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ECOLE NATIONALE

II.3 LES ouTILS PÉDAGoGIquES

II.3.1

Le numérique

L’usage du numérique à l’école maternelle s’inscrit dans la priorité ministérielle qui est de faire entrer l’école dans l’ère du numérique.

L’ère du numérique, dans laquelle nous sommes inévitablement entrés, suscite une profonde réflexion quant à son usage. Nous sommes forcé de constater que les écrans envahissent le quotidien des enfants. Mais qu’en est-il de l’école ?

D’après un article paru récemment dans le journal Le Monde, « Près de 80% des

Français sont favorables au développement du

numérique à l’école »51 .

Aujourd’hui, dans de nombreuses écoles maternelles, nous sommes encore dans une phase transitoire. L’école tente de s’adapter tant bien que mal à l’évolution de la société et des mentalités, en intégrant dans un premier temps, ces nouvelles technologies dans les pratiques pédagogiques existantes.

L’objectif premier est d’utiliser ces nouveaux outils numériques comme la tablette (habituellement réservée au jeu) pour en

51. « À l’ère numérique, quelle école pour demain ? - Les enquêtes de demain - Les clés de demain - Le

Monde.fr / IBM », consulté le 12 mai 2017, http://archives.

lesclesdedemain.lemonde.fr/les-enquetes-de-demain/a-l-ere-numerique- quelle-ecole-pour-demain-_a-74-4290.html.

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proposer un nouvel usage, créatif par exemple. Le deuxième est d’utiliser le numérique comme un moyen de communication entre les parents et l’école (L’ENT, espace de travail numérique). Les premiers retours d’expériences témoignent d’une importante implication des enfants s’exprimant à travers la motivation et l’interaction. En effet, les outils numériques suscitent une certaine excitation et inciteraient à la prise de parole.

Aujourd’hui, l’usage de la tablette numérique n’est pas encore rendu systématique dans les écoles maternelles, mais il commence peu à peu à se mettre en place avec des retours positifs de la part des enseignants et des élèves. Le numérique est une avancée spectaculaire qui offre de nouvelles possibilités aux pédagogues. Pour l’instant, dans la plupart des établissements scolaires, ce n’est qu’un outil de travail supplémentaire qui s’ajoute aux autres supports classiques sans s’y substituer, mais l’avenir en dit long sur le sujet. En effet, pour le moment l’outil numérique est réservé à un usage créatif et ludique pour encourager le développement de l’enfant.

« L’usage des tablettes n’est pas une fin en soi […] c’est un outil supplémentaire, un complément d’apprentissage […] les phases de manipulations, les interactions

sensorielles (toucher, voir, entendre, bouger) restent la priorité ! »52. Mais la

prochaine étape pour ces jeunes enfants est tout de même celle de l’initiation au codage informatique, avec l’aide de robots interactifs. Par exemple, le robot Bee bot est d’après Stéphanie Valentin « un jeu idéal pour travailler

l’anticipation mais aussi la pré-programmation »53, énonce-t-elle dans un

article d’Éduscol, un véritable doudou d’apprentissage. La petite abeille est capable de suivre un parcours à partir des recommandations de l’enfant qu’il effectue à l’aide de boutons sur son dos. Le robot se déplace dans l’espace à condition que le message soit correctement dicté, ce qui oblige l’enfant à ordonner ses informations. Effectivement, l’entrée de l’école dans l’ère du numérique ne peut pas simplement se réduire à ce qui est écrit dans les programmes scolaires de l’école maternelle aujourd’hui, c’est-à-dire l’utilisation d’outils numériques en classe comme les tablettes, les ordinateurs,

52. « Le numérique en maternelle: outil d’apprentissages pour les élèves, outil de commu- nication avec les familles », s. d.,

53. Ibid.

les appareils photos, etc. La transition numérique semble plus complexe que ça. Derrière l’étiquette matérielle et superficielle des outils numériques se cache une mutation beaucoup plus profonde qui est celle d’un nouveau mode de pensée, un nouvel esprit pédagogique, l’esprit de programmation,

« valorisant l’essai, le droit à l’erreur, la coopération, l’approche par projet, les

workshops et la création de nouvelles interdisciplinarités »54 d’après Sophie Pène,

professeur à l’université Paris Descartes. L’esprit de programmation vise à rendre les enfants autonomes, indépendants, actifs et créatifs plutôt que de les laisser adopter une posture passive.

En effet, ce que reprochent certains professionnels, c’est de ne voir dans la transition numérique qu’un nouveau support pédagogique alors que celui- ci est éphémère et déjà voué à être remplacé d’ici quelques années par des technologies encore plus performantes. « dans deux ans, les tablettes

tactiles seront démodées. Et pourquoi se focaliser sur l’utilisation d’un clavier ou d’une souris alors qu’à l’avenir tout se contrôlera par commande vocale ou

par des gestes réalisés dans les airs »55 énonce Serge Tisseron, psychiatre.

