Le corpus des images et des textes des scolaires té- moigne du grand intérêt que ces derniers portent au développement durable. Dans cette sous-partie, nous montrerons que la manière dont les scolaires ont abor- dé la question du développement durable dépend de la discipline dans le cadre de laquelle ils ont préparé leur candidature : les connaissances et compétences propres à chaque discipline ont orienté le traitement de cette question. Afin de montrer cela, nous nous concentre- rons sur les participations préparées dans le cadre de cours d’histoire-géographie par des classes de 5e, et ce, pour diverses raisons : cet enseignement et ce niveau de classe sont très bien représentés dans le corpus des scolaires; et le programme de la classe de 5e en géo- graphie est entièrement consacré à l’étude du dévelop- pement durable.
De fait, ces participations font toutes référence au dé- veloppement durable, à la fois en image et en texte le plus souvent. La posture adoptée par les scolaires est descriptive : les photographies ne sont pas particulièrement « esthétisantes » (pas de recherche d’effet visuels) ; les textes délivrent des informations assez étayées et relativement neutres.
Comme le concours Mon paysage au quotidien a débuté en octobre 2013, les candidatures de notre échantillon ont été préparées dans le cadre des chapitres introductifs du programme scolaire, en particulier le premier chapitre de géographie intitulé « La question du développement durable » : ce chapitre vise à identifier les enjeux éco- nomiques, sociaux et environnementaux du développement durable. Aussi la plupart des notes des enseignants mentionnent-elles ces 3 piliers.
Participant n°3997 - Série : « Du haut du Castellas, je perçois… » - Collège Saint-Joseph, Rousson (30).
Extrait de la note : « Toujours avec les classes de 5e avec lesquelles nous avions voulu allier le travail sur le développement durable avec cette activité pédagogique du paysage de son espace proche, cette élève, à partir du point culminant de sa commune (le rocher du Castellas de Rousson, 535 mètres), a pris trois photos en contrebas (La commune de Rousson se situe à 135 mètres d’altitude.) qui reflètent les trois piliers du développement durable. […] »
Participant n° 6746 - Série : « Développement durable à Nîmes » - Collège d’Alzon, Vestric-et-Can- diac (30).
Extrait de la note : « Le concours a été abordé dans le cadre du chapitre de géographie de 5e sur le développement durable. Les élèves ont dû chercher un lieu (rural ou urbain) dans leur espace proche, illustrant le thème du concours, et ce, aux trois niveaux : social, économique et environne- mental. […] »
La définition des 3 piliers du développement durable a donné lieu à des participations très variées d’un point de vue thématique (3487 : « L’implantation d’éoliennes » ; 3491 : « La reconversion d’une minoterie » ; 3494 : « Les enjeux de la déforestation »…).
Cependant, le programme scolaire prévoit que ce chapitre s’appuie sur une étude de cas. Sur le portail Eduscol, on peut lire : « L’étude de cas repose sur une démarche inductive selon laquelle la construction du savoir géographique suppose de recourir à l’observation et à l’analyse de situations particulières qui contribuent à l’élaboration de notions et de réflexions de portée générale. La démarche invite à un parcours intellectuel qui articule le particulier au général. »
La nécessité de partir d’une étude de cas a donné de la cohérence aux séries photographiques des scolaires. L’étude de cas peut concerner différentes échelles : une ville, un quartier, un aménagement… Dans le corpus des scolaires, cette dernière échelle revient régulièrement
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Figure 11. Enseignante Sévrine Barnoin - CHU du Grau- du-Roi - Collège d’Alzon, Vestric-et-Candiac (30). 01. Vue des anciens bâtiments -[img_0956.jpg] 02. Vue de la plage - [img_0957. jpg]
03. Nouveau bâtiment - [img_0963. jpg] Extrait de la note :
En 2010, la décision de détruire et reconstruire le CHU du Grau-du-Roi dans le cadre du développement durable fut prise. […] L’homme intervient lors de la destruction du bâtiment qui présentait des risques de submersion marine car il était placé trop près de la mer. Il fut reculé de 50 mètres permettant de recréer le cordon dunaire. Les impacts économiques bénéfiques qui s’inscrivent dans le développement durable sont le maintien des emplois du CHU ainsi que les économies d’énergies liées à son installation basse consommation. Le maintien de l’antenne du CHU de Nîmes au Grau-du- Roi (accès au soin, emplois…) et la recréation d’une cou- pure verte (environnement de qualité) ont un impact social important pour la ville et ses alentours. Du coté environnemental, nous pouvons citer la recréation du cordon dunaire, la diminution de l’emprise au sol des bâtiments, la surélévation des planchers permettant la lutte contre les submersions marines et la restitution au Conservatoire du littoral d’une partie du terrain garan- tissant aucune construction dans les années à venir.
Le corpus des scolaires est de petite taille comparé à celui des particuliers, mais d’une grande richesse : chaque candidature conjugue trois photographies, faisant l’objet d’un commentaire cir- constancié au sein de la note d’enseignant ; chacune mêle un certain nombre de points de vues, principalement celui des élèves, des enseignants et des programmes scolaires. L’analyse de ce corpus, quantitative et surtout qualitative, a produit plusieurs résultats.
Elle a permis notamment de définir les trois dimensions du paysage quotidien des scolaires : - la dimension géographique
les photographies ont presque toutes été prises à proximité du lieu d’études, ce qu’expliquent diverses contraintes pédagogiques.
- la dimension temporelle
dans les notes des enseignants, les échelles de temps les plus fréquentes sont celles de la séance et de la séquence ; mais quatre échelles de temps conditionnent sensiblement les images des scolaires, soit la séance, la journée, la saison et l’histoire.
La participation au concours se présente finalement moins comme une finalité que comme un moyen pour travailler d’autres fins pédagogiques.
En effet elle a par exemple été l’occasion de travailler à une forme d’appropriation de leur paysage quotidien par les élèves, comme dans le cas des grands ensembles (Cf 4.3.2) ou des travaux de re-photographie à partir de cartes postales anciennes (Cf Modèle 2 p. 136-137). La démarche a été aussi et surtout l’occasion pour les enseignants d’aborder de manière collaborative (Cf Annexe) certains points du programme, notamment le développement durable.
Mon paysage au quotidien, une pratique ordinaire? - rapport De recherche (MIca-aDeSS-eSo)- SepteMBre 2014