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Chapitre 3. Concepts retenus et champs disciplinaires infirmiers

3.1 Définition des concepts

3.1.4 La méditation

Selon Midal, (2014), la méditation est un exercice qui consiste à porter son attention d’instant en instant, dans le présent vivant, cela sans conceptualiser ou émettre d’attente. Il s’agit de s’ouvrir au présent et de l’accueillir tel qu’il est sans jugement.

Dans la tradition bouddhique, il s’agit de prendre soin des expériences ou des phénomènes par l’attention. Lorsque l’attention est portée sur le présent, les événements sont pris en compte et recueillis. Par exemple, si l’attention est portée sur un récit de quelqu’un, les paroles sont abritées dans l’écoute ; on prend soin de ce qui est dit. A l’inverse, l’inattention ne permet pas aux propos de se déposer dans l’écoute, ils sont donc vite oubliés. (Midal, 2014). « Méditer, c’est se disposer de telle sorte que nous trouvons la juste manière d’être par le soin que porte l’attention juste. » (Midal, 2014).

« Être présent » se traduit par tourner son attention dans le présent actuel pour ne plus vivre dans sa tête. (Midal, 2014).

La méditation connue actuellement en occident vient d’orient et plus particulièrement du bouddhisme. Cela ne signifie pas que dans d’autres cultures, d’autres formes de méditation n’ont pas existé, mais c’est ainsi que l’occident découvre sa pratique. (Midal, 2014).

Les étudiantes ont décidé de mettre en lien le cancer avec quelques préceptes bouddhistes car c’est de là que la méditation connue en occident tire ses racines.

« Pratiquer le bouddhisme, c’est tourner son regard vers l’intérieur et chercher des solutions non pas en dehors de nous, comme on y est habitués depuis notre enfance, mais en nous, dans la « nature de l’esprit ». (Chassériau, 2005).

Les quatre vérités de Bouddha décrit par Chassériau (2005) a) Le samsara ou la misère de la condition humaine.

« La souffrance invisible, c’est la souffrance latente, qui est omniprésente tant que nous sommes sous l’emprise de l’ignorance, de l’attachement au moi et d’une perception erronée de la réalité. » (Chassériau, 2005).

Dukkha est un terme sanscrit qui englobe la douleur ressentie de façon aiguë, les états de frustrations, d’insatisfactions ou d’ennui. Il comprend également ceux dont nous ne sommes pas conscients. Dans le bouddhisme, la souffrance peut être traduite au sens plus large du terme par le « non-bonheur ». (Chassériau, 2005).

Comme expliqué dans le chapitre précédent, le diagnostic de cancer va engendrer un état d’insatisfaction entre le moi voulu et le moi réel qui, si nous le mettons en lien avec cette philosophie engendre le non-bonheur et crée une souffrance.

b) Le diagnostic : les origines de la souffrance

Dans le bouddhisme, la souffrance humaine revient à vivre dans l’ignorance, l’illusion ou dans l’incapacité des voir les choses et les êtres tel qu’ils sont, à commencer par soi. (Chassériau, 2005)

« Ce ne sont pas les choses ou les évènements en eux-mêmes qui nous font souffrir mais la vue fausse que nous en avons. » (Chassériau, 2005) L’ignorance engendre l’avidité et donc l’insatisfaction. Nous pensons « Si j’avais … je serai plus heureux ». Tant que le désir ne cesse pas, l’insatisfaction persiste, nous empêchant de jouir de ce que nous avons ici et maintenant. (Chassériau, 2005)

Selon Chassériau (2005), trois formes de désirs :

i. Satisfaction des sens : sexe, nourriture, boissons et autres plaisirs lié au corps.

ii. Désir d’existence : affirmation de notre identité illusoire, de l’ego. iii. Désir de non-existence : il revient à faire abstraction de tous les

éléments qui déplaisent, dérangent ou obligent à la remise en question. Il apparaît dans les cas de dépression, les attitudes de renoncements ou le défaitisme.

Selon la vision des étudiantes, une femme malade pourra inconsciemment être esclave de sa souffrance tant qu’elle restera dans ce désir de non-existence. Ce qui selon elles reviendrait à ne pas accepter sa maladie et l’empêcherait donc de trouver un sens à son existence et pourrait l’amener à des états dépressifs.

c) La bonne nouvelle : nous pouvons guérir de la souffrance Quatre attitudes sont possibles face à la douleur :

i. L’ignorance ou la fuite : en essayant de rechercher le plaisir, en accumulant des biens matériels ou en ayant recours à la consommation de substances plus ou moins nocives (alcool, tabac, drogues, tranquillisants).

ii. S’y résigner : être fataliste et se dire que de toute façon l’on n’y peut rien.

iii. Essayer de la camoufler : en essayant de lui donner un sens rédempteur « si je souffre, c’est pour mon bien ».

iv. La reconnaître et l’accepter : en chercher les origines et agir sur celles-ci pour s’en libérer. C’est l’attitude préconisée par Bouddha qui soutient que la maladie n’est pas incurable, la souffrance inhérente à la misère de la condition humaine n’est pas une malédiction inéluctable.

