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IV. DISCUSSION

3. LIMITES DE L’ETUDE

3.1 Biais de recrutement

Notre étude avait pour but d’étudier les pratiques de l’ensemble des MG exerçant en région Var Est concernant la SEP. Il apparait donc un biais de recrutement dans notre travail, puisque les MG interrogés ont été contactés par l’intermédiaire d’un unique neurologue nous ayant fourni la liste des médecins traitants de ses patients atteints de SEP.

De plus, certains médecins contactés ont refusé de participer à notre étude, en évoquant un manque de temps ou encore un manque d’intérêt pour notre sujet d’étude.

3.2 Biais de déclaration

Les MG interrogés pouvaient sélectionner leurs éléments de réponse, consciemment ou inconsciemment, créant ainsi un biais de déclaration. Nous avons tenté de minimiser ce biais en insistant sur le caractère anonyme des entretiens.

3.3 Conditions d’entretien

Les praticiens étaient parfois contraints par le temps, ce qui pouvait raccourcir la durée des entretiens. Nous avons pu remarquer que les entretiens les plus courts avaient toujours lieu entre deux rendez-vous.

De plus, il arrivait que les médecins soient interrompus par des appels téléphoniques de patients, ce qui pouvait perturber le bon déroulement de l’entretien (E7, E9, E11, E13).

3.4 L’investigateur

La faible expérience de l’interviewer concernant les études qualitatives représentait une limite certaine à notre étude à travers notamment la façon de mener les entretiens, avec toutefois une amélioration progressive au fur et à mesure de la recherche. Tous les entretiens n’étaient donc pas égaux en termes de qualité.

4. ATOUTS DE L’ETUDE

4.1 Originalité du sujet

Le caractère original de notre étude se retrouvait avant tout dans le fait que peu d’études s’étaient intéressées jusqu’à présent aux pratiques des MG concernant la SEP (20,27–29). Il nous a paru ainsi judicieux de nous pencher directement sur les opinions des médecins traitants, ce qui apportait de même une originalité à notre travail.

4.2 Représentativité de l’échantillon

La pertinence du recrutement des participants pouvait être discutée, puisque de sa diversité dépendaient les données et leur saturation. Nos critères d’inclusion se voulaient donc larges : tout MG installé et exerçant en région Var Est ayant dans sa patientèle au moins un patient atteint de SEP pouvait participer. Nous avons ainsi pu recruter un échantillon diversifié en termes de lieux d’installation, relations avec la faculté, secteurs d’activité, durées d’exercice,… Les remplaçants n’ont pas été inclus du fait de leur manque d’expérience concernant une pathologie déjà rarement côtoyée en médecine générale.

Nous avons interrogé davantage d’hommes que de femmes, mais notre échantillon d’étude restait assez représentatif de la population de MG exerçant dans le Var (37).

VAR 2015 ECHANTILLON

Moyenne d’âge 54.3 ans 55.2 ans

Femmes 39% 28.6%

< 40 ans 8.2% 7.1%

> 60 ans 27.8% 28.6%

Toutefois, notre étude ayant été réalisée sur 14 entretiens, il apparait difficile d’extrapoler nos résultats à l’ensemble des praticiens de la région Var Est.

4.3 Méthode qualitative

Nous avons choisi de réaliser une étude qualitative afin de pouvoir nous intéresser aux expériences et aux ressentis des médecins interrogés, ce qui n’aurait pas été possible par une méthode quantitative.

Les participants ne pouvaient pas s’influencer entre eux puisqu’il s’agissait d’entretiens individuels, certes chronophages mais plus intimistes, permettant de discuter plus librement et plus en profondeur du sujet abordé. Des entretiens de groupe auraient cependant permis une plus grande interactivité et un partage plus riche, mais auraient aussi limité la confidentialité des propos de chaque participant.

Les questions ouvertes du guide d’entretien ont permis d’obtenir des réponses diversifiées et variées sur les différents points abordés tandis que le déroulement des entretiens au sein des cabinets des médecins mettait ces derniers plus à l’aise et plus ouverts à l’échange.

Enfin, les entretiens ayant été enregistrés sur dictaphone, une retranscription mot à mot a pu être réalisée en veillant à rester fidèle aux paroles et aux sentiments exprimés.

4.4 Double analyse

Nos données ont pu être encodées et analysées sur le logiciel N’vivo par deux enquêteurs distincts (dont un était l’auteur de la thèse), sans qu’aucune communication n’ait été permise entre eux au cours de l’analyse. Cette double interprétation des résultats a ainsi permis de limiter un biais d’interprétation.

