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Les  missions allouées à l’administration foncière

CHAPITRE  5  ‐ CONCEPTION DU SYSTEME ET PREMIER RESULTATS OBTENUS

4.3.   U NE OUTIL PLUS OPÉRATIONNEL POUR L ’ ADMINISTRATION FONCIÈRE

4.3.1.   Les  missions allouées à l’administration foncière

tout en considérant la gestion  du  risque.  La  réflexion  d’Enemark  à  laquelle  on  fait  référence  s’insère dans cette dynamique. 

4.3. Un outil plus opérationnel pour l’administration foncière 

La  conception  du  SIF  n’aurait  par  ailleurs  pas  d’intérêt  si  elle  ne  tenait  pas  compte  du  cadre de l’administration du foncier, parce que les politiques publiques qui visent les terrains à  bâtir  ont  un  impact  direct  sur  l’appropriation  des  terrains  et  sur  l’occupation  de  l’espace  à  différents niveaux de dangerosité. Dans cette optique, l’administration du foncier ne peut être  séparée du régime économique qui caractérise les États, pour les phases de développement  économique du territoire, à différentes échelles spatiales.  

Nous ne discutons pas de l’administration foncière au sens large du terme, c’est‐à‐dire en  prenant  en  compte  toutes  les  dimensions  économiques,  les  droits  d’immatriculations,  les  transactions foncières (y compris la politique des ventes), même si ces aspects ont une relation  directe avec l’appropriation, l’aménagement et l’usage du foncier. L’angle d’analyse privilégié  est ce qui a un rapport avec la gestion et la planification du foncier, où les questions d’usage du  foncier ont un impact sur les risques, tout en amplifiant ou minimisant les manifestations des  aléas qui peuvent mettre en péril les citoyens. Dans le cadre de la gestion des risques naturels  d’une façon générale et des risques d’inondation en particulier, les concepts‐clés à prendre en  compte  sont  la  délimitation  de  périmètres,  la  réglementation  et  l’imposition  de  mesures  restrictives dans l’occupation des zones susceptibles d’inondation.  

 

4.3.1. Les missions allouées à l’administration foncière 

L’administration du foncier a un sens conceptuel polysémique, eu égard à la multitude des  enjeux  inhérents  au  foncier  en  tant  que  ressource  économique.  La  Figure  4.5  présente  un  schéma  classique  d’une  administration  foncière  qui  intègre  les  risques  naturels  dans  la  planification  des  usages  fonciers.  Traditionnellement,  l’administration  prend  aussi  en  considération  les  aspects  juridiques,  concernant  les  titres  de  propriétés  et  les  questions  de  taxation immobilières par exemple. Mais l’augmentation des phénomènes naturels dangereux  contraint  à  la  réorganisation  de  ce  modèle,  où  la  gestion  du  risque  par  le  biais  de  plans  s’impose comme mesure stratégique pour la protection des populations, particulièrement les  plus défavorisées.            59 Spatial Data Infrastructure. Dans la nomenclature française, on utilise IDS – Infrastructures de Données Spatiales  qui comprend les technologies, protocoles informatiques et dispositions légales et institutionnelles qui permettent  l’accès et l’échange des informations entre différentes entités. 

  Figure 4.5 : L’administration foncière, modifié de Dale et MacLaughlin (2003, p.2)   

D’après  le  Glossaire  du  Foncier  pour  l’Afrique  subsaharienne  Centrale  et  Méridionale  (Administration foncière, n.d., p. 2), l’administration foncière est entendue comme regroupant : 

« Ensemble des instruments, des  règles  et  des  institutions qui permettent d’assurer  la gestion foncière dans un contexte légal, social et environnemental donné. Le terme  d’administration  foncière   désigne  plus  précisément   les   processus   visant   à   réguler  la  mise  en   valeur,   l’usage  et   la conservation   de  la   terre,   la   collecte   des  revenus provenant de sa  vente,  de  sa concession  et  de  sa  taxation,  ainsi   que   la  résolution  des   conflits  relatifs  à   son  appropriation.   L’administration   foncière   inclut  donc   le  recueil   et  le  traitement   de  l’information  relative  à   la  tenure,  à  la  valeur et  à  l’usage  du sol,  ainsi  que les  tâches  d’enregistrement   des mutations  et  l’élaboration  des  documents  cadastraux ». 

