• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 – Résultats de l’expérimentation et discussions

4.2 Résultats de l’expérimentation : le tri « à plat »

4.2.2 Les résultats de l’évaluation des risques professionnels

Le chapitre 2.2 a détaillé le modèle de processus conçu pour réaliser l’évaluation des risques professionnels. Cette sous-section détaille les résultats acquis suite à la mise en œuvre.

Une cotation du risque a été établie selon cinq niveaux. Chacun des niveaux sont décrits dans le Tableau 40.

135

Tableau 40 : Niveaux de criticité pour les risques identifiés

Niveau de risque

Criticité Valeur Maîtrise du risque à envisager

1 Négligeable De 0 à 3

Aucune action n’est requise et aucun enregistrement ne doit être gardé sur le risque.

2 Faible De 4 à 5

Aucune analyse supplémentaire ne s’impose. On pourra songer à une amélioration n’entraînant pas de coûts de réalisation. Un suivi s’imposera pour garantir la non évolution du niveau de criticité.

3 Modéré De 6 à 8

Il faudra chercher à réduire le risque mais les coûts de la prévention devront être mesurés attentivement et limités. On introduira des mesures de réduction du risque dans les délais définis. Des procédures de suivi et de contrôle devront être mises en place pour garantir la non évolution du niveau de criticité.

4 Substantiel De 9 à 14

Des moyens humains et des sauvegardes devront être mis en place. On introduira des mesures de réduction du risque dans des délais précis.

5 Intolérable De 15

à +

Des mesures techniques de suppression du risque doivent être engagées, rapidement, de façon à être ramené à un niveau acceptable. Des actions en terme de moyens humains et de sauvegarde devront être mises en place immédiatement.

C’est à partir de ces cinq niveaux que le site pilote n°1 a déterminé les criticités pour lesquelles les risques sont maîtrisés et ceux qui sont non maîtrisés parmi l’ensemble des risques évalués. La criticité se calcule en multipliant l’occurrence du risque, la gravité et le facteur de maîtrise du risque. Chacune des variables est composée d’une matrice de choix auxquels sont insérés des valeurs déterminées (chapitre 2.2.2). On retrouve ainsi la formule de calcul suivante :

Criticité du risque résiduel = Occurrence x Gravité x Facteur de maîtrise

Le Tableau 41 illustre le choix des criticités sélectionnées pour être associées à des risques maîtrisés et des risques non maîtrisés.

Tableau 41 : Sélection des risques maîtrisés et des risques non maîtrisés

Niveau de risque Criticité

Risque maîtrisé 1 Négligeable

2 Faible

Risque non maîtrisé

3 Modéré

4 Substantiel 5 Intolérable

136 La Figure 40 détaille la répartition des risques maîtrisés et des risques non maîtrisés pour le site pilote n°1.

Le site pilote n°1 déclare ne maîtriser que 16% des risques recensés. Ce chiffre qui à première vue peut sembler alarmant s’explique de façon simple. Lors de la sélection de la méthodologie commune entre les sites pilotes n°1 et n°2, les deux sites ont souhaité « durcir » la matrice de définition de risques. En effet, la méthodologie d’évaluation en place sur les sites produisait quasi systématiquement des risques maîtrisés. Dans une démarche d’amélioration continue les sites ont donc modifié les valeurs représentatives de chaque seuil de criticité des risques. Cette décision particulièrement « marquée » ne relève pas d’une obligation réglementaire mais d’une politique de prévention qui se souhaite particulièrement exigeante.

Selon les niveaux de l’organisation différents résultats sont obtenus. Ainsi les entités (exemple : DGI métiers capillaires), les unités (exemple : Demi-grand) et les postes de travail (exemple : Fabrication) sont couverts. La consolidation permet d’agréger les données de chaque entité et de disposer d’une vision globale.

137 Au-delà de la vision des résultats globaux des risques maîtrisés et non maîtrisés par niveaux et sous niveaux il est possible de mobiliser d’autres données. A titre d’exemple, la criticité des risques professionnels croisée avec les « familles de risques » comme représentée dans la figure 41.

