Chapitre 5 : Conclusion générale
5.3 Limites de l’étude et perspectives de recherches futures
Puisque toutes recherches présentent des limites, celle-ci ne fait pas exception. La première concerne la généralisation difficile des résultats. En effet, les élèves participant provenaient tous d’une même commission scolaire de la région de Québec et l’échantillon n’a pas la prétention d’être représentatif de l’ensemble des élèves du Québec. Les résultats sont donc difficilement généralisables au niveau national. De plus, l’échantillon d’élèves utilisé a été considéré de manière globale, ne faisant aucune distinction entre les établissements scolaires. Il pourrait être intéressant de comparer ultérieurement les résultats par établissement, puisque le climat d’un établissement lui est propre. Le fait de mesurer empiriquement dans un même établissement scolaire les deux variables déjà à l’étude en plus de la réussite ou de la persévérance scolaires, aurait été d’une très grande pertinence, comme l’ont précédemment suggéré Benbenishty et Astor (2005). Toutefois, comme les données analysées dans le cadre de cette thèse sont de source secondaire, provenant d’une étude plus vaste (Beaumont et Paquet, 2011), aucune information concernant la réussite scolaire (p. ex., notes ou moyennes générales) n’étaient disponibles.
Une autre limite de cette thèse concerne la typologie du climat scolaire et de la victimisation utilisée. Comme le questionnaire administré (QSVE) constituait une version préliminaire du QSVE-R utilisé récemment par Beaumont, Leclerc et Frenette (2014), les derniers modèles théoriques et conceptuels suggérés pour ces deux variables n’ont pu être intégrés et utilisés. Ceci représente une certaine limite étant donné les résultats obtenus, particulièrement ceux en lien avec la distinction de la perception du climat de sécurité entre les victimes et les non-victimes de violence de formes matérielle, psychologique et à connotation sexuelle qui revêtent un aspect dit « indirecte » pour certaines d’entre elles. La typologie du climat scolaire en quatre composantes a aussi pu avoir une incidence sur les résultats concernant l’influence des composantes du climat scolaire sur les diverses formes de victimisation, faisant ressortir le très faible apport de trois des quatre composantes du climat sur les formes de violence étudiées. La nouvelle version du QSVE qui a donné lieu à une nouvelle typologie proposée par ces auteurs aurait pu engendrer des résultats plus
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spécifiques, discriminant mieux la perception des victimes et des non-victimes et l’influence distincte de chaque composante, si elle avait été intégrée dans la présente recherche.
Finalement, la recension des écrits réalisée pour les fins de cette recherche a permis de mettre en exergue la très grande diversité de méthodologies utilisées tant dans les études portant sur le climat que dans celles portant sur la victimisation par les pairs. Les mesures différentes, les nombreuses définitions du concept de « victime » (selon le point de coupure utilisé), les composantes du climat scolaire utilisées et les procédures distinctes n’ont pu permettre de comparaisons plus précises avec les résultats des recherches antérieures, ne permettant pas d’appuyer suffisamment chacun des résultats obtenus avec les écrits scientifiques passés. Les résultats présentés ont cependant permis d’améliorer les connaissances et peuvent donner lieu à de futures recherches dans le domaine.
La considération du lien unissant le climat scolaire, particulièrement le sentiment de sécurité, à la victimisation par les pairs et son lien théorique avec la réussite et la persévérance scolaires des élèves n’a pas été largement exploré jusqu’à maintenant. Ces relations ont été étudiées par plusieurs chercheurs de manière plus globale, sans distinction dans la même étude des diverses composantes du climat scolaire et des nombreuses formes de victimisation vécues par les élèves qui ont été abordées dans la présente recherche. Les divers résultats recensés indiquent tout de même un lien et une influence du climat scolaire général et de certaines composantes tant sur la présence de victimisation par les pairs dans une école que sur la réussite scolaire des élèves ou la diminution des risques de décrochage scolaire. Compte tenu du potentiel que représente le climat scolaire dans la prévention de la victimisation et du décrochage scolaire et que les résultats des études actuelles sont difficilement comparables et généralisables, il est important que davantage de recherches sur le sujet soient réalisées.
