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Méthodes considérant les longueurs

5. Résultats et discussion

5.2. Méthodes considérant les longueurs

Deux méthodes considérant les longueurs ont été appliquées, soit : 1) celle évaluant les longueurs à vol d’oiseau; et 2) celle des longueurs de cheminement selon le réseau de drainage (Tableau 3). Les longueurs à vol d’oiseau entre les propriétés analysées et le cours d’eau le plus près ont été évaluées par Ariane Marais dans le cadre de son projet de doctorat [Marais, 2019]. Les longueurs du cheminement selon le réseau de drainage ont été mesurées à partir des cheminements déterminés préalablement. La Figure 12 présente les longueurs obtenues pour ces deux méthodes selon des

catégories de longueurs. Les longueurs associées à chaque propriété, déterminées par les deux méthodes, sont présentées à l’Annexe C.

Figure 12 : Distribution du nombre de propriétés analysées en fonction de la longueur déterminée selon le réseau de drainage et à vol d’oiseau

En observant les résultats pour la méthode de détermination de la longueur à vol d’oiseau (méthode 1), il est possible de remarquer que la majorité des propriétés sont associées à des longueurs courtes (Figure 12). En effet, 56 % des propriétés sont reliées à des longueurs de moins de 200 m. Le premier intervalle de [0-100 m[ considère 15 propriétés traversées par un cours d’eau sur les 45 propriétés de cet intervalle. Selon la méthodologie appliquée par A. Marais, ces 15 propriétés sont associées à une distance à vol d’oiseau de 0 m alors qu’en réalité, la longueur de cheminement pour une telle situation n’est pas nulle. Sur les 45 propriétés possédant une longueur à vol d’oiseau allant de 0 m à 100 m, 22 sont associées au cheminement 10. Toutefois, bien que cette méthode soit facile à appliquer, elle ne représente pas les cheminements réels potentiels à partir d’une propriété précise puisque l’eau pluviale et les contaminants qu’elle transporte ne se déplace pas de manière linéaire. L’étendue du réseau hydrographique sur le territoire et de l’emplacement des propriétés pouvant émettre une contamination sur le territoire jouent également un rôle important dans la détermination des longueurs à vol d’oiseau. Ainsi, les résultats obtenus par cette méthode pourraient être bien différents pour un autre bassin versant. De plus, pour la mesure des longueurs à vol d’oiseau, il a été considéré que lorsqu’un cours

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 N ombre de propri étés anal ys ées Longueur (m)

l’émission du contaminant, il est possible que celui-ci ne se déplace pas vers le cours d’eau, mais plutôt vers le réseau pluvial, par exemple. Le sens de déplacement du contaminant dépend de la topographie et de la position du point vulnérable sur la propriété (près de la rue ou près du cours d’eau, notamment). Cet effet peut également expliquer pourquoi les longueurs obtenues avec cette méthode sont courtes.

Pour ce qui est des longueurs du réseau de drainage (Figure 12), celles-ci sont distribuées de manière plus étendue, contrairement aux résultats obtenus avec la méthode à vol d’oiseau. La tendance observée pour les résultats à vol d’oiseau ne s’applique pas pour la méthode de mesure du réseau de drainage. Seulement 22 % des propriétés sont associées à une longueur de réseau de moins de 200 m par rapport à 56 % pour la méthode à vol d’oiseau. Il est possible d’expliquer cette observation par le fait que la méthode de longueur du réseau de drainage est plus représentative de l’écoulement, puisqu’elle considère le cheminement le plus probable du contaminant entre son point d’émission et son entrée dans un cours d’eau à débit permanent ainsi que la topographie, les chemins préférentiels et les aménagements anthropiques (ponceaux, fossés, routes, etc.). Par exemple, les longueurs de cheminement des propriétés associées à un cheminement 10 (Tableau 8), qui inclut un passage par le réseau pluvial notamment, sont distribuées différemment selon la méthode d’évaluation des longueurs. Évidemment, la méthode d’évaluation des longueurs à vol d’oiseau ne considère pas les multiples détours que doit suivre l’eau pluvial dans le réseau d’égout pour se diriger vers le cours d’eau récepteur. Il est donc cohérent d’observer des longueurs de cheminement plus grandes pour celles évaluées avec la méthode selon le réseau de drainage. Le Tableau 8 présente le nombre de propriétés associées au cheminement 10 pour les cinq premières classes de distance pour un total de 50 sites.