d) La thérapie : la voie de la délivrance

Selon Chassériau (2005), si on veut guérir d’une maladie, il ne faut pas s’attaquer aux symptômes mais aux causes qui provoquent la souffrance. Le Bouddha a déterminé un programme d’action en huit points (qui ne seront pas développé dans ce travail) qui permettra aux pratiquants de transformer leur état d’esprit en balayant les causes de la souffrance dans le but de parvenir à l’éveil. Ces huit points : la vue juste, l’intention juste, la parole juste, l’action juste, les moyens d’existences justes, l’effort juste, l’attention juste et la

concertation juste ont tous en commun l’idée de conscientiser plus les actions et de les évaluer afin d’agir toujours de la meilleure de manière.

Cette vérité-là est plus difficile à mettre en lien dans le cas de maladie comme le cancer car si l’on part d’un monde idéal, la cause de la souffrance serait la maladie venant provoquer ce déséquilibre et créer des difficultés et du stress. Avec un autre point de vue, le cancer peut également être appréhendé comme un symptôme d’une problématique plus profonde qui s’exprime ainsi. Ce que les étudiantes soutiennent dans les deux cas, c’est qu’en étant plus conscient des événements internes et externes, il sera plus facile de leurs donner du sens et d’y faire face.

Notre époque connaît un déficit structurel d’attention ; toujours à se projeter et anticiper le futur ce qui entraîne stress, dépression, hyperactivité et angoisse chronique. Méditer exercerait l’esprit à se centrer plus sur le présent et à lâcher prise. (Midal, 2014).

La psychologie comme la méditation permet d’explorer l’esprit humain avec ses peurs, angoisses et émotions dans une attitude de non-jugement.

La thérapie cognitivo-comportementale cherche à explorer chez les patientes leurs émotions ou leurs sentiments refoulés (notamment la dépression), ainsi que ce qui se passe au niveau mental. La mindfluness-based cognitive therapy (MBCT) est une thérapie qui définit l’état dépressif comme des ruminations incessantes qui sont dues au déni de divers états émotionnels douloureux et la mise en place de stratégies de coping d’évitement pour fuir la situation. Ces stratégies de coping d’évitement étant inefficaces mènent à

l’épuisement et renvoient un sentiment d’échec. L’intérêt manifesté pour la méditation par les psychologues résulte du fait que son exercice permet de mettre fin au processus de rumination. Leur avis est qu’au lieu de fuir ces émotions, il faut réussir à y faire face et à la dominer. La méditation et la psychologie s’accordent sur le fait de ne pas critiquer nos ressentis d’après les normes sociales ou morales en se basant sur notre système de croyance, mais de les analyser tel qu’ils sont en prenant soin de soi dans un but de soulagement. (Midal, 2014).

La méditation amène les pratiquants à confronter leurs zones d’ombres mais, leurs donne également l’opportunité de prendre conscience de divers éléments, comme par exemple leurs émotions, leurs sensations corporelles et les évènements de la vie quotidienne. La méditation est un travail sur la réalité. « Elle n’est pas un médicament visant à fabriquer artificiellement des états de conscience déconnecté de toute vérité. Elle ne guérit pas du réel mais elle apprend à se lier plus sainement à lui ». (Midal, 2014).

C’est un judicieux examen de l’esprit humain. Lorsque que le pratiquant médite, se pose dans le moment présent, il se permet de clarifier son esprit et est plus disposé à discerner l’origine de ses pensées, sensations, émotions et de comprendre sa psyché. Cela lui apprend à se relier à son soi profond, à se connaître réellement. (Midal, 2014).

La méditation n’est pas un moyen de se déconnecter de la douleur ou du chaos mais permet de s’y relier avec courage, présence et non-jugement. Elle

permet d’entrer en relation avec sa propre vie en se mettant en contact avec ce que Bergson nomme « la vie intérieure ». (Midal, 2014).

Elle permet d’élargir la vision des choses, en ôtant divers filtres obtenus par l’expérience de vie qui peuvent nous empêcher d’être. Cette pratique spirituelle permet d’affronter la souffrance avec courage pour la reconnaître, la comprendre et trouver des moyens pour y faire face et l’accepter telle qu’elle est. Par cette pratique la personne se trouve dans le coping centré sur le problème. (Midal, 2014).

« Nous sommes nés avec un organe incroyable appelé esprit, qui peut être au diapason avec le paradis, l’enfer et tout ce qu’il y a entre deux, mais personne ne nous donne jamais le mode d’emploi en indiquant comment l’utiliser ou quoi faire avec. La méditation offre un moyen de regarder de façon active la nature de l’activité de cet esprit ».

(Welwood, 2003, dans Midal 2014, p.17) Pour faire le lien des concepts, avec la pratique infirmière, le cadre théorique infirmier va être expliqué ci-dessous à l’aide d’une théorie de soins. Ceci afin de comprendre que cette thématique peut s’inscrire dans la pratique infirmière.

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