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Chapitre 4- Regards sur le département des Vosges, description des systèmes agraires, du mouvement

4.3. Les systèmes de production du département des Vosges

A l’échelle départementale, l’analyse des systèmes agricoles n’est facilement accessible qu’en

s’intéressant aux types de production. Il paraîtrait plus pertinent compte tenu de la question à

traiter de travailler autour des systèmes techniques de production (Osty, 1994 ; Osty et al.,

1998). Ces derniers plus précis prennent notamment en compte le cheptel, les installations, les

équipements, le travail, les résultats y compris autres que monétaires, les intrants et les

extrants ainsi que l’espace utilisé. Ils s’appuient surtout sur la mise en cohérence fonctionnelle

de l’ensemble par des jeux de règles. Mais là se pose le problème de l’accessibilité aux

données. Les systèmes techniques de production ne peuvent être décrits que par un processus

d’enquêtes en exploitations. Travailler à l’échelle départementale nous interdit de fait ce type

de pratique trop lourd pour accéder à des données détaillées et exhaustives (le département

compte 4440 exploitations agricoles).

Ainsi, compte tenu des données disponibles, nous nous sommes intéressés uniquement à

l’étude des types de production mais considérés à deux échelles différentes : au niveau de

l’exploitation agricole et à l’échelle de la commune.

4.3.1. Connaissance des exploitations et de leur système de production

Une partie des exploitations du département des Vosges a été enquêtée pour en connaître leur

structure. En 1996, la chambre départementale d’agriculture a recueilli dans 2 041

exploitations professionnelles, l’assolement, les effectifs animaux, la quantité de main

d’œuvre voire éventuellement les types de bâtiments présents sur l’exploitation. Ces

exploitations sont classées dans une typologie construite « à dire d’experts » selon une

méthode mise au point par Perrot (1991). S’inspirant de la méthode des nuées dynamiques,

elle consiste à agréger les exploitations autour de germes qualifiés de pôles d’agrégation. Ces

pôles sont définis par un petit nombre d’indicateurs discriminants (entre cinq et dix) et par des

seuils (annexe 2), qui synthétisent les caractéristiques de fonctionnement essentielles des

différents groupes d’exploitations identifiés par les experts. Chaque pôle engendre un type

grâce à une procédure de calcul des coefficients de ressemblance à partir des valeurs prises

par les exploitations pour chacun des indicateurs discriminant.

En Lorraine, la typologie à dire d’experts, construite en 1991 puis réactualisée en 1996,

distingue 26 pôles d’agrégation, dont onze décrivent la diversité des exploitations laitières de

la région et quinze la diversité des exploitations productrices de grandes cultures et/ou de

viande bovine ou ovine. Certains pôles sont toutefois peu représentés dans le département des

Vosges, en particulier ceux correspondant aux systèmes spécialisés dans les grandes cultures

ou mixtes céréales-viande. Par souci de représentativité, les vingt-six pôles ont donc été

regroupés en dix classes (tableau 41) (Mignolet et Benoît, 2001).

Le travail de connaissance des exploitations vosgiennes de la chambre d’agriculture des

Vosges n’a été réalisé que pour la partie plaine du département. Chaque exploitation enquêtée

a ainsi été rattachée à un type « à dire d’experts ».

Tableau 41 : liste des 26 types d’exploitations identifiés en

Lorraine et regroupés en 10 classes pour la description des

exploitations vosgiennes (Mignolet et Benoît, 2001)

Classes Types d’exploitations % d’EA

en 1993

% d’EA

en 1996

Herbagers -- Très Petite Référence Laitière Petite Structure Laitière Herbagère

- Lait Modernisé Herbe

8.9

9.5

6.8

7.2

7.5

7.6

À dominante

élevage avec

culture de maïs

- Quota Limité Spécialisé

- Quota Limité Viande

- Lait Modernisé Maïs Spécialisé

- Lait Modernisé Maïs Viande

8.4

12.4

7.0

13.4

7.6

12.6

7.6

14.5

Les systèmes

laitiers

En

polyculture-élevage

- Quota Limité Céréales

- Lait Céréales

- Lait Céréales Viande

- Société

0.9

1.0

3.9

1.7

0.8

1.0

5.2

2.6

Spécialisés grandes

cultures

- Céréales Grande Dimension par UTH

- Céréales Moyenne Dimension par UTH

- Céréales Petite Dimension

0

0.3

0.7

0.1

0.4

0.4

Céréales – viande

bovine

- Céréales Viande Céréales

- Céréales Viande Viande

- Céréales Viande Grande Structure

- Céréales Viande Engraissement

0.4

0.5

0.2

0.0

0.4

0.7

0.3

0.0

Herbagers – viande

bovine -- Herbager Extensif Viande Herbager Intensif Viande 1.3 0.8 1.6 1.2

Petites structures

viande -- Petite Structure Viande Céréales Petite Structure Viande Herbe 1.1 6.4 0.8 6.5

Les systèmes

céréales –

viande (pas de

production de

lait)

Ovins -- Céréales Viande Ovins Herbager Ovin

- Petit troupeau Ovin

0.1

1.1

2.3

0.2

1.1

2.3

Très petite

dimension

- Très Petite Dimension 5.0 5.7

Les non –

typés Non typé - Non Typé 5.7 4.1

4.3.2. Description des systèmes de production communaux

A l’échelle de la commune, deux sources d’informations sont disponibles (Laurent et Remy,

1998) : le RGA (Recensement Général de l’Agriculture) et les « données PAC » (fichiers

administratifs des exploitations qui reçoivent des aides agricoles). L’avantage de ces données

est qu’elles sont accessibles pour la quasi-totalité des communes du département (sauf secret

statistique). Toutes renseignent les occupations de sol agricole présentes sur une commune.

