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Matériels Et Méthodes

LIEU D’ETUDE AUTEURS ANNEE AMA (%)

FRANCE [22] I. Claudet et al. 2012 100

SENEGAL [23] M. Gueye et al. 2017 95,3

TURQUIE [38] E. D. Batu & al. 2014 99,6

CONGO [52] J.-R. Mabiala-Babela et al. 2007 100

NOTRE ETUDE ---- 2016 97

La prévalence des accouchements médicalement assistés a dépassé 95 % des cas dans toutes les séries. Toutefois, ces résultats peuvent présenter un biais de sélection par rapport à la population générale, du fait que toutes les études ont été effectuées dans des centres hospitaliers universitaires situés au sommet de l’organisation pyramidale sanitaire et localisés dans des grandes villes en particulier dans les pays en voie de développement. Ainsi, l’association entre le lieu d’accouchement et la fréquentation des urgences pédiatriques par les nouveau-nés n’a pu être établi avec précision.

Au Sénégal [23], le lieu de naissance était fortement lié à l’hospitalisation des nouveau-nés adressés à leur service. En effet, les nouveau-nés les plus graves venaient directement des postes de santé, suggérant que le lieu de naissance et la qualité de prise en charge qui y est délivrée retentit directement sur la santé néonatale et sur le taux des recours de cette catégorie aux urgences. Dans notre étude l’association entre lieu d’accouchement et risque d’hospitalisation n’a pas été significative.

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3. LE MODE D’ACCOUCHEMENT :

Le mode d’accouchement au sein des établissements de soins varie en fonction du profil obstétrical de chaque femme.

Depuis près de 30 ans, la communauté internationale de la santé considère que le taux de césarienne idéal se situe entre 10 % et 15 % dans la population [53]. Certes la césarienne est efficace pour sauver la vie des mères et des nouveau-nés, mais uniquement lorsqu’elle est justifiée par une indication médicale. Durant ces dernières décennies, l’accouchement par césarienne est de plus en plus fréquemment réalisé aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement et les recommandations ont connu des avancées significatives obligeant la remise en question du taux recommandé.

Selon plusieurs études, les hausses des taux de césarienne jusqu’à 10 à 15 % au niveau de la population sont associées à une diminution de la mortalité maternelle, néonatale et infantile [54]. Au-delà de ce seuil, cette association entre des taux plus élevés de césarienne et une mortalité réduite était moindre, voire inexistante, dans les études incluant un ajustement sur les facteurs socio-économiques [55, 56].

De ce fait et face à l’augmentation continue des taux de césarienne dans le monde, l’OMS a publié en 2014 un ensemble de recommandations guidant la bonne pratique des césariennes [57] :

 Au niveau de la population, les taux de césarienne supérieurs à 10-15 % ne sont pas associés à une réduction des taux de mortalité maternelle et néonatale.  Les césariennes peuvent causer des complications majeures parfois permanentes,

des incapacités ou des décès, notamment dans les lieux ne disposant pas d’infrastructures et/ou de capacités nécessaires pour garantir la sécurité chirurgicale et traiter ses complications. Dans l’idéal, la césarienne ne devrait être pratiquée qu’en cas de nécessité médicale.

 La priorité ne devrait pas être d’atteindre un taux spécifique mais de tout mettre en œuvre pour pratiquer une césarienne chez toutes les femmes qui en ont besoin.

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 Les effets des taux de césarienne sur d’autres issues telles que la mortinatalité, la morbidité maternelle et périnatale, la santé des enfants et le bien-être psychologique ou social restent à déterminer. De plus amples recherches sont nécessaires pour comprendre les effets de la césarienne sur la santé à court et à long terme.

Dans notre contexte, nous remarquons dans nos maternités que la césarienne constitue également un facteur de manque de soins néonatals. Les mères accusent souvent les suites chirurgicales d’être un obstacle de mise au sein précoce et de la bonne prise en charge du nouveau-né à domicile.

Les nouveau-nés issus d’un accouchement par voie basse ont constitué 88 % des cas de notre série contre 12 % par voie haute. Le taux de césarienne retrouvé dans notre étude est situé dans la fourchette recommandée par l’OMS [57] et est nettement inférieur à la moyenne nationale et régionale en 2018 représentant respectivement 21,2 et 24,3 % [51]. Il a constitué également le taux le plus bas de toutes les séries de comparaison.

Dans une étude en France, les accouchements se sont effectués par césarienne dans 17 % des cas [22]. Au Sénégal, les nouveau-nés issus par voie basse ont représenté 82,8 % contre 17,2 % par voie haute [23]. En Turquie, Batu et al. ont trouvé le taux de césarienne le plus élevé avec 51,8 % des cas [38]. Enfin, dans une étude canadienne en 2018, les accouchements par voie haute ont constitué 23 % contre 77 % par voie basse [58].

