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Chapitre 4 L’expérience et l’anticipation :

1. Les lignes de tension cognitives

Plusieurs lignes de tension peuvent structurer les négociations. Ces confrontations renvoient pour la plupart aux caractéristiques des connaissances mobilisées dans l’opérationnalisation concrète des valeurs. Elles opposent les connaissances à travers leurs méthodes de construction, les rendant incommensurables entre elles. A un niveau général, ces tensions peuvent se cristalliser en raison de divergences introduites dans l’opération de concrétisation des valeurs résultant soit des valeurs mobilisées, soit des méthodes de construction des connaissances.

Les espaces productifs et naturels

Une première ligne de tension oppose les projets humains concernant le milieu. Le projet des uns renvoie avant tout à sa mise en valeur économique alors que pour d’autres il s’agit d’abord d’y protéger la biodiversité. Ces projets ne s’opposent pas autour de ces deux postures, il s’agit plutôt de deux pôles entre lesquels les acteurs se positionnent.

Les espaces productifs

Les espaces ruraux, littoraux, montagnards ou maritimes peuvent être caractérisés par la prégnance d’éléments naturels comme des arbres, des champs, des roches, de l’eau, du sable, etc. Toutefois, leur degré d’anthropisation est extrêmement variable, allant d’un espace ne possédant quasiment aucune

135 marque visible d’anthropisation, comme un îlot inhabité, à des espaces largement

conçus et aménagés par les humains comme c’est le cas des espaces agraires qu’ils soient de bocages ou plus ouverts. Dans tous les cas, la prégnance d’éléments naturels laisse la possibilité d’interprétations divergentes de ces espaces. G. Bertrand (1975) a montré la distinction entre des éléments naturels et l’interprétation, le sens, que les sociétés affectent à ces éléments naturels, ce sens évoluant en même temps que ces sociétés.

Dans cette perspective, A. Micoud (1993) a souligné le rôle des grilles d’interprétation du milieu naturel. Selon lui, les sociétés organisées autour de l’exploitation des ressources naturelles (l’agriculture, la forêt ou la pêche) construisent leur relation au milieu à partir de l’identification de ses capacités productives. Si on se réfère aux sociétés agraires qui ont survécu en France jusque dans les années 1960, le sens affecté par cette grille au milieu naturel était lié à sa productivité. Ainsi, la dichotomie opérée entre les animaux domestiques et sauvages renvoyait à l’existence de schèmes cognitifs directement issus de l’agriculture. «Est sauvage dans la société traditionnelle ce qui, étymologiquement, est défini par le lieu où il se trouve : salvaticus, en bas latin, est une altération de silvaticus, de silva, forêt. Cette dualité indique donc un ordre des choses, ou plus exactement, un cadre de pensée et de représentation qui dit de quel côté se trouve l’ordre, le cultivé, le civilisé, et de quel autre côté, à quelle limite se tient son envers qui, continuellement, le menace. Le sauvage (…) dans cette représentation traditionnelle est donc l’autre de la culture, de la culture des champs autant que de celle qui fait qu’il y a société humaine » (Micoud, 1993 : 208).

Cette grille d’interprétation renvoie, en premier lieu, a une opération de mise en ordre du monde, ce qui est désigné comme sauvage et qui menace potentiellement l’ordre social peut être combattu par les humains. Certains animaux, plus menaçant que d’autres car côtoyant au plus près l’espace cultivé quand les conditions d’approvisionnement se font plus difficiles, sont ainsi impitoyablement chassés comme le loup et le renard. Il en est de même pour les végétaux sauvages qui sont de plus en plus combattus à mesure que l’on se rapproche de l’espace habité. Par ailleurs, il existe également des animaux ni sauvage, ni domestique comme le chien errant, par exemple, qui appartient aux deux mondes et qui est traité dans l’entre deux (Bobbé, 1999). Dans ces sociétés, la grille d’interprétation de l’espace rural était liée aux rapports sociaux qui les organisaient, des rapports de production agricoles. Dans de nombreuses sociétés, d’ailleurs, la relation à l’espace naturel ne s’est pas instituée autour de cette dichotomie entre sauvage et domestique. P. Descola (1994) a montré dans son analyse de la société Achuars en quoi cette dichotomie n’avait pas de sens pour rendre compte de la relation des Achuars à leur milieu (absence de plantes et d’animaux domestiqués, absence d’espaces domestiques/sauvages, etc.), d’autres

136 rapports sociaux produisent d’autres mises en forme de la relation au milieu

naturel.

