- économiques. La première et la plus populaire est une analyse de régression multiple, dans laquelle les variables socio-économiques et d'utilisation des sols sont considérées comme des variables explicatives. La méthode permet l'identification des principales caractéristiques socio-économiques et des utilisations des sols qui sont associées à certaines configurations de déplacements. La méthode toutefois ne permet pas à l'identification des relations causales. La deuxième méthode, moins utilisée, tient constantes les variables socio-économiques, mais intègre différentes caractéristiques d'utilisation des sols. De cette façon, les différences socio-économiques sont réduites au minimum et la variation des configurations de déplacements est supposée être le résultat des caractéristiques de l'utilisation des sols.

De même que des facteurs socio-économiques sont interconnectés, il est également probable qu'un certain nombre de caractéristiques d'utilisation des sols sont aussi étroitement liés. La dimension de la ville, par exemple, pourrait être liée à la densité de population (les grandes villes sont plus denses que les petits villages), la distance au centre urbain ou de la disponibilité de stationnement résidentiel.