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20 3.3.1 Facteurs primaires

4.1 Limites méthodologiques

La méthodologie empruntée ne nous permettait pas de déterminer la variation de la valeur d'une bille de peuplier hybride en fonction de l'augmentation de son diamètre et de sa qualité. Il est donc difficile d'évaluer précisément la rentabilité de scénarios intensifs menant à la production de billes de déroulage et de sciage. Pour pallier à ce problème, il aurait fallu insérer dans le modèle une matrice de prix en fonction des dimensions et de la qualité des billes, multipliant ainsi les hypothèses dans l'analyse. C'est pourquoi nous avons jugé plus utile de fonctionner en établissant un prix moyen pour le bois d'œuvre et pour le bois de trituration.

Les coûts de récolte et de transport utilisés sont issus d'enquêtes réalisées pour le peuplier naturel. Le coût de récolte du peuplier en forêt naturelle surestime sans doute le coût réel de récolte dans une plantation de peupliers hybrides puisque ce dernier diminue en fonction de l'homogénéité du peuplement (Morley et Balatinecz 1993). Le coût de transport est plutôt tributaire de la distance de la plantation par rapport à la destination des volumes de bois.

Le coût de l'éclaircie commerciale présenté dans cet article est demeuré théorique par manque de sources d'information, ce qui a limité l'analyse de rentabilité des scénarios plus intensifs. L'éclaircie commerciale s'effectuant entre la 10eme et la 15eme année pour les scénarios intensifs, nous avons appliqué une contrainte dans le modèle financier, soit que la récolte finale doit s'effectuer au moins trois ans après l'éclaircie commerciale. Toutefois, les objectifs sylvicoles peuvent différer de cette condition. L'éclaircie commerciale diminuant la rentabilité de chacun des scénarios, une distorsion était inévitablement engendrée. Ainsi, le modèle cherchait à repousser dans le temps le moment où effectuer l'éclaircie commerciale, puis à raccourcir le délai entre l'éclaircie commerciale et la récolte finale.

5. Conclusion

Depuis les débuts de la populiculture au Québec, le reboisement du peuplier hybride a toujours été source de controverses entre gens du milieu forestier. Tous estiment le potentiel de croissance inégalé de cette essence, même si beaucoup croient qu'il ne s'agit pas d'une avenue à exploiter. La faible valeur du bois de peuplier, autant pour la trituration

26 que pour le sciage et le déroulage, la variabilité importante des rendements de cette essence et les investissements importants nécessaires à la mise en place d'une plantation de peupliers hybrides expliquent notamment la réticence des producteurs forestiers à réaliser de la populiculture. Le manque de données à caractère économique sur le sujet a sans aucun doute contribué à cristalliser l'opinion de certains forestiers sur le sujet. L'objectif de ce projet était de réaliser une analyse financière spécifique au contexte du Québec afin de fournir aux intervenants des informations objectives sur la rentabilité de la populiculture et sur les principaux facteurs qui la déterminent.

Il s'est avéré que les scénarios subventionnés analysés étaient en grande majorité rentables, alors que lorsque la populiculture en forêt privée n'est pas subventionnée, aucun scénario n'est rentable en fonction des paramètres de notre analyse financière. Une analyse de sensibilité sur les intrants de chacun des scénarios a permis d'établir quels facteurs doivent être considérés comme prioritaires dans l'établissement d'une plantation de peupliers hybrides rentable. Le paramètre le plus sensible s'est avéré être le prix obtenu pour la matière ligneuse de peuplier hybride. Le deuxième paramètre ayant la plus grande influence est le taux de subvention des traitements sylvicoles, suivi du coût de récolte, du coût de transport et du rendement de la plantation. Même si ces trois dernières variables sont moins sensibles, le potentiel de variation de ces dernières est important, ce qui en fait donc des éléments à considérer sérieusement dans la décision d'investir ou non dans la populiculture. Les traitements sylvicoles pris séparément se sont avérés peu sensibles lors de notre analyse. Lorsque conjugués, la sensibilité de tous les traitements sylvicoles pris ensemble est équivalente à celle générée par la subvention. Toutefois, puisque nous nous sommes basés sur les coûts réels de la populiculture au Québec, la variance du coût de ces traitements est moins susceptible de survenir.

Ces résultats nous permettent d'effectuer les constats suivants. Le développement de la populiculture au Québec est tributaire de l'évolution des marchés du bois. Le prix actuel pour le bois de peuplier est faible puisque la demande pour les produits de bois a diminué en ce contexte de crise économique mondiale. Ainsi, une augmentation du prix du peuplier est certainement envisageable lorsqu'il y aura une reprise économique mondiale favorisant la demande pour des ressources naturelles.

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L'état québécois subventionne la sylviculture puisque celle-ci s'avère rentable d'un point de vue économique pour l'état de par l'activité régionale qui est créée, de l'augmentation du volume et de la qualité des bois destiné à la transformation et par l'amélioration du capital forestier. Il est important que la populiculture soit subventionnée pour permettre aux producteurs forestiers de rentabiliser financièrement cette sylviculture. L'intérêt des organismes subventionnaires et par le fait même du gouvernement à continuer de subventionner la populiculture est primordial pour assurer le maintien, voire le développement, de la populiculture dans la province de Québec.

Puisque la distance de transport par rapport aux usines de transformation est un facteur important de rentabilité, les subventions pourraient être accordées aux projets situés à proximité des usines et possédant un potentiel de rentabilité plus élevé. Dans le même ordre d'idée, il serait possible de moduler les subventions en fonction de la qualité des stations afin de favoriser les sites riches où les rendements en matière ligneuse seront supérieurs. L'analyse effectuée permettra aux producteurs forestiers intéressés par la populiculture de choisir des conditions optimales permettant d'assurer la rentabilité de leurs investissements en populiculture puisque nous avons défini une fenêtre de rentabilité pour différents scénarios.

Puisque l'État québécois subventionne les traitements sylvicoles en populiculture et que les scénarios sylvicoles subventionnés sont à toutes fins pratiques rentables, qu'est-ce qui explique que la ligniculture soit encore si peu développée au Québec? Compte tenu de l'analyse de sensibilité effectuée, nous avons toutes les raisons de croire que la fenêtre de rentabilité de la populiculture est suffisamment grande pour permettre un plus grand déploiement de ce type de sylviculture. Il serait particulièrement intéressant d'évaluer la perception du milieu forestier sur la populiculture en fonction des résultats de cette étude. Une telle démarche permettrait de cerner le potentiel de développement de la populiculture au Québec en plus d'identifier les axes de développement à exploiter avec la ligniculture du peuplier hybride.

Evaluation de la perception de la populiculture au

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