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La méthodologie audiovisuelle

CHAPITRE II : HISTORIQUE ET METHODOLOGIES DE LA DIDACTIQUE DU FLE

II.2. Méthodologies de la didactique du F.L.E

II.2.5. La méthodologie audiovisuelle

A partir de la deuxième guerre mondiale, l’anglais commence à s’imposer et à devenir de plus en plus la langue des communications internationales et le français se sent alors menacé.

Devant ce recul, les autorités françaises ont décidé de promouvoir la diffusion du français à l’étranger.87 On a alors mis sur pied une commission chargée de mettre au point «le français élémentaire», de facilité son apprentissage et par la même, permettre sa diffusion.

C’est ainsi qu’à partir des années 50, les travaux menés conjointement par une équipe de l’université de Zagreb et par une équipe de l’école normale supérieure de Saint-Cloud (France) (équipe qui sera plus tard à l’origine du CREDIF) ont eu pour résultat l’élaboration d’une méthodologie dite structuro-globale audiovisuelle (SGAV), qui a pour objet général de faire acquérir aux apprenants une maitrise satisfaisante de la langue usuelle.88 L’apprentissage passerait par l’oreille et la vue. Ainsi la priorité est accordée à l’oral (compréhension et expression orale). 89

Cette méthodologie comporte cinq phases successives à savoir :

87. GERMAIN, Claude. Evaluation de l’Enseignement des Langues : 5000 ans d’histoire, éd. Clé international, Paris, 1993, p53

88 . COSTE, Daniel et FERENCZI, Valentin, Méthodologie et Moyens Audio-visuels, Guide Pédagogique pour le

Professeur de Français Langue Etrangère, éd. Hachette, Paris, 1971, p.136.

89 . KARTAL, Erdo an, la place et les fonctions des produits multimédias dans la didactique du Français

Langue Etrangère, date de soutenance Mars 2004, 271p, Thèse de Doctorat en Sciences Sociales, Département de L’Enseignement des Langues Etrangères, Université de Hacettepe, Ankara, édition edutice, version 1, 2005,

 La présentation du dialogue ou du segment du dialogue à étudier, on synchronisant la projection des images avec les phrases enregistrées.  L’explication de chaque réplique, on vue de l’appréhension du sens et de la prise de conscience de la structuration de l’énoncé.

 La répétition, active qui contribue à la mémorisation de la leçon.  L’exploitation dont le but essentiel est d’intégrer, par la pratique, des notions nouvelles enseignées dans l’ensemble des connaissances acquises jusque là.

 La transposition, qui vise l’expression personnelle et le libre réemploi par chaque apprenant de ce qu’il a appris.90

L’application de cette méthodologie refuse catégoriquement la traduction et le recours à la langue maternelle de l’apprenant. L’enseignant utilise plutôt des gestes et mimiques ainsi que des paraphrases et des images comme moyen d’accès au sens.91

La cohérence de la méthode audiovisuelle était construite autour de l’utilisation conjointe de l’image et du son. Le support sonore était constitué par des enregistrements magnétiques et le support visuel par des vues fixes. En effet, la méthodologie audiovisuelles avaient recours à la séquence d’images pouvant être de deux types : des images de transcodage qui traduisaient l’énoncé en rendant visible le contenu sémantique des messages ou bien des images situationnelles qui privilégiaient la situation d’énonciation et les composantes non linguistiques comme les gestes, les attitudes, les rapports affectifs, etc.

90. idem, p.237.

91. BOYER, Henri, BUTZBACH, Michèle et, PENDANX Michèle, Nouvelle Introduction à la Didactique du

Les méthodes que l’on trouve dans la méthodologie directe se retrouvent organisées dans la MAV.92

Pour la méthode directe ce sont objets et images qui servent de point de départ pour une compréhension directe sans passer par la langue maternelle. Cette méthode s’appliquera aussi bien à l’enseignement du lexique (sans recourir à la traduction en langue maternelle) qu’à l’enseignement grammatical (sans l’intermédiaire de la règle, l’apprenant saisit les règles de manière intuitive). Comme la méthode directe, la méthode audiovisuelle s’appuie aussi sur un document de base dialogué conçu pour présenter le vocabulaire et les structures à étudier.

En ce qui concerne la méthode orale, le support audiovisuel remplace le support écrit. L’accent est placé, dès le début, sur la correction phonétique en évitant les interférences de la graphie.

La méthode active est présente dans la MAV puisqu’on sollicite l’activité de l’apprenant à travers l’image qui stimule la motivation. Les personnages présentés dans les dialogues se veulent proches des apprenants afin qu’ils s’identifient à eux. L’enseignement lexical et grammatical se fait d’une manière intuitive.

La méthode interrogative apparaît également car la MAV considère nécessaire un dialogue constant entre le professeur et la classe sans que celle-ci ne dépende entièrement de lui. Toute fois, grâce au support audiovisuel il est possible de rompre le face à face apprenant-professeur.

La méthode intuitive en fait aussi partie, étant donné que l’image audiovisuelle permet au professeur d’éviter les «pitreries» auxquelles il était condamné par la méthodologie directe. Le dialogue sert à illustrer, dans un contexte, un nombre de mots nouveaux par un procédé intuitif. En effet l’apprenant établit une association systématique du dialogue et de l’image chargée de représenter la situation de communication.

Toutefois, La MAV se différencie de la méthodologie directe parce qu’elle interdit toute explication grammaticale ; les exercices structuraux fonctionnent comme une technique d’application de la méthode intuitive intégrale en enseignement grammatical et c’est le professeur qui facilitera à l’apprenant, au cours des exercices, l’analyse implicite des structures.

Et finalement, on retrouve les méthodes imitative et répétitive dans les exercices de mémorisation et dramatisation du dialogue de base, et dans les exercices structuraux réalisés au laboratoire ou dans les exercices écrits.

Du fait, la MAV se situait dans le prolongement de la méthodologie directe tout en essayant de donner des solutions aux problèmes auxquels s’étaient heurtées les méthodologues directes.

La SGAV aurait le mérite de tenir compte du contexte social d’utilisation d’une langue, et permettrait d’apprendre assez vite à communiquer oralement avec des natifs de langues étrangères, mais n’offrirait pas la possibilité de comprendre des natifs parlant entre eux ni les médias. Ce qui a fait que cette méthodologie est entrée en déclin et a cédé sa place à l’approche communicative basée sur d’autres théories linguistiques.