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Le livre blanc comme document d’orientation

3.2.4 1997-2007 – Vers les outils et programmes actuels

4.1 le cadre du changement : quatre piliers

4.1.2 Le livre blanc comme document d’orientation

Ce livre est le fruit d’un processus lancé en 2000 qui chargeait une « task force » de réaliser un livre blanc sur la politique des villes. L’idée était de construire une vi- sion d’avenir pour les villes de Flandre. Afin d’éviter que ce ne soit un exercice purement académique, il a été

98 L. Boudry, P.Cabus, E. Corijn, F. De Rynck, C. Kesteloot, A. Loeckx (2004), «Le siècle de la Ville, Livre Blanc de la République urbaine

et de la ville trame», Une publication du Projet Politique Urbaine, administration des Affaires étrangères, Ministère de la Communauté Flamande.

convenu que le livre blanc serait conçu en concertation avec les responsables politiques, les fonctionnaires et les acteurs locaux. En cours d’élaboration, 14 ateliers se sont alors tenus dans les 14 villes centres (pointées d’un carré sur la carte du réseau urbain de Flandre). En Région flamande, il est communément admis qu’un livre blanc soit un document publié par le gouverne- ment. Ce livre fait exception à la règle dans le sens où le gouvernement n’est pas intervenu dans le processus d’élaboration du document, et se défend d’en avoir in- fluencé le fond ; par contre l’appellation mérite d’être maintenue, parce que le gouvernement cautionne le texte. C’est ainsi que le ministre compétent en matière de politique des villes soutient le livre et les choix qui y sont faits, d’autant que ces choix sont clairement tra- duits en options politiques et méthodologiques sur base d’un débat très largement ouvert.

Le livre blanc est un document majeur d’orientation qui ose poser le débat dans ses fondements sans a priori et idées toutes faites. Il interroge la ville bâtie bien sûr, son passé, son futur, les notions de villes historiques, mais aussi le regain d’intérêt pour les villes. Le livre blanc in- terroge aussi la ville publique et ses espaces, la ville en- treprenante, ses dangers, ses atouts, la ville solidaire, la ville multiculturelle où l’on évolue d’un cadre univoque à une cadre multivoque, une ville participative.

Le plaidoyer en faveur de la ville est clair: «la ville comme précurseur de la société nouvelle» et l’urbanité apparaît comme le levier de tout un projet politique de dévelop- pement régional. «La Flandre préparera à nouveau son avenir par les villes».

Les 6 axes concrets d’une politique qui va dans ce sens sont tracés.

Axe 1 : Stratégie «glocale»

Il s’agit de développer une mentalité d’alliances urbai- nes, en Flandre mais également entre la Flandre et le monde. C’est la coopération urbaine qui est recher- chée, plutôt qu’une concurrence non durable. Cette coopération doit s’appuyer sur le renforcement de l’ur- banité dans le réseau et sur une politique flamande qui

accorde une plus grande priorité à la ville. Il s’agit de renforcer les points forts du réseau (les villes) et leurs facettes spécifiques, de développer des stratégies éco- nomiques propres à chaque ville et de forte intensité de connaissances : « Faites de la ville le bouillon de culture de l’initiative économique locale »99. Dans cette optique

et plus globalement pour la viabilité du réseau la coopé- ration avec Bruxelles est jugée indispensable.

Axe 2 : Cohésion territoriale

Ce second axe illustre l’intérêt de d’abord mettre sur pied des alliances à l’échelle de la ville trame, entre la ville et la périphérie, « Il s’agit d’impliquer les usagers de

la ville (souvent issus de la périphérie) dans la ville » 100, de

favoriser le dialogue entre les habitants et les usagers. Il convient de concevoir une politique à l’échelle de la « ville trame », d’ouvrir davantage la vision ségrégative ville - périphérie. Le rôle des pouvoirs publics est de réguler le marché et d’encadrer les partenariats public- privé dans cette optique. Il s’agit également de garantir une bonne infrastructure de liaison vers les centres et entre les centres de la ville trame, que ce soit via les in- frastructures traditionnelles de transport mais aussi les (infra) structures bleues (eau) et vertes (nature).

Axe 3 : Densité qualitative

De façon générale, il s’agit de faire le choix de la qualité de la densité. La densité et la proximité ne peuvent s’en- visager qu’avec une attention particulière pour l’espace public, l’habitat et la gestion écologique.