Dans  cette  définition,  on  peut  noter  des  éléments  importants.  D’abord  l’administration  foncière  requiert  une  approche  multidisciplinaire  et  intégratrice  en  tenant  en  compte  de  la  multitude des fonctions du foncier. On peut se focaliser soit sur les aspects strictement fiscaux  qui relèvent de Services des finances, soit sur la dimension vocation/usage qui demande une  planification préalable normalement attribuée au Ministère de l’Aménagement du Territoire et  aux  services  connexes  qui,  par  le  biais  de  l’élaboration  et  la  mise  en  œuvre  des  plans  de  natures diverses s’en occupent. Une autre dimension de l’administration foncière porte sur les  droits et les titres de propriétés, compétence normalement attribuée au Ministère de la Justice  et les services connexes.  

D’autres  auteurs,  comme  Dale  et  McLaughin  (2003),  assurent  que  l'administration  foncière  désigne  «  une  activité  du  secteur  public  nécessaire  pour  assurer  l’aliénation,  la  régulation,  l’usage,  l’évaluation  et  le  commerce  du  foncier  (p.1)  ».  L’idée  centrale  de  cette 

définition  se  rapproche  de  celle  présentée  précédemment.  Autrement  dit,  l’administration  foncière regroupe un ensemble de tâches partagées par différentes institutions, où l’État a un  rôle central de régulateur et de planificateur, et ou le secteur privé joue un rôle fondamental  dans  les  processus  de  gestion  comme  dans  les  pays  d’économie  libérale.  Le  schéma  suivant  (Figure 4.6) présenté in Dale et McLaughlin (2003, p. 9) synthétise de façon claire le modèle  conceptuel  d’administration  foncière  en  tenant  en  compte  des  compétences  traditionnelles  attribuées aux différents organismes étatiques de l’administration foncière.       Source : Dale & McLaughlin, 2003a, p.9  Figure 4.6 : Droit, valeur et usages du foncier    Les travaux de recherche développés dans le domaine de l’administration foncière portent  particulièrement sur les dimensions économiques et la protection des droits (Soto, 2005) où la  possession de titres est très importante, surtout dans les pays moins développés. En effet, la  possession de titres d’immatriculation des propriétés est une condition nécessaire pour que les  l’administration  et  la  gestion  des  biens  immobiliers  fonciers  puissent  constituer  une  activité  économique. La prise en compte de la protection de l’environnement et de la prévention des  risques  naturels  s’impose  alors  dans  l’Aménagement,  comme  en  témoigne  l’élaboration  d’outils de gestion du territoire après la seconde guerre mondiale dans plusieurs pays60. Il faut 

        60 Au Portugal, les outils de gestion territoriale font référence à la délimitation et à la réglementation des zones à  risque (cf. Décret lois N°115/2010 de 22 Août). En France dans les années 80, on assiste à la publication de lois  obligeant à délimiter et réglementer les zones à risque. Le PPR (Plan de Prévention des Risques) est un outil qui  montre clairement les efforts du pays pour atténuer les risques naturels. Pour l’essentiel, on peut admettre que le  risque n’est pas absent des politiques de l’administration foncière, mais l’intégration du risque dans un système  d’information visant l’efficacité reste pour le moment un objectif à poursuivre. 

aussi rappeler qu’à l’origine, l’administration foncière ne concerne que les droits de propriété  et la  taxation. Néanmoins, à partir du moment où le développement durable a été envisagé  comme un enjeu majeur par l’ONU61,  la dimension gestion des risques naturels constitue un  des piliers à considérer dans l’administration foncière.