• Aucun résultat trouvé

Notre étude montre l’importance pour les femmes de pouvoir bénéficier d’un accompagnement global et personnalisé par une sage-femme. L’accompagnement global permet aux femmes de créer une relation de confiance et de proximité avec leur sage-femme, ce qui parait être un atout non négligeable lors du travail et de l’accouchement si l’on prend en considération les effets que peuvent provoquer le stress et l’anxiété sur le déroulement du travail [48].

Pour les femmes, l’écoute, la réassurance et le soutien que peut apporter la sage- femme durant le travail sont des points indispensables pour bien vivre leur accouchement. En effet, la relation au personnel soignant et la qualité du soutien reçu au moment du travail et de l’accouchement font eux aussi partie des facteurs de satisfaction de la femme lors de son accouchement [52]. Une étude réalisée par Virginie Robin [53] analyse l’influence que peut avoir l’analgésie péridurale sur l’accompagnement des parturientes par les sages-femmes. Celle-ci démontre que l’analgésie péridurale a profondément modifié la relation entre la parturiente et la sage-femme puisque certains

professionnels considèrent que la femme sous analgésie péridurale n’a plus besoin d’accompagnement, mais seulement d’une surveillance technique, la douleur étant éradiquée. De cette manière, la technicité de la surveillance du travail serait mise au premier plan, rétrogradant ainsi la relation humaine entre la parturiente et la sage- femme en seconde position. Néanmoins, même si les besoins de la parturiente sous analgésie péridurale peuvent être différents de celle sans analgésie péridurale (puisque la dimension somatique de la douleur est modifiée), la composante psychogène, quant à elle, reste dans la majorité des cas conservée. Nous pouvons nous demander si cette seule variable entre les parturientes justifie une modification de notre accompagnement ? Madame A illustre notre réflexion en nous rapportant le vécu de son premier accouchement sous analgésie péridurale : « j’avais trouvé qu’on était très seuls

mon mari et moi dans l’accouchement du coup j’avais demandé une péridurale l’anesthésiste avait mis vachement de temps à venir et moi j’avais vraiment vécu ça comme une souffrance parce que je ne m’étais pas sentie accompagnée et du coup j’avais envie et besoin surtout d’être accompagnée ».

L’ensemble des remaniements que vit la femme lors du travail nécessite un accompagnement certain de la part de la sage-femme pendant le travail mais pas seulement. Une préparation de l’esprit par la connaissance des aspects physiologiques et psychologiques de la naissance semble importante. Cette préparation doit être adaptée aux besoins de la femme de manière à garantir le respect de son individualité et de sa singularité. Ces échanges sur le déroulement physiologique d’un accouchement permettent aux parturientes de comprendre les sensations qui se présentent à elles lors du travail afin de mieux les accepter et de ne pas être dans l’angoisse de l’inconnu comme nous le confie Madame I : « la mise en situation on fait que l’accouchement

n’était plus une zone d’inconnue donc ça permettait de ne pas être en mode exploration mais d’être en mode je m’adapte à mon ressenti ». Le savoir diminue la peur et par

conséquent la sensation de douleur [52]. En l’absence de préparation préalable à la naissance, un accouchement sans analgésie péridurale peut être vécu par la femme comme un acte d’une violence extrême et engendrer une blessure psychologique.

La sage-femme américaine, Ina May Gaskin, démontre dans son ouvrage la puissante connexion qui existe entre le corps et l’esprit. Elle explique l’impact que peut avoir la psyché sur le corps. Elle développe l’idée que nos pensées et nos sentiments sont en lien avec le fonctionnement de notre corps et notamment avec le bien-être

physique. Un esprit tourmenté pour une quelconque raison a la possibilité de bloquer l’avancée du travail voire de le faire régresser dans certains cas [48]. Nous pouvons soutenir cette réflexion à travers les propos recueillis par Madame A : « et puis là je sais

qu’il y a eu une pause dans le travail et un moment je dis à la sage-femme mais en fait je pense qu’il y a une pause parce que en fait j’ai pas envie de laisser sortir ce bébé elle me rassure […] elle a su vraiment trouver les mots parce qu’elle me disait mais rassures toi ça va être vraiment génial parce que déjà tu vas pouvoir voir ton bébé et aussi dis toi que tu vas pas le lâcher dans la nature ce bébé tu vas l’avoir au sein encore pendant des mois et je me suis dis ah oui c’est vrai c’est bien ça (rires et sourires) c’est une séparation mais pas non plus euh voilà je ne voulais pas être séparée séparée de ce bébé ».

Intégrer le conjoint dans le suivi de grossesse lui permet d’être plus à même de trouver sa place lors de l’accouchement. En effet, les explications données lors des différentes séances de préparation permettent aux pères de mieux comprendre le déroulement de la naissance et de découvrir dans quelle mesure ils peuvent intervenir auprès de leur femme [52]. Pour un homme, voir sa femme mettre au monde son enfant n’est pas toujours un moment facile à gérer. Etre impuissant face à la douleur de sa compagne, ne rien pouvoir faire pour la soulager sont des points fréquemment mis en avant par les pères et qui peuvent parfois être mal vécus. C’est la raison pour laquelle il semble important que le conjoint ait une connaissance de la physiologie de l’accouchement de manière à mieux vivre la naissance de son enfant.

Certains pères ont également appris à interagir avec leur progéniture pendant la grossesse grâce à certaines pratiques telle que l’haptonomie. Dans notre étude, un père nous confie avoir créé un véritable contact avec sa fille en touchant le ventre de sa femme : « il y a eu le fait de créer un lien de rentrer en contact de se rendre compte de

ce que moi je pouvais faire […] avec elle […] enfin moi la première rencontre c’est quand on a eu ces échanges là en fait » (Monsieur I).

Les résultats de notre étude ainsi que les comparaisons faites avec la littérature confirment l’importance de l’accompagnement global et personnalisé de la naissance pour les femmes qui désirent bénéficier d’un accouchement physiologique. Néanmoins, cette affirmation peut être étendue à l’ensemble des femmes quelque soit leur souhait d’accouchement.

3. Qu’en est-il de l’approche de la grossesse et de la naissance

Documents relatifs