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L’influence du sexe et du niveau scolaire dans la relation violence indirecte –

CHAPITRE 4: DISCUSSION

4.2 L’influence du sexe et du niveau scolaire dans la relation violence indirecte –

Le second sous-objectif poursuivi dans cette recherche était de déterminer les liens existant entre la perception du climat scolaire (et de ses composantes) et le sexe des victimes d’agressions indirectes. En lien avec le premier sous-objectif, cette section permet de mettre en relief l’influence du sexe et du niveau scolaire dans la relation violence indirecte/climat scolaire.

4.2.1 L’influence de la violence indirecte chez les filles et les garçons selon leur perception du climat scolaire

Comme l’ont déploré Astor et ses collègues (2002), la recherche sur la violence à l’école a constamment mis de côté la manière dont le sexe des élèves affecte leur perception de la victimisation à l’école. Les résultats du présent mémoire permettent d’explorer dans quelle mesure le sexe des élèves affecte la perception du climat scolaire chez les victimes d’agressions indirectes.

Certains chercheurs ont admis que les filles tendent à avoir des réseaux sociaux plus complexes et seraient plus préoccupées par la qualité de leurs relations que les garçons (Swayne, 2008). En tenant compte de la présente étude, cette réalité n’affaiblit pas la perception du climat scolaire des filles. Chez la population totale, la violence indirecte affecte davantage la perception des garçons du climat scolaire et de ses sous-aspects. Entre autres, les garçons (victimes et non-victimes confondues) perçoivent plus négativement le climat de sécurité que leurs pairs féminins. Astor et al. (2002) ont affirmé que le sentiment de sécurité chez les garçons est miné par leur exposition aux conduites à risque, par l’observation d’actes

67 d’agression, mais surtout, par leur propre victimisation, alors que chez leurs pairs féminins, la peur est associée principalement à leur propre expérience de victimisation. Ce constat peut expliquer la perception plus négative des garçons du climat de sécurité dans la population totale, car dans cet échantillon se retrouvent également les garçons témoins chez qui la violence indirecte affecte la perception du climat de sécurité. Les résultats de la présente étude ne permettent toutefois pas d’expliquer la raison derrière la perception plus négative du climat scolaire chez les garçons. Il s’agit d’une question qui devrait être adressée dans les recherches futures associant la perception du climat scolaire et le sexe des élèves.

En ce qui a trait au taux de victimisation selon les sexes, les résultats affichent une différence entre le pourcentage de victimes au cours des cinq années du secondaire, où parfois ce sont les filles qui affichent le plus haut taux de victimisation et d’autres fois, les garçons. Cependant, le pourcentage total de victimes est pratiquement le même pour les deux sexes (garçons : 31,9 %, filles : 31,7 %). Si les filles utilisent davantage l’agression indirecte que les garçons (Cappella et Weinstein, 2006; Feshbach, 1969; Lagerspetz, Björkvist et Peltonen, 1988), cette réalité n’est cependant pas reflétée par la présente analyse sur les victimes : les résultats tendent plutôt à appuyer les conclusions de Card et ses collègues (2008), c’est-à-dire, qu’il n’existe aucune différence significative entre les deux sexes concernant le taux de victimisation.

Outre le groupe d’âge constituant l’échantillon d’une recherche, le type de questionnaire utilisé (autorapporté, observations, « peer reports » et « teacher reports ») peut aussi expliquer la différence entre les résultats des chercheurs en ce qui a trait au portrait de chacun des sexes (Archer, 2004). Comme l’a mentionné Archer (2004), dans sa méta-analyse sur la violence, « higher female indirect aggression was limited to later childhood and

adolescence and varied with method of measurement » (p. 291).

En somme, la différence entre le taux de victimisation chez les garçons et les filles n’a d’importance que si l’on souhaite intervenir sur un groupe d’âge spécifique. Principalement, l’intervention face aux victimes doit se faire de manière à ne pas délaisser un sexe plus que l’autre. Globalement, les résultats ont confirmé que chez les victimes d’agressions indirectes, aucune différence significative n’existe entre les deux sexes en ce qui a trait à la perception du climat scolaire sauf pour le climat relationnel. Cela dit, les intervenants du milieu scolaire ne

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doivent pas banaliser ce genre d’agression, car ses conséquences sur le climat scolaire sont réelles. De plus, une perception négative du climat scolaire réduit le sentiment d’appartenance des élèves les rendant plus à risque, entre autres, de décrochage scolaire.

4.2.2 L’influence de l’agression indirecte sur la perception du climat scolaire selon le niveau scolaire

Le plus haut taux de victimisation, en excluant les groupes de cheminement particulier, se trouve en 2e secondaire (35 % de victimes). Le niveau de victimisation chez les filles varie

entre 22 % et 40 % et le nombre de victimes atteint également son apogée chez les filles en 2e

secondaire (40 % de victimes). Cependant, chez les garçons, le niveau de victimisation se maintient autour de 30 %, sans augmenter ou diminuer drastiquement au cours des cinq années du secondaire. Ces résultats vont à l’encontre des observations de certains chercheurs affirmant que l’aliénation sociale et l’ostracisme (chez les filles) augmentent dramatiquement avec l’âge (Archer, 2004; Galen et Underwood, 1997). Les résultats de Björkvist, Osterman et Kaukianien (1992) se rapprochent davantage de ceux de l’étude actuelle, puisque ces auteurs affirment que le taux d’agressions indirectes est le plus élevé entre 11 et 15 ans. Ils observent toutefois un sommet à l’âge de 11 ans et davantage chez les filles.

Les résultats de ce mémoire établissent un plus haut taux de victimisation chez les filles en général. Cette discrimination en faveur du sexe féminin touche son apogée en 2e secondaire

(à l’âge de 14 ans) et diminue drastiquement pour finalement atteindre un pourcentage plus bas que celui des garçons à la fin du secondaire. Ces mêmes résultats ont été observés dans une étude effectuée aux États-Unis (Furlong, Greif, Bates, Whipple, Jimenez et Morrison, 2005). Les chercheurs ont noté un plus haut taux de victimisation chez les filles en 7e et 8e années, qu’en 11e et 12e année. Ce phénomène peut être expliqué par le lien entre l’agression indirecte et le statut social (Hoff et al., 2009). Cillessen et Mayeux (2004) ont établi que les conséquences négatives sur le statut sociométrique des adolescents utilisant l’agression relationnelle augmentaient avec l’âge, et ce, de façon plus marquée chez les filles. Ils ont également souligné que même si le lien entre l’agression sociale et la popularité est plus fort chez les filles, les garçons l’utilisent aussi, mais sans que cela nuise à leur statut social. Ces observations suggèrent une censure de ces comportements chez les filles qui ne touchent pas

69 leurs pairs masculins. Ce constat appuie également les données de la présente recherche attestant que le taux de victimisation chez les garçons reste stable au cours des cinq années du secondaire.

Il était attendu que chez les élèves du premier cycle, la relation entre la victimisation indirecte et leur perception du climat scolaire de leur école serait plus négative que chez les élèves plus âgés. Étrangement, les résultats révèlent que la victimisation indirecte affecte plus négativement la perception du climat scolaire des élèves de 3e, 4e et 5e secondaire. Il est possible qu’au cours des années les élèves développent progressivement un sentiment d’appartenance plus fort à leur milieu (qui résulte de la perception positive de plusieurs sous- aspects du climat scolaire; Janosz et al., 1998). Cette perception plus positive à la base expliquerait le plus grand taux de variance dans la perception du climat scolaire et de ses sous- aspects chez les élèves du deuxième cycle du secondaire.

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