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Chapitre 8 Concevoir des jeux s’intégrant dans le dispositif d’enseignement du soutien

2. Évaluation des jeux

2.1. Méthodologie de recueil de données

La mise en place du jeu Trois qui gagne a été conduit par moi-même et aucune méthodologie d’évaluation n’a été utilisée. L’analyse que j’en ferai ne sera donc pas élaborée et elle se basera seule- ment sur mon point de vue subjectif.

Cependant, pour les trois autres jeux, j’ai mené des observations de classe directes (c’est Mme B. qui conduisait les séances) dont j’ai enregistré l’audio pour me permettre de transcrire les séances. Lors de ces observations, j’étais également munie de grilles d’observation spécifiquement créées pour évaluer les jeux. Je les ai annotées à fur et à mesure du déroulement des séances et je les ai ensuite complétées à partir des transcriptions. Avant de décrire plus précisément mes choix d’élaboration des grilles, je vais présenter le contexte d’observation de chacun des jeux.

2.1.1. Contexte des observations

Chaque jeu a été observé plusieurs fois auprès de classes différentes afin de pouvoir comparer les différentes utilisations et d’en tirer des conclusions.

Le jeu Trois qui gagne a été mis en place lors de deux séances : une première séance auprès d’une classe de CP qui n’avait encore vu la leçon de la méthode de lecture (leçon 41 sur le son /ɛ/ (Cuche & Sommer, 2013, pp. 98-99)) et une deuxième séance auprès d’une seconde classe de CP qui venait d’aborder cette même leçon. J’ai donc pu essayer les deux propositions de mise en place du document d’accompagnement : celle en amont de la leçon de lecture et celle en aval.

Le jeu de plateau Blablabla a, quant à lui, été utilisé lors de quatre séances différentes : une séance auprès de deux élèves de niveau de classe différent (CE2 et CM1), une séance auprès d’élèves de CE1, une séance auprès d’élèves de CE1 d’une autre classe et, enfin, une séance auprès d’élèves de CE2. Deux groupes d’élèves avaient déjà eu l’occasion de jouer précédemment à ce jeu : un des deux groupes de CE1 et le groupe de CE2.

Le couple de jeux du jeu des phrases et du Bingo a également été utilisé lors de quatre séances. La première séance s’est vue être différente de ce qui avait été prévu puisque Mme B. n’a pas mis en place le jeu de phrases et n’a pas axé le Bingo sur la formulation des phrases par les élèves (ils don- naient uniquement le nom de l’accessoire). Nous avons donc choisi de mener une deuxième séance sur le même principe avec la même classe et pour laquelle Mme B. n’a pas pu conduire le jeu du Bingo. En effet, lorsqu’elle a voulu le faire, il ne restait pas assez de temps et elle a donc prolongé le jeu des phrases. Deux autres séances ont été menées auprès de deux autres classes : une classe qui a utilisé les deux jeux et une autre qui a seulement utilisé le jeu des phrases.

Enfin, le jeu de compréhension en préparation au défi lecture a été utilisé lors de trois séances auprès de trois classes de CP différentes. Étant donné que les maitres référents n’avaient pas eu le temps de revoir l’album Baobonbon (Ichikawa, 2001), nous avons choisi de réaliser le jeu à partir de cet album uniquement.

2.1.2. Conception des grilles d’observation

Deux objectifs ont guidé ma conception des grilles d’observation : vérifier le bon fonctionne- ment du jeu et vérifier l’atteinte des objectifs pédagogiques. Ces grilles sont disponibles en Annexe F.

Pour vérifier le bon fonctionnement du jeu, j’ai premièrement relevé l’implication des élèves dans le jeu afin de m’assurer que l’attitude ludique, élément primordial selon Silva (2008a) pour bas- culer d’un exercice pédagogique à un jeu pédagogique, était bien présente. Puis, deuxièmement, j’ai essayé d’anticiper les dysfonctionnements qui auraient pu apparaitre. Pour le jeu de plateau Blablabla, j’ai par exemple compté le nombre de fois que les catégories de cartes étaient piochées afin de vérifier qu’elles pouvaient bien toutes être représentées au cours d’une partie. Pour le jeu des phrases, j’ai compté le nombre de caractéristiques énoncées par image avant le changement pour vérifier que toutes les images permettaient de faire participer tous les élèves. Pour le loto, j’ai compté le nombre d’items de la pioche permettant les emplois respectifs avec « être » et « avoir » afin d’être sure que les deux formulations seraient utilisées. Enfin, pour le jeu de compréhension en préparation au défi lecture, j’ai compté le nombre de cartes sélectionnées par les élèves selon leur niveau pour m’assurer que les niveaux étaient bien tous sélectionnés et j’ai compté leur nombre de réussites et d’échec pour vérifier que la difficulté était en adéquation avec les choix de conception que j’avais faits.

Pour juger de l’atteinte des objectifs, j’ai tout d’abord vérifié que l’implication des élèves et leur volonté de gagner ne parasitaient pas le pendant pédagogique du jeu. Pour cela, j’ai relevé les buts des interventions des élèves lorsqu’ils ne s’agissaient pas de leur tour de jeu. Mon idée était de vérifier que ces interventions respectaient bien les objectifs pédagogiques, par exemple en aidant un autre joueur, et qu’elles n’allaient pas à son encontre. Ensuite, j’ai relevé des éléments me permettant de vérifier que les objectifs étaient atteints : le nombre de tours de parole des élèves (pour m’assurer de la production effective des élèves) mais également des éléments plus précis correspondant aux objec- tifs pédagogiques des jeux (par exemple, le nombre de tournures syntaxiques correctes utilisées par les élèves pour le jeu des phrases).

De manière plus générale, j’ai laissé un champ me permettant de noter des observations di- verses, qu’il s’agisse de remarques sur le fonctionnement du jeu et sur l’atteinte des objectifs (que je n’aurais pas réussi à anticiper) ou d’autres remarques qui pourraient être pertinentes vis-à-vis de l’éla- boration des jeux.