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La méthode de récolte des données utilisée dans un travail de recherche dépend de la question de départ, du type d’information recherché et de la population auprès de laquelle on souhaite obtenir cette information (Blanchet & Gotman, 2010). Dans le cadre de ce travail, mon choix s’est porté sur l’entretien.

Bien sûr, toute méthode de recherche comporte des risques. Pour ce qui est de l’entretien, les divers chemins que peut prendre l’échange engendre un risque plus élevé de s’égarer, de dévier du sujet initial. L’interviewé possède une influence sur le déroulement de l’entretien, alors que le questionnaire, par exemple, est formé de questions précises, auxquels il ne peut déroger.

De plus, le nombre de personnes interviewées dans le cadre de ce travail ne me permet pas de faire de généralisation. En effet, les données recueillies ne représenteront qu’une partie du travail effectué par les peps, confrontés chaque jour à des situations différentes.

Il faut également que je tienne compte des éléments pouvant influencer le discours des interviewés. Le contexte, par exemple, ainsi que la façon d’énoncer la consigne de départ, les relances et interventions durant l’entretien ont toujours une incidence sur l’échange. Ces paramètres qui influencent le déroulement d’un entretien sont décrits dans l’annexe G (p. 97) sur les techniques d’entretien.

Cependant, alors que le questionnaire est formé d’indicateurs précis, l’entretien, par la discussion qu’il amène, permet à l’interviewé d’élargir le sujet, d’amener son propre point de vue sur la question posée (Blanchet & Gotman, 2010). Pour reprendre les termes des auteurs, il s’agit d’une « démarche participative ». N’adoptant pas une position d’experte dans le sujet traité, cela m’a permis de prendre en compte, au fil des entretiens, des éléments nouveaux, auxquels je n’avais pas pensé au préalable.

L’entretien a également pour avantage de mettre en avant les processus et façons d’agir, ne répondant pas aux questions causales (« pourquoi ? ») mais plutôt aux questions modales (« comment ? ») (Blanchet & Gotman, 2010). Il s’agit d’une approche qualitative, et non quantitative, qui me permettra d’enquêter sur les pratiques professionnelles des peps ainsi que sur leurs représentations des besoins des familles auprès desquelles ils interviennent.

4.1. Le terrain de la recherche

La question de départ mentionne la prise en charge à domicile d’enfants TSA. C’est pourquoi, j’ai choisi de m’adresser aux SEI afin d’y répondre, ces professionnels intervenant uniquement au domicile des enfants suivis.

Dans le canton de Vaud, les SEI dépendent tous d’une institution d’enseignement spécialisé : la Fondation de Verdeil qui couvre les régions de Lausanne, Yverdon, Payerne et Chailly-sur-Montreux, la Fondation de Vernand qui couvre l’ouest lausannois jusqu’à Genève et la Fondation Entre-Lacs (Florère) qui couvre la région du lac de Joux.

Le Centre pédagogique pour handicapés de la vue (CPHV) et l’Ecole cantonale pour enfants sourds (ECES) comprennent également chacun un Service éducatif itinérant, mais ceux-ci prennent en charge une population plus spécifique (des enfants respectivement aveugles et sourds). Ces pathologies n’entrant pas dans le cadre de mon travail de Bachelor, je me pencherai uniquement sur les SEI des fondations de Verdeil, Vernand et Entre-Lacs.

« Le service éducatif itinérant offre une aide à domicile aux enfants d’âge préscolaire qui présentent des difficultés dans leur développement. (…) [Il] S’adresse à des enfants qui peuvent présenter :

- Divers retards de développement - Un handicap mental (léger à sévère) - Des troubles du comportement - Des troubles de la personnalité - Un handicap physique

- Un handicap sensoriel - Un polyhandicap

- Une sous-stimulation dans un milieu familial à risques » (Zollinger, 2008, p. 1-3) Les prestations offertes par le SEI s’adressent à une population enfantine relativement hétérogène. Les enfants avec un TSA représentent toutefois une part non négligeable de cette population.

Les professionnels interviennent par séances hebdomadaires d’une heure trente sur une durée allant de six mois à quatre ou cinq ans. La prise en charge prend généralement fin au moment de la scolarisation de l’enfant ou lors de son entrée en institution, autour de l’âge de six ou sept ans. Cependant, si l’enfant est scolarisé dans une classe ordinaire, le suivi peut se poursuivre pendant quelques mois après l’entrée à l’école afin d’assurer la transition.

Les pédagogues commencent par construire une relation de confiance avec les parents et les familles des enfants suivis, avant de mettre en place, en collaboration avec eux, un projet individuel. Ce projet se construit non seulement en fonction de l’âge, des besoins et des intérêts de l’enfant, mais également selon les besoins et attentes des familles. Celles-ci sont donc impliquées dès le début dans l’intervention et la prise en charge de l’enfant.