« La densité ne peut durer que s’il y a des espaces pu-

blics en suffisance et si nous sommes attentifs à leur qualité et leur sécurité. ». Cela signifie mettre un terme

à la privatisation croissante des espaces et concrétiser des aménagements judicieux mais plus globalement c’est mené une politique de densité différenciée suivant les endroits et les besoins.

La densité qualitative demande aussi d’investir dans un logement urbain de qualité, « au sens d’une vaste politi-

que englobant logement et environnement ».

Comme pour les espaces publics, il faut aussi élaborer une planification de projets d’envergure. Si la qualité du

99 Livre blanc, p. 111

logement urbain est importante, le droit au logement l’est tout autant. La Flandre doit évoluer d’une politique principalement axée sur l’acquisitif vers une politique qui prend en considération l’important marché locatif. D’autre part, il est indispensable d’envisager des projets de construction de logements sociaux, qui privilégieraient de nouvelles formes d’habitat et seraient mis sur pied avec la participation d’une seule et solide société de logement par ville. Enfin, la densité qualitative demande d’in- vestir impérativement dans un environ- nement sain. Il s’agit ici de garantir des espaces verts et ouverts, d’investir dans des matériaux de construction durables, de réaliser des efforts en matière de ges- tion des déchets, etc.

Axe 4 : Force innovatrice et créatrice

« Les villes doivent choyer leurs concep-

teurs, leurs artistes et leurs intellectuels. Ils sont d’une importance essentielle pour le développement de l’urbanité. De plus, il semble exister un lien direct entre l’inno- vation et la croissance économique et la

Photos, « Le siècle de la Ville Livre Blanc de la république urbaine et de la ville trame », pp 137 et 79

La part du marché locatif est particulièrement importante en villes alors que la moyenne d’habitation en propriété (70%) de Flandre est particulièrement élevée par rapport aux pays voisins que sont les Pays-bas, la France et la Grande-Bre- tagne. Extrait de «Le siècle de la Ville Livre Blanc de la république urbaine et de la ville trame», p 121.

présence de « créatifs » dans la ville. »101 Il s’agit d’en-

courager les pratiques innovantes, la recherche active de nouvelles fonctions urbaines et de soutenir les allian- ces créatrices.

Il s’agit aussi de renforcer le rôle récréatif et touristique de la ville trame, pas uniquement en faisant de la ville une vitrine pour le touriste, mais d’impliquer les habi- tants, premiers « utilisateurs » de la ville en considérant la récréation comme un levier. Dans ce contexte, le pa- trimoine bâti revisité peut contribuer à nourrir les straté- gies culturelles de la ville

Axe 5 : Identité basée sur la diversité

La diversité est une richesse qui devrait fonder l’identité urbaine. Mais, la densité urbaine ne conduit pas auto- matiquement à l’interaction et la confrontation construc- tives. Pour y arriver, il faudra rechercher de nouvelles formes d’identité individuelle et collective. Pour ce faire, on devrait notamment développer une base pour l’art et la culture dans toutes les couches de la société et investir dans l’espace public en tant que plate-forme de rencontre. Il faut en parallèle lutter contre toute forme d’homogénéisation tant sociale (en recherchant un dosage équilibré entre la gentrification et le brassage social) que spatiale et fonctionnelle (en mobilisant l’ar- chitecture et l’urbanisme à cette fin).

C’est une politique de brassage et d’interaction qui est prônée. Elle demande des révisions de fond comme l’introduction de plus de mixité des fonctions dans la ville, ou une gestion plus locale du temps pour que le rythme de l’activité urbaine soit varié et approprié.

Axe 6 : Politique de solidarité dans la ville

La vie associative ayant beaucoup changé (associations plus utilitaires que dans le passé), il s’agit ici de stimu- ler de nouvelles formes de solidarité entre les habitants. Outre les rencontres physiques, il convient de renforcer les rencontres virtuelles. Un autre champ d’action est le développement de coalitions, partenariats entre les acteurs publics et privés qui intègrent une participation citoyenne. La participation des catégories sociales les

plus faibles qui est à la fois la plus délicate et la plus intéressante. La solidarité implique aussi une réflexion éthique des pouvoirs publics et d’y sensibiliser égale- ment le secteur privé. L’enseignement et plus largement toutes les stratégies informelles d’apprentissage doivent être considérés comme vecteurs de l’intégration so- ciale. Enfin, plusieurs mesures fiscales sont proposées pour réorganiser la redistribution des flux entre le centre et la périphérie, stimuler l’habitat en ville, favoriser le lo- gement social, renforcer l’économie de quartier, etc.