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Notre étude repose sur l’analyse objective de données subjectives puisque recueillies par l’intermédiaire d’entretiens auprès de femmes ayant accouché Au CALM. Chacune d’elles relate son propre vécu et son propre ressenti, ceci ne peut donc pas être transposable à l’ensemble des femmes. La moitié de nos entretiens a été réalisée par téléphone du à une absence ou difficultés d’accès à une communication audiovisuelle, dans ces témoignages où le vécu et le ressenti des mères tiennent une place importante, nous avons pu perdre un degré de précision sur la qualité de l’expression non verbale. Seuls les silences, émotions audibles, hésitations et explications précisées par la mère ont pu être notifiés par écrit.

La double analyse des données recueillies, grâce aux témoignages de onze femmes ayant accouché au sein du CALM, nous a permis de mettre en avant les désirs et les attentes des femmes vis-à-vis de leur accouchement ainsi que de comparer les similitudes et les différences dans leur propos.

Thème 1 : Etre actrice de leur prise en charge

Item 1 : Le projet de naissance

Notre premier item consistait à savoir si les femmes interrogées avaient préalablement établis un projet de naissance avant leur accouchement. Cet item était la question d’ouverture de nos entretiens. Sachant que notre enquête a été réalisée auprès de femmes ayant fait la démarche d’accoucher au sein d’une maison de naissance, une réponse positive était attendue.

L’ensemble des mamans questionnées ont effectivement répondus de façon positive à cet item. Toutes avaient pour projet de base d’accoucher de manière la plus physiologique qui soit. Cette volonté d’accouchement physiologique consistait à laisser faire le corps, à ne pas bénéficier d’une analgésie péridurale durant le travail et d’éviter d’avoir recours à tout type de médicalisation quel qu’il soit. Madame B déclare : « bah

moi j’avais envie que ce soit un accouchement sans péridurale euh voilà + le plus proche d’un accouchement naturel ». Ces propos sont retrouvés dans le témoignage de

Madame J : « le point le plus important c’était pas de péridurale je voulais éviter aussi

le monitoring en continu ». Quant à Madame D, elle dit tout simplement que : « le projet c’était euh c’était de laisser faire la nature ».

Certaines avaient un projet de naissance avec des souhaits bien précis comme

Madame A qui souhaitait accoucher dans l’eau : « moi mon souhait c’était euh alors

j’avais envie d’accoucher dans l’eau et de faire la préparation surtout dans l’eau » ou

bien Madame K : « je refusais pratiquement catégoriquement d’avoir une épisio enfin

pas catégoriquement mais pas loin ». A l’inverse d’autres n’avaient pas forcément

d’idées définies au sujet de leur accouchement, comme Madame G : « non j’avais pas

vraiment de projet défini juste je savais que j’avais pas forcément envie d’accoucher en maternité ».

De manière globale, nous avons pu constater que toutes les mamans ayant accouché au sein du CALM avaient pour projet commun de vivre leur accouchement de la façon la plus naturelle qui soit. Cependant, certaines avaient en tête des désirs bien établis tandis que d’autres n’avaient pas d’attentes particulières, elles laissaient libre cours à la nature : « je ne m’étais pas projetée je me disais on verra », déclare Madame G.

Item 2 : Le choix d’accoucher en maison de naissance

Bien que toutes les femmes interrogées aient fait le choix d’un accouchement physiologique, il leur fut demandé de justifier les raisons les ayant amenées à faire le choix d’accoucher en maison de naissance. Les causes retrouvées ont été assez similaires d’après les déclarations faites par ces femmes.

Tout d’abord, la majorité des femmes (9 sur 11) déclarent avoir fait ce choix afin de se retrouver dans un environnement cosy, chaleureux, sécurisant, proche de celui de la maison. Madame E explique : « on a eu un coup de foudre tous les deux on s’est dit bah

c’est l’endroit quoi déjà le fait que ce soit pas du tout médicalisé comme à la maison que ce soit chaleureux ». Pour beaucoup de ces mamans, l’aspect cocooning de

l’environnement de la maison de naissance avait un côté rassurant et sécurisant leur permettant d’être sereine durant le travail et l’accouchement, comme le confirme Madame I : « pour bien vivre mon accouchement pour moi le plus important c’était de

me sentir dans une ambiance bienveillante » et Madame A : « c’était d’avoir un environnement qui était euh plus confortable moins anonyme qu’une chambre d’hôpital donc ça c’était en premier lieu dans le choix du CALM ».

