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CHAPITRE 4: DISCUSSION

4.6 Limites et perspectives de recherches futures

Certaines limites se doivent d’être mentionnées afin de nuancer le portrait obtenu par les résultats de la présente étude. Premièrement, l’échantillon de l’étude provenait de sept écoles secondaires de la même région et de la même commission scolaire, ce qui ne peut permettre de généraliser nos résultats à l’ensemble des écoles de la province.

Deuxièmement, la catégorie AUTRE des élèves participants aurait eu avantage à être précisée ou mieux définie afin de vraiment connaître le type de clientèle spécifique qu’on y retrouvait (ex. : troubles de comportement, déficience intellectuelle). Troisièmement, le questionnaire utilisé était en période de validation, ce qui peut expliquer un faible Alpha de Cronbach 0,59 dans l’échelle COLLABORATION du climat scolaire. Des améliorations ont été apportées par la suite à la version plus récente du questionnaire. Quatrièmement, la nature quantitative de cette étude limite la liste des manifestations de la violence indirecte observées par les élèves. Une méthode mixte de recherche donnerait certainement un portrait plus clair et juste des manifestations de la violence indirecte, du taux de victimisation et de ses effets sur le climat scolaire et la réussite. L’emploi d’observations et d’entrevues pourrait amener un plus large éventail de connaissances liées au vécu des élèves et pourrait aider à justifier pourquoi certains comportements affectent davantage un sexe que l’autre.

La présente recherche ne distingue pas les témoins d’agressions indirectes. Plus récemment, des études ont décelé que le fait d’avoir été témoin de violence peut entraîner des conséquences plus importantes pour les jeunes que celui d’avoir été victime d’agressions (Hardaway, 2009; Janosz et al., 2008). Ajouter ce sous-groupe à de futures analyses permettra d’approfondir les connaissances concernant la perception du climat scolaire de différents acteurs.

75 Enfin, plusieurs aspects ont été soulevés concernant les recherches futures. Entre autres la part de la discrimination institutionnelle sur le taux de victimisation indirecte, celle de l’agression indirecte dans le développement du sentiment d’appartenance et par-dessus tout, la manière dont les garçons vivent la victimisation indirecte. Plus que jamais, le sujet traitant des garçons dans la littérature sur l’agression indirecte demande des éclaircissements. Le taux constant de victimes masculines au secondaire et la perception plus négative du climat scolaire qu’on retrouve dans la population générale de garçons rappellent que ce type de violence ne touche pas seulement les filles. D’autres recherches sont nécessaires afin de déterminer dans quelle mesure ceux-ci sont touchés de même que les raisons et les conséquences précises de la victimisation indirecte sur les garçons.

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CONCLUSION

Somme toute, il est évident que l’agression indirecte joue un rôle dans la réussite scolaire des élèves. Les recherches ont confirmé qu’être victime ou témoin d’agression peut influencer la perception du climat scolaire des élèves de manière négative. Une perception négative du climat scolaire, ou de certains aspects de celui-ci, amène souvent les jeunes à éviter l’école, ce qui engendre une multitude de conséquences en rapport avec la réussite scolaire, les problèmes de comportement, la participation et l’attachement (Buhs, Ladd et Herald, 2006; Juvonen, Nishina et Graham, 2000). À l’ère d’une conscientisation nationale de la violence à l’école, il est important de pouvoir reconnaître chacun des aspects pouvant aider les intervenants à créer un environnement propice à la réussite éducative des élèves.

Ainsi, cette recherche a permis d’identifier plus clairement les victimes de violence indirecte au secondaire. Puisque la violence l’école peut mener vers le décrochage scolaire (Cappella et Weinstein, 2006; Card et al., 2008; Leff, Waasdorp et Crick, 2010; Neal, 2009; Turcotte et Lamonde, 2004; Verlaan et Turmel, 2010), la connaissance des groupes plus visés par la violence indirecte permet aux milieux scolaires de mieux se préparer et réagir face à ce type de violence. Un second fait saillant de cette recherche touche le sexe des victimes; le taux de victimisation indirecte est plus élevé chez les garçons de 1re, 4e et 5e secondaire et ce type de violence affecte davantage la perception du climat scolaire chez ces derniers. À la lumière de ce constat, les responsables de la prévention de la violence à l’école devront impérativement tenir compte à la fois des garçons et des filles dans leur plan de prévention contre l’agression indirecte dans les écoles. Enfin, la violence indirecte affecte principalement la perception des climats de sécurité, de justice et de collaboration. Chez les victimes d’agression indirecte, le lien est d’autant plus fort. Ces résultats soulignent non seulement les conséquences aggravantes de la violence indirecte sur le climat scolaire, mais aussi la force du lien violence indirecte/perception du climat scolaire chez les victimes. Les différences notées entre la population générale et la population de victimes poussent le milieu de la recherche à se

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questionner sur la manière de mesurer les effets négatifs de la violence indirecte dans les écoles.

Les résultats de cette recherche tendent à démontrer qu’une meilleure compréhension du phénomène de la violence indirecte dans les écoles se trouve davantage dans la perception individuelle des victimes que dans la perception de la population en générale. Au plan de l’intervention en milieu scolaire, cela signifie que chaque école doit tenir compte de sa propre réalité et de celle de sa population dans la mise en place de programmes visant à diminuer le taux de violence indirecte dans leur milieu. Le succès de ces programmes repose davantage sur les caractéristiques personnelles des individus victimes que sur le climat général de l’école. Ainsi, il faut viser à renforcer les facteurs de protection individuels chez chaque élève plutôt que d’investir seulement sur les facteurs de protection du milieu. De cette façon, il sera possible d’aider les victimes à développer une perception plus positive du climat scolaire tout en maintenant les facteurs de protection relatifs au milieu (ex. : les sentiments de sécurité, de justice et d’appartenance).

En conclusion, la violence indirecte est loin d’être un nouveau fléau touchant les établissements scolaires, mais plutôt un phénomène jadis considéré comme banal, qui demande aujourd’hui à être davantage connu et compris par les intervenants du milieu. Alors qu’on commence à réaliser les effets négatifs de cette violence couverte sur les jeunes, la société doit se questionner sur l’origine de ces conduites agressives, mais surtout et impérativement, sur la promotion qu’elle semble en faire dans ses médias télécommunicatifs depuis quelques années.

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