5.3 Deux observations de position
5.3.1 Méthode de Gauss
5.4 Méthode des débris virtuels (Virtual Debris) . . . . 68
5.4.1 Principe . . . . 68
5.4.2 Résultats publiés . . . . 69
5.5 Insuffisance des techniques existantes . . . . 70
5.5.1 Pour l’association initiale . . . . 70
5.5.2 Pour la Détermination d’Orbite Initiale (IOD) . . . . 71
5.1 Problématique de la Détermination d’Orbite Initiale
5.1 Problématique de la Détermination d’Orbite
Initiale
Le cycle Association-Estimation décrit dans la Section 4.3 est valable lors de la
mise-à-jour des pistes mais également lors de leur initialisation. Naturellement, il
est nécessaire d’accumuler des observations (étape d’association) avant de pouvoir
calculer une orbite (étape d’estimation). La Détermination d’Orbite Initiale (IOD)
est le premier calcul d’orbite, souvent effectué à partir d’un nombre d’observations
réduit. Quand davantage d’observations deviennent disponibles, on effectue un calcul
d’Orbite Définitive (Definitive Orbit, DO) pour raffiner la connaissance de l’orbite à
partir de l’Orbite Initiale (Initial Orbit, IO) et d’observations nouvellement acquises
[47, 29, 48].
Association
Accumulation du
nombre minimal
d’observations
pour l’IOD
Estimation
Détermination
d’orbite initiale
Association
Utilisation de
l’orbite initiale
et du modèle
dynamique
Premières observations Observations supplémentaires
Vers
Détermination d’OD
Figure 5.1 – L’IOD nécessite d’avoir associé un nombre suffisant d’observations. Les
autres observations ont été associées au préalable ou sont associées par la suite grâce à
l’orbite initiale et au modèle dynamique.
Les méthodes classiques d’IOD telles que la méthode de Gibbs et celle de
Herrick-Gibbs peuvent être utilisées pour calculer une orbite à partir de trois observations
de position issues d’un arc de trajectoire de longueur suffisante (capteur à large
emprise). Par opposition, les méthodes de résolution du problème de Lambert
1né-cessitent seulement deux observations de position qui peuvent être éloignées
spa-tialement et dans le temps. Dans les deux cas, la quantité recherchée et le vecteur
vitesse associé à l’une des positions connues.
Ces méthodes supposent alors :
– des observations correctement associées,
– un bruit d’observation faible ou nul.
On comprend alors que les méthodes d’IOD ne répondent pas au problème
d’as-sociation initiale et que les sorties de ces algorithmes peuvent être imprécises en
raison du bruit d’observation qui génère de la redondance entre deux observations
spatialement proches. L’IOD reste cependant une étape essentielle pour le pistage
d’objets spatiaux.
Dans ce qui suit, nous présentons deux méthodes d’IOD à partir de trois observations
Chapitre 5 : Détermination d’orbite préliminaire
de position ainsi que deux méthodes de résolution du problème de Lambert dont
une version permet de traiter le cas d’observations à une ou plusieurs révolutions
d’intervalle.
5.2 Trois observations de position
Les méthodes de Gibbs et de Herrick-Gibbs sont couramment utilisées pour l’IOD
[49]. Ces méthodes font l’hypothèse de trois observations de positionr
1,r
2etr
3,
co-planaires dans un référentiel ECI. Compte tenu du bruit d’observation, une certaine
erreur de coplanarité doit être admise. Les vecteurs sont supposés être également
relativement proches spatialement et temporellement, c’est-à-dire en général issues
d’une même traversée d’un objet dans le FOR du capteur. Le bruit d’observation
pouvant être important avec notre capteur, la précision de l’orbite initiale obtenue
est fortement dégradée, et ce d’autant plus que la proximité spatiale des observations
bruitées implique une perte d’information (redondance).
r
1r
2r
3Figure 5.2 – Trois observations de position datées permettent le calcul d’une orbite
initiale. La précision de cette orbite dépend de la configuration du triplet d’observations
(distances relatives, bruit d’observation,etc.).
5.2.1 Méthode de Gibbs
La méthode de Gibbs est une méthode purement géométrique inspirée de la méthode
de Gauss (non-détaillée dans ce document, cf. [24]) pour l’IOD à partir de trois
lignes de visées (deux angles sans mesure de distance obtenues en général par des
observations au télescope). L’objectif de cette méthode est le calcul d’un
vecteur-vitesse v associé à un vecteur-position r. Le couple position-vitesse (r,v) obtenu
permet de remonter aux éléments orbitaux grâce au formulaire de l’Annexe C.
