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FACTURE 1 , nom, fém

2.2.2 Dictionnaires de spécialité

2.2.2.1 Lexique de cooccurrents : bourse et conjoncture économique

Comme on peut s’y attendre à la lecture de son titre, le Lexique de cooccurrents : bourse et conjoncture économique s’attache à décrire une langue de spécialité : le lexique boursier et économique usuel. La conjoncture économique et les publications sur le sujet ayant évolué depuis la publication du mémoire de maitrise de son auteure, Betty Cohen, en 1984, qui a donné lieu à la première édition de cet ouvrage en 1986, il était pertinent que celle-ci fasse paraitre une deuxième édition revue et augmentée en 2011.

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Corpus et méthode d’extraction

Dès la première édition du Lexique de cooccurrents, un seuil statistique a été établi pour sélectionner les collocations usuelles à retenir dans un corpus « constitué de journaux et magazines économiques et boursiers de langue française, reconnus pour leur qualité » (Cohen, 2011 : ix). Pour la seconde édition, Cohen cherche à refléter l’évolution du langage boursier devenu plus imagé (ex. : l’action XYZ a dévissé de 25 %) en y intégrant « les expressions dont [elle a] pu constater qu’elles se répétaient régulièrement dans un corpus étalé sur plusieurs années de parution des mêmes journaux. » (Cohen, 2011 : ix). En plus de ces périodiques utilisés dans la première édition : Les Échos (Paris), L’Expansion (Paris), Le Monde (Paris) et La vie française, l’Opinion, se sont ajoutés dans la récente édition Les Affaires (Montréal), Investir : Le journal des finances (Paris) et deux sites Internet : Investopeadia et Investorwords. Comme les moyens informatiques des années 1980 sont limités, on peut imaginer que la méthode d’extraction des collocations a été entièrement manuelle pour la première édition; pour la seconde, on sait seulement que l’auteure a pu profiter des versions électroniques des quotidiens et des outils de recherche proposés pour la consultation en ligne de ces quotidiens.

Nomenclature, types de collocations et microstructure de l’article

Ne constituant ni un dictionnaire ni un simple répertoire de termes de la bourse et de la conjoncture économique, ce lexique s’attache à décrire l’usage de ces derniers dans le commentaire économique, où le terme de spécialité côtoie des syntagmes de la langue générale, par exemple quand il y a « des prix qui flambent ou des actions qui s’effritent » (Cohen, 1986 : iii). Ainsi, les collocations de chacun des 101 termes de spécialité (97 unités lexicales et 2 vocables) figurant en entrée dans la première édition (Figure 2.10) sont présentées dans un tableau, et y sont classées sur deux axes : sur l’axe horizontal, selon la catégorie grammaticale à laquelle appartient le collocatif – pour les verbes s’ajoute une classification selon la fonction grammaticale du terme de base (sujet ou objet), soit [Nom + Nom], [Nom + Verbe], [Verbe (+ préposition) + Nom] et [Nom + Adjectif] –; sur l’axe vertical selon un classement sémantique, c’est-à-dire « en fonction des phases du cycle économique » (Cohen, 1986 : iv).

VENTE : Le fait, pour un agent économique, d’échanger une marchandise contre

son prix, de la transmettre à un acquéreur.

NOMS VERBES

(SUJET) VERBES (OBJET) ADJECTIFS

DÉBUT décollage redressement reprise vague (de ~) décoller se redresser repartir reprendre CROISSANCE accroissement augmentation courant (de ~) fermeté poussée (de ~) progression s’accroître augmenter progresser accroître augmenter développer gonfler pousser relancer stimuler

INDÉTERMINÉS rythme évoluer

se stabiliser stagner DÉCLIN affaiblissement baisse chute diminution faiblesse fléchissement ralentissement réduction repli tassement s’affaiblir s’affaisser baisser chuter diminuer faiblir fléchir se ralentir se raréfier se tasser restreindre affaiblir diminuer réduire faibles FIN AUTRES* COOCCURRENTS conclure effectuer faire procéder (à) ferme

* Vente est toujours au pluriel, excepté pour ces termes.

Figure 2.10 – Article VENTE dans le Lexique de cooccurrents :

bourse et conjoncture économique, 1re éd.

L’organisation sous forme de tableau est une façon de rendre explicite et systématique le classement syntaxique et sémantique des collocations. Le recours à un tableau modèle pour décrire les collocations de l’ensemble des unités lexicales de la nomenclature illustre la récurrence possible du classement et révèle ainsi à l’usager un fonctionnement systémique du lexique, par exemple on peut y déduire qu’une même base appelle des collocatifs dérivés (par exemple, sur une même ligne figurent : décollage, décoller; accroissement, s’accroitre, accroitre; etc.).

La présentation des collocations sous forme de tableau a été reprise par Cohen dans sa deuxième édition de l’ouvrage, avec quelques modifications (Figure 2.11). L’auteure a également ajouté des exemples sous les tableaux.

VENTE

Le fait, pour un agent économique, d’échanger une marchandise contre son prix, de la transmettre à un acquéreur.