Une des autres causes mise en avant par de nombreuses mamans (8 sur 11) est le fait d’avoir déjà vécu elle-même une mauvaise expérience au sein d’un centre hospitalier, que ce soit pour un accouchement ou pour une autre raison, soit d’avoir entendu des histoires dites « horribles » vécues par des proches. Madame C témoigne : « je ne me

suis pas du tout sentie respectée et je disais elle était méchante et elle était incompétente aussi euh elle a mis en danger la vie de mon bébé aussi enfin + et j’étais très déçue finalement ». Madame E confirme cette idée en relatant le vécu difficile de

certaines de ses proches et amies ayant accouché à l’hôpital : « j’avais déjà les

expériences de toutes mes copines de gens de ma famille qui avaient vécus leur accouchement et je trouvais que ça avait l’air un peu trash quoi enfin j’avais beaucoup

d’histoires où ça se passait mal pas mal d’histoires où les mamans étaient déclenchées et ça faisait des accouchements horribles ».

Le souhait qu’on respecte la naissance et le corps de leur bébé est également une des raisons apportée par la moitié des couples. Ils demandaient une « humanisation » de la naissance de leur enfant dans un environnement doux, sans lumière susceptible d’agresser les yeux de leur enfant et dans le calme. Certaines mamans refusent également la réalisation de soins inutiles à la bonne adaptation extra-utérine de leur nouveau-né et parfois même tout simplement le fait que l’on touche à leur enfant. Madame H explique : « je voulais pas qu’on touche à mon bébé en fait il y avait tout le

côté en fait il y avait vraiment l’après accouchement le fait qu’on vous enlève le bébé qu’on vous le lave qu’on vous le prend dans la nuit ». Quant à Madame I, elle indique

que : « c’est hyper violent dont les bébés sont trimbalés à la naissance et en fait de

découvrir que les bébés ne pleurent pas forcément et c’est que qui s’est passé avec Chloé et aussi de découvrir que bah avoir un néon euh en plein dans les yeux alors qu’on vient de sortir d’un endroit avec une lumière extrêmement tamisée lorsqu’on est dans le ventre d’un coup il y a plein de bruits avec des gens qui parlent à voix haute mais qui paraissent être des cris pour le bébé ».

La prise en charge personnalisée et globale des sages-femmes ainsi que le respect du choix des couples tiennent également une part importante dans le désir d’accoucher en maison de naissance. En effet, sept mamans affirment être rassurées par ce principe et cette philosophie d’accompagnement : « j’étais rassurée de + de savoir que je serai

accompagnée par la même sage-femme et qui ferait mon accouchement c’est pour moi le plus important […] d’être sûre que si j’avais pas exactement la même sage-femme j’avais une sage-femme qui partage cette philosophie là » (Madame C).

La majorité des mamans de notre enquête (7 sur 11) soutiennent la volonté d’être actrice lors de leur accouchement, de se mobiliser durant tout le travail, de choisir une position adaptée à leur sensation et en accord avec la descente de leur enfant : « moi

c’était me sentir actrice aussi de mon accouchement et de pas voilà être finalement à la merci même si les équipes médicales veulent faire au mieux mais pour autant c’est quand même se mettre dans un lien de dépendance à une équipe » déclare Madame B.

les amènent à refuser une analgésie péridurale : « le fait de vivre d’avoir les sensations

enfin tout ça et euh moi je voulais pas de péridurale » (Madame H).

Autre point signalé par près de la moitié des femmes interrogées : les conséquences que peuvent engendrer une médicalisation excessive. Selon certains témoignages, des femmes disent s’être rendues compte, suite à un vécu personnel, à une histoire ou bien à des lectures faites sur le sujet, de « toutes les conséquences potentiellement négatives de

la surmédicalisation de l’accouchement » (Madame I) et que la mise en place de

certaines interventions, parfois injustifiées, peuvent générer des complications qui n’auraient probablement pas eu lieu si l’on avait laissé l’accouchement se dérouler de manière physiologique. Madame B exprime son avis vis-à-vis de la médicalisation de l’accouchement et notamment sur la pose d’analgésie péridurale quasi systématiquement: « de ce que j’entendais de l’accouchement dans les maternités […]

j’ai l’impression quand même que ça nous est un petit peu enlevé […] j’ai l’impression que la médicalisation et l’idée reçue que ça fait mal et que c’est atroce et qu’on peut pas s’en passer je trouve que ça nous retire vraiment une belle expérience qui est à vivre en fait ».

Enfin l’importance de la place du conjoint durant le travail et l’accouchement est également une des raisons justifiant le choix d’accoucher en maison de naissance, ce motif fut retrouvé dans la moitié des témoignages. « On avait vraiment envie d’être au

maximum entre nous » déclare Madame J. Cette volonté que le conjoint participe

activement à ce moment d’intimité est retrouvée dans le discours de Madame B : « moi

j’avais envie que mon conjoint puisse participer pleinement à ce moment là ».

