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Les facteurs de risques et facteurs protecteurs du burnout chez les soignants

3 Empathie

4.7 Les facteurs de risques et facteurs protecteurs du burnout chez les soignants

Nous allons résumer ici les principaux facteurs qui influencent le burnout retrouvés dans de nombreuses études (64)(87)(88)(89)(90)(91)(92)(93)(94)(95)(96).

4.7.1 Les facteurs de risque

4.7.1.1 Relatifs au travail

- Une charge de travail excessive : de nombreuses études(64)(95)(87)(90) ont permis de démontrer qu’il s’agit d’un facteur favorisant du burnout, particulièrement en terme de qualité.

- Un excès de charges administratives et l’augmentation des contraintes collectives : en 2007, 96% des médecins franciliens dénonçaient « l’excès de paperasseries » comme première cause d’épuisement professionnel (87).

- Un manque de reconnaissance et de soutien de la part des collègues et supérieurs. - Un décalage entre les compétences de l’individu et les responsabilités qui lui sont

confiées.

- Le fait de travailler isolé, avec peu voire pas de travail d’équipe.

- L’existence d’un décalage entre les valeurs morales de l’individu et les exigences imposées par le travail.

- L’existence de difficultés relationnelles avec un ou plusieurs patients (pathologie lourde, patient exigeant…) qui peut aboutir à l’apparition d’un sentiment de non reconnaissance pour le praticien.

- Le manque de temps pour sa vie privée/la vie trop parasitée par le travail.

- Le manque de sommeil (qui peut être ou non en lien avec le nombre d’heures travaillé et en particulier le nombre de gardes) (94).

4.7.1.2 Relatifs à l’individu

- Le manque d’expérience et de confiance en soi. - Des exigences personnelles trop importantes.

- Certaines personnalités : nous avons vu précédemment que des personnalités obsessionnelle, compulsive, dépendante, ou encore évitante peuvent mimer un burnout, mais également qu’il fallait rester vigilant car ces mêmes personnalités représentent souvent un terrain favorisant l’apparition d’un burnout.

- Certaines orientations de carrière, définies par Cherniss en 1980, sont également plus à risque. Didier Truchot reprend ces définitions en 2002 dans son rapport de recherche (90) et met en évidence un lien entre orientation de carrière et burnout. Deux d’entre

elles semblent à risque : l’orientation égoïste (individu peu engagé dans son travail, son objectif est de satisfaire sa vie personnelle ; sa vie privée prend le pas sur le travail qui n’est qu’un moyen instrumental de la faire fructifier) et l’orientation carriériste (individu dont le principal objectif est la reconnaissance sociale que peut lui apporter le travail ; il dirige ses efforts professionnels pour obtenir prestige, responsabilités et stabilité financière).

- Certains évènements de vie négatifs vécus par le médecin peuvent rendre la prise en charge d’évènements similaires dans la vie professionnelle plus difficile s’il s’identifie dans la situation. Comme le décrit A. Woerner dans sa thèse (97), cela peut être un facteur ‘fragilisant’ mais également un ‘moteur’ permettant au médecin d’avancer. - L’existence de conflits entre vie professionnelle et vie privée.

Dans son livre (78) François Baumann rappelle les douze étapes pouvant mener au burnout, d’après la théorie de Freudenberger :

- Excès d’ambition

- Manque d’attention à ses propres besoins - Engagement personnel trop important

- Prise de conscience tardive face à ses conflits internes : possibilités de refoulement débordées

- Disparition progressive des besoins non professionnels - Déni du surmenage et de la surcharge de travail

- Cynisme dissimulé tant bien que mal par une attitude ironique et un humour souvent noir

- Modification du comportement : rigidité psychique, intolérance à la critique, apparition progressive de la déshumanisation

- Négation de ses besoins essentiels antérieurs - Sentiment d’incompétence et d’inutilité - Disparition de l’esprit d’initiative, apathie - Epuisement total.

4.7.2 Les facteurs protecteurs

- Un support social, familial et professionnel adapté.

- Encore d’après Didier Truchot (90), les deux autres orientations de carrière semblent être protectrices vis-à-vis du burnout chez les soignants : l’orientation activiste (individu idéaliste, très engagé et plutôt critique à l’égard de sa profession, se soucie peu de son statut et de sa sécurité d’emploi ; son objectif est de permettre un changement social et d’améliorer la vie de ses patients) et l’orientation artisan (individu qui cherche à développer ses compétences et à acquérir de nouvelles capacités afin de préserver son indépendance ; son objectif est d’exercer son savoir- faire et de le développer au cours de nouvelles expériences).

- D’autres facteurs protecteurs ont également été décrits, comme le sentiment d’équité dans la relation médecin- patient (98) ou encore le fait de se sentir responsable de son avenir et non pas de le voir comme une fatalité.

4.7.3 Les facteurs controversés

- Le genre : les résultats des études concernant ce facteur ne cessent de se contredire. Si certaines études ne retrouvent pas de corrélation significative, d’autres montrent que les femmes présentent plus de signes de burnout que les hommes, alors que d’autres affirment le contraire (93). D’autres encore montrent que les femmes ont un score de dépersonnalisation significativement inférieur à celui des hommes (99) ou bien au contraire que les femmes présentent uniquement un épuisement émotionnel plus important que les hommes (64).

- L’âge : au même titre que le sexe, l’âge est un facteur de risque très controversé dans la littérature. Certaines études ne retrouvent pas de lien, d’autres affirment que l’âge jeune est un risque supplémentaire de burnout, d’autres encore montrent un risque accru de burnout avec l’augmentation de l’âge…

- Certaines études affirment que les personnes vivant seules ont des scores de burnout plus élevés, mais l’impact du statut marital est encore mal établi, car il est probable que cette variable se confonde avec d’autres (71).