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I- Les leptospires

3. Méthodes de lutte

Tableau 8. Présentation des différents types de lutte contre les rongeurs

Systèmes Exemples Avantages Inconvénients Lutte biologique chats, chiens, buses… Pas de pollution environnementale

Moyen de lutte anecdotique Faible efficacité Lutte physique piégeage (tapettes, pièges divers, colles, …) Pas de pollution environnementale Capacité de contrôle de la prolifération

Manipulation des animaux (risque de contamination homme-animal) Lutte chimique Molécules à effet immédiat

Toxicité Aversion alimentaire -> mort immédiate de l'animal induisant un évitement de l'appât par le groupe

74 Phosphure de zinc (appât et fumigation) Libération (en milieu acide ou aqueux) d'un gaz toxique : le phosphane

Usage limité (risque d'inhalation par l'homme) Stockage contraignant Transport dangereux Approche hormonale (contraception) Efficacité réelle en milieu contrôlé (laboratoire)

Libération d'hormones stéroïdes dans l'environnement / reprotoxicité pour l'homme a) Lutte biologique

Une lutte biologique peut se faire par l’introduction de prédateurs naturels des rongeurs comme les rapaces en milieu agricole. Cette méthode de lutte est difficile à mettre en place en milieu urbain (Tableau 8). La cohabitation avec les prédateurs peut être compliquée pour les humains. Pour lutter contre les Campagnols terrestres par exemple, il existe différentes catégories de prédateurs à savoir les généralistes comme les renards qui ont un régime alimentaire varié et les spécialistes comme les hermines qui mangent principalement le campagnol terrestre. Pour que les prédateurs s’installent il faut favoriser les habitats naturels comme les bosquets et les haies ainsi que les perchoirs que ce soient naturels comme les arbres mais aussi artificiels comme les nichoirs (Source : FREDON Auvergne). Des espèces domestiques comme les chats et les chiens peuvent également être des prédateurs des rongeurs au niveau des habitations humaines ou du moins peuvent les éloigner.

b) Mesures physiques

Si les populations sont de petite taille des pièges peuvent être utilisés en lutte mécanique mais peuvent poser des problèmes concernant la souffrance animale (Tableau 8). Dans le cas de pullulations de Campagnols terrestres elle peut être efficace en début d’infestation. Pour poser les pièges il faut néanmoins le faire de manière efficace. Pour cela il y plusieurs choses à faire comme repérer les foyers, les indices de présences, les traces récentes de passage et adapter les méthodes selon l’espèce que ce soit le type de pièges ou les appâts. Le piégeage prend du temps ce qui est un élément à prendre également en considération.

75 c) Lutte chimique

La lutte chimique peut se faire avec des molécules à effet immédiat (strychnine, crimidine par exemple) (Tableau 8). Mais comme l’effet est immédiat elles n’évitent pas l’aversion alimentaire. De ce fait des molécules à effet légèrement différé ou différé ont été développées (Tableau 8) telles que l’alphachloralose, la norbromide, le cholécalciférol ou les anticoagulants antivitamine K :

- L’alphachloralose est un composé organique artificiel venant de la condensation d’une molécule de glucose avec une molécule de chloral anhydre en présence d’acide sulfurique (120). Elle possède deux effets, un effet sédatif et un effet sur l’excitation motrice. Son effet est dépendant de la température extérieure et est utilisé contre les souris. L’utilisation de l’alphachloralose a été largement associée à des intoxications chez le chat, les oiseaux (121) car cette molécule était utilisée en tant que corvicide à des concentrations de 96%. Aujourd’hui elle n’est plus homologuée pour la lutte contre les corbeaux et n’est homologuée que en tant que souricide à des concentrations à 4% ce qui permet de limiter les accidents chez les espèces non-cibles. Cette molécule ne marche que pour la lutte contre la souris.

- La norbormide est utilisée contre les rats (122). Elle provoque une vasoconstriction irréversible des petites artères périphériques et une vasodilatation des artères systémiques de gros calibre. Elle n’est pas autorisée en Europe.

- Le cholécalciférol ou vitamine D3 provoque une hypercalcémie. Cela provoque des troubles fonctionnels et organiques chez l’animal dans les jours qui suivent l’ingestion et n’est plus autorisé pour le moment en Europe en raison des nombreux accidents chez les espèces non-cibles en particulier le chien (123,124). Une utilisation combinée de coumatétralyl (anticoagulant antivitamine K) et de cholécalciferol a été testée sur des rats bruns résistants aux anticoagulants et cela semble fonctionner tout en limitant les risques écotoxicologiques (125). Une tentative de ré-homologation est en cours en Europe, mais la vitamine D sera probablement classée comme perturbateur endocrinien.

- Le phosphure de zinc utilisé contre les campagnols, vient d’être autorisé en France, était déjà autorisé dans d’autres pays de l’Europe tel que l’Allemagne. Il est utilisé en appâts à des concentrations de 1 à 5 % (110). Il agit en provoquant des insuffisances cardiaques et des

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dommages aux organes internes. Il tue le campagnol intoxiqué en 1 à 3 heures. Il y a peu de risques d’empoisonnement secondaire.

- Les anticoagulants anti vitamines K (AVKs) sont utilisés comme rodonticides contre plusieurs espèces de rongeurs. Différentes formulations sont disponibles, sous forme de céréales (blé ou avoine), sous forme de pâtes, sous forme de blocs ou sous forme de mousse se collant aux rongeurs (pour le coumatétralyl uniquement). Ces molécules agissent en inhibant l’enzyme vitamine K epoxyde reductase subunit 1 (VKORC1) qui est impliquée dans la coagulation et leur action provoque des hémorragies dans les 3 ou 4 jours suivant l’ingestion. Ils sont utilisés 1/ comme biocides dans et autour des bâtiments contre les souris et les rats avec une obligation de les utiliser dans des boites d’appâtage depuis 2013. Pour cet usage, sont autorisées 8 molécules en France, la warfarine, le coumatétralyl, la chlorophacinone, la bromadiolone, le difénacoum, la diféthialone, le brodifacoum et le flocoumafène.

2/ pour la protection des plantes en plein champs contre les campagnols avec des mesures restrictives : nécessité d’une autorisation de traitement par la mairie, quantité épandue par hectare limitée et enfouissement obligatoire dans les galeries. Seule la bromadiolone est autorisée dans la lutte contre les Campagnols de manière réglementée en basse densité de population. Les quantités sont également réglementées à savoir en traitement mécanique à 20 kilogrammes par hectare et en traitement manuel de 20 à 25 grammes par poste de traitement (Source FREDON Auvergne). Les conditions d’utilisation de la bromadiolone pour la gestion de populations de rongeurs sont régies par l’arrêté du 14 mai 2014.

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V – Les anticoagulants anti-vitamines K