Par la suite, les pédagogues travaillent avec l’enfant soit sur des activités concrètes de la vie quotidienne, soit en prenant pour support des jeux ou activités spécifiques. Comme chaque enfant présente une problématique différente, le programme d’intervention varie d’un enfant à l’autre. Cependant, certains éléments spécifiques à la problématique concernée doivent être pris en compte. Ainsi, dans le cadre d’une intervention auprès d’un enfant TSA, l’intervenant devra accorder une grande importance aux repères visuels, par exemple.

Présentation d’un Service éducatif itinérant

Dans le cadre de ma recherche, j’ai pris contact avec le responsable du Service éducatif itinérant de la Fondation de Verdeil. Auteur d’un mémoire sur le soutien de la fonction parentale dans le cadre de l’intervention du SEI, Monsieur Zollinger m’a reçue dans son bureau à Lausanne. Il a pu ainsi m’apporter quelques précisions sur le travail des pédagogues en éducation précoce spécialisée.

Le SEI de la Fondation de Verdeil comprend quatre équipes de pédagogues. Ces équipes se répartissent la prise en charge de 160 enfants environ selon leur lieu de domicile. La majeure partie des enfants suivis ont entre deux et quatre ans. Les signes de TSA sont donc clairement présents, bien que le diagnostic n’ait pas toujours été posé officiellement.

Pour ce qui est de l’évaluation des besoins des enfants avec un TSA et de leurs parents, les équipes de pédagogues des SEI de Verdeil et Vernand sont en train d’élaborer (et de tester) un outil permettant d’évaluer les besoins de l’enfant tout en tenant compte de son

environnement. En effet, les outils utilisés jusque-là ne prenaient en compte que les particularités liées à l’enfant. Pour ce qui est des besoins et attentes des familles, ils sont en partie pris en compte dans le nouvel outil, mais, généralement, les pédagogues les évaluent par leurs propres moyens.

Le soutien offert aux parents est essentiellement éducatif. Il se situe au niveau de la relation à l’enfant, dans le soutien de la fonction parentale au quotidien. Mais les pédagogues peuvent également apporter leur aide dans certaines démarches administratives, rattachées à l’école ou la garderie par exemple, bien que cela ne relève pas directement de leur cahier des charges. Ils peuvent être amenés à réorienter les parents si leurs demandes sortent du cadre de leur mission.

Échantillon de recherche

Après avoir pris contact avec les trois SEI du canton de Vaud, six peps se sont portés volontaires pour m’accorder un entretien : cinq femmes et un homme. J’ai donc reçu l’ensemble des professionnels qui se sont portés volontaires et n’ai pas eu besoin d’effectuer une sélection. Ainsi, quatre des personnes interrogées travaillent pour la Fondation de Verdeil, deux pour la Fondation de Vernand et une pour Entre-Lacs.

Je n’ai pas tenu compte de l’âge des personnes interrogées, mais plutôt de leur parcours professionnel. Quatre d’entre elles travaillent en tant que peps depuis plus de cinq ans, dont une depuis 17 ans. Une cinquième a une expérience professionnelle de trois ans dans ce domaine. Pour la dernière, je ne possède pas d’information quant à la durée de sa carrière de peps. On peut cependant en déduire que les peps interrogés disposaient alors d’une assez bonne connaissance de leurs pratiques.

Le tableau ci-dessous donne un aperçu du déroulement des entretiens avec, dans la colonne de droite, un résumé du parcours professionnel de chaque personne interrogée.

Genre Lieu de travail Parcours professionnel

Femme Fondation de

Vernand

Travaille en tant que peps à la Fondation de Vernand depuis environ cinq ans, après avoir enseigné dans des classes spécialisées.

Femme Fondation de Verdeil Après avoir suivi une formation en Sciences de l’éducation à Genève (en éducation spécialisée et intervention précoce), a travaillé pendant huit ans dans une institution accueillant des enfants TSA. Peps au SEI de Verdeil depuis environ trois ans au moment de l’entretien.

Femme Fondation de Verdeil A travaillé dans des classes d’enseignement spécialisé après avoir suivi une formation en pédagogie curative scolaire à Fribourg. A ensuite travaillé pendant sept ans au SEI à Fribourg et depuis 10 ans à la Fondation de Verdeil.

Femme Fondation de

Vernand

A commencé par enseigner dans des classes enfantines avant d’effectuer des remplacements dans l’enseignement spécialisé. Travaille au SEI de la Fondation de Vernand depuis six ans.

Homme Fondation de Verdeil Après avoir travaillé comme éducateur social dans le domaine du handicap mental, il a suivi la formation d’enseignant spécialisé et travaillé pendant 7 ans dans une école spécialisée, avec des enfants autistes. Avant d’intégrer le SEI, il y a 6 ans, il a travaillé pendant 10 ans avec des familles en difficulté avec des enfants de 0-6 ans.