Item 3 : Connaissance de la maison de naissance

A la question comment avez-vous connu la maison de naissance le CALM, huit mamans ont répondu qu’elles l’avaient découverte soit par l’intermédiaire du web après recherches spécifiques ou par hasard, soit par le biais de lectures d’ouvrages tel que celui d’Ina May Gaskin « Le guide de la naissance naturelle », ou soit par les médias après la diffusion d’un reportage. Madame F explique : « je me suis renseignée sur

qu’est ce qui se faisait en France là j’ai vu qu’accoucher à domicile c’était quand même assez compliqué et j’ai été au courant par hasard des maisons de naissance qui n’étaient pas encore euh ce n’était pas encore autorisé donc je me suis + j’ai fait des

recherches sur Google et là je suis tombée sur la maison de naissance du CALM ». Puis

pour six d’entre elles la découverte du CALM s’est faite par l’intermédiaire de proches ou d’amies ayant déjà accouché au sein de cette maison de naissance ou ayant connaissance de cette pratique : « ayant une amie qui avait accouché au CALM j’en

avais entendu parler donc c’est pour ça que j’y suis allée et voir à la réunion »

(Madame D).

Item 4 : La vision et attentes vis-à-vis de l’accouchement

Après avoir exposé les raisons motivant leur choix d’un accouchement au sein d’une maison de naissance, il fut demandé à l’ensemble des mamans quelles étaient la vision et les attentes qu’elles avaient au départ pour leur accouchement. Il nous a semblé important de pouvoir comparer la vision préalable à l’accouchement au déroulement réel de leur accouchement. Certaines attentes des femmes se recoupent avec les motifs ayant justifié leur choix d’accoucher en maison de naissance comme le désir d’un accouchement physiologique, le refus d’une péridurale, l’environnement cosy et sécurisant d’une maison de naissance, être active dans le déroulement de leur accouchement. A ceci s’ajoutait aussi souvent le désir de comprendre ce qui se passait au sein de leur corps et de devenir elle-même le sujet de leur accouchement. Madame B témoigne : « j’avais envie de comprendre tout ce qui se passait dans mon corps à ce

moment là ». Elles souhaitaient être libres de leurs mouvements, pouvoir se mobiliser,

choisir les positions dans lesquelles elles se sentiraient le plus confortable : « c’était

vraiment pour moi euh je voulais être libre de pouvoir improviser en fait de me comment j’allais me sentir […] une des raisons qui faisait que je ne voulais surtout pas si possible accoucher en hôpital c’était je voulais pouvoir bouger je supporte pas de rester immobile » (Madame F). Au contraire, Madame A et Madame K n’avaient pas

d’attentes particulières, elles étaient assez ouvertes et se disaient qu’elles verraient bien comment cela se passerait sur le moment : « je fais pas mal de yoga et un des trucs que

ça m’a appris c’est justement à ne pas être dans l’attente donc euh moi j’avais ce projet mais justement j’avais bien fait attention je disais toujours que je n’avais pas d’attentes […] non j’étais vraiment super ouverte la seule condition que j’avais c’était que ce soit serein ».

La moitié des mamans interrogées avaient également des attentes envers la sage- femme, elles avaient le besoin de se sentir écoutées et soutenues. La présence de la

sage-femme auprès d’elles durant le travail et l’accouchement était importante et représentait une source de réassurance comme nous l’explique Madame D : « j’avais

vraiment envie d’être soutenue enfin je sentais que j’avais besoin d’être rassurée euh je pense que évidement tant qu’on n’est pas passé par là on peut pas imaginer ce que c’est d’accoucher ». Quant à Madame I, elle explique son besoin d’avoir une relation

d’échange avec la sage-femme qui l’accompagnerait afin de pouvoir vivre son accouchement de manière plus sereine : « pour bien vivre mon accouchement pour moi

le plus important c’était de me sentir dans une ambiance bienveillante […] j’avais besoin d’avoir la possibilité d’être entendue pour que ce soit vraiment une discussion ».

En comparaison, Madame F n’avait pas spécialement d’avis précis en ce qui concerne la relation de confiance et d’accompagnement avec la sage-femme : « le fait d’avoir une

relation de confiance euh + et de proximité avec la sage-femme ou l’équipe de sage- femme éventuellement j’étais pas tellement euh + j’avais pas d’avis précis à ce niveau là ». Puis, à l’inverse Madame K souhaitait que la sage-femme soit la plus discrète

possible dans la prise en charge de son accouchement : « mon attente c’était vraiment

que la sage-femme respecte la physiologie et s’efface quand elle sent qu’il fallait s’effacer », elle espérait pouvoir gérer le plus de temps possible le travail seule avec son

conjoint : « moi j’espérais très fortement passer quand même le plus de temps à la

maison […] je voulais quand même passer le minimum de temps au sein du CALM parce que je me disais là au moins je pourrais pas reprocher à la sage-femme d’en avoir trop fait ou pas assez ».

