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PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

1.3. Méthodes de diagnostic de la cysticercose porcine

La méthode utilisée dans le contrôle parasitaire des porcs est l’examen fécal qui détermine la prévalence des parasites par la méthode de McMaster. Toutefois, pour le contrôle spécifique de la présence de T. solium sur le porc vivant ou sur la carcasse de porc, l’inspection de la langue, l’examen macroscopique de la carcasse et l’examen sérologique sont utilisés. Le diagnostic de la cysticercose porcine peut intervenir à l’étape ante-mortem ou post-mortem. A l’étape ante-mortem, l’examen de la langue est fréquemment utilisé de même que l’examen sérologique. L’inspection de la carcasse se fait à l’étape post mortem.

1.3.1. Examen de la langue

L’examen de la langue est la méthode traditionnelle de détection des cysticerques.

Pour réaliser le « langueyage » ou palpation de la langue, l’inspecteur ouvre la bouche du porc et y fixe un morceau de bois dur. La langue du porc est tirée vers l’extérieur, examinée visuellement et palpée au niveau de sa face ventrale afin d’identifier d’éventuelles présences de cysticerques (Assana et al., 2001 ; Boa et al., 2002 ; Tido, 2004 et Secka. et al., 2010). Un porc avec un ou plusieurs kystes sur la langue est considéré comme positif pour la cysticercose T. solium (figure 4). La méthode du langueyage est spécifique mais très peu sensible (Phiri et al., 2006 ). Gonzalez et al.

(1990) ont observé une sensibilité de 70% à Pérou. Dorny et al. (2004) utilisant l’approche bayésienne ont trouvé une valeur de la sensibilité inférieure (21%) en Zambie. Cette méthode est la plus simple et a été fréquemment utilisée par les éleveurs Sud-américains ainsi que les éleveurs et les commerçants de porcs de l’Afrique (Gonzalez et al., 1990 ; Tido., 2004).

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Figure 4: Méthode traditionnelle d’examen de la langue (Langueyage)

1.3.2. Inspection des viandes

L’inspection consiste à réaliser des incisions au niveau des sites de prédilection des cysticerques de T. solium. Pour Assana et al. (2001), Boa et al. (2002) et OIE (2008), les sites de prédilection T. solium sont : les muscles psoas, les masséters internes et externes, le triceps brachial, les muscles des membres antérieurs (figure 5), les muscles de la tête, la langue, les muscles des membres postérieures, le diaphragme, le cœur, les muscles abdominaux, les muscles du tronc, le cerveau. L’inspection de la carcasse est également très spécifique mais peu sensible. D’souza et Hafeez (1999) ont observé que 33,33% des porcs déclarés négatifs à l’inspection post mortem étaient positifs avec la sérologie avec Ag-ELISA.

Pour Dorny et al. (2004) et Phiri et al. (2006), le langueyage et l’inspection post mortem de la carcasse ne peuvent être utilisés seuls pour des enquêtes épidémiologiques car ils sous-estiment la prévalence de la cysticercose.

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Figure 5 : Muscle du membre antérieur avec des cysticerques 1.3.3. Tests sérologiques

Deux types de tests sont fréquemment utilisés : le test de détection des anticorps (Ab-ELISA) et le test de détection des antigènes (Ag-(Ab-ELISA). Ce dernier test est plus couramment utilisé.

a- Détection des anticorps

De nombreux tests utilisant l’antigène homologue (T. solium) ou l’antigène hétérogène (T. crassiceps) ont été mis au point pour détecter les anticorps de Cysticercus cellulosae (Tido, 2004). Toutefois, la détection des anticorps de T. solium a été fréquemment réalisée en se basant sur les méthodes utilisant l’ELISA (Enzyme-linked immunosorbent assay) ou l’EITB (Enzyme-linked immunoelectrotransfer blot). Les antigènes utilisés dans ces essais sont les fluides des kystes de T. solium et de T.

crassiceps ou une préparation brute à base de T. solium et de T. crassiceps (Pardini et al., 2001). Les travaux effectués par Biondi et al. (1996) pour détecter la présence de T. solium à partir d’un test ELISA indirect utilisant les antigènes métacestode de T.

crassiceps, ont donné une sensibilité de 100% et une spécification de 97% à 100%.

Pour Nguekam et al. (2003), la limite de ce test réside dans le fait que les antigènes de T. crassiceps peuvent avoir des réactions croisées avec l’hydatidose et l’ascariose.

Toutefois, Dorny et al. (2004) ont obtenu une sensibilité de 35,8% et une spécificité de 91,7% lors de l’évaluation du test Ab-ELISA avec l’antigène de T. crassiceps.

D’autres tests Ab-ELISA utilisant les scolex larvaires de T. solium ont permis

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d’obtenir une sensibilité de 91,6% et une spécificité de 92,3% mais des réactions croisées avec T. hydatigena ont été observées (Kumar et al., 1987). Pour éviter les réactions croisées et augmenter la performance des tests Ab-ELISA, des antigènes purifiés ont été développés. Mais, selon Assana et al. (2007) la purification des antigènes entraîne une réduction de la sensibilité du test. Toutefois, Dorny et al. (2004) et Krecek et al. (2008) ont rapporté que la détection des antigènes a une sensibilité plus élevée que les tests de détection des anticorps. Le test de détection des anticorps comporte quatre limites essentielles qui sont :

1. le dénombrement d’une exposition à l'infection et non nécessairement la présence d'une infection établie et viable ;

2. les anticorps peuvent persister longtemps après que le parasite ait été éliminé par des mécanismes immunitaires et / ou la thérapie de drogue (Harrison et al., 1989 ; Garcia et al., 1997) ;

3. la réponse transitoire d'anticorps à une infection à T. solium sans implantation patente d'une infection (Garcia et al., 2001)

4. la persistance des anticorps maternels à partir de truies séropositives transférés par l'intermédiaire du colostrum dans les porcelets jusqu'à 7 mois pourrait influer sur l'interprétation des résultats séropositifs chez les jeunes porcs (Gonzalez et al., 1999).

b- Détection des antigènes

Plusieurs études ont été menées pour valider le test Ag-ELISA dans le diagnostic de la cysticercose porcine. Les travaux conduits par Dorny et al. (2004) ont observé une sensibilité de 87% et une spécificité de 95%. Krecek et al. (2008) ont rapporté respectivement 76% et 84% pour la sensibilité et la spécificité dans une étude récente en Afrique du Sud. Toutefois, l'inconvénient majeur de l'anticorps monoclonal à base de Ag-ELISA est sa réaction croisée avec T. hydatigena (Dorny et al., 2003). Ainsi, ce test n'est fiable que dans les régions à forte prévalence de ce parasite chez les porcs.

Toutefois, T. hydatigena n'est pas un parasite commun des porcs dans de nombreux pays africains contrairement à la situation dans certains pays asiatiques (Secka et al.,

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2010). La sensibilité du test Ag-ELISA est souvent élevée car il peut permettre la détection d’un porc n’abritant qu’un seul kyste (Nguekam et al., 2003b).

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