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Chapitre 6 : Discussion

6.1. Méthodologie

Notre méthodologie a consisté à annoter manuellement les indices de

conceptualisation métaphorique dans des corpus de textes de référence en anatomie.

6.1.1. Points critiquables de la méthodologie

6.1.1.1. Identification et caractérisation des modes de conceptualisation métaphorique

La principale critique que l'on pourrait formuler à l'égard de notre méthode de

travail est celle de la subjectivité inhérente à l'impression de dissonance cognitive

constituant le critère d'identification des ICM et à l'introspection à laquelle fait appel l'étape

de caractérisation des modes de conceptualisation métaphorique. Il s'agit également d'une

difficulté pour l'analyse, puisque « la reconnaissance par les locuteurs, dans une langue

donnée, des cadres conceptuels évoqués par une expression linguistique est très variable »

(Vandaele, 2004a : 278).

Cependant, comme l’explique Vandaele (2009), le fait qu'aucune caractéristique

formelle ne permette d'identifier les ICM en raison de la nature cognitive de la

conceptualisation métaphorique justifie le critère de dissonance cognitive et sa subjectivité

intrinsèque. Soulignons que les méthodes faisant appel à des formalismes ne sont elles-

mêmes pas exemptes d’erreur et qu’elles demandent également une validation. Il s’agit ici

de repérer les traces d’une « intersubjectivité partagée » (Vandaele, 2007 : 136) Dans

l’ensemble, nos données sont cohérentes avec celles qui ont été obtenues dans les

recherches antérieures (voir notamment Vandaele, 2009; Vandaele et Lubin, 2009; Lubin,

2006; Labelle, 2009). Enfin, comme l'allemand n'est pas notre langue maternelle et qu'elle

nous est moins familière que l'anglais, nous avons consulté un locuteur natif afin d’assurer

la validité de certains repérages.

Finalement, nous ne pouvons éliminer la simple erreur humaine : il n'est pas exclu

que certains ICM ou certaines de leurs occurrences n’aient pas été repérés. Cependant,

puisque la méthode exige une lecture attentive des textes, nous croyons que ce phénomène

est limité.

6.1.1.2. Constitution du corpus

Un autre point critiquable a trait à la constitution de notre corpus. Le sous-corpus

allemand semble moins volumineux (17 264 mots) que les deux autres sous-corpus (28 810

mots pour le français et 27 585 pour l'anglais. Toutefois, sa taille se situe dans le même

ordre de grandeur, notamment en raison du coefficient de foisonnement, et le fait de

ramener tous nos résultats à des pourcentages pour des fins de comparaison compense en

partie ce déséquilibre (voir le chapitre 5). La différence s’explique également par le fait que

l’accessibilité aux ouvrages était limitée dans les délais imposés à notre recherche, et nous

avons trouvé les éditions les plus récentes de chacun des ouvrages dans les trois langues de

notre corpus.

Le parallélisme de la partie traduite de notre corpus n’est cependant pas total, car

certains des textes ont été traduits à partir de l’édition précédant celle du texte de notre

corpus allemand. Ainsi, l'édition française de Kahle et Frotscher (1978/2007, traduit par

Bourjat) est traduite de la 9

e

édition allemande (que nous n’avons pas trouvée dans les

délais voulus), alors que l'édition anglaise (Kahle et Frotscher, 1978/2010, traduit par

Vielkind et Grossman) est traduite de la 10

e

édition allemande, celle-là même qui est

également utilisée dans notre corpus (Kahle et Frotscher, 1975/2009). Nous avons

cependant vérifié ultérieurement que les différences étaient mineures dans les sections des

ouvrages que nous avons retenues : la mise à jour des ouvrages d’anatomie se fait

essentiellement par les changements des dénominations imposées par les nomenclatures

internationales (Terminologia anatomica) ou par l’ajout de nouvelles structures, mais le

discours lui-même – et donc la phraséologie, ce qui est le point central de notre étude –

reste inchangé.

6.1.1.3. Méthode d'annotation

Notre méthode d'annotation a pour inconvénient d'être lourde et chronophage. Elle

nécessite une analyse s’appuyant sur une lecture assidue de tous les textes et une insertion

manuelle des balises et des attributs.

Nous avons utilisé deux balises différentes pour annoter tous les ICM :

<concIndPred>, qui est réservée aux ICM prédicatifs, et <concInd>, qui était conçue

pour les ICM non prédicatifs. Or, comme nous l'avons vu, certains ICM ne peuvent être

classés nettement dans l'une ou l'autre de ces catégories. Afin de distinguer de façon plus

précise les caractéristiques lexicales et sémantiques des ICM non prédicatifs et quasi

prédicatifs, il aurait été intéressant de les étiqueter de façon distincte, surtout dans le cas où

les actants du quasi-prédicat participent à la projection métaphorique (voir section 5.3.1.2).

C’est une option qui pourra être envisagée dans des travaux futurs, tout particulièrement

dans des contextes où les quasi-prédicats sont fréquents.

6.1.2. Points forts de la méthodologie

6.1.2.1. Constitution du corpus

Malgré les différences de répartition de nombre de mots dans notre corpus, ce

dernier était homogène quant à leur genre textuel, aux structures décrites et au type de

description. En comparant nos résultats en matière de pourcentages et de densité aux 1 000

mots, nous avons pu obtenir des données comparables et dresser un portrait représentatif de

la conceptualisation métaphorique dans le sous-domaine représenté par les structures

étudiées.

6.1.2.2. Méthode d'annotation

Notre méthode d'identification des ICM a fait ses preuves dans des travaux de

recherches similaires, et ses avantages outrepassent largement ses inconvénients.

Comme l'avait commenté Labelle (2009), la méthode d'annotation « permet des

interrogations variées et une correction facile des erreurs d’annotation, ce qui compense la

longueur de la phase initiale d’annotation. »

La feuille de style utilisée permet pour plusieurs attributs de créer une liste de

valeurs possibles apparaissant dans un menu déroulant au moment de l'annotation, ce qui

assure une cohérence dans la manière d'orthographier ou de nommer certaines valeurs.

La quantité d'informations qu'il est possible d'insérer dans les textes permet d'étudier

les ICM en contexte et d'interroger le corpus selon une variété de critères.