Comme la taille de l’échantillon utilisé dans le cadre de la présente recherche se limitait aux sept écoles secondaires d’une même commission scolaire totalisant 2 154 élèves, il pourrait être pertinent de reproduire cette étude dans un contexte plus large, par exemple avec un échantillon représentatif de la population québécoise. De cette manière, il serait
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possible d’analyser auprès d’un plus grand échantillon les liens entre le climat scolaire et la victimisation par les pairs et d’obtenir des résultats généralisables et transposables à la communauté scolaire québécoise, et ce, dans un souci d’assurer une meilleure chance de réussite et de diplomation pour un plus grand nombre d’élèves. Une recherche d’une telle envergure permettrait de proposer des interventions différentes s’adressant à tous les milieux scolaires. Il serait aussi intéressant de voir si les composantes du climat scolaire qui influencent la victimisation par les pairs sont les mêmes dans une étude nationalement représentative, comparativement aux présents résultats.
Plusieurs chercheurs, dont Janosz et ses collaborateurs (1998) ainsi que Stamler, Scheer et Cohen (2009), ont suggéré une structure différente du climat scolaire que celle utilisée dans la présente étude, incluant la considération des pratiques pédagogiques des enseignants. Étant donné que plusieurs études intègrent cette autre composante du climat scolaire dans leur recherche et qu’elle semble avoir une incidence entre autres sur la réussite scolaire des élèves, il pourrait être pertinent de modifier la structure proposée du climat scolaire et d’y ajouter cette caractéristique liée aux pratiques utilisées par les enseignants. La qualité de l’enseignement, l’utilisation de systèmes de reconnaissance et le système d’encadrement établi en classe par exemple pourraient y être inclus. Pour ce faire, l’ajout d’items au questionnaire ainsi que d’autres analyses visant à confirmer cette nouvelle structure factorielle seraient nécessaires. Par la suite, des analyses devraient être effectuées pour vérifier à nouveau l’influence de cette structure modifiée du climat scolaire sur la victimisation par les pairs.
Le point de coupure utilisé pour déterminer le seuil minimal d’agressions subies pour être considéré « victime » de violence est une information souvent manquante dans les études abordant cette variable. Ce manque d’information méthodologique fait en sorte qu’il est difficile de comparer les études sur le sujet. Or, la présente recherche mentionne clairement les élèves considérés comme des victimes en établissant un point de coupure précis en lien avec les écrits scientifiques à ce sujet (Beaumont, Leclerc et Frenette, 2014). Il serait important que les recherches futures donnent cette information afin de faciliter et améliorer les comparaisons entre les études.
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Dans le cadre de la présente recherche, les participants étaient des élèves de la première à la cinquième secondaire du secteur dit régulier. Les classes d’adaptation scolaire ont été exclues de l’échantillon étant donné que les types de classe et de programmes offerts différaient entre chacune des écoles participantes. Toutefois, comme la perception de la qualité du climat scolaire semble différente selon les élèves et leurs caractéristiques personnelles, il pourrait être pertinent dans une éventuelle recherche d’inclure les élèves de tous les secteurs d’enseignement (régulier, adaptation scolaire, formation professionnelle). Ainsi, il serait peut-être possible de constater des perceptions distinctes du climat scolaire, des prévalences différentes de victimisation entre ces groupes et d’observer la présence ou pas de différences quant à l’influence des composantes du climat scolaire sur la victimisation par les pairs selon ces sous-groupes d’élèves. De cette manière, si des différences sont présentes, des interventions visant l’amélioration du climat scolaire pourraient être mises en place pour aider chacun des groupes d’élèves et les accompagner dans leurs besoins particuliers.
Enfin, dans le troisième article de cette thèse, la distinction entre les garçons et les filles de la fin du secondaire n’a pas été effectuée, alors qu’il est largement rapporté dans la littérature sur le sujet que les garçons sont davantage à risque de décrochage scolaire (p. ex., Fortin et al., 2004). Cette comparaison quant au sexe des élèves et leur statut victimaire pourrait apporter une précision au sujet de la perception des composantes du climat scolaire distinctement pour les garçons et les filles de quatrième et cinquième secondaire, en gardant à l’esprit l’intervention possible sur ces éléments du climat scolaire à un moment charnière de leur cheminement scolaire et de leur décision de persévérer ou pas jusqu’à la fin du secondaire.
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