Dans les agrosystèmes européens, le sens de cette dichotomie sauvage/domestique a maintenant évolué à l’image des sociétés dans lequel il prenait forme. Aujourd’hui en France, les animaux dits sauvages menacent peu l’ordre de nos sociétés (exception faite du loup, du vautour et de l’ours pour les éleveurs et les Ministères de l’agriculture et de l’écologie). Certes, les pratiques cynégétiques qui avaient pour objectif de contenir ce sauvage dans les limites admissibles perdurent. Toutefois, elles font de plus en plus l’objet d’une contestation tout en se renouvelant à travers les notions de régulation des cheptels soutenues, par exemple, par les membres de l’Association Nationale pour une Chasse Ecologiquement Responsable1 ou bien encore par les pêcheurs à la ligne s’opposant à la mise à mort des poissons pêchés (pêche no kill). La publication chaque année par les préfectures de la liste des animaux nuisibles, faisant référence à ces animaux qui détruisent les cultures, est également l’objet de contestations. De la même façon, la représentation populaire de certaines figures du sauvage change. Il en est ainsi, en particulier, du renard et du loup lesquels dans la littérature enfantine ou au cinéma ne sont plus présentées comme des menaces de l’ordre social. Dans certains ouvrages de littérature enfantine, le loup est même présenté comme le protecteur de l’ordre social humain troublé par un homme monstrueux, un ogre (représentant la figure du pédophile) que le loup finit par dévorer délivrant les enfants d’une mort certaine (de Pennart, 1998). Comme auparavant, le sauvage continue d’organiser l’ordre social humain, mais aujourd’hui il en devient une composante positive.

Les espaces naturalisés dans la négociation

Toutes ces évolutions peuvent être interprétées comme autant d’indices traduisant la transformation de la figure de l’animal sauvage dans nos sociétés et, plus largement, la figure du sauvage qui devient valorisée. Cette représentation du sauvage est emblématique d’une nature qu’il faut, à la fois, préserver pour les générations futures et mettre en scène, dans des réserves, pour le plaisir d’un public plus ou moins averti (Micoud, 1993). Les espèces réputées sauvages deviennent ainsi des marqueurs d’une entité, une nature qui s’oppose à l’artificialité des modes de vies urbanisés. Croiser ces espèces identifiées comme sauvages sur le bord d’un chemin lors d’une randonnée atteste ainsi de la rencontre avec la Nature quand bien même cette rencontre a lieu sur des chemins

1. Cette association a été créée en mai 1989 et agréée en décembre 1992 au titre de la protection de l'environnement. Elle a pour objectif «de promouvoir un exercice de la chasse en accord avec les exigences de la

société actuelle et les réalités écologiques, d’inciter au changement de comportement du chasseur afin qu’il use d’une manière réfléchie des dons de la nature, de participer aux actions de sauvegarde et de gestion des habitats avec les autres usagers et protecteurs de la nature ainsi que de servir de passerelle entre le monde de la chasse et celui de l'écologie»

137 aménagés, sécurisés, balisés par les humains voire même conçus par les humains

pour que cette rencontre puisse avoir lieu. Toutefois, à côté de cette valorisation du sauvage et de sa protection, la lecture du milieu en termes productifs perdure.