Madame D déclare avoir eu des attentes concernant ses interrogations sur le déroulement d’un accouchement. Etant primipare, elle espérait avoir des réponses précises par la sage-femme afin de pouvoir appréhender plus facilement son accouchement : « je sais pas ce que j’attendais j’attendais des réponses et j’ai pas eu de

réponses […] parce qu’il n’y en a pas […] évidement peut-être j’aurais aimé qu’on me dise bah tiens l’accouchement ça se passe comme ça ». Elle avait pris conscience au fur

et à mesure des rendez-vous avec la sage-femme que celle-ci serait présente pour l’accompagner mais qu’il fallait qu’elle-même développe une certaine autonomie dans sa démarche d’accouchement physiologique car ce serait elle et elle seule qui mettrait au monde son enfant : « je me suis rendue compte rapidement que euh les entretiens

avec la sage-femme enfin les rendez-vous c’était aussi elle faisait en sorte qu’on puisse être autonome évidement elle aurait été là pour l’accouchement ça je le savais mais

voilà je me suis rendue compte que voilà c’était moi qui allait accoucher de toute façon ».

Une maman, Madame E, avait déjà fait le choix d’accoucher au CALM lors de sa première grossesse. Cependant, elle avait du être transférée lors de son accouchement, chose qui l’avait énormément frustrée et à laquelle elle ne s’était pas du tout préparée. Pour cette seconde grossesse, elle avait donc dans l’esprit de mieux se préparer psychologiquement à cette éventualité afin de mieux le vivre si ceci était amené à se reproduire : « je me suis rendue compte je ne m’étais pas assez préparé à cette

éventualité et ça m’a assez miné déjà l’accouchement et le début de l’arrivée de mon bébé donc du coup j’étais déjà hyper angoissée de ça donc je me disais si je suis à nouveau transférée il faut que je puisse le vivre bien ». Pour d’autres mamans, la

possibilité d’un transfert en cas de problème était également très difficile à envisager même si elles avaient été prévenues au préalable de cette éventualité : « si j’avais voulu

la péridurale à tout prix il fallait faire un transfert et ça j’étais pas prête c’était pas possible » (Madame D).

Enfin, des mamans, comme Madame G, voulaient pouvoir vivre pleinement leur accouchement afin d’éprouver une certaine fierté : « ce qui me tenait à cœur aussi c’est

le fait de pas avoir de péridurale je sais pas pourquoi mais […] au moins comme ça je le fais jusqu’au bout et je suis fière de moi ». Certaines femmes abordent la naissance de

leur enfant comme un évènement fondateur dans leur vie de femme: « tous ces

témoignages que chaque femme a vraiment une histoire propre et que on a quelque chose à vivre lors de cet accouchement et vraiment il y avait des textes qui avaient beaucoup de puissance beaucoup dans la féminité finalement » (Madame H).

Item 5 : Le déroulement de l’accouchement

Les onze mamans interrogées se sont mises en travail spontanément, bien sûr, chacune d’entre elles était à terme sinon un transfert vers le centre hospitalier aurait été nécessaire. Seule Madame D avait dû être hospitalisée lors de son septième mois de grossesse pour une menace d’accouchement prématuré, situation qu’elle a assez mal vécue car cela dérogeait complètement avec sa volonté d’un accouchement physiologique : « pour la grossesse ça s’est bien passé jusqu’à un peu avant le septième

rendez-vous […]on a vérifié le col et il s’était un peu raccourcit donc j’ai été arrêté euh ensuite enfin en gros j’ai été arrêtée pendant euh en fin j’ai été hospitalisée trois jours […] aux Bluets du coup euh évidement ça ça m’a mis complètement en panique c'est-à- dire que c’était tout ce que je voulais éviter (rires) voilà et puis finalement ils avaient peur que j’accouche prématurément ». Finalement, elle ne s’est réellement mise en

travail qu’au terme plus deux jours. La plupart des mamans (9 sur 11) ont réalisé une grande partie de leur travail à domicile comme le décrivent Madame E : « j’avais

l’anniversaire des deux ans de ma fille à fêter donc voilà et comme pour le premier d’avoir toutes ces choses là à faire ça m’a permis de traverser la phase de travail et quand je me suis posée quand à un moment donné je me suis dis bon bah le je peux plus faire autre chose il faut que je me consacre à ça bah c’était déjà vachement avancé » et

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