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Les conseils de jeunes isolés dans le contexte national

Master forum cherche à favoriser la participation des jeunes à partir du territoire local. Le Conseil national de la jeunesse de Roumanie, au contraire, veut d’abord promouvoir la

participation à partir du niveau national, puis établir des correspondants aux niveaux départe- mental et local. Cette démarche est critiquée par beaucoup d’acteurs locaux qui ne se sentent pas représentés par le Conseil national. Les membres des conseils de jeunes rencontrés ne connaissent pas l’existence de ce conseil, et celui-ci connaît assez mal le réseau des conseils locaux de jeunes.

Pendant son processus de création, le Conseil national avait essayé d’intégrer les ONG locales de jeunesse. Le premier Conseil national, créé en 1998, comportait deux collèges, l’un local et l’autre national. Le maintien des deux n’a pas été possible, ce qui a entraîné la disparition du collège local. Selon Iulian Dascalu, président du Conseil national, les acteurs locaux n’ont pas encore les capacités et le recul pour influencer la politique de jeunesse au niveau natio- nal. Il considère que les structures de participation des jeunes à la vie publique locale, dans leur forme actuelle, sont un élément de décor dans le jeu démocratique et ne sont pas pris au sérieux. Pour être de véritables structures de représentation des jeunes, les conseils devraient être consultés par les autorités locales et ils devraient faire l’objet d’un plus grand intérêt. Il semble que la participation ne soit conçue ici qu’étant liée à la consultation.

Il n’y a pas de lien direct entre les structures de participation au niveau local et les autorités centrales. D’après Ion Olteanu, le rôle de l’autorité centrale n’est pas de travailler avec les structures locales, mais de créer leur cadre de fonctionnement. D’ailleurs, il considère qu’il ne doit pas y avoir de loi nationale qui oblige la création de conseils locaux. En effet, dit-il, « si on crée des conseils partout, il y a des risques de revenir à la situation d’avant la révolution où tout le monde était obligé de participer. C’est le piège de l’institutionnalisation. Pour créer un conseil, il faut préparer les acteurs locaux, jeunes et adultes ».

L’autorité nationale pour la jeunesse soutient les jeunes notamment au travers des ONG de jeu- nesse. Le partenariat entre l’autorité nationale et les ONG s’établit au gré des projets. Le gou- vernement aide principalement les structures qui ont une personnalité juridique, et très rarement les jeunes hors d’une structure organisée. Le gouvernement a ainsi soutenu le projet Pal tin et l’association Master forum était l’un de ses interlocuteurs avant la réforme de 2003.

Des liens à consolider avec les autres acteurs locaux

Master forum cherche à inscrire les conseils de jeunes dans le tissu social. Comme le rappelle Sinziana Olteanu, les conseils ont tout de même une vocation communautaire car ils font par- tie du paysage des ONG. Master forum recommande aux conseils de rejoindre les forums locaux ou régionaux des associations. Cela leur permet de découvrir ce que font les autres ONG et leur donne de la visibilité au sein de la région.

Les conseils de jeunes ont une position particulière à l’intérieur de la société civile. D’un côté, leurs membres sont privilégiés car le conseil de jeunes leur offre la possibilité de prendre des responsabilités au sein de la société civile, ce que ne leur permettent pas les ONG. Mais d’un autre côté, leur participation à un conseil de jeunes ne constitue pas une participation réelle- ment autonome car ils dépendent du bon vouloir de la municipalité. Il faut donc qu’ils ob- tiennent le soutien des institutions et d’autres structures plus solides. La plupart des ONG en Roumanie ne s’intéressent pas au reste du mouvement associatif et ne cherchent pas à faire partie de réseaux. L’autorité locale de Baia Mare par exemple organise chaque année un forum des ONG de la région et a établi un répertoire des ONG de jeunesse. Selon Natalia Marc, coordinatrice du conseil, le conseil de jeunes est comparable à une ONG par sa façon de travailler et par ses objectifs (il s’agit dans les deux cas de proposer des solutions aux problèmes rencontrés dans la société), mais leur composition diffère (le conseil de jeunes est composé de membres élus, alors que l’ONG se fonde sur le libre engagement de ses membres).