Dans certaines situations de négociation, les tensions peuvent révéler des oppositions qui relèvent de conceptions différenciées de l’espace. Ainsi, les conflits autour de la mise en place d’un espace protégé ou d’un parc éolien clivent d’un côté, une représentation de l’espace en tant qu’espace productif ; pour les pêcheurs plaisanciers, par exemple, l’espace de la mer d’Iroise est d’abord un espace productif. D’un autre côté, ce même espace peut être conçu comme un morceau de nature sauvage qu’il faut préserver avant qu’elle ne soit détruite. En l’absence de fortes tensions, il est possible de concilier ces représentations en limitant, par exemple, l’effort de pêche et en le réservant aux espèces dont le renouvellement est assuré. Mais dans certaines situations exacerbées, la recherche d’accord peut être suspendue, chaque partie s’arcboutant sur ses valeurs de références (cf. encadré n°4.1).

Encadré n°4.1 : Les valeurs dans les négociations

Dans les tensions autour des parcs éoliens, les positions qui pouvaient être conciliables entre un cadre de vie à préserver et une activité agricole à pérenniser ont été construites, à un moment donné, comme incompatibles. Les uns, se concevant comme vivant dans la nature, voulaient en jouir sans trace d’anthropisation supplémentaire alors que les autres, résidant au milieu d’un plateau agricole, considéraient que ces machines, élancées et élégantes, ne modifieraient en rien son degré d’anthropisation.

Dans les deux cas, les éoliennes étaient interprétées comme des objets industriels. Pour les uns, elles n’étaient donc pas à leur place dans la nature, elles la dégradaient de leur simple présence. Considérées comme une pollution, une souillure, ces machines introduisaient une confusion entre deux catégories, l’une définissant le naturel et l’autre l’artificiel, l’industriel (Douglas, 1966). Pour les autres, l’éolienne était certes un objet industriel, mais dressée au milieu d’un plateau dédié à la production agricole sa présence ne choquait pas voire même embellissait l’espace agricole (Van Tilbeurgh, 2006).

Dans les négociations autour de dispositifs environnementaux plus spécifiquement adressés aux agriculteurs, les tensions clivent les positions autour d’enjeux similaires. L’espace agricole est-il principalement voué à la production agricole ou bien doit-il être géré en fonction de facteurs autres que productifs permettant de le protéger des excès des activités humaines ? Les réponses apportées dans les réseaux interindividuels sont fonction de la représentation qu’à l’exploitant agricole de son rôle professionnel. Pour les uns, ce rôle est rapporté seulement au monde agricole. L’exploitant vit alors dans un espace avant tout agricole. Il cherche des solutions productives exclusivement dans les institutions agricoles comme les Chambres d’agriculture. Il n’y a pas d’anticipation de demandes et de besoins autres que ceux portés par les filières

138 agricoles. En revanche, d’autres exploitants conçoivent leur rôle professionnel

à l’intérieur d’un monde partagé. Les solutions productives sont alors recherchées sans exclusivité conduisant certains à privilégier des chambres d’hôtes, un camping à la ferme ou une production biologique avec ou non un atelier de vente directe. De la même manière, ces exploitants anticipent les demandes des non agriculteurs relatives aux nuisances induites par leur système de production, tout en étant particulièrement vigilants pour baisser, autant que faire se peut, l’impact environnemental de leur exploitation (Van Tilbeurgh et al., 2008).

D’une manière plus générale, la compatibilité qui se construit dans les négociations entre ces deux grilles d’interprétation du milieu naturel est liée à la légitimité des valeurs environnementales partagées par les négociateurs. Aujourd’hui, la large diffusion des valeurs environnementales facilite l’intégration dans une grille d’interprétation productive de mesures de protection. Toutefois, l’expression de la comptabilité concrète entre ces deux systèmes de valeurs reste à chaque fois incertaine car ils recoupent d’autres lignes de tension opposant, plutôt, les méthodes de construction des connaissances.