4. LA DUREE DE SEJOUR EN MATERNITE :

Le séjour en maternité constitue une étape cruciale pour la mère comme pour le nouveau-né car les deux ont besoin d’une surveillance médicale et d’un soutien renforcé. D’une part, il s’agit de la période d’exploration et de prise en charge de toute anomalie susceptible d’apparaitre les premiers jours ainsi que pour le dépistage néonatal systématique de maladies rares dont l’instauration tardive du traitement peut avoir des conséquences graves sur le devenir de l’enfant. D’autre part, il s’agit de l’opportunité pour la mère, entourée de personnel qualifié, de recevoir les informations nécessaires concernant les soins du nouveau-né : Les changes, le bain, les soins du cordon, la bonne pratique de l’allaitement et autres conseils de puériculture. [59, 60]

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La durée de séjour en maternité n’a cessé de décroitre au fil des années. Les modifications sociodémographiques, l’insuffisance du nombre des lits en maternité et le changement de perception vis-à-vis de l’expérience de l’accouchement en sont les principales causes. [61]

Ainsi, la durée moyenne de séjour en maternité et la définition d’une « sortie précoce » ont subi des variations d’un pays à l’autre.

Selon les recommandations de l’OMS 2013, le couple mère/nouveau-né doit être pris en charge au sein de l’établissement de santé pendant au moins 24 heures après un accouchement par voie basse sans complication. [11]

En France en 2014, l’HAS a défini la durée de séjour standard comme étant une durée d’hospitalisation de 72 heures à 96 heures après un accouchement par voie basse et de 96 heures à 120 heures après un accouchement par césarienne. Par conséquent, une sortie précoce a été définie comme toute sortie de la maternité au cours des 72 premières heures après un accouchement par voie basse et au cours des 96 premières heures après un accouchement par césarienne. [62]

En Suède, la durée moyenne de séjour est de 2 jours après un accouchement par voie basse. Dans certains établissements, une sortie six heures après l’accouchement est proposée à des femmes volontaires et répondant à des critères bien définis dans la région de Stockholm. Les parturientes multipares sont alors choisies, après vérification du mode d’allaitement, de la respiration, de la température et du bon état général du couple mère-enfant suite un examen médical rigoureux. Une consultation obligatoire 24 heures après est effectuée à l’hôpital et un suivi par des sages-femmes lors de consultations précoces et régulières après la sortie est programmé. [63]

Au Canada, la durée moyenne de séjour est de 2.1 jours avec un investissement massif sur des réseaux de soins à domicile. Une sortie précoce est alors considérée comme une sortie de la maternité durant les premières 48 heures. [39]

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Aux Etats-Unis qui ont une longue expérience de la sortie précoce, l’American Academy of Pediatrics n’a pas recommandé une limite de sortie standard, elle a plutôt insisté sur l’importance de la qualité du séjour en maternité et sur une décision prise au cas par cas en prenant en compte les caractéristiques particulières de chaque couple mère-enfant. [64]

Enfin, en Allemagne, en Finlande et en Norvège la durée de séjour en maternité est de 3.2 jours en moyenne. [65]

Par ailleurs, le raccourcissement de la durée de séjour en maternité à travers le monde a été longtemps accusé d’avoir augmenté la morbidité néonatale et par conséquent le taux de réadmissions en période néonatale. En effet, plusieurs études anglo-saxonnes ont noté une augmentation de la résurgence d’ictère nucléaire, d’infections et de déshydratation sévère. [66, 67, 68, 69] D’autres études défendent la possibilité d’une sortie précoce, comme étant une solution sûre pour la mère et pour le nouveau-né à condition qu’elle soit effectuée chez une population à « bas risque » répondant à des critères bien définis et avec une institution d’un programme de soins postnatals précoce, notamment un service de consultations postnatales précoces et rapprochées à domicile. [70, 71, 72]

Dans notre étude la durée moyenne de séjour était de 2 jours avec 16,8 % de séjours d’une durée moins de 24 heures et 71,3 % entre 24 et 48 heures. Notre résultat est inférieur à la moyenne nationale déclarée de 4 jours en 2015 [6] également à la durée moyenne retrouvée par Richier et al en France (5 ± 2 jours) [21]. Les taux de sortie précoce les plus élevés ont été observés dans les séries africaines avec 75 % de sorties en moins de 24 heures au Sénégal [23] et 59 % au Congo [52] contre seulement 10 % au Canada [58].

Enfin, dans deux études menées en Turquie [38] et au Canada [39], le délai de séjour considéré était différent. Soixante-six (66 %) et soixante-huit pourcent (68 %) des mères avaient quitté la maternité avant 48 heures, mais la durée de séjour en maternité n’a pas été retenue comme facteur associé aux recours néonatals ni à leur pertinence.

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V. CARACTERISTIQUES NEONATALES :

1. LE SEXE :

Dans notre étude les nouveau-nés de sexe masculin prédominaient légèrement à 52,2 % avec un sex-ratio de 1.1. Cette prédominance masculine a été retrouvée dans la quasi-totalité des études avec des sex-ratios rapprochés à l’exception d’une étude au Congo où le sexe féminin était majoritaire.

Tableau VIII: Sex-ratio des nouveau-nés dans différentes études.

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