Le RGA ne rend pas compte de la localisation des parcelles. Toutes les parcelles d’une

exploitation sont rattachées à la commune-siège13 de l’exploitation. Ainsi la Surface agricole

communale indiquée par le RGA peut être supérieure ou inférieure à la surface agricole réelle

de la commune. Le RGA présente l’avantage d’être exhaustif. Toutes les exploitations,

professionnelles et non professionnelles, sont représentées.

Les données PAC ne rattachent une parcelle à une commune que si elle y est localisée. Elles

ne tiennent pas compte de la localisation de l’exploitation d’appartenance. Mais elles ne

concernent pas forcément l’ensemble des exploitations. Toutes les exploitations n’ont pas

accès aux primes PAC et ne déposent donc pas de dossier. Cependant avec l’introduction de

la déclaration obligatoire pour accéder aux primes à l’extensification, à l’handicap naturel et

aux primes animales, peu nombreuses sont les exploitations professionnelles qui n’établissent

pas de dossier. De fait, seules cinq communes dans les Vosges (sur 515) ne sont pas

renseignées faute de dossier PAC déposé.

Une première analyse des déclarations de surfaces pour l’année 2003 fait apparaître la place

très importante des surfaces toujours en herbe (prairies permanentes) dans le département :

entre 12 et 100 % des surfaces

déclarées par commune (figure

42).

Afin de rendre compte réellement

des systèmes de production

associés à la prairie permanente

nous avons choisi de ne travailler

que sur les surfaces déclarées en

terres labourables. Sept

associations préférentielles de

couverts végétaux ont pu être

définies par analyse multivariée

pour décrire les systèmes de

production communaux (encart

44). Deux classes supplémentaires

ont été reconstituées a posteriori à

partir des communes soustraites à

l’analyse (tableau 42).

Les agricultures des communes

vosgiennes peuvent se distinguer

Encart 44- Classification des communes selon

les couverts végétaux implantés sur les terres

labourables

Les "données PAC" renseignent 34 catégories de couverts

végétaux. Compte tenu de la faible présence de certains dans le

département, nous les avons regroupés en 12 catégories (hors

prairies permanentes) :

- blé, - escourgeon,

- orge de printemps, - colza,

- maïs, - fourrages,

- gel, - triticale,

- oléo-protéagineux, - autres céréales,

- prairies temporaires, - et divers.

Les communes sont ainsi caractérisées par le taux d'occupation

de la surface en terres labourables pour chacune de ces

variables.

Les 474 communes ayant des surfaces en terres labourables

(pour 510 communes renseignées dans le département) ont été

traitées par AFCM suivie d'une classification hiérarchique.

Les communes se positionnent sur un plan factoriel expliqué

principalement par ses deux premiers facteurs (74 % de

l'inertie). L'axe 1 représente la nature du système fourrager

avec un gradient du maïs vers les prairies temporaires. L'axe 2

repose sur la nature des cultures de ventes en opposant des

communes a dominante élevage avec des systèmes basés sur la

culture du triticale à des communes à dominante céréalière où

l'assolement fait intervenir colza, blé et orge.

selon que les couverts végétaux qui y sont implantés sont à dominante fourragère ou à

dominante céréalière. Les premières se caractérisent par une présence de prairies temporaires

qui ne sont pas implantées dans les secondes. Toutefois on ne parle ici que de dominantes

puisque les surfaces toujours en herbe ont une place importante dans toutes les communes et

que le maïs cultivé est majoritairement récolté et conservé sous forme d’ensilage. Cela illustre

bien le contexte de polyculture-élevage de l’agriculture locale. A cela s’ajoute quelques

communes dont les surfaces agricoles ne sont constituées que de couverts herbagers pérennes

(figure 47). Ces quelques communes constituent la limite Est du département, à savoir les

zones de plus haute altitude (supérieure à 1 000 m).

Tableau 42- description des différents types d’associations

des couverts végétaux des terres labourables par commune du

département des Vosges (la proportion de STH pour chaque

classe est une moyenne donnée à titre indicatif – hors analyse)

Description des classes Classe n°

Spécialisée dans la culture

de l’herbe

Prairies temporaires, pas de céréales

(moyenne STH : 72 %) 1

Blé comme unique céréale à paille,

faible part de prairies temporaires

(moyenne STH : 57 %)

4

Blé comme unique céréale à paille,

forte part de prairies temporaires

(moyenne STH : 62 %)

5

Triticale comme unique céréale à

paille, prairies temporaires

(moyenne STH : 84 %)

7

Association de couverts à

dominante fourragère

Système à base de maïs

fourrage et d’herbe

cultivée

Plusieurs céréales à paille présentes,

prairies temporaires

(moyenne STH : 64 %)

6

Association céréalière

simplifiée

Maïs et blé

(moyenne STH : 62 %) 3

Association de couverts à

dominante céréalière

Association céréalière

traditionnelle

Maïs, blé, orge

(moyenne STH : 52 %) 2

Couvert herbager

permanent

100 % surfaces toujours en herbe

8

Couverts herbagers

pérennes

Couvert herbager

spécialisé

Le peu de surface non réservé aux

praires permanentes est consacré à

des productions diverses

Figure 47- localisation des différents types d’association de

couverts végétaux implantés sur les terres labourables des

communes du département des Vosges (données PAC-DDAF88

2003)

4.4. Les activités des CUMA sont-elles liées à leur