La différenciation de l’espace et du temps

La variabilité ou la variance

Certaines connaissances reposent essentiellement sur la prise en compte de la variabilité du milieu alors que d’autres se fondent plutôt sur la réduction de cette variabilité. La plupart des connaissances scientifiques repose sur la réduction de la variabilité alors que les praticiens (marins-pêcheurs, agriculteurs, goémoniers, ostréiculteurs, etc.) produisent plutôt à partir de la variabilité du milieu naturel. Cette ligne de tension a été structurante dans le conflit autour de la modification des normes professionnelles en ostréiculture, beaucoup d’ostréiculteurs n’adhérant pas aux positions de leur organisation professionnelle qui reprenait les résultats des expertises scientifiques imposant aux ostréiculteurs une diminution des stocks d’huîtres sur leurs concessions1

(Van Tilbeurgh, 1994). Elle a été visible également dans la mise en place du parc marin entre certains marins pêcheurs et leur organisation professionnelle affaiblissant, par-là, les positions de l’organisation professionnelle dans les négociations. Dans les situations observées, cette tension est surtout visible dans les négociations au sein d’organisations professionnelles. Dans les négociations inter-organisationnelles, les parties légitiment généralement le passage entre des connaissances construites pour produire des êtres vivants, nécessitant une

1. Suite à une épizootie qui décima les huîtres, les écologues de l’IFREMER ont montré l’existence d’une relation entre les niveaux de stocks d’animaux dans une baie et l’apparition d’une épizootie. L’imposition d’un niveau maximum de stocks devait permettre d’espacer voire d’enrayer les épizooties.

139 grande connaissance de la variabilité du milieu, et celles construites dans un but

de généraliser une connaissance des processus biologiques1.

Cette tension se révèle, dans les organisations professionnelles, à travers la remise en cause par les praticiens des recherches scientifiques, ceux-ci accordant peu de crédit aux résultats scientifiques comme aux rapports d’expertise. Elle renvoie à des divergences dans les processus de construction des connaissances, l’expérience pour les uns et l’expérimentation pour les autres. Comme je l’ai montré dans mes travaux (1994), ces processus ne reposent pas sur les mêmes conceptions du temps et de l’espace. Les praticiens font reposer l’expérience sur l’observation du milieu. Il s’agit, pour eux, d’acquérir une connaissance certaine et intime de leur espace productif pour pouvoir profiter des avantages qu’il offre afin de produire selon les besoins de l’exploitation. Ainsi par exemple, les ostréiculteurs déplacent leurs huîtres sur leurs concessions pour qu’elles atteignent les caractéristiques demandées par leurs clients en fonction des particularités de chacune de leurs concessions2. Pour les biologistes, à l’inverse, les recherches ne prennent sens que dans la mesure où les chercheurs parviennent à les détacher de leur inscription dans un espace spécifique, les expérimentations in vitro représentant le point d’aboutissement de cette démarche.

La tension autour de la dimension temporelle relève de la même logique. L’expérimentation scientifique a longtemps cherché à éliminer le temps comme source de contingence3. Sans rentrer dans un débat sur l’introduction de la dimension temporelle comme facteur de structuration des objets scientifiques, on peut noter que la pratique professionnelle des biologistes de l’IFREMER introduisait plutôt leurs résultats dans un temps répétitif (résultats identiques pour des conditions initiales identiques). Là encore, l’expérimentation in vitro permet de détacher plus encore les résultats de la recherche d’une inscription temporelle contingente. Au regard de cela, la pratique des ostréiculteurs s’inscrit dans une durée linéaire, irréversible, où le temps est étalonné sur l’expérience du milieu (variabilité due aux saisons incluses).

Que cela soit avec les ostréiculteurs, les marins-pêcheurs, les pêcheurs à la ligne ou les agriculteurs, les connaissances scientifiques réduisant la variabilité du milieu ne font pas systématiquement écho aux conceptions du temps et de

1. Dans leur ouvrage G. Delbos et P. Jorion (1984) pointent le rôle des savoirs scolaires dans l’apprentissage, non pas des savoirs scientifiques en tant que tels, mais de la légitimation de ces savoirs. Or, les représentants des organisations professionnelles dans les situations observées étaient souvent parmi les plus diplômés de leur groupe de référence.

2. A certains moments l’huître profitera d’une nourriture abondante pour une croissance rapide alors qu’à d’autres moments l’ostréiculteur préférera ralentir la croissance pour accroître sa chair en la disposant sur d’autres concessions possédant des caractéristiques naturelles différentes.

