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CHAPITRE 3 : ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

3.8 Les limites, pistes et recommandations

La recherche comporte plusieurs limites. Elles sont entre autres relatives à l’étendue du projet et aux multiples facettes qu’il recèle et à la courte période qui nous était allouée pour le réaliser. Par conséquent, peu d’acteurs ont pu être rencontrés. De plus, bien que nous ayons rencontré des gens avec des points de vue divers, la technique « boule de neige », que nous avons utilisée afin d’identifier des intervenants, peut avoir favorisé la sollicitation d’acteurs ayant des opinions convergentes.

D’autre part, le travail de recherche a parfois un rythme plus lent que l’évolution de la problématique étudiée. C’est donc dire que certains aspects que nous avons identifiés ont peut-être fait l’objet de modifications de la part de la fondation ou de ses programmes sans que nous ayons pu en rendre compte, en plus de n’avoir pu suivre tous les développements associés à la FLAC. D’ailleurs, il nous a été mentionné, durant un des événements auxquels nous avons participé, qu’il faut maintenant faire une distinction entre la FLAC et les programmes QEF et QE qui sont, paraît-il, indépendants de ladite fondation. Cette distinction n’a pas été possible dans le cadre de cette recherche. De plus, les entretiens que nous avons réalisés n’ont pas permis de la faire ressortir. Au contraire, les rôles de la fondation et des programmes qu’elle a initiés semblent pour les acteurs interrogés très liés, ou la différence n’est vraiment pas claire. Cependant, une étude plus approfondie nous permettrait de savoir s’il y a eu des phases différentes dans l’intervention de la fondation qui justifieraient éventuellement que l’on puisse penser ainsi maintenant. Il faudrait alors vérifier s’il y a toujours une continuité entre les idées véhiculées par la FLAC et celles véhiculées par QEF, QE.

Dans le même ordre d’idée, il a été fait mention qu’il existe bel et bien une mobilisation de la communauté à travers QEF et QE et qu’il y a un mouvement ascendant provenant des milieux où ils sont implantés, ce que les entrevues n’ont pas montré. Dans ce cas, il serait nécessaire d’étudier plus en profondeur le rôle des individus dans la structure des QEF et QE afin de comprendre les possibilités qu’ils ont de modifier et d’adapter les programmes selon leur perception des besoins des milieux. Il s’agirait de connaître jusqu’où les acteurs ont une prise sur les actions qu’ils mettent en oeuvre. Comme tout n’est pas vécu de la même façon sur tous les territoires, il est intéressant de se questionner sur les raisons qui engendrent ces différences. Une hypothèse serait que certains milieux sont mieux organisés que d’autres et qu’un rapport de force leur permet de négocier avec la fondation. L’histoire communautaire des différents milieux et les structures de concertation qu’ils ont développées semblent jouer un rôle.

Plusieurs points restent à éclaircir pour pouvoir comprendre davantage les dynamiques qui sont induites par la présence de ce nouvel acteur. Ce fait est d’autant plus vrai que nous n’avons pas accès à toute la documentation qui est au fondement des actions de la fondation. Nous avons constaté qu’une certaine pratique du silence règne sur divers sujets entourant la fondation et plusieurs témoins craignent de s’exprimer à propos de cette problématique.

Conclusion

Tout compte fait, bien que nous ne puissions pas tirer de conclusions définitives à partir du travail réalisé jusqu’à maintenant, on peut affirmer que plusieurs questions sont soulevées par l’arrivée de la FLAC sur le territoire québécois, et ce, à divers niveaux. Les commentaires que nous avons recueillis demeurent sans doute très intéressants, puisqu’ils sont certainement représentatifs de l’opinion d’une partie des intervenants qui travaillent avec les milieux de pratiques. D’ailleurs, plusieurs rencontres à diverses occasions (voir annexe nº 3), en plus des mémoires des commissions parlementaires sur les projets de loi, ont permis de confirmer que les frustrations et les préoccupations exprimées par les acteurs qui ont été rencontrés pour ce travail ne sont pas des cas isolés. Par conséquent, il est important de tenir compte du fait que les acteurs du terrain sentent qu’une attention importante de la fondation est portée à l’expertise et que les connaissances qui y sont développées s’imposent à eux. Les modes d’opération de la structure de la fondation, ainsi qu’à différents égards ceux du fonctionnement des programmes QEF et QE, paraissent à plusieurs issus du monde des affaires et ne sont pas adaptés aux réalités des milieux communautaires.

La place de la FLAC dans les orientations prises par l’État fait aussi partie des préoccupations soulevées par les acteurs rencontrés et par ceux ayant soumis des mémoires en commissions parlementaires. Plusieurs d’entre eux expriment aussi des inquiétudes relatives aux programmes déjà offerts par des instances gouvernementales et à leur dédoublement par les programmes initiés par la FLAC. Les théories préconisées qui font des liens entre la pauvreté, les enfants, les familles et les populations soulèvent un certain nombre de préoccupations de la part des personnes que nous avons rencontrées. Il a aussi été question de la manière dont celles qui travaillent près du terrain vivent leur relation avec la fondation et ses programmes et de la différence entre ce qui est dit et ce qui est fait. Puis, les aspects positifs des interventions de la fondation ont été présentés. Finalement, les limites ainsi que des pistes de questionnement ont été signalées en vue de la poursuite de ce projet de recherche.

En mettant en parallèle les théories et les pratiques, il est intéressant de voir que le cas de la FLAC, bien qu’unique au Québec, participe à un mouvement plus large englobant plusieurs fondations, aux États-Unis, par exemple. Les questions soulevées par cette mise en parallèle dépassent notre territoire pour se poser plus globalement et nous interroger sur l’implication de ces fondations qui ont de l’influence au plan international, à travers les différents réseaux auxquels elles sont associées.

CHAPITRE 4 : Description, réflexions et bilan relatifs