METASTASES INTRACRANIENNES • cérébrales
A) LES TUMEURS DE BAS GRADE : ASTROCYTOMES PILOCYTIQUES ET TUMEUR NEUROEPITHELIALE DYSEMBRYOPLASIQUE
Applications de la RMN HRMAS en cancérologie 144
Type SCL NEU MEN MED AD DNET GG AP OA OB O int GBM Tot
N
ombre 6 4 10 1 2 1 1 4 10 24 6 30 99 Tableau 8: Récapitulatif des données cliniques de l’ensemble des échantillons analysés dans cette étude. Echantillon contrôle de tissu non tumoral (SCL), neurinomes (NEU), méningiomes (MEN), Medduloblastome (MED), Adénomes de l’hypophyse (AD), neuroepitheliale dysembryoplasique (DNET), gangliogliome (GG), astrocytome pilocytique (AP), oligodendrogliomes haut grade (OB) bas grade (OA) et en oligodendrogliomes en phase de transition (O int) ainsi que glioblastomes (GBM). 3.1.7.4. MODELE METABOLIQUE D’HYPOXIE ET AUTRES TYPES TUMORAUX.A) LES TUMEURS DE BAS GRADE : ASTROCYTOMES PILOCYTIQUES ET TUMEUR NEUROEPITHELIALE DYSEMBRYOPLASIQUE.
L'astrocytome pilocytique est une tumeur qui se voit le plus souvent chez l’enfant et du jeune adulte, de bon pronostic, ayant des caractéristiques histologiques bien définies permettant un diagnostic dans la plupart des cas. Il se développe préférentiellement dans le cervelet, mais se rencontre aussi dans les nerfs et le chiasma optique, le tronc cérébral, le thalamus ou les hémisphères cérébraux. Lorsque la localisation le permet, le traitement est exclusivement chirurgical avec un excellent pronostic. Classifié en tant que tumeur de grade I selon la classification OMS
La tumeur neuroépithéliale dysembryoplasique ou DNET (Dysembryoplastie Neuroepithalial
Tumor) est de description relativement récente (Daumas‐Duport et al., 1988) d'aspect histologique bénin. Cette tumeur est rare et souvent découvert car elle provoque la survenue de crise d’épilepsie chez le patient. Figure 50 : Classification sur une base métabolique, à partir du modèles PLS DA d'hypoxie établie précédement. Les cas d’astrocytomes pilocytiques présentent une distribution diffuse dans l’espace 2D du modèle, principalement classifiée comme proche des oligodendrogliomes de haut grade. Le cas de DNET se situe quant à lui à l’extremité de la distribution, proche des cas d’oligodendrogliomes de bas grade, en accord avec le caractère bénin de la pathologie.
Chapitre III. Résultats.
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Bien que les astrocytomes pilocytiques soient de bon pronostic, leur classification métabolique est proche de celle des oligodendrogliomes de haut grade sur la base du modèle PLS entre les oligodendrogliomes de bas grade et oligodendrogliomes de haut grade. Ainsi les cas d’astrocytomes pilocytiques étudié par RMN HRMAS présentent un métabolisme des acides aminés proche de celui des oligodendrogliomes de haut grade, caractérisé par une atteinte hypoxique. A notre connaissance seule une étude datant de 2002 (Tzika et al., 2002) a cherché à analyser le métabolome sous‐jacent à un astrocytome pilocytique par RMN HRMAS. Deux cas ont ainsi pu être analysés et, malheureusement, les résultats de ces deux cas ne sont pas ou peu abordés dans les résultats et conclusions de l’article, ne permettant pas de comparer nos observations. De plus, l’étude de Tzika porte exclusivement sur l’étude de tumeurs cérébrales de l’enfant, ce qui n’est pas le cas des oligodendrogliomes qui nous servent de références. Dans une étude plus ancienne de J.H. Hwang, mené par SRM in vivo, les auteurs décrivent les astrocytomes pilocytiques comme des tumeurs ayant un fort taux de lactate dont l’origine biochimique n’est pas certaine, mais les hypothèses émises font principalement état d’une altération de l’oxygénation (problème d’apport en oxygène, glycolyse anaérobie). Ces observations sont en accrod avec nos observations liées au modèle d’hypoxie établi sur les oligodendrogliomes (Hwang et al., 1998). De plus, K.E. Warren, dans un article de 1994, décrit le profil métabolique des astrocytomes pilocytiques comme proche de celui des tumeurs plus aggressives avec notamemnt une forte concentration en lipides, lactate et choline, ainsi qu’une perte en N‐acétyl‐aspartate et créatine, suggérant un néoplasme hypermétabolique (Warren, 2004). Ces observations sont ainsi à metter en parallèle avec les données issues de la neuroimagerie montrant les astrocytomes pilocytique comme une tumeur fixant les agents de contraste en IRM (tout comme les tumeurs agressives) ou fixant fortement le 18F‐FDG en imagerie PET (Fulham et al., 1993).
En comparaison, la position prise par le cas de DNET étudié est en adéquation avec le caractère jugé bénin de la pathologie. Les travaux récents de Bulakbasi (Bulakbasi et al., 2007) en SRM in vivo sont en accord avec ces observations, ne relevant que peu de variations métaboliques entre le tissu sain contra‐latéral et la tumeur, avec des variations en N‐acétyl‐aspartate/choline (diminution), N‐acétyl‐aspartate/créatine (diminution), N‐acétyl‐aspartate/choline + créatine (diminution) et choline/créatine (augmentation) non significatives statistiquement. Ces observations rapprochent, d’un point de vu métabolique, le tissu de DNET d'un tissu sain ou de tissus tumorals avec un stade de malignité faible (oligodendrogliomes de bas grade) conformément à ce que nous observons.
Chapitre III. Résultats. Applications de la RMN HRMAS en cancérologie 146 B) MENINGIOMES. Les méningiomes sont des tumeurs généralement bénignes, se développant aux dépens de l’arachnoïde. Un méningiome survient classiquement entre 20 et 60 ans et forme une tumeur bien délimitée, attachée à la dure‐mère. Son évolution est lente et il repousse les tissus cérébraux sous‐ jacents sans pour autant les infiltrer.
La classification des méningiomes par le modèle métabolique issu de la comparaison des oligodendrogliomes bas grade et haut grade situe ceux‐ci comme étant proches des tumeurs de plus haut grade. Cette interprétation est cependant majoritairement liée à la présence d’alanine au sein des méningiomes (Cho et al., 2003 ; Florian et al., 1995b ; Tugnoli et al., 2006b), ce métabolite étant le métabolite le plus influant dans le modèle métabolique lié à l’hypoxie (Figure 43). Il est intéressant de noter que la présence d’alanine au sein des méningiomes n’est probablement pas exclusivement liée à ce métabolisme hypoxique car la présence d’alanine est caractéristique des cellules méningiales saines et que cette caractéristique est maintenue lors de la transformation néoplasique des méninges (Florian et al., 1995b ; Tugnoli et al., 2006b), ces deux publications faisant référence à l’étude du métabolome des méningiomes par RMN, respectivement par RMN des liquides suite à extraction PCA, et par RMN HRMAS. Figure 51 : Classification sur une base métabolique, à partir du modèle PLS DA d'hypoxie établie précédement. Les cas de méningiomes présentent une distribution dans l’espace 2D du modèle, située à l’extrémité des cas d’oligodendrogliomes de haut grade. De plus, cette classification « atypique » quant au caractère bénin estimé des méningiomes est renforcée par l’absence de N‐acétyl‐aspartate liée à la nature du tissu souche de la tumeur (Moller‐Hartmann et al., 2002).
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