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Les suppléments alimentaires utilisés en apiculture

Chapitre 1 : Introduction générale

1.9. Les solutions au manque de diversité et d’abondance florales : agir sur l’abeille

1.9.1. Les suppléments alimentaires utilisés en apiculture

Il existe une variété de suppléments alimentaires utilisés en apiculture afin de pallier un manque de nourriture dans l’environnement des abeilles. Les principaux utilisés au Canada et au Québec sont le sirop de sucre, qui sert de source de glucides, et les compléments et substituts de pollen, qui sont des suppléments de protéines (Eccles et al. 2016).

Le sirop de sucre est habituellement offert aux colonies au printemps ainsi qu’à l’automne. Ce sirop peut être composé d’une part d’eau pour une ou deux parts de sucre blanc raffiné ou saccharose pur. Un sirop moins concentré est habituellement offert au printemps et un plus

concentré à l’automne (Eccles et al. 2016). Il faut éviter l’emploi de sucre brut, de sucre brun ou de mélasse, car ces derniers peuvent causer la dysenterie chez l’abeille (Eccles et al. 2016). Le sirop de maïs à haute teneur en fructose n’est pas un choix idéal, car il peut contenir des quantités élevées d’hydroxyméthylfurfural, un composé toxique qui réduit la longévité des abeilles (Brodschneider et Crailsheim 2010). Au début du printemps, le sirop de saccharose stimule la colonie alors que les ressources florales peuvent être rares dans l’environnement (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016). Il est toutefois important de retirer ce sirop une fois que la floraison est assez avancée, car si une récolte de miel printanier est prévue, on veut éviter d’extraire du sirop de saccharose des alvéoles au lieu du miel (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011). Pour ces mêmes raisons, il est préférable d’éviter de donner du sirop pendant la saison. Le nourrissage d’automne commence au Québec vers la mi-septembre, après le retrait des hausses à miel. Supplémenter en sirop de saccharose à cette période laisse le temps aux abeilles de faire leurs réserves corporelles et de procéder au stockage et à la maturation du sirop en préparation à l’hiver (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011). Ce nourrissage cesse quand la température atteint 10°C ou moins, soit de la mi-octobre à la fin octobre dépendamment des régions au Québec (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016). Pour dispenser le sirop aux colonies, diverses méthodes peuvent être utilisées : seaux inversés, cadres nourrisseurs, nourrisseurs Boardman, nourrisseurs de surface style Miller ou barils (Eccles et al. 2016). Les nourrisseurs qui se placent sur le dessus de la ruche et les seaux inversés sont les plus recommandés, puisqu’ils contiennent beaucoup de sirop et les abeilles peuvent y avoir accès sans quitter la colonie. Au contraire, les nourrisseurs à libre accès comme les barils augmentent les risques de pillage et de propagation de maladies, et ne permettent pas de maintenir le sirop à la température de la ruche (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016).

Les suppléments protéiques peuvent être offerts aux colonies d’abeilles au printemps ainsi qu’en période de pénurie de fleurs pendant la saison (Brodschneider et Crailsheim 2010; Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016). Tout comme pour le sirop de saccharose, l’apport de suppléments protéiques au printemps

assure la subsistance de la colonie alors que les ressources florales sont peu abondantes. Il stimule également la production de couvain, ce qui aide au démarrage des colonies au printemps afin d’augmenter rapidement les populations des colonies en vue de la pollinisation commerciale de certaines cultures à floraison hâtive. Il n’est pas recommandé de fournir des suppléments protéiques à l’automne, car cette pratique prolonge l’élevage de couvain et ne favorise pas la préparation à l’hiver des colonies (Brodschneider et Crailsheim 2010).

Il existe deux catégories de suppléments protéiques qui peuvent être offerts aux colonies d’abeilles domestiques, soit les compléments de pollen et les substituts de pollen. Comme leurs noms le suggèrent, les compléments sont des produits qui contiennent une certaine quantité de pollen, alors que les substituts n’en contiennent pas (Brodschneider et Crailsheim 2010; Eccles et al. 2016). Les sources de protéines de ces produits, outre le pollen dans le cas des compléments, peuvent inclure la farine de soya, la levure de bière, la poudre de lait écrémée, la poudre d’œufs et bien d’autres. Les compléments sont généralement plus attractifs que les substituts de pollen, car le pollen contient des composés appétants pour les abeilles (Hopkins, Jevans, et Boch 1969; Schmidt et Hanna 2006). L’apiculteur peut acheter ou faire lui-même ses suppléments protéiques. Dans tous les cas, il devra s’assurer que les compléments contiennent au moins 5% de pollen (Eccles et al. 2016). Ce pollen devra également être exempt de pathogènes (il peut être irradié à cette fin), avoir un taux de protéines d’environ 20% et contenir les 10 acides aminés essentiels aux abeilles (Brodschneider et Crailsheim 2010; Eccles et al. 2016). Ces deux derniers critères doivent aussi évidemment être respectés pour les suppléments en entiers, qu’ils soient des compléments ou des substituts de pollen. Une production de couvain optimale serait d’ailleurs atteinte avec une diète contenant de 23 à 30% de protéines (Herbert, Shimanuki, et Caron 1977). Du côté des sources de protéines autres que le pollen, la levure de bière est celle qui se rapproche le plus du pollen en termes de contenu en protéines. La farine de soya est également riche en protéines mais est moins attirante pour les abeilles, possiblement à cause des sucres toxiques qu’elle peut contenir (Barker 1977; Eccles et al. 2016). Les abeilles sont toutefois en mesure de réduire la toxicité de ces sucres en les diluant avec du sirop de

saccharose. Enfin, le lactose étant également toxique pour les abeilles, si de la poudre de lait écrémé est utilisée dans la confection d’un supplément, elle doit absolument en être exempte.

En ce qui a trait à l’approvisionnement des colonies, les suppléments protéiques peuvent être dispensés sous deux formes, soit en poudre ou en galettes. Les galettes sont formées à partir du supplément en poudre, auquel on ajoute du sirop de saccharose (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016). Le mélange est ensuite aplati entre deux feuilles de papier ciré percées, pour éviter que la galette s’assèche mais pour en permettre l’accès aux abeilles (Eccles et al. 2016). Alors que les suppléments en poudre sont fournis par un dispensateur commun pour tout le rucher, les galettes sont déposées sur le dessus des cadres de couvain de chaque ruche. Il est donc généralement préférable d’utiliser les galettes pour éviter la propagation de maladies entre les ruches, mais aussi car les galettes sont plus attirantes et peuvent être accessibles même par mauvais temps (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec 2011; Eccles et al. 2016).

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