Les trois vecteurs position r
1, r
2et r
3sont supposés coplanaires, avec une certaine
tolérance compte tenu du bruit d’observation. La première loi de Kepler permet de
déduire l’expression d’un vecteur-vitesse associé à un vecteur-position :
5.2 Trois observations de position
v=±
r µ
N D
S+D∧r
r
(5.1)
où les trois vecteurs N, D et S (de normes N,D etS, respectivement) sont définis
tels que :
N = r
3r
1∧r
2+r
1r
2∧r
3+r
2r
3∧r
1D = r
1∧r
2+r
2∧r
3+r
3∧r
1(5.2)
S = (r2−r3)r
1+ (r3−r1)r
2+ (r1−r2)r
3Ce résultat impose que les observations soient séquentielles, c’est-à-dire que l’on
connaît leur ordre temporel (même si l’on n’utilise pas directement leurs dates).
L’ambiguïté sur le signe dev se résout alors trivialement.
On retrouve alors les valeurs des paramètres orbitaux képlériens classiques par le
formulaire (C.1)-(C.6). Accessoirement, le vecteur excentricitée (vecteur de norme
e qui pointe vers le périgée) est directement accessible pare =
SSD∧N.
La méthode de Gibbs étant purement géométrique, elle est préférée quand les trois
observations sont réparties sur un arc relativement grand, car des angles trop faibles
entre les vecteurs-position conduisent à des produits vectoriels quasi-nuls et sujets
aux erreurs numériques. Dans la littérature [22], on évoque une limite empirique de
1˚en termes d’angle minimal entre les vecteurs d’observation (cela est également
conditionné par la précision des mesures).
Par ailleurs, la coplanarité des vecteurs-position utilisés peut se mesurer par un angle
α
coplanairedéfini par l’équation (5.3), auquel on impose en général d’être inférieur à
3˚pour la pertinence du résultat.
α
coplanaire= 90˚−arccos r
2∧r
3.r
1kr
2∧r
3kkr
1k (5.3)
5.2.2 Méthode de Herrick-Gibbs
À l’instar de la méthode de Gibbs, la méthode de Herrick-Gibbs permet de calculer
le vecteur-vitesse v
2à partir de trois positions datées {(t
1,r
1),(t
2,r
2),(t
3,r
3)} avec
t
1< t
2< t
3. Cette méthode repose sur un principe analytique : elle fait appel à un
développement limité de vecteurs position r(t) fonction du temps, ce qui implique
des observations rapprochées dans le temps dans la mesure où le bruit d’observation
le permet.
En partant d’un développement en série de Taylor du vecteur-positionr(t) de l’objet
considéré autour de t
2à l’ordre 4, évalué en r
1et en r
3, on aboutit au système
d’équations (5.4)-(5.5).
r
1=r
2+r
02∆t
12+ 1
2r
00 2∆t
212+ 1
3!r
(3) 2∆t
312+ 1
4!r
(4) 2∆t
412+o(∆t
412) (5.4)
r
3=r
2+r
02∆t
32+ 1
2r
00 2∆t
232+ 1
3!r
(3) 2∆t
332+ 1
4!r
(4) 2∆t
432+o(∆t
432) (5.5)
Chapitre 5 : Détermination d’orbite préliminaire
avec ∆t
12= t
1−t
2et ∆t
32= t
3−t
2. En manipulant ces équations et en utilisant
l’équation du problème à deux corpsr
00=−
rµ3r, on peut démontrer quev
2s’exprime
tel que :
v
2=r
02=α r
1+β r
2+γ r
3(5.6)
oùα, β etγ sont fonction de ∆t
12, ∆t
13, ∆t
23et deµ :
α = −∆t
321
∆t
21∆t
31+
µ
12r
3 1!
(5.7)
β = (∆t
32−∆t
21) 1
∆t
21∆t
32+
µ
12r
3 2!
(5.8)
γ = ∆t
211
∆t32∆t31 +
µ
12r
3 3!
(5.9)
À partir du couple {r
2,v
2}, on peut calculer les paramètres orbitaux képlériens
classiques d’après le formulaire (C.1)-(C.6).
