• Aucun résultat trouvé

Logement : une volonté économique forte

3.2.4 1997-2007 – Vers les outils et programmes actuels

3.7 Politique de la ville anglaise : l’exemple de Sheffield

3.7.3 Logement : une volonté économique forte

On connaît l’importance économique que revêt le mar- ché de l’immobilier au Royaume-Uni. Un des principaux objectifs poursuivis par les pouvoirs publics est de réa- morcer la spirale de l’investissement dans les quartiers en y améliorant les conditions de rentabilité et donc les niveaux de prix.

Housing market renewal pathfinder

Le classement en zones sensibles s’élabore via des statistiques relatives au prix moyen du logement. Par exemple, les territoires concernés par le Housing Mar-

ket Renewal Pathfinder présentent des niveaux de prix

sensiblement inférieurs à ceux de la moyenne nationale et locale. Les objectifs de Transform South Yorkshire 95

visent donc à augmenter la qualité des logements et des services de proximité. Par ce biais, ils comptent rendre la région attractive et ainsi booster les niveaux d’enchères du marché du logement local et, au-delà, toute l’économie. On peut donc imaginer qu’une telle démarche ne présente des répercussions sociales po- sitives qu’à la seule condition que des emplois soient créés.

Avec un tel programme, une gentrification des quar- tiers rénovés s’opère. Dans ces lieux, avec la volonté des autorités de voir diminuer l’offre en logement locatif sociaux, on peut observer une fuite des populations les plus pauvres vers des lieux périphériques moins favo- risés.

Si on prend l’exemple du South Yorkshire, où nous avons rencontré le directeur de l’agence chargée du Housing Market Renewal96, Transform South Yorkshire, la zone

concernée, en déclin de population en 2002-2003, comprend aussi bien des parties rurales (anciens char- bonnages) qu’urbaines (quartiers de la ville de Sheffield). L’objectif affirmé est d’améliorer la qualité du logement, le choix de logements, et la diversité dans les quartiers. Cela passe par des démarches de rénovation, de dé- molition (notamment de tours et de logements de faible qualité), et des constructions neuves. Il s’agit d’élabo- rer une stratégie subrégionale à long terme, à travers un partenariat informel rassemblant les autorités locales, les associations de logement, le secteur privé, l’English Partnership, etc. Des équipes d’intervention dépendant des communes concernées mettent en œuvre les ac- tions dans le cadre de 10 zones plus petites, les « Area Development Frameworks » pour lesquelles elles élabo- rent un « masterplan ».

Il faut noter que les « masterplans » traitent de diffé- rentes matières, même si le market renewal pathfinder ne subventionne que le logement. Les équipes locales sont également subventionnées par le Housing Market Renewal. La population est consultée. Actuellement, on constate une légère croissance de population, encore fragile dans la mesure où les personnes dont le statut s’améliore ont tendance à quitter la zone pour des lo- calisations voisines. Les prix augmentent désormais et le prix moyen d’un logement équivaut à 7 fois le revenu médian. Le problème de l’accès au logement n’est pas solutionné, d’autant que la philosophie est de diminuer le taux de logements sociaux au profit d’un réinvestis- sement du secteur privé. Il importe d’assurer un délicat équilibre entre l’offre et la demande, l’accessibilité et les nécessités de démolition… tout en s’assurant du sou- tien financier du Gouvernement, soutien réévalué tous

94 Cette compagnie espère s’inscrire dans la continuité des bons résultats de la précédente.

95 Agence chargée de mettre en œuvre l’Housing Market Renewal Pathfinder à une échelle sous-régionale.

les deux ans. Le principal défi est d’amener les inves- tisseurs dans la Région, et l’existence du programme «HMRP » contribue à instaurer un climat de confiance. Ils doivent escompter en effet un retour sur investisse- ment suffisamment intéressant. Des conventions sont signées avec les promoteurs pour mettre en œuvre les plans et les types de logements demandés.

Le terrain leur est vendu à prix réduit afin de leur per- mettre d’assurer la mise en place des infrastructures tel- les que les routes. Un pourcentage de logements à bas coût est imposé (dont une partie à mettre en vente et une partie à mettre en location). Le recours au Fonds est possible dans certaines parties de la ville de Sheffield

seulement. L’idée est de travailler en coordination avec ce qui a déjà été mis en place dans le cadre d’autres initiatives.

