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Aspects positifs et nuances relatives aux interventions de la FLAC

CHAPITRE 3 : ANALYSE DES DONNÉES RECUEILLIES

3.7 Aspects positifs et nuances relatives aux interventions de la FLAC

exprimés par les acteurs des milieux de pratique que nous avons rencontrés. À ce propos, il est principalement ressorti des entretiens réalisés, malgré des manières de faire ayant contribué à la démobilisation, que les lieux de concertation ont aussi permis d'asseoir à la même table des acteurs qui n'y avaient jamais participé auparavant. De plus, les fonds injectés permettent la tenue d’activités qui, autrement, ne seraient pas réalisées.

Il y a quand même des choses positives avec QEF. Par exemple, ça a ouvert des nouvelles discussions qu'il n'y avait pas avant entre les écoles et le milieu communautaire parce qu’ils ne siégeaient pas nécessairement sur les comités de vie de quartier. Ça a ouvert des discussions un petit peu plus grandes qui étaient intéressantes et aussi par la bande entre la Ville et le milieu scolaire (intervenant nº 3).

En même temps, ils ont assis des directions d’école ensemble, là où il n'y en avait jamais eu. Ils ont comme imposé un rythme qui dans certains quartiers n’existait pas. Ils ont fait en sorte que des partenaires se sont assis ensemble là où ça n’était pas évident (intervenant nº 7).

Mais, si on regarde au niveau de l'investissement dans un milieu, c’est sûr que c’est de l’argent qui est super intéressant. Il y a beaucoup de choses qui se font au niveau de l’école, au niveau de la psychomotricité. Les activités à la grille horaire, dans l’horaire scolaire. Ah oui. Ça fait qu’il y a une grosse part là (intervenant nº 3).

Ça fait 3-4 ans que sont jumelés QEF-QE, puis ça va assez bien. De la manière qu’on a amené notre structure de gouvernance, ça favorise les ponts des fois entre les projets et les clientèles (intervenant nº 3).

Il faut reconnaître que ce que QEF a imposé comme structure, on vit très bien avec ça aujourd’hui et puis moi je vois que c’est un bénéfice au niveau de la concertation. Mais, dans [nom d’un territoire] là ça devient plus compliqué parce que tu crées une première concertation et ils changent. Ça n’est pas correct là un moment donné, tu te dis, écoutez, là ! Pouvez-vous respecter les structures qu’on a. Puis, on va s’organiser pour répondre à vos exigences de bailleur de fonds. Mais là, on ne va pas changer tout le temps les structures du jour au lendemain. Moi c’est ça que je leur reproche. Vous pouvez imposer des choses, mais vous ne pouvez pas imposer le rythme tout le temps (intervenant nº 8).

Puis moi je les aime beaucoup, QEF, je trouve que c’est une des meilleures choses qui est arrivée dans les communautés depuis un bout. Je trouve ça intéressant moi qu’un bailleur de fonds débarque en disant on vient mettre des ressources, on paye quelqu’un pour coordonner la démarche. Parce que c’est un des rares bailleurs de fonds pour ne pas dire le seul qui dit moi je vais investir, mais je vais aussi investir dans une ressource pour m’assurer que ça se fasse. Ça fait que dans le 200 000 il y a 50 000 $ qui vont au coordonnateur qui mobilise. Il faut qu’il mobilise, c’est important et ça je ne remets pas ça en question sauf que l’autre 150 000 $ là, ça il faut que ça serve directement à des ressources et c’est à nous à décider ce qu’on en fait. Ça pour moi c’est clair que c’est… Ça fait que je trouve que c’est une démarche qui est fort intéressante (intervenant nº 8).

Des nuances sont aussi à apporter, puisque tout n’est pas vécu également sur tous les territoires. Plusieurs paramètres déterminent comment les interventions sont perçues dans les milieux. Notons par exemple : l’historique du quartier en matière de regroupement communautaire et de culture de concertation entre divers acteurs des

milieux. De plus, des organismes plus anciens et mieux établis se sentiront souvent plus solides pour négocier avec la fondation. Les commentaires à ce sujet sont les suivants :