De son côté, le gouvernement a aussi tenté de favoriser le dialogue entre les ONG de jeunesse et les autorités locales. Comme le souligne Mario Ruse, ancien secrétaire d’État à la jeunesse,

membre de la Chambre des députés, il est insuffisant d’établir une consultation au niveau de l’État central. Il faut aussi faire descendre cette consultation à l’échelle de chaque comté et de chaque ville et village. La participation des jeunes au niveau local devrait faire l’objet de régu- lation par les autorités locales. La Chambre des députés a élaboré un projet de loi qui prévoit que chaque autorité locale aura l’obligation d’établir une commission de la jeunesse et de mettre à leur disposition des fonds spéciaux pour les activités de jeunesse. Ces fonds servi- raient à financer les meilleurs projets au niveau local, en tenant compte bien sûr de toutes les spécificités locales. Ce projet de loi n’a pas encore été approuvé.

Par ailleurs, afin d’établir des partenariats entre les ONG de jeunesse et les autorités locales, le gouvernement a créé en 2000 des centres de jeunesse financés par l’État central et qui peuvent également financer les ONG locales. Ce dispositif a été mis en place dans près de quinze comtés au cours des années 2001 et 2002. Selon Mario Ruse, pour promouvoir la participation des jeunes, l’accent doit être mis sur le niveau local. Il considère que le gouvernement devrait moti- ver ou peut-être même obliger légalement les autorités locales à reconnaître le potentiel local de la jeunesse et à l’utiliser. Les municipalités devraient soutenir financièrement les projets des jeunes, travailler avec les jeunes et les intégrer au processus de prise de décision.

Afin de consolider les liens entre les conseils de jeunes, Master forum souhaiterait créer une fédération des conseils de jeunes. Pour le moment, l’association n’a pas les moyens finan- ciers de mener à bien ce projet. Les conseils de jeunes ont l’occasion de se réunir lors de la rencontre annuelle des conseils de jeunes. À ce forum sont invités non seulement les conseils de jeunes de Roumanie mais aussi les partenaires étrangers de Master forum. Suite à cette rencontre, certains conseils continuent à entretenir des relations régulières entre eux.

PERSONNES INTERROGÉES

Cristian ANGHEL: maire de Baia Mare.

Cristian COJOCARUet Maddalina TOMESCU: Autorité nationale pour la jeunesse.

Iulian DASCALU: président du Consiliul tineretului din Romania (Conseil national de jeunesse de Roumanie).

Marius DONTU: membre du Consiliul tineretului din Romania.

Daniela HARSAN: représentante des scouts de Roumanie au sein du Consiliul tineretului din

Romania.

Daniela HINCU: professeur d’économie à l’université de Bucarest, effectue une recherche sur

le thème : « Les jeunes et la prise de décision ».

Natalia MARC: coordinatrice du conseil de jeunes et du conseil d’enfants de Baia Mare. Oana MATEI: membre de l’association Master forum

Membres du conseil de jeunes et du conseil d’enfants de Baia Mare

Ion OLTEANU: président de l’association Master forum, ancien secrétaire d’État à la jeunesse.

Sinziana OLTEANU: membre de l’association Master forum.

Andrea-Mihaela RETEA: membre de l’association Master forum, ancien membre du conseil

d’enfants de Bucarest.

Mario RUSE: élu de la Chambre des députés, ancien secrétaire d’État à la jeunesse.

Anca TOMESCU: psychologue, ancien membre du ministère de la Jeunesse, auteur d’une

étude sur la jeunesse, directrice du Conseil national pour la lutte contre les discriminations. Lucian VERESCIAGHIN: ancien volontaire de l’association Master forum, auteur d’un mémoire d’études en sciences politiques sur les centres de jeunes en Roumanie.

… La Suède,

par Marie-Ève Rialland et Valérie Becquet

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