Figure 41 : Répartition de la criticité par grande « famille de risques »

Ce type de résultat permet d’affiner les analyses. Cette figure souligne ainsi que la plupart des risques non maîtrisés le sont sur les « familles de risques » concernant la « Mécanique », le « Chimique » et les « Ambiances de travail ». Chose intéressante, ce sont les mêmes « familles de risques » identifiées pour la conformité réglementaire. Ce point sera discuté dans l’analyse croisée des données.

Au sein de chaque « famille de risques » on retrouve une analyse plus fine regroupant différentes sous familles de risques. Ces sous familles de risques ont été présentées dans le chapitre 2.2.1 avec le tableau 9. Un exemple de résultat est donné par la figure 42.

138

Figure 42 : Répartition de la maîtrise des risques pour la « famille de risque » « chimique »

Ainsi, la « famille de risques » « Chimique » peut être divisée en quatre sous familles de risques dont on peut analyser la répartition de la criticité (figure 42). Ce type d’analyse permet d’affiner la vision des résultats pour l’analyse complète d’un site.

Comme pour l’évaluation de la conformité réglementaire, les mêmes résultats sont aussi analysés selon les « principes de management ». Pour chaque risque identifié, les mesures de prévention existantes et les actions à mettre en place sont ainsi considérées. Cela permet de repérer le(s) principe(s) de management pour lequel l’entreprise se doit de se mobiliser (Figure 43).

139

Figure 43 : Représentation des actions à mener par « principe de management »

L’évaluation du site pilote n°1 montre ainsi que la plupart des actions à mener concernent les « principes de management » sur la « formation et information du personnel », la « conception et l’aménagement des postes de travail » et la « protection individuelle ».

Le niveau de maîtrise de chacun des « principes de management » est calculé. Ce calcul a été réalisé en prenant en compte le niveau de criticité de chaque risque relevé lors de l’évaluation des risques professionnels sur les différents postes de travail. Un risque de criticité « négligeable » donne une maîtrise de 100% à chacun des « principes de management » associés. Un risque de criticité « intolérable » donne une maîtrise de 20% aux « principes de management », aux mesures existantes et aux actions et ainsi de suite par tranche de 20% pour chaque niveau. La Figure 44 présente les résultats obtenus.

140

Figure 44 : Répartition de la maîtrise des risques par « principes de management »

Ce graphe radar met en évidence le pourcentage de maîtrise de chacun des « principes de management ». Le point « surveillance médicale » doit ainsi faire l’objet d’une attention particulière. A part la maîtrise documentaire qui reste un des « principes de management » particulièrement efficace, les autres « principes de management » avoisinent les 60% de maîtrise.

Cette faible maîtrise s’explique sur le nombre de risques maîtrisés correctement par l’entreprise, mais au vue du risque encouru, le seuil de criticité reste élevé car les collaborateurs SST souhaitent garder un risque élevé afin de mettre en alerte les collaborateurs en poste sur les risques liés à l’activité. Par exemple, un risque mortel lié à l’utilisation de certains produits chimiques même après la mise en place de nombreuses mesures de prévention reste identifié avec un seuil de criticité élevé. Cette vision semble logique dans l’idée d’alerter les collaborateurs sur les risques, mais elle « mélange » dans la même gamme de criticité des risques « très élevés » ou légèrement diminués malgré de très bonnes mesures de préventions existantes, et des risques moyens n’ayant aucune mesure engagée pour limiter le risque.

Cette analyse a aussi permis de proposer une intégration de la cotation brute et de la cotation résiduelle. En effet, la cotation brute rappelle la criticité du risque sans mesure de prévention alors que la cotation résiduelle peut ramener d’une criticité « très élevée » à « négligeable » si

141 l’entreprise met en place toutes les mesures de préventions nécessaires à la protection de son salarié (Equipements de protection collective, Equipements de protections individuelles, formations, Limitations de volumes,….)

Les résultats du site pilote n° 1, ont conduit à :

- porter un regard extérieur sur la réalisation de l’évaluation des risques professionnels, - proposer des axes d’amélioration de la méthodologie (notamment l’intégration de la

cotation brute et de la cotation résiduelle),

- ouvrir le débat sur la sélection des valeurs associées à chaque niveau de criticité.

Il convient désormais de s’intéresser aux résultats de l’enquête « climat de sécurité ».