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Le mécanisme de Rodwell et Hoskins

Rodwell and Hoskins (1996) ont réalisé des simulations à l’aide d’un modèle simple de façon à expliquer les zones de subsidence observées au sud-est de la mer d’Aral et sur l’est de la Méditerranée (Fig. 4.1 a). Une subsidence limite le développement de systèmes convectifs et pourrait donc expliquer le climat désertique de ces régions (Eshel and Farrell2004). Ces auteurs rejettent l’influence d’une cellule de Hadley locale sur ces zones désertiques, la branche descen- dante de la circulation de Hadley en été étant positionnée dans l’hémisphère sud. Ils proposent un mécanisme reliant la forte convection en Inde en été avec ces zones de subsidence.

Rodwell and Hoskins (1996) ont calculé les termes principaux de l’équation de la thermo- dynamique à partir de réanalyses et montrent que dans les régions d’ascendance tropicales, le

   

FIGURE4.1: Figure provenant de Hoskins et al. (1999) et adaptée à l’origine de Rodwell and Hoskins

(1996). Vitesse verticale à 477 hPa, ω, (a) des réanalyses ECMWF moyennée de juin à août, (b) du 16ème jour de la simulation de Rodwell and Hoskins (1996) forcée par le flux de chaleur latente, (c), pareil que (b) mais en empêchant le refroidissement adiabatique sur la région méditerranéenne/nord-africaine. Les contours sont de 0.5 hPa.

de subsidence subtropicales, le chauffage adiabatique est contrebalancé par le refroidissement radiatif et surtout par le terme d’advection horizontale de la température, celui-ci étant essentiel à la localisation des zones désertiques.

une zone de subsidence à l’ouest par propagation d’ondes de Rossby, Rodwell and Hoskins (1996) ont imposé un chauffage diabatique représentatif de l’important flux de chaleur latente produit sur la zone de la mousson asiatique à l’aide de leur modèle simple. Ce seul forçage per- met d’obtenir une représentation fidèle des zones de subsidence sur le sud-est de la mer d’Aral et l’est de la Méditerranée (Fig. 4.1 b). Une série d’expériences sans orographie utilisant un processus de linéarisation (Hoskins and Rodwell, 1995) et imposant un chauffage diabatique centré sur l’Inde autour de 25◦N montre que la mousson asiatique engendre une subsidence à l’ouest associée à une structure dite de Rossby "pure". Les expériences non-linéaires montrent que la structure thermale engendrée par le mode de Rossby interagit avec la partie sud du jet d’ouest, ce qui renforce la subsidence. Cependant, la localisation exacte des zones de subsi- dence n’est obtenue qu’en incluant l’orographie dans ces simulations, le rôle de l’Atlas étant particulièrement déterminant. Rodwell and Hoskins (1996, 2001) ont aussi démontré que la subsidence adiabatique engendrée par la propagation d’onde de Rossby seule est renforcée par un refroidissement radiatif local, comme le démontre l’expérience présentée sur la Fig. 4.1 c (pas de refroidissement diabiatique imposé autour de la Méditerranée).

Rodwell and Hoskins (1996) discute l’importance de ce mécanisme pour expliquer l’ex- istence de ces zones désertiques subtropicales. Cependant ceci n’explique pas la présence du Sahara ouest et du désert d’Arabie qui sont régis par d’autres mécanismes. D’autres études ont analysé cette téléconnection entre l’Inde et l’est de la Méditerranée à plusieurs échelles de temps. Ziv et al. (2004) ont mis en évidence une corrélation significative entre l’est de la Méditerranée et la mousson asiatique à l’échelle synoptique. Raicich et al. (2003) a étudié la relation entre les moussons indienne et africaine et montre que leurs variations à l’échelle in- terannuelle sont corrélées avec les distributions de pression de surface autour de l’est de la Méditerranée. Janicot et al. (2009) suggère qu’un lien entre la mousson indienne et le Sahel serait aussi important à l’échelle intrasaisonnière. Par ailleurs, Chatfield et al. (2004) ont mis en évidence l’apport de la pollution en ozone troposphérique de l’Inde sur le continent africain par l’anticyclone d’altitude de la mousson asiatique. De manière encore plus intéressante pour notre étude, l’évolution concomitante des zones désertiques de l’est de la Méditerranée et de l’inten-

des évènements humides retracés sur les derniers 140000 ans sont corrélés avec les périodes de minimum d’insolation de l’hémisphère nord, qui correspondent à des périodes de faible inten- sité de mousson asiatique.

Webster et al. (1998) évoque aussi cette relation entre l’est de la Méditerranée et la mous- son indienne, la qualifiant de "mousson transverse". Cette étude représente la divergence des vents associée à la mousson en trois circulations : la mousson latérale, de l’Asie à l’Océan In- dien sud, la mousson transverse, de l’Asie à l’est de la Méditerranée, et la mousson de Walker, de l’Asie au Pacifique est. Selon les auteurs, les forts gradients de flux de chaleur latente et de forçage radiatif maintiennent ces circulations (la mousson transverse représentant les plus forts gradients). Chou and Neelin (2003) ont généralisé le concept développé par Rodwell et Hoskins pour tenir compte de l’interaction entre la zone convective et la zone de subsidence. Ce mécanisme de Rodwell et Hoskins interactif est un des mécanismes qu’ils ont considéré pour étudier les facteurs limitant l’extension vers le nord des systèmes de mousson. Wu et al. (2009) a aussi complété la compréhension de la formation et de l’interaction entre les zones humides à l’est des continents et les zones arides à l’ouest de continents, en invoquant l’effet combiné de plusieurs forçages, la distribution des océans et des continents, l’effet de brise de mer locale sur les côtes, l’orographie locale et la rétroaction positive entre le forçage diabatique et la généra- tion de vorticité dans les basses couches.