Remarque : Vente est généralement employé au pluriel avec ces cooccurrents. Croissance

Noms accroissement, augmentation, croissance, hausse, progression décollage rebond, redressement, reprise, réveil, poussée de ~s Verbes (sujet) s’accroître (de n), augmenter (de n), croître (de n),

progresser (de n)

décoller, se redresser, repartir, reprendre

Verbes (objet) accroître, augmenter, développer, dynamiser, gonfler, pousser, relancer, stimuler

Adjectifs fermes, massives Neutre/indéterminé

Noms évolution, rythme

courant de ~s, vague de ~s fermeté

Verbes (sujet) évoluer résister se stabiliser stagner ressortir à n Déclin

Noms affaiblissement, baisse, chute, diminution, faiblesse, fléchissement, réduction, recul, repli, tassement Verbes (sujet) s’affaiblir, s’affaisser, baisser (de n), chuter, se contracter,

diminuer (de n), faiblir, fléchir, plier (de n), se ralentir, se raréfier, reculer (de n), se tasser

Verbes (objet) affaiblir, diminuer, réduire, restreindre Adjectifs anémiques, décevantes, faibles Autres

Noms prévision de ~s Exemples :

• Les ventes de logements neufs, pour le mois de juillet, ont baissé de 2,9 %.

• Wal-Mart, le numéro un mondial de la distribution, a relevé ses prévisions de ventes pour le mois d’août.

• Les ventes au détail ont progressé de 0,1 % en juillet, tout en restant stables sur un an. • En termes comparables, les ventes font d’ailleurs mieux que résister, avec une

progression de 1,6 %.

Figure 2.11 – Article VENTE dans le Lexique de cooccurrents :

Le nouveau tableau modèle a permis de gagner l’espace suffisant pour permettre l’ajout d’exemples, tout en évitant les cases vides que l’on retrouvait régulièrement dans la première édition (Figure 2.10). Mais révèle-t-il aussi bien l’aspect systémique du lexique? Traitement linguistique des collocations

Dans la première édition de l’ouvrage, il n’y avait donc pas d’exemples pour illustrer l’emploi des collocations ou pour en préciser le sens. Les sous-regroupements sémantiques au sein des cases n’étaient pas utilisés non plus, les collocatifs y étant classés par ordre alphabétique. Dans la plus récente édition, Cohen (2011) recourt, s’il y a lieu, à des sous- classements sémantiques, qui se distinguent par un retour à la ligne accompagné d’un retrait. C’est le cas pour les collocatifs verbaux exprimant la croissance lorsque la base occupe la fonction de sujet : la première liste évoque un mouvement régulier (s’accroître (de n), augmenter (de n), croître (de n), progresser (de n)) alors que la seconde dénote un

changement dans le mouvement de progression (décoller, se redresser, repartir, reprendre). Dans ces sous-regroupements, les collocatifs sont le plus souvent classés par ordre

alphabétique et séparés par la virgule. Au besoin, l’auteure se permet toutefois de déroger à cet ordre pour placer en tête de liste un collocatif plus fréquent ou pour ne pas séparer une suite qu’elle juge logique (Cohen, 2011 : xi). En observant les deux sous-regroupements précédents, on pourrait penser que la structure syntaxique des collocatifs détermine aussi les sous-regroupements, puisque les collocatifs du premier sous-groupe s’accompagnent d’un groupe prépositionnel désignant un nombre ou un pourcentage (de n), mais il s’agit ici d’un hasard; l’examen des collocatifs verbaux exprimant un déclin le confirme (s’affaiblir, s’affaisser, baisser (de n), chuter, se contracter, diminuer (de n), faiblir, fléchir, plier (de n), se ralentir, se raréfier, reculer (de n), se tasser).

Ce souci de distinguer plus finement le sens des collocations dans la deuxième édition se manifeste donc par les sous-regroupements, également par la présence d’exemples forgés par lesquels Cohen (2011 : x) désire guider l’utilisateur dans le choix des expressions. Cependant, ces exemples sont simplement placés à la suite du tableau, sans plus

d’organisation ou de mise en relief (Figure 2.11). En effet, l’ordre du classement sémantique récurrent dans les tableaux n’y est pas respecté : 1) croissance, 2) neutre/indéterminé, 3) déclin, 4) autres; et la collocation illustrée n’est pas mise en évidence au sein des

les collocations du tableau. À l’occasion, l’auteure a également ajouté des remarques et des notes apportant des précisions sur l’utilisation de la collocation ou renvoyant à des termes synonymes. Il est évident que cet ouvrage est conçu dans une perspective d’aide à

l’encodage. D’ailleurs, dans sa préface de Horguelin en 1986 et reprise en 2011, le Lexique de cooccurrents est présenté comme « un instrument nouveau permettant de progresser sur le chemin de la communication efficace » en proposant un moyen d’atteindre l’objectif d’« écrire pour être lu » (Cohen, 1986 : i, 2011 : vii). Qui plus est, il vise un public de rédacteurs et de traducteurs, mais peut rejoindre, à notre avis, un public plus vaste et peut aider toute personne, étudiant ou professionnel, qui doit rédiger un texte sur le sujet.