Norfolk

Norfolk est un quartier résidentiel du sud de la ville. Son parc de logement a récemment subi de fortes modifi- cations. De nombreuses opérations de démolition/re- construction y ont été menées. D’autres sont prévues. Les objectifs de la ville sont : augmenter la qualité et les niveaux de prix des logements, créer une mixité sociale et restreindre l’offre sociale.

new

4. La Flandre

La Flandre est caractérisée par une urbanisation dense et un réseau de petites villes assez proches les unes des autres et en interaction étroite avec Bruxelles. Comme beaucoup d’autres régions la Flandre, dès les années ‘80, connaît des problèmes urbains grandissants avec notamment une périurbanisation qui s’accélère et des tensions sociales qui augmentent dans les centres-vil- les.

Pour faire face à cette problématique, la Flandre s’est d’abord cantonnée, jusqu’au début des années 1990, dans une politique sociale sectorielle de lutte contre la pauvreté. Le gouvernement flamand soutient alors cette démarche avec, par exemple, le fond Lenssens et Van

den Bossche. En 1991, la région a lancé des program- mes de lutte contre la pauvreté soutenus par le Fonds des communes (VFIA) et le Fonds Flamand pour l’Inté- gration des pauvres (VFIK : Vlaams Fonds voor Integra-

tie van kansarmen).

Alors que l’extrême droite, par le biais du Vlaams Block, fait une forte poussée électorale dans les villes et no- tamment à Anvers, l’année 1995 marque un tournant des préoccupations flamandes vers la prise en comp- te de la dimension territoriale de la pauvreté97. Un ac-

cord gouvernemental qui vise explicitement à restaurer le bien-être et la sécurité dans les villes est signé. Cette orientation se traduit dans une note gouvernementale « Beleidsbrief Voor Steden en Mensen » du Ministre Léo Peeters (chargé de la compétence «politique urbaine»)

97 Nov. 2003, C. Jacquier, Délégation Interministérielle à la Ville, Un dispositif de veille internationale sur les approches intégrées de déve-

loppement urbain en Europe, rapport de synthèse, Belgique

old new

rédigée en accord avec le Gouvernement flamand et son administration.

Cette note souligne la nécessité d’adopter une appro- che intégrée au niveau local. Le quartier y est considéré comme l’échelle la plus pertinente pour prendre des me- sures concrètes. Le logement et l’emploi sont reconnus comme des leviers de lutte contre la pauvreté. La note critique aussi l’attitude passive des pouvoirs publics et la faiblesse de la politique de rénovation urbaine menée avec trop peu de moyens. Il est préconisé d’augmenter les responsabilités des autorités locales, des allocations financières étant distribuées par voie d’accord contrac- tuel avec les communes.

Par ces dispositions, le Gouvernement cherche à met- tre fin à des projets de développement à court terme et à une certaine dispersion des initiatives. Ce premier tournant dans la politique de la ville flamande débouche (toujours en 1995) sur une circulaire « Voor Steden en

Mensen » qui prône la mise en œuvre d’une «Politique

Urbaine Inclusive».

Cette nécessité d’une politique urbaine forte et intégrée amène à faire évoluer la dotation. En 1996, le Fonds d’Impulsion Social était créé (het Sociaal Impuls Fonds-

SIF). Il réunissait les dotations de différentes politiques

d’aide dans le domaine de la lutte contre la pauvreté. Ce fonds dispose alors de moyens importants : 7,5 mil- liards de BEF.

En ce début de XXIème siècle, la Flandre, économique- ment prospère, affirme sa volonté d’une politique urbai-

ne forte, inclusive et territorialisée, partant du principe que l’avenir économique, social et environnemental de la région dépend de ses villes. Les différents outils (Livre Blanc, Stedenfonds, Stadvernieuwings-projecten mais aussi le Stadmonitor, les Contrats Stratégiques, etc.) décrits dans la suite illustrent cette politique.

Ainsi, quatre éléments structurants permettent de com- prendre le changement des mentalités et de politique qui s’est opéré depuis le milieu des années 1990. Ce sont en quelque sorte les quatre piliers qui portent la politique actuelle de la ville en Flandre. Ils sont de natu- res différentes et se complètent pour, à la fois, orienter, stimuler et financer le renouveau urbain :

• un plan stratégique de développement territorial qui s’appuie sur un réseau de villes, (Le RUIMTELIJK STRUCTUURPLAN van VLAANDEREN, RSV) ; • un document d’orientation à la fois concret et ambi-

tieux (Le LIVRE BLANC) ;

• une source de financement publique intégrée (Le STEDENFONDS) ;

• une collaboration organisée avec le privé (Les STAD- VERNIEUWINGS-PROJECTEN).