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4. Analyse des données

4.2. Gouvernance organisationnelle

4.2.6. Les membres consommateurs

Les adhérents du MSRO se répartissent en deux catégories, les consommateurs et les producteurs. Ce sont eux qui permettent au MSRO d’être et de croître. Nous dresserons plus bas un portrait des producteurs associés. Ici les membres consommateurs pourraient être également nommés membre « consomm-acteur » (terme entendu lors du groupe de discussion) puisqu’en adhérant au Marché de solidarité, ils ne sont pas que consommateurs, ils s’inscrivent dans une logique de développement local et durable.

Figure 4: Statistiques des membres consommateurs

Il est intéressant de constater l’augmentation du nombre de membres annuellement, considérant que le MSRO n’investit pas de grandes sommes au niveau de la promotion et des communication, nous considérons que le bouche-à-oreille a fait son œuvre, les convertis en convertissent d’autres, et ainsi de suite, c’est une roue qui tourne. Cette convergence des membres vers le MSRO est relativement normale puisque c’est un petit milieu où les individus qui sont sensibles à la cause du développement local et durable partagent normalement ces valeurs avec leur entourage, ils deviennent donc promoteurs de l’organisme.

On retrouve deux types de consommateurs, ceux qui sont très impliqués et qui joignent les comités et travaillent à la réalisation de la mission du MSRO et les autres sont plutôt spectateurs et leur engagement s’arrête à la consommation et à l’achat de produits du

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Membres consommateurs

Membres consommateurs

MSRO. La majorité des membres rencontrés en observation participante ne faisaient pas que consommer les produits, ils adhéraient à la mission du MSRO. Il était fascinant de constater que sans s’être consultés, ils semblaient tous adhérer à l’organisme pour les mêmes raisons telles que :

-Action écologique et responsable;

-Agriculture soutenue par la communauté;

-Solidaire envers l’économie locale;

-Élimination du transport (importations) donc réduction des gaz à effet de serre;

-Bons produits sains (sans pesticide ni hormone et gamme de produits biologiques)

Lorsque l’on parle aux membres, on entend souvent le même discours. Ils nous disent qu’ils veulent bien manger en consommant les produits du MSRO, mais tout en encourageant les producteurs locaux, en discutant avec eux, on comprend qu’une forme de solidarité anime les consommateurs envers leurs producteurs locaux.

Bourgault dans son rapport de recherche produit pour le MSRO en 2011, tend à catégoriser sensiblement de la même façon les motivations ou plutôt les « valeurs partagées », voici les valeurs qu’il a fait ressortir de ses consultations avec un échantillonnage du membership, il les a classés sous quatre thèmes soit ; les valeurs « responsables de ma région », les valeurs

« mode de production respectueux et responsable », les valeurs « me nourrir sainement » et les valeurs « gastronomie ». Que ce soit le souci de bien manger, l’agriculture

traditionnelle, l’achat local, les produits biologiques, l’engagement régional, nous avons recensé la majorité des valeurs énoncées par Bourgault.

Nous avons voulu nous référer à notre cadre conceptuel c’est pourquoi nous avons fait l’analyse de nos données recueillies sur le terrain en lien avec nos trois concepts soit; le développement local, le développement durable et la souveraineté alimentaire. Nous avons rapatrié l’information recueillie lors du groupe de discussion, des entrevues et de l’observation participante et nous l’avons classé sous ses 3 dimensions.

Tableau 4 : Données recensées sur le terrain

Soutien au commerce équitable Lien direct entre le

consommateur et le producteur

Lorsque nous étions en observation participantes, nous entendions constamment les mêmes énoncés, le respect de l’agriculture locale, le lien entre le consommateur et le producteur, etc. Les énoncés ci-haut ont été répétés à maintes reprises.

Une solidarité semble s’être développée, un groupe d’intérêt qui a fait fructifier un discours orienté vers la souveraineté alimentaire, l’agriculture locale et les saines pratiques environnementales. Ce groupe n’est pas opaque, il ne possède pas que des adeptes ou des militants, mais il fait également des percées auprès de citoyens qui normalement ne sont pas nécessairement sensibilisés à la cause environnementale. Des citoyens qui sont eux-mêmes sensibilisés par des « convaincus », les eux-mêmes citoyens qui n’auraient jamais fait de compostage il y a 5 ans, mais qui en font aujourd’hui pour suivre le courant. C’est un courant, pour ne pas dire une mode, un mouvement de gens qui trouvent de plus en plus important de poser des actions concrètes au quotidien, et ce, en relation avec les cinq sphères du développement durable vu par Theys (voir chapitre 2.1), environnement, identité, économie, social et territoire. Une nouvelle forme de marketing social, un mouvement qui s’adresse à des initiés mais qui tente de se démocratiser, un mouvement qui est de plus en plus encouragé, il n’y qu’à voir les publicités des «Produits du Québec», le MSRO regroupe définitivement ces « convaincus » et ces « initiés », mais ce marketing social contribue néanmoins à développer une approche territoriale du développement durable.

Nous avons remarqué que la génération Y était très présente au niveau du bénévolat et du

« membership ». En groupe de discussion lorsque nous avons posé la question, on nous a répondu en majorité que ce sont donc plutôt les jeunes (20-35 ans) qui s’intéressent à l’action du MSRO. Nous avons aussi remarqué qu’il y avait plusieurs Français comme membres et certains comme bénévoles. Lorsque nous leur demandions ce qui les intéressait au niveau du Marché de solidarité, ils nous disaient qu’en France ce genre de mouvement

relié aux choix de consommation avait pris beaucoup d’ampleur, et ce, depuis un certain temps. Ils semblaient tous concernés par l’agriculture biologique et par les produits locaux.

On peut en comprendre que la culture d’utilisation des produits locaux est déjà présente en France, avec les marchés publics, les petites épiceries de quartier, les appellations contrôlées de terroir, etc. Nous avons discuté avec plusieurs Français, nouveaux arrivants, qui, dès leur arrivée, se sont mis à la recherche d’un marché offrant des produits locaux et c’est ainsi qu’ils sont devenus membres consommateurs

« Je suis très heureux d’avoir découvert le MSRO. J’apprécie la flexibilité du Marché de solidarité… Je voulais retrouver ici le mouvement bio qui prend de plus en plus d’importance en France. »

(membre # 2, observation participante du 21 avril 2011)

D’ailleurs, un des jeunes Français nous a recommandé de nous référer AMAP, Association pour le maintien d’une agriculture paysanne qui semble prendre de plus en plus d’importance en France et qui s’inscrit dans le même mouvement que le MSRO. Voilà les ramifications internationales que nous énoncions plus haut, un certain réseautage de citoyens s’intéressant aux questions du développement local et durable et de la souveraineté alimentaire. Les nouveaux arrivants tentent de rejoindre des mouvements inscrits dans leurs valeurs. C’est ce que nous avons constaté avec l’apport de plusieurs français au cœur du MSRO que ce soit à titre de membre ou de bénévoles.

Finalement, les produits du MSRO sont majoritairement plus chers que ceux achetés dans des marchés de grande surface, il est également plus contraignant d’avoir accès aux

produits seulement lors des jours de cueillette. Être membre et consommer les produits du MSRO demande un effort, ce qui nous amène à dire que ceux qui le font, adhèrent avec conviction à la mission du MSRO. Ils veulent avoir accès à des produits sains, auprès de producteurs locaux ayant de saines habitudes environnementales.