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2 A propos de la méthodologie

2.1 Limites et biais de l’étude

2.1.1 Population

Notre population cible était l’ensemble des internes de médecine générale d’Ile de France débutant leur internat en novembre 2012. D’après les données de l’ARS ils étaient 164 hommes (soit environ 30%) et 394 femmes (soit environ 70%) dans cette situation. Sur ce point notre population n’est pas comparable à celle d’origine, la différence de répartition observée entre la population parente (30%F / 70%H) étant significativement différente de celle observée dans cette étude (18%F / 82%H). Notre population comporte donc bien plus de femmes, peut-être parce que celles-ci se sentent plus concernées par le sujet, ce qui représente donc un biais de sélection entrainant une diminution de la représentativité de la population pouvant influencer nos résultats.

Par ailleurs, cette étude est basée sur le volontariat, impliquant donc un biais de sélection non négligeable. En effet, on peut facilement supposer que les internes ayant accepté de répondre au questionnaire, et à fortiori à au moins deux temps, se sentaient concernés par le sujet et présentaient une volonté de se faire entendre pour faire évoluer leur statut. D’autre part, on peut supposer que les internes les plus épuisés aient moins pris le temps de répondre à ce long questionnaire. Certains internes nous ont également fait des remarques au sujet de questions jugées parfois trop personnelles, la crainte (infondée) d’un non-respect de l’anonymat a donc pu entrainer une diminution du nombre de réponses chez les internes présentant des difficultés souvent jugées par eux-mêmes comme honteuses.

Il faut noter également que notre population est composée uniquement d’internes de médecine générale franciliens, et diffère donc de l’ensemble des internes de médecine générale de France. En effet, il est souvent admis que les conditions de vie en Ile de France sont plus difficiles qu’en province, concernant du moins le prix des loyers, l’absence de logement en internat, le temps passé dans les transports etc.

Il est donc difficile à l’heure actuelle de pouvoir généraliser nos résultats. Mais l’étude « InternLife » se prolongeant à Bordeaux, cela permettra peut-être d’y voir plus clair.

2.1.2 Biais de mesure

2.1.2.1 Auto-questionnaire

Notre étude est fondée sur un questionnaire à remplir directement en ligne par les internes, représentant une réelle facilité de réponse. Cependant le fait de répondre sur internet présente également certains inconvénients induisant des biais, comme les possibles difficultés de concentration liées à l’environnement pouvant induire un manque d’implication voire même des réponses automatiques dans le but de finir le questionnaire au plus vite (et ce d’autant plus que le temps de réponse à l’intégralité du questionnaire est d’environ 30minutes) mais également l’impossibilité de contrôler l’identité de celui qui répond, et la possibilité pour un même interne de répondre plusieurs fois (cela est arrivé mais a pu être ajusté si l’interne répondait correctement, grâce à un système d’identification avec les premières lettres du prénom de la mère et le jour de naissance).

Il s’agit d’un auto questionnaire, ce qui amène un biais d’évaluation évident lié à la subjectivité des réponses. L’ensemble des réponses des internes est lié à leurs perceptions concernant les variables évaluées. Concernant le burnout, un interne véritablement épuisé pourra refuser d’admettre sa souffrance (de façon consciente ou non) et donc minimiser ses réponses à ce sujet. A l’inverse, un interne fatigué pourra majorer ses réponses sur ce sujet dans l’espoir d’être entendu et de faire évoluer la situation. Concernant l’empathie, il existe un biais de désirabilité. En effet, l’empathie étant globalement considérée comme une véritable qualité du médecin, certains internes pourraient avoir tendance à surévaluer leurs réponses ou à se penser plus empathique qu’ils ne le sont réellement.

2.1.2.2 Mesure de l’empathie

Comme nous l’avons vu, l’empathie est un concept subjectif complexe, dont la définition est controversée et mouvante. La mesurer n’est donc pas quelque chose d’objectif et de rigoureux au sens scientifique du terme, mais de complexe et controversé, induisant donc forcément des biais d’évaluation et d’interprétation.

Lors de la validation en français de la JSPE la traduction du questionnaire a engendré des doubles négations dans une volonté de respecter l’échelle originale, mais rendant parfois sa compréhension moins évidente. Le coût cognitif est donc important, pouvant peut-être induire des réponses plus automatiques ou moins réfléchies, faussant une partie des réponses.

Bien que l’empathie évaluée par la JSPE soit corrélée à l’empathie du médecin ressentie par le patient (JSPPE) (130), il ne faut pas perdre de vue le risque de surestimation des réponses induite par un désir de l’interne d’être plus empathique, ou de se penser plus empathique qu’il ne l’est en pratique.

2.1.2.3 Mesure du burnout

Comme nous l’avons vu précédemment, une des difficultés dans l’évaluation du burnout est qu’il n’existe pas de score global. Avec l’utilisation du MBI chaque dimension doit donc être interprétée séparément. Dans la littérature certains auteurs considèrent qu’un score élevé d’épuisement émotionnel et/ou de dépersonnalisation correspond à un burnout élevé (88). Nous nous sommes servi de cette définition dans l’analyse des résultats de cette thèse, mais bien qu’utilisée dans la littérature, il faut garder en tête l’absence de consensus sur ce point. Par ailleurs l’utilisation de l’accomplissement personnel comme dimension du burnout est contestée par certains auteurs (128), mais nous l’avons étudié comme tel devant l’absence de consensus.

Comme pour l’empathie, il s’agit bien d’un concept très complexe, pour lequel obtenir définition et outils de mesure consensuels n’est pas encore d’actualité.