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1. Problématique de recherche

1.4. L’Outaouais, une région en émergence

Nous avons constaté plus haut que plusieurs organisations s’intéressent à la question de la souveraineté alimentaire, qu’elles soient internationales, européennes ou québécoises.

Portons maintenant notre regard vers l’Outaouais. Force est de constater que la région 07 a

beaucoup évolué dans les dernières années. Par différentes actions, l’Outaouais a tenté de graduellement se définir à l’échelle nationale et de se démarquer par des initiatives régionales.

« Elle8 a tout de même atteint une nouvelle étape dans son développement au cours des dernières décennies. Elle a développé différentes stratégies de diversification. Des projets et des organismes d’appui au développement ainsi que des instances de concertation dans les secteurs économiques stratégiques sont nés. Il y a eu une multiplication d’initiatives locales et l’émergence d’entreprises innovatrices. »

(Doucet, Favreau et Robitaille, 2007, p.19)

Doucet, Favreau et Robitaille ont su démontrer dans le livre; « L’Outaouais, une région qui gagne et qui perd », que cette région possède plusieurs forces et richesses, mais qu’elle croule également sous différentes problématiques sociales. Autant la région 07 semble fertile en emploi en milieu urbain, autant elle souffre de pauvreté dans certaines poches urbaines et en milieu rural. Les auteurs considèrent l’Outaouais comme « un lieu stratégique de développement au Québec qui combine diverses problématiques similaires à d’autres régions. » (p.22). Son paradoxe est de posséder des problématiques sociales tant urbaines que rurales, ce qui en fait une région des plus particulières.

Qu’en est-il du milieu rural de l’Outaouais? Les auteurs relèvent des disparités rurales et urbaines majeures. La Ville de Gatineau et la MRC des Collines (banlieue de Gatineau) possédent un taux d’activité autour du 71 %, ce qui est très élevé comparé à la moyenne provinciale environnant les 64 % (p. 120). Tandis que l’Outaouais rural, soit les MRC du

8 Ici mentionné, « elle » se réfère à l’Outaouais.

Pontiac, de la Vallée-de-Gatineau et de Papineau, possède une moyenne beaucoup plus faible que celle de Gatineau et que celle du Québec (entre 53 % et 57 %, p. 121). Le milieu rural de la région 07 vit les mêmes problématiques sociales qu’ailleurs au Québec, vieillissement, exode, activités économiques saisonnières, autrement dit, les auteurs identifient ces problématiques comme faisant partie d’une dévitalisation générale du territoire rural.

1.4.1. L’agriculture en Outaouais

Doucet, Favreau et Robitaille croient que l’agriculture en Outaouais s’est vue déclinée, et ce, depuis les années 50, « … le nombre de fermes a diminué de 77 % en Outaouais, une chute plus marquée qu’au Québec (66 %). » (p. 138). Malgré tout, ce secteur reste un générateur d’emplois relativement important en Outaouais rural.

« Même si le secteur agricole a subi de profondes restructurations au cours du dernier siècle, il ne faudrait toutefois pas sous-estimer son importance en Outaouais. Il demeure un secteur à fort potentiel de développement et, en ce sens, il prend de nouvelles orientations pour s’affirmer de nouveau. En milieu rural, l’agriculture occupe une part non négligeable de l’économie et ses retombées locales et régionales sont importantes. »

(Doucet, Favreau et Robitaille, 2005, p. 139)

Il est à noter qu’en 2000, on a recensé des recettes agricoles de l’ordre de 71, 3 millions de dollars dans les fermes de l’Outaouais. La MRC de Papineau étant grande championne et remportant 31 % des recettes. Malgré le fait que la région se classe parmi les bonnes dernières au Québec, on a noté une surprenante augmentation des recettes en 2005 avec un

total de 75 millions de dollars (p. 139). Néanmoins, le nombre de fermes a continué sa décroissance de l’ordre de 18 % (comparé au Québec; 10,7 %). Cette décroissance des fermes et l'augmentation des revenus laissent envisager une augmentation des productions agricoles. De plus, l’Outaouais est la région la plus homogène au niveau des entreprises agricoles puisque la moitié de sa production se consacre à l’industrie bovine, un des secteurs agricoles reconnus comme étant le plus dommageables pour l’environnement (méthane et gaz à effet de serre). Donc, face aux enjeux environnementaux reliés à l’augmentation de production et à l’industrie bovine, nous devons nous poser des questions sur l’avenir de l’agriculture en Outaouais ainsi qu’identifier des moyens pour diversifier les productions et pour imaginer un retour aux fermes familiales, paysannes et/ou vivrières.

Les auteurs relèvent d’ailleurs que la MRC des Collines a voulu justement se doter de politiques agraires visant l’agriculture biologique et les saines pratiques agricoles, comme quoi il est possible d’envisager un avenir plus vert pour l’agriculture outaouaise. La région semble d’ailleurs posséder plusieurs atouts pour le développement d’une agriculture durable.

« Même si l’Outaouais fait piètre figure dans bien des aspects de son agriculture, il faut bien l’avouer, la région possède d’excellents atouts pour développer ce secteur. D’abord, ses terres sont propices à l’agriculture en plus de jouir d’une bonne nappe aquifère et d’un climat doux. »

(Doucet, Favreau et Robitaille, 2005, p.143)

Doucet, Favreau et Robitaille (2005) ont énoncé une étude de la Ville de Gatineau qui indiquait les sols des zones agricoles comme étant des plus fertiles (comparables à St-Hyacinthe). Certaines organisations paysannes souhaiteront certainement que cette fertilité

des sols attire des entreprises paysannes soucieuses de contribuer au développement local et durable plutôt que des producteurs orientés vers la production et les revenus. C’est pourquoi il nous faut identifier les enjeux qui viendront nuire à la relève agricole et au développement agraire de l’Outaouais afin de pouvoir les contourner en résolvant les problèmes. Même si l’intérêt est présent chez les jeunes, les finances ne leur permettent pas toujours de se lancer, sachant qu’il en coûte en moyenne plus de 800 000 $ pour acquérir une ferme et qu’en plus le métier sera difficile, qui voudrait se démarrer une entreprise agricole? Certaines problématiques sociales reliées à l’agriculture en Outaouais sont semblables au reste de la province; le métier d’agriculteur étant moins valorisé et plus difficile, les agriculteurs vieillissant, les terres et les équipements agricoles étant de plus en plus coûteux, ce qui nous amène à une relève agricole pratiquement inexistante.