Le manque de données à caractère financier sur la populiculture au Québec nous a interpellé comme possible raison à l'enthousiasme modéré pour ce type de sylviculture intensive. De plus, la polarisation du sujet parmi les professionnels du milieu forestier nous a incités à approfondir les connaissances dans ce domaine.
Le premier objectif de cette recherche était de réaliser une analyse financière de la populiculture telle que pratiquée dans le contexte québécois. En nous basant sur un échantillon de coûts réels fournis par des populiculteurs, nous avons réalisé une analyse financière qui nous a permis d'établir que la rentabilité de la populiculture dans le contexte québécois est atteignable. Toutefois, celle-ci est fortement tributaire du prix obtenu pour la matière ligneuse et des subventions accordées à cette sylviculture. Dans une moindre mesure, le rendement ainsi que les coûts de transport et de récolte ont aussi un impact important sur la rentabilité de cette culture.
L'obtention de données financières nous a permis d'évaluer l'influence de l'aspect financier sur la perception de la populiculture par les professionnels forestiers. Puisque l'analyse financière réalisée s'est avérée positive lorsque subventionnée par l'État québécois, il était de notre avis que la présentation de ces données financières à des professionnels forestiers permettrait d'obtenir un consensus favorable de ces derniers face à la populiculture. Contrairement à nos attentes, plutôt que l'obtention d'un consensus, la présentation de ces données a eu comme conséquence de polariser davantage les opinions. Il se peut que l'aspect financier de cette culture ne soit pas suffisant pour compenser les aspects négatifs couramment associés à la culture du peuplier hybride, comme par exemple la monoculture, l'hybridation avec les peupliers naturels, la fragilité de cette culture intensive ou le suivi sylvicole constant qui se doit d'être effectué.
En cours d'étude, nous avons remarqué qu'il existait un clivage important entre les professionnels forestiers selon leur expérience en foresterie et en populiculture. Les professionnels ayant une certaine expérience en populiculture sont beaucoup plus favorables au développement de cette dernière. D'autre part, les professionnels cumulant plus de 15 ans d'expérience sont beaucoup moins favorables à la populiculture. Il est
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intéressant de constater que les professionnels forestiers connaissaient intuitivement les facteurs importants à considérer dans l'implantation de projets rentables.
La sylviculture intensive de plantations forestières est un moyen préconisé pour compenser la diminution d'approvisionnement en matière ligneuse liée aux contraintes socio-environnementales. D'où l'importance de poursuivre la recherche sur la sylviculture intensive comme celle que constitue la culture du peuplier hybride pour permettre le développement et l'amélioration de plantations à haut rendement pour approvisionner suffisamment les usines de transformation de bois en matière ligneuse de qualité. Les investissements en sylviculture intensive pourraient permettre d'optimiser à certains égards les biens et services économiques, sociaux et environnementaux fournis par le milieu forestier.
Il serait opportun de réaliser une analyse financière comparative entre la populiculture ainsi que d'autres traitements sylvicoles, tels que le reboisement en essences résineuses ou même la sylviculture de forêts naturelles, afin de comparer les différentes opportunités d'investissement pour les sylviculteurs. De plus, une telle analyse pourrait permettre au gouvernement d'analyser la stratégie économique derrière le financement de différents traitements sylvicoles et ainsi redéfinir une allocation efficace des ressources.
Certaines régions se sont positionnées contre le développement de la populiculture, notamment la région de Lanaudière qui juge les risques environnementaux trop élevés, toutefois la mise à jour d'une analyse socio-économique grâce aux informations contenues dans cette étude pourrait peut-être modifier l'intérêt des acteurs régionaux pour ce type de sylviculture et compenser les désagréments environnementaux jugés trop risqués.
Finalement, il pourrait aussi s'avérer intéressant de réaliser des analyses de perception sur les différents types de traitements sylvicoles en consultant directement les commissions régionales sur les ressources naturelles ou même les tables de gestion intégrée des ressources naturelles qui en dépendent. Ces instances regroupent tous les représentants des utilisateurs du milieu forestier, permettant ainsi d'obtenir un portrait de l'acceptabilité sociale, économique et environnementale des différents types de sylviculture.
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