Selon lui, l’important aujourd’hui, n’est pas de concentrer nos moyens sur la dimension matérielle, mais plutôt sur la dimension psychologique impliquée par la transition numérique et d’y répondre en conséquence. Il s’agit alors d’analyser le changement de mentalité des enfants, de repenser plus profondément les manières d’apprendre et d’enseigner pour les aider à s’adapter à l’évolution de notre société. Nicolas Sadirac, directeur général de l’École 42, énonce la chose suivante : « le numérique est partout, et dans 20 ans,

il constituera l’élément de base de l’interaction entre les personnes. Ceux qui ne

comprendront pas son fonctionnement seront exclus de la société »56. Ces paroles

paraissent abruptes, mais permettent de prendre conscience de l’impact du numérique à tous les niveaux. Pour l’instant, ce nouveau mode de penser et d’enseigner affecte peu l’architecture des écoles maternelles, mais il pourrait bientôt complètement renverser la manière de concevoir les espaces, en

54. « À l’ère numérique, quelle école pour demain ? - Les enquêtes de demain - Les clés de demain - Le Monde.fr / IBM ».

55. Ibid. 56. Ibid.

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intégrant d’avantage l’espace virtuel. Dans le même temps, des spécialistes affirment que l’usage précoce des outils numériques entraîne des troubles du développement notamment au niveau du langage, de la logique et des repères. Le monde virtuel a pour effet d’isoler l’enfant de son environnement qui, pourtant, exerce une influence considérable sur son développement. Finalement, à l’école maternelle, le plus important est de transmettre aux enfants une culture relative à un état d’esprit numérique pour les préparer à un monde futur incertain. L’idée n’étant pas de se focaliser sur la maîtrise d’outils numériques, suspectés de produire des effets néfastes sur la santé des enfants et voués par ailleurs à être remplacés. Les pratiques pédagogiques actuelles devront donc inévitablement évoluer en y intégrant des supports numériques.

II.3.2

Le jeu

À l’âge préscolaire, l’outils pédagogique le plus utilisé est le jeu. Les enfants apprennent beaucoup par la répétition et l’imitation. Ces deux phénomènes sont souvent mis en valeur dans les différents jeux. Le jeu est un outil pédagogique précieux et contribue au développement physique, cognitif, social et affectif de l’enfant. Le jeu est d’une telle importance pour leur développement, qu’il est même reconnu par les Nations Unies comme un droit spécifique de l’enfant. Les enfants apprennent parfois plus par le jeu qu’ils n’apprennent de nos explications, car ils sont souvent plus réceptif d’une part et d’autre part le jeu leur permet de développer par eux-même leurs habiletés et connaissances. « Les enfants ne jouent pas pour apprendre

même s’ils apprennent en jouant »57. C’est une manière d’apprendre facilement

et rapidement sans avoir conscience de l’effort à fournir puisque celui-ci est maquillé par le plaisir et la satisfaction qu’il procure. Ceci permet à l’enfant d’exercer ses compétences cognitives pour résoudre des problèmes, ses compétences motrices et langagières pour s’exprimer et bouger.

Fig 20. [à droite] Une enfant jouant à la marelle.

57. Marjatta Kalliala, Play Culture in a Changing World (McGraw-Hill Education (UK), 2005).

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C’est un moyen pour lui d’affirmer sa personnalité, un moment où il apprend à contenir ses émotions, à se contrôler et à prendre confiance en lui. Dès la maternelle il existe déjà plusieurs formes de jeu possible :

Le jeu constructif, c’est-à-dire le jeu de construction, le dessin, la peinture, le bricolage, etc. Ce type de jeu oblige l’enfant à acquérir une capacité de raisonnement logique et mathématique, par exemple lorsqu’ils empilent des cubes ou qu’ils construisent un château de sable, etc.

Le jeu symbolique ou le jeu à faire semblant est un jeu caractéristique du stade préopératoire. L’enfant fait appel à son imagination pour construire de toutes pièces des scénarios à l’intérieur desquels il va réutiliser et imiter des situations de la vie courante. Ce sont souvent des moments qu’il connaît bien, qu’il a l’habitude de vivre. Le jeu symbolique développe en effet l’imaginaire et l’esprit créatif (une chaise peut très bien devenir un bateau puis une maison et ensuite un lit puisque rien de tout ça n’est réel). C’est pourquoi il est important que l’architecture du lieu soit pensée de manière à encourager l’imaginaire de l’enfant. Ce type de jeu favorise la communication, lorsque qu’il se joue à plusieurs, les enfants développent leurs compétences narratives, langagières et conversationnelles pour décrire et défendre leur propre scénario ou bien pour se mettre d’accord sur une mise en scène commune. Ils sont capables de « faire semblant », d’être quelqu’un d’autre pour le temps du jeu et donc de se représenter ce que l’autre pense et ressent pour le retranscrire (cf. théorie de Piaget p45).

Le jeu fonctionnel, lui, développe davantage la coordination motrice. Ces jeux sont effectués le plus souvent à l’extérieur, car ils nécessitent de l’espace comme le jeu de balle, la corde à sauter, le trampoline, etc. L’architecture doit aussi prévoir des espaces généreux au sein de l’école pour pouvoir accueillir ce type de jeu à l’intérieur lors de grosses intempéries.

Enfin, le jeu formel où les enfants doivent se plier aux règles. Ceux-ci peuvent avoir lieu aussi bien à l’extérieur (balle aux prisonniers…) qu’à l’intérieur (jeux de société). En jouant aux jeux formels, l’enfant apprend à patienter pour attendre son tour, il apprend également à perdre, (ce qui est une chose très difficile à assumer à cet âge). Rappelons-nous qu’il y a plus d’un siècle, la méthode Montessori concevait déjà le jeu comme un outil pédagogique.

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