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CHAPITRE II. LES DÉBOUCHÉS SUR LE MARCHÉ DE LA MANGUE

13. Les tendances et les opportunités du marché

Tendances dans l’UE

Cinq tendances très nettes peuvent être observées :

1. Services d’alimentation : les ménages deviennent plus petits et les femmes sont plus intégrées au processus de production, ce qui fait qu’il y a une forte demande pour des aliments lavés, tranchés, pré-cuisinés et prêts à l’emploi.

2. Écologie : un nombre croissant de consommateurs exige des produits écologiques, exempts de pesticides. De plus en plus souvent, des consommateurs font attention aux

« fruit miles » et ils se demandent si la disponibilité tout au long de l’année d’un produit saisonnier (comme les fraises, par exemple) est vraiment nécessaire pour leur bien être.

3. Certification : la distribution des produits alimentaires est dominée par quelques géants alimentaires. Ils exigent des normes et des standards pour éviter des risques alimentaires. Les supermarchés sélectionnent des fournisseurs sur la base de certifications. Les certifications les plus communes sont : BRC, EUREPGAP, HACCP, ISO 9001, et ISO 22000.

4. Labels privés : dans le monde occidental, de plus en plus, les jeunes croient que tous les produits viennent de la même usine et sont donc de bonne qualité quelle que soit la marque. Les gens ne sont plus prêts à payer 30% de plus pour une marque de première qualité. Les supermarchés profitent de cela pour utiliser leurs propres marques pour le segment moyen de gamme.

5. Des délais de paiement plus longs : même avant la crise des crédits, les supermarchés ont exercé leur pouvoir de négociation en payant de plus en plus tard. Les délais de paiement vont jusqu’à 120, parfois 180 jours.

Opportunités dans l’UE

Il faut convaincre les supermarchés que les mangues d’Afrique de l’Ouest sont de qualité abordable et constituent des produits responsables et disponibles tout au long de l’année. Les supermarchés ont besoin de remplir leurs rayons avec des produits homogènes tout au long de l’année. Ils sont donc obligés de s’approvisionner auprès des fournisseurs partout dans le monde, créant ainsi des possibilités pour tout le monde.

L’exportation des mangues fraîches du Burkina Faso vers l’UE n’a rien à voir avec l’exécution d’une commande passée par TESCO, qui consiste à livrer trois types de melon, tranchés et emballés dans un plateau de 350 grammes sous 24 heures. Pour citer un entrepreneur sud-africain : « Pour remplacer les mains blanches chères en Europe par les mains noires de mon usine qui ne coutent pas chères, j’ai besoin d’un peu plus que les mains moins chères ».24 Ceci illustre les défis que doivent affronter les exportateurs alimentaires des marchés émergents. Ils doivent respecter les normes de qualité et les délais de livraison (particulièrement pour les produits alimentaires frais), organiser la logistique du transport aérien, puis attendre 180 jours pour toucher leur paiement.

Il existe un petit marché croissant pour des produits bio et des produits de commerce équitable.

Le prix de ces produits est plus élevé, 20 ou 25% plus cher que celui des produits standards.

Mais comme les coûts liés à la certification et aux labels sont élevés, seulement 50% du surcoût revient aux producteurs. Il faut trois ans avant qu’une exploitation agricole ou des vergers ne soient prêts pour l’agriculture biologique. Pendant la période de transition, les produits sont vendus comme des produits traditionnels standards.

Pour résumer, les exportateurs qui réussiront seront ceux qui auront :

 une certification,

 des fonds de roulement conséquents,

 une technologie de pointe pour le conditionnement et l’emballage des fruits,

 une excellente logistique, et

 une main d’œuvre bon marché mais bien formée.

Tendances dans les marchés émergents

Deux tendances très nettes peuvent être constatées :

a) La prise de conscience de la qualité : les ménages n’achètent plus de produits alimentaires ayant une mauvaise apparence, mal emballés, ou nauséabonds. Les importations des pays développés ont lancé une tendance qui est irréversible. Comme

24Citation d’Edwin MASIMBA MOYO de Fruit Salad Health à Johannesburg, Afrique du Sud.

les revenus de la classe moyenne sont plus élevés, ces consommateurs sont prêts à, et capables de payer plus pour des produits de meilleure qualité. Ils veulent du choix.

b) La prise de conscience des marques : les ménages sont habitués aux publicités des géants agro-alimentaires internationaux. Une marque renommée semble être garante de la réduction des risques liés à la mauvaise qualité. De plus, chez les jeunes, une marque dynamique et moderne est associée au progrès, leur donnant l’impression de vivre dans une société développée qui fait partie du monde moderne. Les publicités axées sur la modernité sont de plus en plus utilisées par les acteurs internationaux (particulièrement des sociétés de téléphonie mobile). Le statut est important.

Opportunités dans les marchés émergents

Il faut substituer aux importations :

 une qualité abordable ;

 des produits de bonne apparence ; et

 une marque qui exprime le statut social.

Les acteurs locaux de l’industrie agro-alimentaire ont intérêt à imiter les aliments importés.

Malheureusement, pour eux, l’investissement dans des machines modernes ne suffit pas.

Il est nécessaire d’améliorer la qualité par le biais de la technologie alimentaire. Il faut miser sur le marketing alimentaire pour développer des marques et pour séduire les jeunes consommateurs. Les producteurs qui réussiront seront ceux qui auront une équipe de spécialistes capables d’emboiter le pas aux concurrents internationaux dans les domaines de production et de marketing.

Pour résumer, l’entrepreneur voulant réussir devra consentir les investissements suivants :

 du matériel neuf ;

 une technologie alimentaire moderne afin d’améliorer la qualité et de réduire le prix de revient ;

 un marketing alimentaire pour développer des marques susceptibles de séduire les jeunes consommateurs ; et

 une équipe de spécialistes capables d’imiter les concurrents dans les domaines de la production et du marketing.

Opportunités dans le marché sous-regional

Lors de l'atelier régional, les participants ont souligné l'importance de répondre à la demande en provenance du marché sous-régional, ainsi que la demande internationale. Il été reconnu qu'il existe un marché sous-régional pour la mangue fraîche et pour les produits dérivés, mais à l'état actuel il n’est pas possible de pénétrer ce marché en raison de divers obstacles, tels que la logistique. Ces obstacles font qu'il est maintenant plus facile et moins cher exporter vers l'Europe que satisfaire la demande intérieure. Une bonne mise en œuvre du schéma de libéralisation du commerce et des efforts accrus vers l'intégration régionale pourrait aider à réduire les coûts et les obstacles visés par les pays CEDEAO pour satisfaire la demande régionale et développer les échanges régionaux.