5. PERSPECTIVES

Il apparait indispensable de proposer aux MG une collaboration renforcée avec les différents spécialistes (dont le neurologue et le médecin rééducateur) par l’intermédiaire d’une meilleure communication avec les réseaux de soins dédiés à la maladie. Il serait ainsi utile d’organiser une campagne d’information afin d’expliquer le rôle et les missions des réseaux et associations.

Notre étude a aussi permis de souligner la nécessité d’éclaircir l’intérêt éventuel d’une supplémentation en vitamine D chez les patients atteints de SEP. Il serait également judicieux de clarifier les modalités de prescription du Solumédrol en ville, afin de faciliter la prise en charge des poussées par les praticiens.

Enfin, il serait sans doute intéressant de compléter ce travail par une étude quantitative, afin d’apporter une meilleure significativité et de permettre la mise en place de moyens supplémentaires.

V. CONCLUSION

La SEP est une maladie rare mais grave, avec des répercussions multiples, qui touche le sujet jeune et pour laquelle des erreurs de prise en charge peuvent être lourdes de conséquences. Cette étude qualitative a permis de montrer la grande diversité des pratiques des MG concernant la prise en charge de la SEP en région Var Est tout en mettant en lumière les difficultés rencontrées.

Malgré le polymorphisme clinique de la maladie, les MG pensent régulièrement à évoquer le diagnostic devant un tableau clinique pertinent et se sentent à l’aise dans la gestion des répercussions socioprofessionnelles et psychologiques.

Toutefois, les pratiques se sont avérées extrêmement variables notamment pour la stratégie diagnostique et la prise en charge des poussées.

Durant les entretiens, les principales missions évoquées par les praticiens étaient la coordination des soins, le dépistage, le premier recours et l’accompagnement global du patient.

Les MG éprouvent des difficultés variées : conduite diagnostique, prise en charge pratique des poussées, gestion des effets secondaires des traitements, sans oublier des difficultés à joindre un neurologue en situation d’urgence. Les modalités de prescription et d’encadrement de la méthylprednisolone en ville ne sont pas maîtrisées. Tous ces éléments nous indiquent la nécessité d’améliorer la relation médecin traitant/neurologue, ce qui pourrait être favorisé par le réseau PACASEP. Trop peu de MG en sont membres à ce jour alors que ce réseau pourrait apporter une grande aide aux praticiens. Le problème de la rééducation chez les patients SEP est central dans leur prise en charge ; or notre étude montre des carences dans ce domaine. Des formations médicales continues en lien avec les problématiques révélées par notre étude permettraient également de répondre aux demandes d’information des praticiens.

VI. RESUME

Introduction : La prise en charge de la SEP en cabinet de médecine générale reste aujourd’hui très peu étudiée, posant des interrogations quant aux pratiques actuelles et aux difficultés ressenties par les MG.

Matériel et méthode : Une étude qualitative basée sur des entretiens individuels semi-dirigés a été réalisée auprès de 14 MG installés en région Var Est, de manière anonyme. Une retranscription fidèle sur fichier Word a permis une double analyse sur logiciel N’Vivo afin de classer les idées émergentes par thèmes et sous-thèmes.

Résultats : La symptomatologie de la SEP, le traitement théorique des poussées ainsi que les répercussions socio-professionnelles et psychologiques sont maitrisés. Devant une suspicion de SEP, la majorité des MG demandent une IRM, sans toujours préciser la nature de celle-ci (cérébrale/médullaire), tandis que d’autres adressent directement au neurologue, avec ou sans urgence. Les MG constatent qu’ils sont très souvent consultés en premier recours en cas de suspicion de poussée, ayant alors recours au neurologue, aux urgences hospitalières, ou à la prescription de corticoïdes per os. La gestion du Solumédrol à domicile demeure inconnue des praticiens. Aucun médecin ne connaissait le réseau PACASEP. Les difficultés majeures sont la conduite diagnostique, la prise en charge des poussées, la gestion des effets secondaires des traitements, et la communication avec un neurologue en situation d’urgence.

Conclusion : Cette étude a démontré la nécessité d’améliorer la relation médecin traitant/neurologue, ce qui pourrait être favorisé par le réseau PACASEP, inconnue des MG installés en région Var Est. Des programmes de formation médicale continue permettraient de répondre aux interrogations actuelles des MG concernant la maladie.

VII. ANNEXES

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