En 1991 est votée la loi sur les collectivités locales, visant à augmenter l’influence des jeunes au niveau local. Ici encore, il s’agit de donner la chance aux citoyens qui font le choix de ne pas soutenir activement un parti politique de pouvoir tout de même se prononcer sur le contenu et la mise en œuvre des actions menées par la commune. La loi prévoit que les
décisions prises par les divers comités des communes doivent faire l’objet de concertation avec leurs usagers. Selon le Rapport national sur la politique jeu- nesse, de nombreux conseils d’usagers ont été mis en place dans les communes, ces conseils pouvant regrouper des jeunes, y compris des mineurs. L’autorité locale doit adapter l’âge des participants aux sujets traités. Cette loi a fait l’objet d’un aménagement en 1994 qui précise que l’autorité locale peut laisser à un organe de participation la gestion totale ou partielle
PRATIQUES/ANALYSES
117/ On their Terms : a Youth Policy for
Democracy, Justice and Belief in the Future, Swedish Government bill,
Stockholm (Suède), 1999.
118/ La proposition de loi a été approuvée par le
riksdag (parlement suédois) en 1999.
119/ Source : SCB (Office national de la statistique), rapport sur les conditions de vie. 120/ Source : SCB, enquêtes sur les taux de
d’un établissement. Cette possibilité est ouverte aux mineurs sans limite d’âge inférieure. Selon le Bureau national, dans le cadre de cet aménagement, des autorités locales ont pu confier à des jeunes, pour certains mineurs, la gestion d’un centre de jeunesse.
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Du forum de jeunes au conseil de jeunes
Les structures de participation des jeunes en Suède revêtent des formes différentes. Comme le souligne Frank Per-Uno, « il y a autant de formes de participation des jeunes que de communes en Suède ». Cette diversité est perçue de manière tout à fait positive et révèle même la pertinence de l’usage de tels organes au niveau local.
On peut toutefois distinguer au sein de cette diversité deux grands types de structures : les conseils de jeunes et les forums de jeunes. Pour ces deux formes, les jeunes mobilisés ont entre 12 et 25 ans, dont une majorité sont des lycéens. Le travail du conseil est organisé par un noyau de membres actifs qui constituent le comité exécutif. L’ensemble des membres se répartit en divers groupes de travail.
Les conseils de jeunes sont le plus souvent créés sur l’initiative de membres du conseil muni- cipal. Dans la plupart des communes, un membre de l’administration du secteur de la jeu- nesse est préposé au suivi du conseil de jeunes. Il est alors chargé de la gestion du travail du conseil et de l’échange d’idées entre le conseil de jeunes et le conseil municipal.
Le forum de jeunes revêt un aspect plus informel quant à son fonctionnement. Le groupe est composé de membres volontaires, à la demande des élus locaux qui souhaitent travailler avec les jeunes sur des aspects de la politique communale les concernant. Dans ce cas, l’autorité locale est confrontée au problème du recrutement des membres. Dans la pratique, la distinc- tion entre conseils et forums n’est jamais aussi tranchée et les forums peuvent déboucher sur la création de conseils de jeunes, comme c’est le cas à Kristinehamn121.
À Kristinehamn, les élus locaux tentent de créer un forum de jeunes depuis quelques années. Des membres des partis politiques de jeunesse ont tout d’abord été mobilisés. Mais, selon Mats Ohman, élu municipal, les discussions du groupe étaient essentiellement centrées sur des questions de politique partisane, ce qui ne correspondait pas aux souhaits du conseil municipal. Il a donc été décidé de recruter des membres en leur proposant de participer à un cycle de rencontres interculturelles européennes. Ainsi, dix jeunes, de 16 à 18 ans et issus d’écoles et de milieux sociaux différents, ont été mobilisés. Depuis 2000, ils ont participé à des rencontres avec des groupes de jeunes de différents pays européens, comme l’Italie et l’Écosse. D’autres séminaires sont en projet en Estonie et en Espagne. Il s’agit de découvrir comment se déclinent les modes de participation dans le reste de l’Europe.
Pour le moment, c’est autour de ces rencontres que se construit le forum, mais l’autorité locale va mettre à sa disposition, dès la rentrée prochaine, une personne qui sera chargée de le suivre. Cette personne s’occupera de toutes les questions de jeunesse, un poste qui n’exis- tait pas encore au sein de la municipalité. Le forum de jeunes marque donc un tournant impor- tant. Selon Mats Ohman, le plus jeune membre du conseil municipal, c’est l’aboutissement d’un travail de reconnaissance de la place à accorder à la jeunesse dans la politique locale. Le forum et l’autorité locale vont donc travailler prochainement pour définir de manière plus pré- cise le mandat et les objectifs du forum de jeunes.
Le forum peut également prendre la forme de groupes informels de réflexion avant de se constituer. C’est le cas dans la ville de Järfälla, ville de taille moyenne au sud de Stockholm. Le conseil municipal a proposé aux jeunes de la ville de travailler ponctuellement sur les thèmes suivants : démocratie, éducation, lieux de rencontres, environnement, conditions de vie des jeunes. L’objectif était de mieux connaître les attentes des jeunes sur ces thèmes et d’orienter la politique municipale. L’expérience ayant été concluante, les jeunes ont exprimé le souhait de continuer à être impliqués.
121/ Ville moyenne de 25 000 habitants située à environ 250 km au nord-ouest de Stockholm.
Un forum maintenant les groupes de travail a été constitué. Les jeunes s’engagent sur un pro- jet particulier et sont répartis en quatre groupes de travail qui ont été identifiés comme prio- ritaires. Les thèmes initiaux ont été conservés et un groupe « intégration » a remplacé les groupes « environnement » et « conditions de vie des jeunes ».
Le mode de recrutement du forum a également été modifié de manière à intégrer les établis- sements scolaires. Dès lors, la structure s’est transformée en conseil de jeunes. Depuis 2002, l’élection du forum se fait de manière pyramidale. Les élèves de la ville dans la tranche d’âge des 13-18 ans élisent les conseils d’élèves. Ces derniers élisent à leur tour les membres du conseil de jeunes de la ville. Il n’est pas exclu que les conseils d’élèves élisent des individus qui ne sont pas eux-mêmes membres d’un conseil d’élèves, mais cela reste l’exception. Il s’agit d’assurer une continuité entre l’école, considérée comme le premier lieu de démocrati- sation des jeunes, et la collectivité locale qui assure en complément une sensibilisation à la démarche de participation des jeunes. Toutefois, le conseil garde son indépendance par rap- port à l’école en réservant un quota de places attribuées à des jeunes de la ville hors critères scolaires. Ces places assurent aussi une représentation des jeunes un peu plus âgés, pouvant avoir de 18 à 25 ans.
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