3. L’analyse du traitement de la dimension temporelle dans les productions scientifiques ainsi que son évolution ont fait l’objet de différentes publications en épistémologie dans les années 1980, cf., en particulier, Prigogine et Stengers, 1979.

140 l’espace des praticiens. Les dispositifs de gestion environnementale n’ont aussi

pas de sens pour les praticiens pour lesquels la connaissance experte n’est pas un outil de connaissance pertinent. Dans les négociations avec les marins-pêcheurs ou les agriculteurs familiaux, les praticiens défendant ce point de vue n’ont jamais réussi à le faire prévaloir. Même quand ils n’étaient pas marginalisés au début des négociations, progressivement, avec le poids de l’organisation professionnelle, ces praticiens n’ont pas réussi à être entendus, s’excluant progressivement des discussions. Cette exclusion résulte de différents processus. Elle peut être provoquée au cours de la mise en débat de ces connaissances, celles des praticiens se prêtant moins que celles des scientifiques à une discussion publique (Doidy, 2003). Dans le groupe de marins-pêcheurs, elle a résulté de la succession des générations. En effet, les jeunes générations, plus instruites en termes de connaissances scolaires car l’installation est aujourd’hui soumise à l’obtention de diplômes professionnels, remplacent les praticiens les plus âgés (les plus distants avec les conceptions spatio-temporelles scientifiques). Avec le temps, ils finissent par exclure du débat les points vue portés par leurs aînés. Ce renouvellement générationnel a permis, en particulier, de faire adhérer les groupes de marins pêcheurs aux positions des responsables de leur organisation professionnelle soutenant le parc marin.

L’expérience ou l’anticipation

Cette première ligne de tension méthodologique peut être renforcée par une seconde qui renvoie, plus spécifiquement, à la conception du temps de référence de l’action portée par les acteurs. Comme je l’ai montré dans mes recherches sur le parc marin de la mer d’Iroise, cette tension oppose les acteurs dont les revendications résultent d’un usage actuel du milieu tout en s’appuyant sur des pratiques anciennes à ceux qui raisonnent sur une situation présente par anticipation d’une situation future. Elle revient à opposer une action prenant le passé comme référence à une action reposant sur une anticipation du futur. La légitimité de la revendication, pour les uns, renvoie à des expériences passées mais réactualisées alors que, pour les autres, elle repose sur l’identification de pratiques qui menaceraient, à plus ou moins long terme, la pérennisation de la situation actuelle. En fonction de ces deux positions, les outils conceptuels mobilisés comme les objets intermédiaires de connaissance divergent. L’anticipation du futur est réalisée par la mobilisation de deux outils, la notion de risque et celle de patrimoine, tandis que la mobilisation des expériences est effectuée à travers la notion de tradition, d’usages traditionnels, pouvant glisser stratégiquement sur la notion d’identité (cf. encadré n°4.2).

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Encadré n°4.2 : Expérience ou anticipation

Les négociations inter-organisationnelles autour de la création du parc national marin se sont structurées autour de cette opposition. Ainsi, dans les deux premiers projets, l’identification des objectifs du parc a reposé sur l’avis d’experts scientifiques où il s’agissait de pérenniser un milieu construit comme exemplaire. L’émergence du 3ème projet résulte de la consultation de la population riveraine et des positions de certains experts scientifiques. La consultation avait montré qu’un certain nombre d’usagers de la mer d’Iroise appuyés par quelques experts scientifiques souhaitaient un espace protégé plutôt pour prémunir le milieu de risques environnementaux auxquels cet espace serait confronté dans un futur plus ou moins proche (déballastages sauvages, pollutions terrestres d’origine agricole et urbaine, diminution de la ressource halieutique, dégradations dues à une pratique touristique mal maîtrisée, changement climatique etc.). La notion de gestion durable a alors été proposée comme première réponse à ces questions (Hily et Chlous-Ducharme, 2002). Lors de la définition de la gestion intégrée, la place des risques environnementaux a pris plus d’importance jusqu’à être définitivement entérinée par les experts-scientifiques en 2003 et à apparaitre dans les statuts du parc naturel de la mer d’Iroise en 2007. Dans le même temps, certains experts