L’utilisation de développements limités autour de t
2implique des observations très
rapprochées dans le temps pour que l’approximation négligeant les termes o(∆t
412)
eto(∆t
432
) soit valable. La méthode de Herrick-Gibbs est donc complémentaire dans
sont domaine d’application à la méthode de Gibbs. Dans [24], des études de cas
démontrent que la méthode de Gibbs est plus précise quand les vecteurs-position
forment des angles supérieurs à 5˚tandis que la méthode de Herrick-Gibbs est plus
précise quand ces mêmes angles sont inférieurs à 1˚. Pour des écarts angulaires
compris entre 1˚et 5˚, ces deux méthodes montrent des performances comparables.
5.3 Deux observations de position
On appelle le “problème de Lambert” le problème de déterminer une orbite reliant
une position initiale r
0à une position finale r
1en un temps ∆t. Résoudre ce
pro-blème nécessite de faire des hypothèses supplémentaires. En effet, deux positions
peuvent être reliées par une infinité d’orbites képlériennes et un nombre de
révolu-tions maximal entre les deux posirévolu-tions doit être fixé.
La méthode de Gauss [50] est une méthode de résolution classique. Elle consiste à
déterminer de manière numérique (itérations) un rapport d’airesydont on déduit le
vecteur vitessev
0associé à la position initialer
0. Pour le cas où plusieurs révolutions
sont possibles entre les deux positions, la méthode de Battin est une des méthodes
les plus courantes. D’autres méthodes visant à s’affranchir des contraintes liées à
la méthode de Gauss (notamment la condition de non-colinéarité) existent (par
exemple, la méthode de Thorne [51]) mais ne sont pas décrites dans ce document car
elles conservent les mêmes lacunes que les méthodes classiques pour notre problème
particulier, c’est-à-dire que le bruit de mesure n’est pas pris en compte et que le
coût de calcul n’est pas allégé.
5.3 Deux observations de position
r
1r
0∆ν
Figure 5.3 – La résolution du problème de Lambert pour l’IOD consiste à déterminer
une orbite reliant deux positions en un temps donné. En général, plusieurs solutions sont
possibles en particulier quand on admet que l’objet a pu effectuer plusieurs révolutions.
Dans le cas où l’objet effectue moins d’une révolution, on peut trouver deux solutions (sauf
cas particulier où les vecteurs-position sont colinéaires).
5.3.1 Méthode de Gauss
La méthode de Gauss pour résoudre le problème de Lambert s’appuie sur une
expres-sion du semi-paramètre p(avec les paramètres képlériens présentés au Chapitre 3 :
p =a(1−e
2)), fonction de l’angle formé par r
0et r
1, les normes de ces deux
vec-teurs ainsi que sur la différence d’anomalie excentrique ∆E. La connaissance du
semi-paramètrep permet de remonter aux vitesses associées à r
0etr
1. Tout le
pro-blème revient donc à la résolution de cette équations, dont les inconnues sont p et
∆E :
p= 2r
0r
1sin
2
(∆ν/2)
r
0+r
1−2√
r
0r
1cos(∆ν/2) cos(∆E/2) (5.10)
Des techniques plus ou moins classiques sont disponibles pour résoudre cette
équa-tion. Dans [24], le rapportyde l’aire balayée par le vecteur-position entrer
0etr
1et
de l’aire du triangle formé par ces deux mêmes vecteurs est utilisé. Une expression
de ce rapport peut se déduire de la loi des aires :
y=
√
µp∆t
r
0r
1sin ∆ν (5.11)
En y injectant l’expression (5.10), on obtient :
y
2= µ∆t
2
cos
−2(∆ν/2)
2r
0r
1r
0+r
1−2√
r
0r
1cos(∆ν/2) cos(∆E/2) (5.12)
où nous rappelons que ∆E désigne la différence des anomalies excentriques (cf.
Chapitre 3). L’équation (5.12) peut alors s’écrire sous une forme plus classique :
y
2= m
l+x
1, avec
l =
r0+r1 4√r0r1cos(∆ν/2)−
1 2m =
µ∆t2 (2√r0r1cos(∆ν/2))3x
1= sin
2(∆E/4)
(5.13)
Chapitre 5 : Détermination d’orbite préliminaire
Dans [50], il est démontré l’utilité d’une quantité x
2particulière, qui admet un
développement en série entière de x
1pour ∆ν <90˚ :
x
2= ∆E−sin ∆E
sin
3(∆E/2) =
4
3 1 +
6 x
1
Dans le document
Catalogage de petits débris spatiaux en orbite basse par observations radars isolées
(Page 86-92)