l’observatoire photographique national du paysage (opnp)

La mise en relation entre lieux de prise de vue des itinéraires de l’OPNP et lieux de prises de vue des participants particuliers a pour but de voir si certains points de vue sont en corrélation au niveau spatial. Il s’agit également de savoir si les préoccupations paysagères identifiées par les porteurs de l’OPNP font écho avec les prises de vue des participants particuliers.

Malgré la proximité spatiale entre prises de vue des itinéraires de l’OPNP et prises de vue des participants particu- liers, les thématiques paysagères abordées diffèrent. Les photographies de l’OPNP se concentrent sur l’aménage- ment du territoire tandis que les participants se focalisent sur les usages et les repères dans le paysage. Dès lors, on comprend la complémentarité des photographies des experts avec celles des habitants pour appréhender la complexité du paysage quotidien.

L’itinéraire 16 du Parc Naturel Régional d’Armorique

L’itinéraire 16 du Parc Naturel Régional d’Armorique (PNRA) est composé de 41 prises de vue re-photographiées tous les quatre ans. Il se focalise sur six thématiques : l’évolution du bocage et les impacts des mesures agroen- vironnementales, les entrées de bourg, les infrastructures routières, le démantèlement de la centrale nucléaire, les ouvrages d’art et les implantations éoliennes. 11 photographies des participants particuliers sont prises depuis le PNRA. Tout d’abord, 2 prises de vues des participants particuliers sont à moins d’un kilomètre de deux séries photographiques de l’OPNP sur les communes de Brasparts et de Brennilis. Pour la commune de Brasparts, la thématique est similaire entre la photographie du participant particulier et la série photographique de l’OPNP, il s’agit de la gestion paysagère et environnementale du Mont Saint Michel, sommet de la chaîne des Monts d’Arrée (planche n°04 : 1,4). Le particulier participant ne semble pas avoir été influencé par les photos de l’OPNP puisqu’il est originaire des Yvelines et que l’itinéraire 16 est très peu communiqué au public. Quant à la commune de Bren- nilis, même si les points de vue sont proches spatialement, les thématiques diffèrent. En effet, la photographie du concours représente le réservoir de Saint-Michel alors que les séries photographiques présentent le démantèle- ment de la centrale nucléaire (planche n° 04 : 2,3). Pour les 9 autres photographies, elles sont éloignées des séries de l’OPNP tant au niveau spatial qu’au niveau thématique (photographie du littoral ou de la forêt de Huelgoat). Les photographies de cet itinéraire n’ont pas influencé les participants particuliers.

Carte 28 - Répartition des lieux de prises de vue des participants particuliers en corrélation avec les lieux de prises de vue de l’itinéraire 16 de l’OPNP

Les itinéraires de Seine-Saint-Denis

L’itinéraire 18 de la banlieue de Paris

L’itinéraire 18 de la banlieue de Paris est composé actuellement de 92 séries photographiques qui, pour une majeure partie, ont été effectuées à partir de cartes postales du début du XXe siècle. Cet itinéraire n’a pas de thématique spécifique. 6 photographies des participants particuliers ont été prises à moins d’un kilomètre de 3 séries photographiques dans les communes de Bobigny, Pantin et Bagnolet. Malgré une proximité spatiale, la série photographique de la place de l’église à Bobigny (série 18 0006) présentant commerces et église se différencie des points de vue des participants particuliers qui illustrent pour 2 d’entre eux l’aménagement de la voirie et le bâti depuis leur lieu de travail et pour le troisième participant un passage souterrain. Concernant la série de Pantin qui montre l’évolution de la jonction de la place de la mairie avec l’avenue Edouard Vaillant (commerce, immeubles, aménagement de la voirie) (planche n°05 : 3), elle se différencie également des photographies des particuliers participants qui illustrent le chemin de la gare, le canal de l’Ourcq et l’architecture moderne de la réfection des anciens moulins (planche n°05 : 1, 2, 4). Enfin, pour Bagnolet, nous n’avons que la carte postale de la place de la république de 1910 (18 0002 01) dans l’OPNP, quant au participant particulier, il photographie le parc Jean Moulin avec la sculpture d’Ipoustéguy. Il y a, ici très peu de corrélation entre l’itinéraire 18 de l’OPNP et les photographies des participants particuliers. Néanmoins, nous pouvons constater à travers cette analyse qu’un glissement s’est produit dans les repères urbains. La place, lieu des sociabilités n’est plus autant fréquentée qu’autrefois, les usages quotidiens sont plutôt associés à la mobilité avec comme repère la gare, les espaces de travail et les espaces de Carte 29 - Répartition des lieux de prises de vue des participants particuliers en corrélation avec les lieux de prises de vue des itinéraires 9 et 18 de l’OPNP

détente au bord de l’eau ou dans les parcs avec des repères sculpturaux et architecturaux. L’itinéraire 9 de la ville de Montreuil

L’itinéraire 9 de la ville de Montreuil est composé de 41 points de vue initiaux re-photographiés tous les ans depuis 1997. 11 photographies issues du concours se situent à moins d’un kilomètre de 9 séries photographiques de cet itinéraire. (Cf Annexes)

Nous pouvons tout d’abord constater que malgré la proximité spatiale entre points de vue de l’itinéraire 9 et points de vue des participants particuliers, peu de similitudes thématiques sont visibles. Les séries étudiées ici, se focalisent sur l’hétérogénéité du bâti et son évolution, sur l’évolution des commerces et des voies de circulation, dernièrement sur l’évolution des friches (planche n° 06). Les participants particuliers, quant à eux, se concentrent sur les points de vue appréciés dans la ville et sur les espaces animés comme les parcs (planche n°07). Par ailleurs la thématique de la friche est commune entre une prise de vue du concours et une prise de vue de l’itinéraire 9. Cependant, les intentions photographiques diffèrent. En effet, pour l’OPNP, il s’agit de reconquérir la biodiversité dans la friche. Pour le participant particulier, il s’agit de montrer la friche comme un espace partagé socialement.

Conclusion

De manière générale, l’OPNP n’a pas d’influence sur les représentations proposées par les particuliers participants. Les séries photographiques étudiées ici montrent l’évolution des paysages en termes d’aménagement du territoire (évolution des places, des rues, des immeubles, etc.) quand les participants particuliers témoignent des usages liés au paysage quotidien via les photographies et les légendes (la mobilité, les espaces de sociabilités, les points de vue appréciés).

Mon paysage au quotidien, une pratique ordinaire? - rapport De recherche (MIca-aDeSS-eSo)- SepteMBre 2014

Planche n°04 - Parc Naturel Régional d’Armorique