Tableau 8 : Nombre de propriétés associées au cheminement 10 pour les longueurs de cheminement (m) évaluées avec la méthode à vol d'oiseau et selon le réseau de drainage pour les propriétés associées

Classe de longueur Longueur à vol d'oiseau Longueur selon le réseau de drainage

[0-100[ 22 2 [100-200[ 12 11 [200-300[ 4 7 [300-400[ 5 11 [400-500[ 5 3 500 et + 2 16

Les longueurs de cheminement des propriétés associées au cheminement 10 sont donc plus grandes pour celles évaluées selon le réseau de drainage que celles obtenues par la méthode à vol d’oiseau. La plus grande longueur observée selon la méthode à vol d’oiseau est d’environ 1 280 m, tandis que celle obtenue avec la méthode des longueurs selon le réseau de drainage est d’environ 2 022 m. Il est intéressant d’observer que la propriété associée à la plus grande longueur est différente pour les deux méthodes. En effet, celle reliée à la longueur de 2 022 m pour la méthode selon la longueur du réseau de drainage est associée à une longueur de 279 m par la méthode à vol d’oiseau. De plus, 85 % des longueurs mesurées selon le réseau de drainage sont plus grandes que celles mesurées à vol d’oiseau pour une même propriété. Ces constats permettent de conclure que la méthode à vol d’oiseau ne permet pas d’obtenir une représentation adéquate du cheminement probable des contaminants à partir d’une propriété ciblée.

Dans le cadre du RPEP, les bandes de terre de part et d’autre du cours d’eau pour l’aire immédiate et intermédiaire sont respectivement de 10 et de 120 m pour la délimitation des aires de protection [Publications Québec, 2014]. Ces bandes de terre correspondent à la portion de cheminement entre une propriété et l’entrée du contaminant dans un cours d’eau à débit permanent. Ainsi, la méthode du RPEP se classe dans la catégorie de méthodes associées à des longueurs. Le Tableau 9 présente le nombre de propriétés associées à des longueurs de moins de 10 m et de moins de 120 m pour les méthodes à vol d’oiseau et du réseau de drainage. Autrement dit, selon la méthode choisie, le nombre de propriétés qui se situent à moins de 10 m ou à moins de 120 m d’un cours d’eau à débit permanent pour tout le bassin versant est répertorié dans ce tableau.

Tableau 9 : Nombre de propriétés selon les longueurs du RPEP et les méthodes à vol d’oiseau, le réseau de drainage et les aires de protection fixées selon le RPEP

<10 m <120 m

Vol d’oiseau 21 57

Réseau de drainage 1 16

Aires de protection (RPEP) 0 8

Selon la méthode à vol d’oiseau, 21 propriétés sont associées à une distance de 10 m et moins d’un cours d’eau à débit permanent sur le territoire, et 57 dans une bande de terre de 120 m et moins. Le nombre de propriétés correspond à l’hypothèse selon laquelle la bande de terre de protection

tendance à minimiser les longueurs de cheminement comparativement à la méthode selon le réseau de drainage, il est cohérent d’observer un nombre plus élevé de sites d’émission potentielle (propriétés) près des cours d’eau principaux.

Pour ce qui est de la méthode des longueurs selon le réseau de drainage, une seule propriété sur tout le bassin versant est associée à une longueur de moins de 10 m entre la propriété pouvant émettre une contamination et un cours d’eau à débit permanent et 16 propriétés sont associées à une longueur de moins de 120 m d’un cours d’eau à débit permanent.

Pour la méthode des distances fixes (en terme de longueur de cours d’eau) qui définissent les aires de protection, le nombre de propriétés rencontré dans les aires de protection est faible. Effectivement, pour l’aire de protection immédiate avec une bande de terre de 10 m, celle-ci s’applique seulement sur les premiers 500 m en amont de la prise d’eau, tandis que pour l’aire intermédiaire, la bande de terre de 120 m doit être présente sur 10 km ainsi que sur les portions de tributaires à considérer. Les sections de cours d’eau fixes (500 m et 10 km) du RPEP, contrairement à l’application des aires de protection sur tout le réseau hydrographique, expliquent pourquoi peu de propriétés pouvant émettre des contaminations sont recensées dans ces deux catégories. Il est donc possible de conclure que si les aires de protection s’appliquaient sur l’entièreté du bassin versant, plus de propriétés à risque d’émission de contaminant devraient être considérées dans le développement d’une stratégie de protection de la source d’eau potable.