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Cette notion d’écart d’innovation est définie suivant les mécanismes évoqués par N. Alter (2000) sur les processus de construction d’une innovation. L’innovation s’entend ici au sens de l’appropriation de nouveaux fonctionnements induits par l’appropriation d’une invention par un corps social. L’invention n’est donc considérée que comme une cause (matérielle ou organisationnelle) d’évolution des usages en place.

Ce que nous considérons comme écart d’innovation est donc un ensemble d’obstacles aux changements de pratiques attendus. Ces obstacles correspondent :

- Aux amplitudes de changement de pratiques individuelles et de pratiques sociales attendu

- Aux forces favorisant où s’opposant au changement : les capacités de déviance et attachement aux formes sociales en place (Simmel, 1896)

Nous avons donc construit notre questionnaire dans le but d'interroger ces quatre aspects des paramètres intervenant dans la construction d’une innovation

Evaluer “l’obstacle” lié aux amplitudes de changement espéré

Par le prisme individuel, l’innovation est la différence entre l’état initial des pratiques usuelles en place et l’état final (après appropriation par le corps social) intégrant les pratiques nouvelles engendrées par « l’invention » (la frontière professionnel / personnel ne semblant pas réellement tangible, nous ne nous y attacherons pas)

Le premier champ de rupture exploré est celui du travail (au sens de la production obtenu par ce dernier). Nous avons donc établi une batterie de questions se rapportant à l’axe de changement escompté.

> Questions autour des usages individuels:

- Comment collectez-vous des ressources de travail?

- Quelle est l’origine des documents que vous utilisez majoritairement? > Questions autour des usages sociaux:

- Vos documents de travail sont accessibles (de “à vous seul” à “public sur internet”)? - Par quels moyens et à quelle fréquence partagez vous des documents avec vos collègues?

- Avec qui produisez vous vos documents?

- Par quels moyens et à quelle fréquence partagez vous des documents avec vos collègues?

- Avec qui produisez vous vos documents?

Un second champ de rupture est celui des relations d’échange de pratique avec les pairs: - A quelles occasions parlez-vous de votre travail avec des collègues?

- Avec qui échangez-vous sur votre travail?

- Avez-vous des activités d’analyse de pratique ? Si oui, la ou lesquelles ?

Evaluer “l’obstacle” lié à la conformation sociale

Par le prisme social, l’innovation peut être définie par la dynamique d’évolution de la « forme sociale» en place vers une nouvelle forme induite par l’innovation. La notion d’écart ne peut plus alors être définie entre deux états figés. Il ne s’agira plus de considérer un écart de pratiques mais plutôt un obstacle social à franchir : une « inertie » au changement induite par le degré de cristallisation des actions en usage au sein de la forme. Il sera alors intéressant d’évaluer ce degré de cristallisation de la forme, ainsi que l’adhésion de la personne aux éléments de la forme en place, qui seront remis en cause par l’innovation.

Dans le tableau suivant, les colonnes correspondent aux points de cristallisation des formes (domaines des actions « normales » en usage) et les lignes aux apports sociaux affectifs générés dans l’activité des acteurs.

(Nous n’examinerons que les points « d’attachement » pour les individus qui pourraient être affectés par l’innovation)

Conception (représentation partagée) des règles de l’art

Normes relationnelles

Lien social Etes-vous attaché à la forme attendue de vos travaux par votre équipe?

Etes-vous attaché à l’état actuel des relations que vous entretenez avec vos collègues?

Satisfaction (confort) Cette forme attendue vous satisfait-elle ?

Vous ressentez ces relations comme :

agréables perturbantes problématiques

Émancipation aux intérêts particuliers (être noyé dans la masse…),

…dans les productions pédagogiques,

…parmi vos collègues,

Confort de

l’Inconséquence généré par la routine

Vous ressentez l’évolution de la forme des productions collectives comme : nécessaire, souhaitable, inutile

Vous ressentez l’évolution de vos relations avec vos collègues comme : nécessaire, souhaitable, inutile

Evaluer les « forces » potentielles de déformation des formes : acceptation de prise de risque, capacité de déviance à la forme

Ces forces attenantes aux identités et postures des individus sont de l’ordre d’une analyse plus psychologique. Ces forces potentielles de déviance vis-à-vis de la forme sont déjà pour certaines interrogées dans les parties précédentes, il faudra donc prévoir une lecture multiple des réponses.

Enfin les postures et intentions des individus sont dépendantes de leurs dispositions intrinsèques (retour sur investissement attendu, croyance en l’intérêt de l’innovation, acceptation du risque, de l’irrationnel, ouverture à la remise en question de ses représentations) mais aussi de contingences contextuelles (disponibilité en terme de travail, de temps, outillage à disposition)

Questionnement relatif à ce critère:

-Vous distinguer de vos collègues vous gêne-t-il?

-Quelle posture d’anonymat souhaiteriez-vous pouvoir adopter?

