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3. Le cadre conceptuel

3.5. Les questions et les objectifs de recherche

Alors que les municipalités québécoises sont de plus en plus actives dans le secteur culturel, nous avons constaté, à travers notre recension des écrits, que l’apport de la culture au développement urbain est un sujet en développement, du moins au Canada et au Québec. L’objectif général de notre thèse est donc de contribuer à une meilleure compréhension de la contribution des projets

121 culturels au développement du faubourg Saint-Laurent à Montréal et du quartier Saint-Roch à Québec. Parce qu’elles constituent souvent des sources de référence pour d’autres recherches, mais aussi parce que leurs approches, stratégies, initiatives et finalités semblent relativement distinctes, du moins dans l’état actuel des connaissances, les villes de Montréal et de Québec semblent un choix tout indiqué pour conduire deux études de cas sur le thème de la revitalisation urbaine.

En effet, ces villes comportent toutes deux des quartiers historiques, culturels et patrimoniaux. Les exemples du faubourg Saint-Laurent à Montréal et du quartier Saint-Roch à Québec sont particulièrement intéressants dans le cadre de notre recherche puisqu’ils ont tous les deux fait l’objet de projets urbanistiques visant à consacrer la vocation culturelle de ces quartiers à la suite d’initiatives de revitalisation incorporant plusieurs projets en infrastructures tels que musées, théâtres, écoles d’art et centres de production et de diffusion artistique.

Afin de préciser nos intérêts de recherche, nous présentons ici nos questions et objectifs de recherche, et ce, au regard de la problématique de recherche exposée précédemment et de notre recension des écrits ainsi que du cadre conceptuel proposé. De fait, quatre questions ont orienté notre recherche :

1. Comment ont évolué les stratégies de développement culturel dans le faubourg Saint- Laurent à Montréal et le quartier Saint-Roch à Québec entre 1992 et 2009? 56

2. Quelles sont les ressources et les contraintes qui ont conditionné les choix de développement culturel faits par ces deux villes?

56 Cette période d’étude coïncide avec l’adoption d’une politique culturelle provinciale en 1992 et s’étend jusqu’au rendez-vous Métropole culturelle qui a eu lieu en 2007 à Montréal et son corollaire Horizon culture, organisé en 2009 à Québec.

122 3. Comment ont évolué les mécanismes démocratiques et l’influence des regroupements

citoyens durant cette période?

4. Enfin, quel a été l’apport de ces stratégies à la revitalisation urbaine des deux quartiers à l’étude?

Dans le cadre de ces questions de recherche, nous formulons l’hypothèse générale de recherche suivante:

Dans les deux quartiers étudiés, les stratégies locales en faveur du développement culturel se sont diversifiées au cours de cette période. Les initiatives (forums, tables de concertation, programmes, investissements, événements, etc.) qui ont découlé de ces stratégies ont contribué à la revitalisation urbaine et à la redynamisation de l’économie locale. La reconnaissance de la vocation culturelle de ces quartiers a été accompagnée de stratégies d’image de marque urbaine visant à les consacrer en tant que « quartiers culturels ».

Cette hypothèse générale guide notre recherche; elle constitue son fil conducteur. En effet, si ces stratégies ont été mises en œuvre et ont fait l’objet d’une attention de la part de tous les ordres de gouvernements, c’est que les milieux culturels et économiques se sont alliés et ont développé un argumentaire positionnant la culture comme un instrument de développement local (Brault, 2009). Le développement culturel, beaucoup plus qu’un secteur ou un champ d’intervention, est alors présenté comme un moteur de développement et une solution aux problématiques de dévitalisation urbaine (Saint-Pierre, 2002b). Ce changement s’est opéré alors que des mécanismes démocratiques, mis en place au cours de cette période, tels que la consultation publique et les comités consultatifs ont favorisé la participation citoyenne au processus décisionnel concernant les projets locaux de développement. Depuis les réformes municipales, il appert en effet que le

123 développement culturel répond à des objectifs plus larges, davantage intégrés de développement local. Il fait partie d’une démarche de développement intégré, voire durable, qui incorpore des préoccupations économiques, sociales et environnementales (Saint-Pierre, 2007; Saint-Pierre, Béliveau Paquin et Dubois, 2009, 2010).

Par ailleurs, de nos questions de recherche et de notre hypothèse générale ont découlé quatre objectifs spécifiques de recherche :

1) Retracer, décrire et comparer l’évolution des stratégies locales de développement culturel dans les deux quartiers à l’étude entre 1992 et 2009, et ce, en nous appuyant sur notre adaptation de la théorie du développement urbain de Savitch et Kantor (2002), et particulièrement sur ses variables motrices et contextuelles;

2) expliquer comment le contexte économique et politique général ainsi que les changements politiques survenus sur la scène locale ont orienté les politiques de développement culturel dans ces quartiers;

3) mettre en relation l’évolution des mécanismes démocratiques durant cette période et le rôle des groupes et des citoyens dans le processus décisionnel;

4) enfin, montrer l’apport des politiques culturelles et, plus largement, de l’action « culturelle » publique locale à la revitalisation de ces quartiers.

Notre étude vise à contribuer au développement des connaissances en analyse et management de politiques, notamment en ce qui a trait aux politiques culturelles locales et à leurs effets sur le développement urbain, tout en enrichissant le champ des études urbaines. Nous souhaitons ainsi apporter un éclairage sur les liens entre la revitalisation urbaine, le développement culturel et le pouvoir politique local. Les variables motrices guident notre analyse en nous invitant à mettre au jour les ressources et les contraintes du développement urbain provenant de l’environnement économique et politique. L’analyse des variables contextuelles fonde les cas du développement culturel du faubourg Saint-Laurent à Montréal et du quartier Saint-Roch à Québec. Ces variables

124 permettent de mettre en relief l’influence de la participation citoyenne et des regroupements culturels sur les choix de développement. La variable de la culture locale permet de mieux identifier les enjeux de développement culturel envers des priorités de développement social ou économique. Afin de préciser notre hypothèse générale et d’exposer notre stratégie de recherche, nous nous appuyons sur le cadre méthodologique que nous présentons dès à présent.

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