Femme Fondation Entre-Lacs

A travaillé comme aide socioprofessionnelle à la Fondation Delafontaine pendant 17 ans. A ensuite suivi la formation d’enseignante spécialisée afin de pouvoir œuvrer auprès d’adolescents dans la même institution. Peps à la Fondation Entre-Lacs depuis 2004.

4.2. Technique de récolte de données

Comme je l’ai mentionné plus haut, la technique pour laquelle j’ai opté est l’entretien qualitatif individuel avec des peps travaillant dans les différents SEI du canton de Vaud. Afin de mener au mieux ces entretiens, j’ai élaboré une grille contenant les objectifs de recherche ainsi que les hypothèses et proposant un certain nombre de questions à poser aux peps dans le but de vérifier les hypothèses. Enfin, cet outil comporte également des relances ou indicateurs devant me permettre de faire préciser leurs propos aux professionnels interrogés. Cette grille se trouve en annexe de ce travail (annexe I, p. 103).

Il me fallait ensuite organiser les entretiens, selon mes besoins et les possibilités des peps. Ils ont donc eu lieu en-dehors des heures de travail des peps, soit en fin de journée, pendant les vacances ou encore pendant leur pause-déjeuner. J’ai fixé une durée d’entretien de maximum une heure à une heure et demie, cela devant nous permettre de développer de manière satisfaisante les différentes questions sans prendre trop de temps aux professionnels. La limitation de la durée m’a également obligée à rediriger les peps vers le sujet de mon travail. En effet, j’ai vite réalisé que, ayant un intérêt particulier pour le travail qu’ils effectuent, j’avais tendance à laisser ces professionnels me raconter leur métier, même lorsque le récit dépassait le cadre de ma recherche. Quant au lieu, estimant que c’était à moi de me déplacer pour rencontrer ces personnes, j’ai choisi de demander aux peps ce qui leur convenait le mieux. Je les ai donc rencontrés soit sur leur lieu de travail, soit à leur domicile.

J’ai pu effectuer la totalité des entretiens en cinq semaines, à raison d’un à deux entretiens par semaine. Le fait de récolter toutes les données dans un temps relativement court m’a permis d’effectuer les entretiens en ayant encore bien en tête les entretiens précédents. Par exemple, j’ai rapidement réalisé la difficulté des peps à parler du travail effectué avec la fratrie, pour la simple raison que celle-ci, si elle existe, est généralement absente au moment des séances. Ainsi, la manière dont j’ai mené les entretiens a évolué en fonction de ce que j’apprenais au fil des rencontres. Cependant, un temps plus long entre chaque entretien m’aurait peut-être permis d’effectuer une analyse un peu plus approfondie des données récoltées et de mieux préparer les entretiens suivants. De plus, cela m’aurait permis de répartir la charge de travail après chaque entretien (retranscription).

4.3. Ethique

Dans le cadre de mon projet de travail de Bachelor, j’ai commencé par prendre connaissance du travail de Master rédigé par Michel Zollinger, responsable du SEI de la Fondation de Verdeil. Rédigé en 2009, ce mémoire a pour sujet le soutien de la fonction parentale dans le cadre du SEI et touche donc directement au thème qui m’intéresse, soit le soutien aux familles dans le suivi à domicile d’un enfant.

Suite à cette lecture, j’ai pris contact avec M. Zollinger, qui m’a reçue dans son bureau de la Fondation de Verdeil, le 4 novembre 2010. Durant ce premier entretien, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui au sujet de l’organisation des différents SEI, du cahier des charges des peps et, de manière générale, de la prise en compte de l’environnement familial de l’enfant dans la prise en charge à domicile. Ces points m’ont permis de préciser l’objet de ma recherche. Un bref compte-rendu de cette rencontre est annexé au présent travail (annexe H, p. 102).

Suite à cet entretien, M. Zollinger a exposé mon projet aux peps de la Fondation de Verdeil. Il a ainsi pu me fournir les coordonnées de trois de ses collaboratrices intéressées à participer à un entretien de recherche pour mon travail. Par la suite, j’ai pris contact avec le responsable du SEI de Vernand qui m’a mise en relation avec deux peps. J’ai également contacté directement la peps du SEI d’Entre-Lacs, qui a accepté de me recevoir.

Lors de ces rencontres, j’ai commencé par me présenter et rappeler brièvement le sujet de mon travail. J’ai parfois répondu à certaines questions des peps. Puis, ayant prévu d’enregistrer les entretiens afin de faciliter le travail de transcription et d’analyse, j’ai systématiquement demandé aux peps leur autorisation avant de mettre en marche l’enregistreur, précisant toutefois que les entretiens ne seraient pas publiés tels quels dans mon travail.

En ce qui concerne l’entretien de recherche qui apparaît entièrement en annexe (annexe N, p. 106), n’ayant initialement pas prévu de l’intégrer tel quel à mon travail, j’ai repris contact par mail avec le peps concerné afin de lui demander son accord. Nous avons ainsi pu discuter de la forme de la retranscription ainsi que de la censure de certains passages, pour des raisons évidentes de protection des données.