-Croyez vous que ce type de dispositif se révélera? (nécessaire, utile, récréatif, superflu - croyance)

-Avez-vous un motif particulier pour intégrer (ou pas) le dispositif ? Lesquels ? (critères définis au chapitre suivant, à partir des 10 motifs d’engagement en formation décrit par Carré, 2005)

Afin de ne pas surcharger le questionnaire, de lever au mieux les ambiguïtés des réponses et de dissimuler les axes de recherche interrogés, toutes ces questions apparaissent reformulées.

De plus, sont inclus au questionnaire des éléments permettant de dresser une typologie des usages de l’Internet, en particulier par son aspect de média social de masse (caractéristique Web2.0 nécessaire à la mise en application de pratiques connectivistes)

IV-2.1.2: Pour évaluer les mécanismes d’adhésion/rejet (LG)

Dans l’objectif d’identifier la nature d’une résistance globale, dans le cadre de l’apprenance, nous ne retenons pour ce questionnaire final que le registre de l’auto- développement et de la directionnalité de la motivation (Nuttin, 1991, in Carré, 2001). Celui-ci nous amène à identifier les motifs d’adhésion /rejet au dispositif (motifs de participation ou de formation, intrinsèques ou extrinsèques), ainsi que la valeur de pertinence accordée aux éléments de ce dispositif.

Dans l’élaboration de ce questionnaire-ci, relativement aux axes d’analyse retenus, nous ne retenons plus les autres approches sociocognitives retenues par Carré pour caractériser la motivation à apprendre, telles que:

- l’auto-efficacité (de par la confiance relative aux résultats attendus, le sentiment d’efficacité personnelle pour apprendre ou exercer les compétences visées),

- l’autodétermination (dans le choix des motifs ou des moyens de formation),

- l’essentielle motivation intrinsèque relative au plaisir nécessairement ressenti pour perdurer, persister en apprentissage (P. Carré lors de la conférence sur le e-Learning à l’ESEN - 14-10-2011)

A partir du tableau 6.2, p142, Processus motivationnels liés à la formation et à

l’apprentissage des adultes, (P. Carré143, 2001), nous déclinons les critères de directionnalité de la motivation et de l’auto-développement (relatifs à la valeur, au projet de formation via le dispositif) selon qu’ils se rapportent au but final de l’action ou au moyen de formation.

Lié au but final de l’action (motifs d’entrer ou pas dans ce dispositif)

Lié au moyen de formation

(“manière” d’entrer dans ce dispositif)

Importance perçue des motifs d’engagement en formation > auto positionnement par rapport aux 10 motifs d’adhésion / rejet, non exclusifs les uns des autres (questions conditionnées par la visite du site et la tentative d’inscription):

*Quels motifs correspondent le mieux à votre choix:

- d’adhérer au dispositif? (Q4.c) - de ne pas tenter de vous inscrire? (Q2.b)

- de ne pas visiter le site? (Q3.a) (3 choix parmi les 10 interprétations des motifs – voir tableau suivant-, proposition “autre”= possibilité de préciser son choix qui semblerait ne correspondre à aucune des 10 propositions)

Instrumentalité perçue des moyens de formation > représentation de valeur accordé aux éléments du dispositif,

- pertinence par rapport au projet personnel :

*Les rubriques et thématiques proposées vous ont semblé pertinentes? (Q5.2)

*L’absence de contenus initiaux vous a dérangé? (Q5.4)

*Vous adhérez au principe avancé de construction progressive et collective des contenus? (Q5.5) OU

- pertinence par rapport à l’utilité perçue:

*Les outils choisis vous ont semblé adaptés? (Q5.3) *Votre avis sur la présence de référents possibles dans ce dispositif (Q14- 7 catégories de référents proposés)

*Croyez-vous que ce dispositif se révèlera : (Q17> nécessaire, utile, récréatif, superflu?)

(toutes ces questions Q5 sont conditionnées à la visite du site)

Tableau 8 : Questionnement relatif aux mécanismes d’adhésion/rejet (L. Gillet, 2013)

Les motifs d’adhésion/rejet proposés en Q4.c, Q2.b et Q3.a sont fondés sur les 10 motifs d’engagement en formation avancés par P. Carré :

- épistémologiques : “J’ai pensé (ne pas) pouvoir y satisfaire ma curiosité”

- socio-affectifs: “J’ai pensé (ne pas) développer des occasions d’échanges ou de liens sociaux”

- hédoniques: “La forme, les modalités du dispositif m’ont (ne m’ont pas) plu”

- économiques: “J’y ai (n’y ai pas) vu un levier de promotion, de rémunération complémentaire”

- prescrits: “Je m’y suis senti obligé, on m’y a poussé (/ Rien ne m’y a incité, personne ne m’y a obligé)”

- dérivatifs: “J’y ai (n’y ai pas) vu un moyen de sortir de ma routine”

- opératoires professionnels: “J’ai pensé y développer (ne pas y développer) des compétences professionnelles”

- opératoires personnels: “J’ai pensé y apprendre (ne rien y apprendre) d’utile pour ma vie personnelle”

- identitaires: “J’y ai (n’y ai pas) décelé une voie d’intégration”

- vocationnels: “J’y ai (n’y ai pas) vu le moyen d’élargir mes opportunités de carrière”