Dans les quartiers que tu vas aller voir, les quartiers ne sont pas tous égaux en termes de services et d’organismes communautaires. Ici on ne peut pas dire qu’on s’enfarge dans les groupes communautaires, on n’a pas une offre de service à tout casser. Il n'y a pas beaucoup de groupes communautaires. On s’est organisé beaucoup en concertation parce qu’on n’a pas de ressources. C’est pour ça qu’on est fort en concertation. Parce qu’on n’en a pas de ressources, ça fait qu’on s’est dit, comme on n’a pas de ressources, on va travailler plus ensemble et on va s’en organiser. Alors que dans d’autres quartiers, les organismes ont poussé depuis 20-30-40-45 ans, plein d’organismes, mais peu de concertation, parce qu’il y a une autre dynamique, tu te compétitionnes presque la clientèle, ça fait que tu n’es pas porté à partager. Alors que nous, quand tu n’as rien c’est plus facile de partager. Ce qui est arrivé aussi c’est qu’ils ont constaté que QEF, dans les autres quartiers, les petites concertations qu’ils ont créées à côté de celles existantes, ils ont fait des petites principautés avec ça qui travaillent toutes seules en vase clos; elles ne sont pas concertées du tout avec la communauté c’est la petite concertation de QEF qui assoit les 4- 5 organismes financés, puis tout le reste de la communauté est très isolé de ça. Ça fait qu’ils ont réalisé qu'ils ont créé eux-mêmes ça, ils ont imposé leurs façons de fonctionner, mais ça fait en sorte que ce n’est pas viable. Ce n’est pas fonctionnel. Puis, ils n’ont pas la mobilisation de la communauté. Il y a la concertation régulière et il y a la concertation QEF à côté et ils ne se parlent pas les uns et les autres, la chicane est prise. Ça fait que l’objectif de QEF à ce moment-là de MOBILISER les communautés dans un mode physiquement actif des jeunes, que tout le monde mette l’épaule à la roue pour que les jeunes soient plus physiquement actifs, ils ne l’atteignent pas dans ces quartiers là. Parce qu’ils n’ont pas respecté le mode de fonctionnement, la culture de mobilisation. Alors, que nous c’est l’inverse, nous ils l’ont respectée parce qu’on leur a demandé de le faire comme ça. Puis, à [noms de deux territoires] … la deuxième vague c’est complètement différent. Parce qu’ils ont tenu compte des communautés. Ils ont appris de leurs erreurs qu’est-ce que tu veux (intervenant nº 8).

Un organisme qui n’a pas peur d’aller négocier avec le privé. Eux, c’est un vieil organisme issu des communautés religieuses. C’est un organisme d’une trentaine d’années qui a sa propre fondation et il y a des hommes d’affaires sur le CA de la fondation. Ils sont assez solides dans leurs pratiques pour pouvoir s’asseoir et négocier. Ce qui n’est pas le cas de tous les organismes d’être assez solides pour établir leurs balises. […] Dans des quartiers, ce sont des groupes qui sont plus affamés ou moins critiques aussi qui embarquent. Ça, ça fait des frictions et des conflits aussi entre les organismes et dans les milieux (intervenant nº 1).

Alors ça, ça a bien été, mais après beaucoup de rencontres, je peux te dire en moyenne 10 heures, pour arriver à convaincre QEF (intervenant nº 6).

Et maintenant, moi j’ai mis le pied à terre. Quand je dis, je prends ce qui va avec notre mission, ok. Et ce que je ne veux pas prendre, je ne le prends pas (intervenant nº 6). Votre projet dans le fond d’activités physiques et sportives (en parlant du programme de QEF) va s’intégrer à quelque chose de beaucoup plus global, qui va être encore bien mieux. Ce qu’on va faire c’est qu’on va vous intégrer dans notre affaire et on va vous amener plus loin. Puis là, ça a été long avant que ça passe, mais ils étaient dans le mouvement où ça commençait à chialer dans les 5 autres quartiers, ça fait qu’ils ont dit : oh le modèle de [nom d’un territoire] il est intéressant parce que, on ne subira pas les frustrations de la communauté. On va s’adapter à ce qui existe déjà dans la communauté ce qu'ils n’avaient fait nulle part ailleurs encore. C’était un plus, en plus ils se disaient : on ne subira pas les frustrations de la communauté pour nous imposer ci pis ça (intervenant nº 8).

Selon certains, des erreurs ont été commises au début, toutefois la FLAC en a tenu compte et a réajusté ses programmes pour en éviter la reproduction. Selon d’autres, il y a eu des changements dans le discours, mais la réalité demeure la même.